40 ans de cinéma : âge d or, crise et renouveau
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Avec 185 millions d'entrées, les professionnels du secteur jugent l'année 2001 exceptionnelle. Pourtant, les spectateurs sont deux fois moins nombreux qu'en 1960. En fait, les situations ne sont pas comparables. Il y a 40 ans, le cinéma jouissait d'un quasi-monopole. Depuis, il a pâti de la forte croissance des autres loisirs, en particulier audiovisuels. La « dernière séance » du 7e art a ainsi été annoncée à plusieurs reprises. Dans les années soixante, l'arrivée massive des téléviseurs chez les ménages français a fortement entamé la fréquentation des salles obscures. Le scénario s'était répété à la fin des années quatre-vingt, avec le développement des vidéocassettes. Le point bas de la fréquentation a été atteint en 1992. Aujourd'hui, la crise s'éloigne. Le cinéma a profité de formidables succès populaires. D'autres raisons, plus structurelles, favorisent le renouveau du cinéma. La télévision, autrefois concurrente, s'est muée en partenaire, financier notamment. Les multiplexes, apparus au milieu des années quatre-vingt-dix, jouent aussi un rôle important. Ils procurent actuellement le tiers des recettes.

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Nombre de lectures 29
Langue Français

Extrait

N° 841 - AVRIL 2002
PRIX : 2,20€
40 ansdecinéma:
âge d’or, crise et renouveau
Lionel Malègue, division Synthèses des biens et services, Insee
vec 185 millions d’entrées, les pro- La croissance est encore plus forte en 2001 :
+ 11,5 %, pour 185 millions d’entrées.fessionnels du secteur jugent
La bonne santé du cinéma se traduit par uneAl’année 2001 exceptionnelle.
forte hausse du nombre de salles, + 19 %
Pourtant, les spectateurs sont deux fois
depuis 1992, et du de places, + 12 %.
moins nombreux qu’en 1960. En fait, les Parallèlement, le nombre d’établissements est
situations ne sont pas comparables. Il y a resté stable : cette concentration de l’offre est
40 ans, le cinéma jouissait d’un quasi-mo- la conséquence de l’apparition des multiplexes
(cf. Définitions) qui prennent de plus en plusnopole. Depuis, il a pâti de la forte crois-
d’importance. Néanmoins, la France conservesance des autres loisirs, en particulier
un parc de salles « Art et Essai » unique en
audiovisuels. La « dernière séance » du
Europe (cf. encadré) ; il représente 17 % dese7 art a ainsi été annoncée à plusieurs re- salles et 30 % des établissements.
prises. Dans les années soixante, l’ar- Si les spectateurs ont retrouvé le chemin des
rivée massive des téléviseurs chez les salles, les films français ne sont plus majoritai-
res. Leur part de marché n’a cessé de diminuerménages français a fortement entamé la
jusqu’à une date très récente. En 2000, elle estfréquentation des salles obscures. Le
inférieure à 30 % des entrées, alors qu’elle était
scénario s’était répété à la fin des années
supérieure à 50 % au début des années
quatre-vingt, avec le développement des soixante. Cette baisse a été régulière. Elle
vidéocassettes. Le point bas de la fré- s’est faite au profit des films américains, dont la
quentation a été atteint en 1992. Au- part est passée de 28%à63%en40 ans.
L’année 2001 marque peut-être un retourne-jourd’hui,lacrises’éloigne.Lecinémaa
ment de tendance : 41 % des entrées sont réa-profité de formidables succès populaires.
lisées par des films français.
D’autres raisons, plus structurelles, favo-
Bien que les ménages manifestent un net
risent le renouveau du cinéma. La télévi- regain d’intérêt pour le cinéma depuis le
sion, autrefois concurrente, s’est muée début des années quatre-vingt-dix, ils n’y
en partenaire, financier notamment. Les consacrent plus que 13 % de leurs dépenses
en activités audiovisuelles contre 66 % enmultiplexes, apparus au milieu des an-
1960. Aujourd’hui, 65 % de ces dépenses sontnées quatre-vingt-dix, jouent aussi un
liées à la télévision : redevance, abonnements
rôle important. Ils procurent actuellement
aux chaînes payantes, câble et satellite ; les
le tiers des recettes. achats de DVD et de cassettes vidéos préenre-
gistrées constituent 22 % du total (tableau).
En 2000, les ménages français ont dépensé Dans les activités récréatives, culturelles et
940 millions d’euros pour aller au cinéma soit sportives, la part du cinéma passe de 12,4 %
38 euros par ménage. Les salles obscures ont en 1960 à 2,7 % en 2000.
attiré 166 millions de spectateurs en métro- Entre 1960 et 2000, le prix des places de
