À propos de la politique agraire dans les régions baltes au cours des années 1840. Essai d analyse du développement politique - article ; n°3 ; vol.28, pg 817-837
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À propos de la politique agraire dans les régions baltes au cours des années 1840. Essai d'analyse du développement politique - article ; n°3 ; vol.28, pg 817-837

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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1973 - Volume 28 - Numéro 3 - Pages 817-837
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

J. Kahk
À propos de la politique agraire dans les régions baltes au cours
des années 1840. Essai d'analyse du développement politique
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 28e année, N. 3, 1973. pp. 817-837.
Citer ce document / Cite this document :
Kahk J. À propos de la politique agraire dans les régions baltes au cours des années 1840. Essai d'analyse du développement
politique. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 28e année, N. 3, 1973. pp. 817-837.
doi : 10.3406/ahess.1973.293383
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1973_num_28_3_293383A propos de la politique agraire
dans les régions baltes
au cours des années 1840
Essai d'analyse du développement politique
L'un des problèmes du plus grand intérêt, et qui soulève aussi le plus de
controverses, se rapportant aux recherches historiques contemporaines, est
celui de la quantification : introduction des méthodes statistiques et mathé
matiques ainsi que des ordinateurs dans la recherche historique. Il est tout à fait
remarquable à cet égard que cette question ait tenu une place importante au
programme du XIIIe Congrès international des Sciences historiques en 1970
à Moscou. L'introduction croissante des nouvelles méthodes a été accueillie,
selon l'expression imagée de W. O. Aydelotte, « à cor et à cri » par ses advers
aires outrés. Alors que dans des domaines tels que l'histoire économique et
démographique les méthodes quantitatives et mathématique sont été employées
avec succès, en ce qui concerne « l'histoire politique et sociale on a laissé passer
des occasions » x. Font exception à cette règle les recherches portant sur ce
qu'on appelle le comportement électoral 2.
A la différence de ce qu'a remarqué Aydelotte à propos de l'historiographie
bourgeoise, l'introduction de méthodes et de techniques nouvelles n'a pas
provoqué dans l'historiographie marxiste d'aussi ardents débats ni une oppos
ition aussi violente. Et il semble que la raison en soit fort simple — l'histori
ographie marxiste prêtant l'attention qu'il mérite au développement économique
de base, l'utilisation d'un grand nombre de matériaux statistiques, ainsi que
des méthodes mathématiques, est pour elle une tradition établie. Au cours de
leurs études de nombreux aspects du développement socio-économique, Marx
et Engels considéraient les données statistiques à leur disposition comme une
suite de représentations chiffrées et étaient très attentifs à leurs interrelations.
En outre, K. Marx, F. Engels et V. I. Lénine soulignèrent qu'avec la société
on a affaire à une communauté changeant rapidement et radicalement — phéno
mène qui complique extrêmement l'étude des processus sociaux. Malgré cela,
1. W. O. Aydelotte, « Quantification in history », dans Quantitative history. Selected
readings in the quantitative analysis of historical data, Georgetown, 1969, p. 8.
2. Quelques exemples de ces études ont été présentés dans le recueil d'articles ment
ionné ci-dessus, ibid., pp. 372-457.
817 DOMAINES DE L'HISTOIRE LES
des méthodes utilisées pour l'étude de certains phénomènes naturels peuvent
aussi l'être, dans une certaine mesure, pour l'analyse des phénomènes sociaux.
Dans notre pays les premières tentatives d'application des mathématiques
aux études historiques remontent au début du siècle 3. Mais ce n'est que récem
ment que les techniques quantitatives et mécaniques de traitement et d'analyse
de l'information historique ont commencé à se répandre. Les historiens sovié
tiques ont eu recours aux méthodes mathématiques et aux ordinateurs dans le
domaine des recherches socio-économiques, historico-démographiques, archéo
logiques et historico-technologiques. Les premiers exposés de ces recherches
