Ajustement et dépenses sociales au Maroc - article ; n°126 ; vol.32, pg 253-269
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Description

Tiers-Monde - Année 1991 - Volume 32 - Numéro 126 - Pages 253-269
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 83
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Christian Morrisson
Véronique Jeanneret-Amour
Ajustement et dépenses sociales au Maroc
In: Tiers-Monde. 1991, tome 32 n°126. pp. 253-269.
Citer ce document / Cite this document :
Morrisson Christian, Jeanneret-Amour Véronique. Ajustement et dépenses sociales au Maroc. In: Tiers-Monde. 1991, tome 32
n°126. pp. 253-269.
doi : 10.3406/tiers.1991.4605
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1991_num_32_126_4605AJUSTEMENT
ET DÉPENSES SOCIALES AU MAROC
par Christian Morrisson
avec la collaboration de Véronique Jeanneret-Amour
INTRODUCTION
L'impact de l'ajustement sur les dépenses sociales au Maroc justifie
une attention particulière pour deux raisons. D'une part, si l'on compare
le Maroc aux autres pays du groupe auquel il appartient, celui des pays
à « revenu moyen inférieur », il se classe en position défavorable pour
plusieurs indicateurs sociaux comme le taux de mortalité infantile, le
taux de scolarisation dans le primaire ou le pourcentage d'illettrés. D'autre
part, ayant différé pendant plusieurs années un programme de stabilisation
malgré des déséquilibres macroéconomiques croissants, le Maroc a dû
appliquer un tel programme en 1983 à la suite d'une grave crise financière.
Cette décision menaçait les dépenses sociales puisqu'une réduction des
dépenses publiques était indispensable étant donné l'ampleur du déficit
budgétaire (plus de 12 % du pib). Cet article a pour objet de faire le bilan
de la politique budgétaire en matière sociale de 1983 à 1986 et de voir
si les ménages ont souffert de l'ajustement en raison d'une baisse des
services d'éducation, de santé ou autres, que leur dispense l'Etat. Aupar
avant, on rappellera dans quelles conditions le Maroc a été contraint
d'ajuster et quelles mesures de stabilisation ont été prises.
L'événement déterminant à l'origine du processus de déséquilibre est
le triplement du prix du phosphate en 1974. Aussitôt, l'Etat bénéficiaire
de ce surplus de revenu a engagé un programme de dépenses considé
rables : le volume des investissements publics a été multiplié par 3,4
de 1974 à 1977, une hausse de salaire de 26 % a été accordée aux fonc
tionnaires et à partir de 1975 l'Etat a subventionné les produits aliment
aires. Malheureusement, dès 1976 le prix du phosphate a chuté ( — 47 %
par rapport à 1975), ce qui a entraîné un lourd déficit budgétaire (près
de 20 % du pib) parce qu'il était impossible, pour des raisons techniques
Revue Tiers Monde, t. XXXII, n° 126, Avril-Juin 1991 254 Christian Morrisson et V. Jeanneret-Amour
ou politiques, d'interrompre sur-le-champ une partie des investissements,
de réduire les traitements, ou de supprimer les subventions. A partir
de 1976 le déficit budgétaire et celui de la balance courante évoluent en
parallèle. En effet, d'une part l'épargne est approximativement égale à
l'investissement dans le secteur privé, d'autre part les recettes fiscales sont
égales aux dépenses de fonctionnement. Dans ces conditions les dépenses
publiques d'investissement sont financées pour l'essentiel par l'endettement
extérieur de l'Etat qui passe de 2,3 milliards de dollars en 1976 à 7,9 mil
liards en 1980.
A deux reprises, les tentatives de stabilisation ont échoué. En 1978,
l'Etat engage un programme réduisant les investissements publics, blo
quant les traitements, augmentant les impôts et freinant la croissance des
crédits; mais il doit y renoncer en 1979 en raison de la conjonction de
plusieurs facteurs : la sécheresse, le second choc pétrolier et des troubles
sociaux. En octobre 1980, un programme de stabilisation est convenu
avec le fmi. Mais l'application de l'une des mesures prévues, la réduction
des subventions qui s'est traduite par une augmentation de 50 % des prix
au consommateur pour les produits de base, a entraîné de graves émeutes
à Casablanca au printemps 1981. Cette résistance politique se conjuguant
en 1981 avec une sécheresse exceptionnelle, la baisse du prix du phosphate,
la hausse du dollar et des taux d'intérêt, le gouvernement dut annuler
ce programme.