pole, en hausse de 8,1 % par rapport à 1999. cinéma a augmenté en moyenne de 7 % par an
Répartition des dépenses des ménages consacrées à l’audiovisuel
En %
1960 1970 1980 1990 2000
Projection de films cinématographiques 66,5 46,3 41,6 19,3 13,1
DVD et Vidéocassettes préenregistrées (hors location) – – 0,3 13,9 22,2
Activités de télévision 33,5 53,7 58,1 66,8 64,7
Total 100 100 100 100 100
Source : comptes nationaux, base 1995 - Insee
INSEE
PREMIERE Indices de prix du cinéma importante du prix d’entrée, nettement
supérieure à l’inflation. Le prix d’une
Base 100 l’année précédente place de cinéma a fait ainsi plus que
120 doubler entre 1960 et 1970, alors que
l’ensemble des prix à la consommation a
116 augmenté de 52 %. La forte hausse ducinéma
prix d’entrée traduit pour partie un effet112
qualité, une augmentation étant souvent
108 la conséquence d’une amélioration glo-
bale du service proposé aux spectateurs
104
(spectacle d’une durée supérieure, sal-
cinéma par rapport100 les plus confortables...).
aux dépenses
des ménages En 1970, les dépenses des ménages
96 consacrées au cinéma sont dépassées
cinéma par rapport aux autres activités audiovisuelles
par les dépenses en activités de télévi-92
90 sion (qui ne comprenaient à l’époque
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 que la redevance télé) : 183 contre 152
Source : Insee millions d’euros.
(graphique 1). Sur la même période, le des salles obscures en liaison avec
Baisse de la fréquentation
prix des dépenses liées à la télévision l’engouement pour les vidéocassettes et
stoppée au coursn’augmente que de 3,8 % par an, et celle la création de Canal+ en 1984.
des années soixante-dixdu prix de l’ensemble des dépenses des En 1960, le cinéma a attiré plus de 350
ménages de 5,4 % par an. millions de spectateurs. En 1970, ils
Entre 1970 et 1980, la fréquentationn’étaient plus que 184 millions (gra-
cinématographique s’est stabiliséephique 2). Cette baisse de la fréquenta-
autour de 180 millions de spectateurs.La télé a pris place tion a entraîné la fermeture de près de
Par contre, le prix de la place de cinémadans les salons au cours 25 % des salles de cinéma en l’espace
a continué d’augmenter fortement,de dix ans ; en 1972, le parc est à sondes années soixante
l’inflation restant élevée. La dépenseplus bas niveau. Au cours de cette
des ménages s’est donc nettementLa situation actuelle est nettement diffé- période, la télévision conquiert les
accrue à prix courants (442 millionsrente de celle du début des années foyers et se pose en concurrent direct du
d’euros en 1980 contre 152 en 1970, soitsoixante. En 40 ans, le cinéma a subi cinéma. Le nombre de comptes ouverts
+ 10,9 % en moyenne par an).deux crises majeures dues principale- au titre de la redevance est passé d’à
Le public resté fidèle au cinéma étaitment à la concurrence de nouveaux peine 1 million en 1960 à plus de 10 mil-
majoritairement jeune : les 15-24 ansmédias. Tout d’abord la démocratisation lions en 1970 (graphique 3), témoignant
représentaient près de 56 % des entréesde la télévision dans les années de l’explosion de ce nouveau média.
contre 2 % pour les plus de 65 ans ensoixante a mis fin au monopole du Néanmoins, les dépenses des ménages
1980. Il était également urbain : en 1980,cinéma dans l’audiovisuel. Puis les pour le cinéma ont augmenté (2,9 % en
Français se sont un peu plus détournés moyenne par an) du fait d’une hausse
Fréquentation des salles
de cinéma et nombre de comptes Dépenses des ménages en cinéma et fréquentation des salles
de redevance télévision
Millions d’entrées Millions d’euros Millions d’entrées Nombre de comptes
en millions
375 1 000 400 12
350 900 10350
800Dépenses des ménages consacrées au cinéma 8300 300
700 6
600 250250
4
500 200 2
200
400
150 0Fréquentation des salles 300 1960 1962 1964 1966 1968 1970
150
200
Fréquentation Nombres de comptes100 100
1968 19841960 1964 1972 1976 1980 1988 1992 1996 2000
Sources : Trésor public, Centre National de Cinémato-
Sources : Insee, Centre National de Cinématographie graphie
INSEE - 18, BD ADOLPHE PINARD - PARIS CEDEX 14 - TÉL. : 33 (1) 41 17 50 50
INSEE
PREMIERE7 habitants de la région parisienne sur Dépenses des ménages Depuis 1992, dépenses des ménages
10 sont allés au moins une fois au en activités audiovisuelles et fréquentation suivent des trajectoires
cinéma, contre 3 sur 10 dans les zones similaires. La variation des prix
Millions d'eurosrurales. influence beaucoup moins l’évolution
des dépenses

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