ont été présentés au Ve Congrès international d'Histoire économique à Lenin
grad et au XIIIe Congrès des Sciences historiques à Moscou.
Mais lorsqu'on aborde le domaine politique, il faut avouer que ce propos
est relativement nouveau même pour les chercheurs marxistes rompus à la
recherche quantitative.
Le texte qui suit est un essai d'utilisation des méthodes analytiques et de
la mesure quantitative dans un domaine aussi complexe que celui de la politique
agraire. Une première ébauche en a déjà été discutée à un colloque international
sur l'histoire agraire de l'Europe de l'Est, qui s'est tenu à Tallinn les 8 et 9 août
1970. Les participants à ce colloque furent d'accord sur le fait que la façon
la plus fructueuse d'utiliser une méthode nouvelle comme la typologie des
processus historiques est de créer les modèles sur la base des données histo
riques spécifiques. Il faut souligner que de tels modèles ne sont valables qu'en
ce qui concerne la situation ou le processus historique particulier analysé, et
qu'on ne peut que très prudemment en élargir les conclusions à d'autres périodes
ou à d'autres problèmes. Mais, d'autre part, nous pouvons tester de tels modèles,
c'est-à-dire que nous pouvons vérifier si les nouveaux matériaux et les nouvelles
connaissances obtenues par la recherche historique s'insèrent dans le cadre du
modèle que nous avons élaboré. Si la réponse à une telle vérification est positive
nous pouvons affirmer que notre modèle est demeuré valable, si nous en arrivons
à une conclusion négative nous devons améliorer notre modèle ou l'abandonner.
Le problème spécifique abordé dans ce texte est la lutte complexe provoquée
par l'assaut des réformes bourgeoises, dans les années 1840, problème qui a déjà
maintes fois attiré l'attention des historiens 4.
Le nombre de documents conservés se rapportant à la préparation et
à l'application des lois paysannes de 1849 e^ *85б est relativement important.
Mais, ce qui est plus intéressant, nous disposons non seulement de documents
officiels mais aussi de lettres personnelles et de journaux intimes de politiciens
qui prirent part à l'élaboration des textes, ce qui fait qu'en de nombreux cas
nous pouvons savoir non seulement ce qu'un personnage historique a écrit dans
3. N. LjiBOVič, Statističeskij metod v priloženii k istorii (Les méthodes statistiques dans
leur application à l'histoire), Varsovie, 1901.
4. L'historien germano-balte, A. Tobien, apologiste de la noblesse, en a donné une
étude relativement minutieuse dans ses divers articles et dans le second volume de son
enquête détaillée Die Agrargesetzgebung Livlands im iç. Jahrhundert (Riga, 191 1).
H. Kruus a fait une analyse critique assez intéressante dans l'introduction à sa monog
raphie The upheavals of peasantry in Southern Estonia in the forties of the 19th century
(Tartu, 1930). On a vu la première analyse marxiste de ce problème dans les chapitres
correspondants du premier volume de The history of the Estonian SSR (Tallinn, 1956).
Il existe une version en estonien du livre de Kruus, intitulée Talurahva Kâârimine
Louna-Eestis. XIX sajandi 40-ndail aastail, Tartu, 1930.
818 J. KAHK POLITIQUE AGRAIRE DANS LES RÉGIONS BALTES
un document officiel, mais aussi ce qu'il en a pensé (ou prétendu en penser) en
écrivant ces lignes.
La politique agraire des propriétaires terriens baltes pendant ces années-là
dépendait d'une part de la politique agraire élaborée par le Gouvernement
tsariste pour l'ensemble de la Russie, et d'autre part d'un processus particulier,
parallèle à la politique centrale, dû à la position socio-économique spécifique
et à la position autonome particulière qui étaient celles de la noblesse balte
dans la Russie tsariste. En ce qui concerne la politique agraire du Gouvernement
tsariste durant cette période, nous avons la chance de disposer non seulement
de l'ouvrage classique sur ce sujet de V. I. Semevskij 5 mais aussi d'une étude
marxiste fondamentale de N. M. Družinin 6.
Nous avons également à notre disposition un exposé détaillé des émeutes
paysannes en Estonie vers 1840 grâce aux travaux menés à bien par l'acadé
micien H. Kruus dès 1930 7. L'ensemble du mouvement paysan, pendant cette

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