De 1981 à 1983, en empruntant à l'extérieur, le Maroc a poursuivi
une politique expansionniste dont les inconvénients s'aggravent et les avan
tages disparaissent progressivement. En effet, les déséquilibres s'accen
tuent (de 1980 à 1982, le déficit extérieur passe de 7,8 % à 12,6 % du
pib) et le Maroc emprunte de plus en plus, la dette extérieure s'élève de
7,9 milliards de dollars en 1980 à 11,9 en 1983. Par suite, le service de la
dette avant allégement en pourcentage des exportations passe de 31,3%
en 1980 à 49 % en 1983. L'avantage de cette politique, la poursuite de la crois
sance, s'avère compromis puisque le pro/habitant en 1983 est égal à celui
de 1980. Cette politique n'évite pas non plus une forte poussée du chô
mage, ni une baisse des salaires réels. Ainsi le Maroc a différé l'ajustement
au prix de déséquilibres croissants tout en connaissant la stagnation et
des coûts sociaux également croissants. Au milieu de 1983, les réserves de
change sont presque épuisées, ce qui oblige le gouvernement à restreindre
les importations par des mesures d'urgence et l'incite à négocier avec
le fmi et la Banque mondiale des prêts dans le cadre d'un programme
d'ajustement. Le fmi accorde un prêt de 200 millions srd en septembre 1983
et la Banque mondiale procure début 1984 600 millions de dollars en
prêts sectoriels d'ajustement pour 1984-1986. D'autre part, le Maroc Ajustement et dépenses sociales au Maroc 255
obtient le rééchelonnement de sa dette par le Club de Paris et le Club de
Londres pour un total de 2 milliards de dollars.
L'ajustement comprend deux volets, d'une part des mesures pour
réduire à court terme la demande globale, qui s'inscrivent pour l'essentiel
dans l'accord avec le fmi, d'autre part des mesures pour augmenter l'offre
grâce à des réformes structurelles, certaines étant financées par les prêts
de la Banque mondiale. Ce sont les premières qui menaçaient les dépenses
sociales puisqu'il fallait réduire rapidement le déficit budgétaire.
L'accord de septembre 1983 avec le fmi, qui couvrait une période de
dix-huit mois, prévoyait plusieurs mesures pour limiter les dépenses
publiques : réduction des subventions aux produits alimentaires, désinves-
tissements et ralentissement de l'embauche de fonctionnaires. De fait, ce
sont les dépenses d'investissement qui ont été les plus touchées puis
qu'elles ont été réduites de 14 % du pib en 1982 à 5 % en 1985.
Toutefois, cette politique d'austérité concernait aussi les dépenses
sociales : étant donné leur poids dans le budget, il était difficile de
diminuer le déficit budgétaire sans les toucher. Aussi considérerons-nous
leur évolution pendant la période d'ajustement. Mais nous ferons aussi
un bilan des services reçus par les ménages parce que les deux évolutions
ne sont pas nécessairement parallèles. En effet, l'Etat peut, comme ce
fut le cas au Maroc, éviter en partie une réduction de ces services en
diminuant les salaires des fonctionnaires.
I — LES DÉPENSES SOCIALES PENDANT LA PÉRIODE D' AJUSTEMENT
Nous avons résumé ici les données essentielles sur ces dépenses dont
le détail se trouve dans les tableaux 1 à 4.
1982 1983 1986
En indice : 1972 = 100
130,6 Dépenses sociales/habitant 143,3 éducation/habitant 160,6 142,8 santé/habitant 101,0 96,3
Dépenses Sécurité sociale/habitant 126,7 121,5
En pourcentage du pib
8,3 7,2 Dépenses sociales éducation 6,3 5,4 santé 1,0 0,9
24,0 27,6 Dépenses sociales en % dépenses publiques 25,8
Subventions alimentaires/habitant (à prix
constants de 1972) 24,0 24,5 256 Christian Morrisson et V. Jeanneret-Amour
Ces dépenses sont dominées par l'éducation (pour les deux tiers),
la santé et la Sécurité sociale représentant respectivement 1/9 et 2/9. П
faut y ajouter les dépenses pour le logement et les équipements collectifs
qui bénéficient également aux ménages, mais représentent un faible mont
ant, un dixiè

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