À propos d unités échangistes Sereer-Noon et Lala - article ; n°2 ; vol.62, pg 193-217
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À propos d'unités échangistes Sereer-Noon et Lala - article ; n°2 ; vol.62, pg 193-217

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Journal des africanistes - Année 1992 - Volume 62 - Numéro 2 - Pages 193-217
The conscious model of the Noon and Lala about the geographical limits of matrimonial exchanges and about units entering into these exchanges is described : preferential marriage with the matrilateral cross-cousin as well as the rites and joking relationships having to do with three types of household (F, MB and MMB). A conspicuous contradiction in this model is the marriage with the daughter of a so-called distant (i.e., unrelated) marilateral uncle (MB's half sibling). It can be understood when we realize that the units entering into exchanges are not the exogamous patrilineages but, instead, localized patrisegments made up of polygamous families. The marriage with a maternal uncle's daughter, whether he be distant, close or classificatory, reflects a preference for repeating alliances between patrisegments that have been neighbors. Enthnologists who have studied the complementary preferences for matrilateral cross-cousin and parallel cousin marriages among the Tuareg have raised similar questions. The theoretical models of generalized exchange and of marriage cycles need to be revised because they do not adequately account for these complex phenomena.
L'auteur analyse les discours énoncés par les Sereer Noon et Lala sur les limites de leur aire matrimoniale et les unités échangistes. Il décrit leur modèle conscient : mariage préférentiel avec la cousine croisée matrilatérale, ainsi que les comportements à plaisanteries et les rites qui lient trois types d'habitations (F, MB, MMB). Une des contradictions de ce modèle, le mariage avec la fille d'un oncle maternel non consanguin, dit éloigné, se comprend lorsqu'on réalise que les unités échangistes ne sont pas les patrilignages exogames mais les patrisegments localisés composés de familles polygames. Le mariage avec la fille de l'oncle maternel (proche, classificatoire, indirect ou non consanguin) exprime une préférence pour le redoublement des alliances entre patrisegments ayant voisiné. Les ethnologues qui ont étudié les types d'alliances complémentaires pratiquées par les Touaregs — cousine croisée matrilatérale (MBD) et cousine parallèle (FBD) — se sont posé les mêmes questions. Les modèles théoriques de l'échange généralisé et des mariages en cercle rendent mal compte de ces phénomènes complexes. Ces études invitent à les réviser.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 45
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Marguerite Dupire
À propos d'unités échangistes Sereer-Noon et Lala
In: Journal des africanistes. 1992, tome 62 fascicule 2. pp. 193-217.
Citer ce document / Cite this document :
Dupire Marguerite. À propos d'unités échangistes Sereer-Noon et Lala. In: Journal des africanistes. 1992, tome 62 fascicule 2.
pp. 193-217.
doi : 10.3406/jafr.1992.2363
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1992_num_62_2_2363Abstract
The conscious model of the Noon and Lala about the geographical limits of matrimonial exchanges and
about units entering into these exchanges is described : preferential marriage with the matrilateral
cross-cousin as well as the rites and joking relationships having to do with three types of household (F,
MB and MMB). A conspicuous contradiction in this model is the marriage with the daughter of a so-
called distant (i.e., unrelated) marilateral uncle (MB's half sibling). It can be understood when we realize
that the units entering into exchanges are not the exogamous patrilineages but, instead, localized
patrisegments made up of polygamous families. The marriage with a maternal uncle's daughter,
whether he be distant, close or classificatory, reflects a preference for repeating alliances between that have been neighbors. Enthnologists who have studied the complementary
preferences for matrilateral cross-cousin and parallel cousin marriages among the Tuareg have raised
similar questions. The theoretical models of generalized exchange and of marriage cycles need to be
revised because they do not adequately account for these complex phenomena.
Résumé
L'auteur analyse les discours énoncés par les Sereer Noon et Lala sur les limites de leur aire
matrimoniale et les unités échangistes. Il décrit leur modèle conscient : mariage préférentiel avec la
cousine croisée matrilatérale, ainsi que les comportements à plaisanteries et les rites qui lient trois
types d'habitations (F, MB, MMB). Une des contradictions de ce modèle, le mariage avec la fille d'un
oncle maternel non consanguin, dit éloigné, se comprend lorsqu'on réalise que les unités échangistes
ne sont pas les patrilignages exogames mais les patrisegments localisés composés de familles
polygames. Le mariage avec la fille de l'oncle maternel (proche, classificatoire, indirect ou non
consanguin) exprime une préférence pour le redoublement des alliances entre patrisegments ayant
voisiné. Les ethnologues qui ont étudié les types d'alliances complémentaires pratiquées par les
Touaregs — cousine croisée matrilatérale (MBD) et cousine parallèle (FBD) — se sont posé les mêmes
questions. Les modèles théoriques de l'échange généralisé et des mariages en cercle rendent mal
compte de ces phénomènes complexes. Ces études invitent à les réviser.MARGUERITE DUPIRE
A propos d'unités échangistes
Sereer Noon et Lala, Sénégal
« Les théoriciens traditionnels tiennent peu compte des intentions et des
modèles conscients des acteurs » écrivait A. Kuper (1980 : 14). Ils définissent
des types d'échanges matrimoniaux sans se préoccuper de l'existence d'unités
échangistes ni de leur degré de solidarité, se contentant de postuler leur exoga-
mie. On se posera cette question d'un point de vue strictement ethnographique
et descriptif à propos du système matrimonial des Sereer Noon et Lala*.
Ils appartiennent au sous-groupe linguistique sereer de la région de Thiès,
surnommé cangin par W. Pichl, qui l'identifia en 1966. Ces Sereer cangin cons
tituent une minorité (100 000 individus environ), vivant dans les anciens royau
mes du Cayor et du Baol (carte), au contact des Wolof et dans des proport
ions égales : 43 % pour chaque ethnie. Ils se différencient eux-mêmes en cinq
groupes culturels distincts (Ndut, Palor, Saafen, Noon, Lala) et parlent trois
ou quatre langues différentes. Population refoulée par les Wolof, on les trou
vait déjà en place dans cette région au XVe siècle, protégés des razzias par des
forêts épaisses et une falaise difficile d'accès.
Très différente est la situation géopolitique du groupe sereer au sud du
précédent qui, à partir du XIVe siècle, fut dominé par les deux branches d'une
dynastie mandingue, au Sine et au Saloum. Les Sereer siin-saalum, ainsi que
la petite enclave septentrionale des Seex Diobas, ne parlent qu'une seule lan
gue et comptent environ 400 000 personnes. Après les Wolof (37,5 %), l'ensem
ble sereer constitue le second groupe ethnique du Sénégal (18 %), dont la dens
ité de population est forte (entre 50 et 80 habitants au kilomètre carré) dans
les régions qu'ils occupent.
La mission catholique de Thiès étendit son action, à partir de 1886, en
pays ndut et noon. Aujourd'hui on compte chez les Cangin plus de musulmans
que de catholiques, mais néanmoins plusieurs cultes animistes se maintiennent.
A la différence des Sereer siin, les Sereer cangin — à l'exception des Ndut —
*. Les enquêtes de terrain chez les Sereer Noon et Lala, subventionnées par le CNRS, se sont déroul
ées en 1979, 1980 et 1981, durant une période de dix mois. La carte a été exécutée par Jean Laurent
à partir de celle de Pinet-Laprade (1865), simplifiée et complétée par Jean-Marc Gastellu (1981 : 17)
puis par l'auteur de cet article. Claude Diène, artiste ndut, observateur et enquêteur dans sa propre
ethnie, a réalisé les planches en noir et blanc des pages 153 et 203.
Je remercie Ariane Deluz ainsi que André Bourgeot et Éric Guignard, tous deux spécialisés dans l'étude
de sociétés touarègues, pour leurs annotations et commentaires apportés à ce texte.
Jtiurnal des africanistes, 62 12) 1992 : 193-217. 194 MARGUERITE DUPIRE
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À PROPOS D'UNITÉS ÉCHANGISTES (SEREER NOON ET LALA, SÉNÉGAL) 195
sont peu et mal connus1. Leur organisation politique se situe au niveau du vil
lage, dirigé à la fois par l'assemblée des quatre échelons d'âge et par deux re
sponsables dont les charges sont héréditaires : un chef-prêtre et un devin offi
ciel, autrefois chef de guerre (Dupire 1991c).
Le mode de filiation matrilinéaire que connurent tous les Sereer (Dupire
1991a) s'accompagnait de virilocalité et dans aucun groupe on ne garde le sou
venir, d'un mode de résidence uxorilocal. Chez les plus matrilinéaires (Ndut,
Saafen), comme chez les plus patrilinéaires (Noon, Lala), le statut de la femme
est inférieur à celui de la femme touarègue. Les biens accumulés par le travail
des femmes, qui finissent par se transformer, en bétail; sont partout gérés et
hérités par les hommes.
A partir de ce fonds matrilinéaire spécifique, ces sociétés ont évolué diff
éremment. L'organisation sociale des Sereer des royaumes du Sine et du Saloum
répond seul aux critères classiques de bilinéarité. La volonté d'isolement des
petites sociétés gérontocratiques cangin facilita leur, différenciation. Les Ndut
et avec eux les Saafen ont conservé l'essentiel des traits matrilinéaires ances-
traux et se souviennent des phases de l'évolution de leur système matrimonial,
à l'origine de type crow (Dupire 1991b). Les Sereer Siin s'en sont éloignés mais,
restent en partie fidèles à l'idéologie de leur ancien système de diversification
des alliances entre matrilignages échangistes, en dépit même des différences de
statut social (Dupire et al. 1974). Les transformations qui s'opérèrent chez les
Noon et les Lala furent par contre plus brutales, au point qu'on pourrait les
croire totalement patrilinéarisés.
Le sujet de cet article concerne les discours énoncés par les acteurs sur
les unités échangistes de leur système matrimonial. Leur modèle conscient, ainsi
que les comportements et les rites qui les explicitent, s'expriment sous deux
formes complémentaires, l'une résidentielle et l'autre parentale. Pourquoi, se
demandera alors l'ethnologue, des alliés de mon habitation, qui. ne me sont
pas apparentés, sont-ils appelés oncles maternels ? Le caractère polysémique
des termes de parenté a été maintes fois souligné. D'une part, les Noon disent
avoir une préférence pour, la cousine croisée matrilatérale, sans pour autant
interdire la cousine croisée patrilatérale, d'autre part, ils citent les habitations
où tel individu p

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