Alfred Binet - article ; n°1 ; vol.18, pg 1-14
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Description

L'année psychologique - Année 1911 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 1-14
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1911
Nombre de lectures 6
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Th. Simon
Alfred Binet
In: L'année psychologique. 1911 vol. 18. pp. 1-14.
Citer ce document / Cite this document :
Simon Th. Alfred Binet. In: L'année psychologique. 1911 vol. 18. pp. 1-14.
doi : 10.3406/psy.1911.3849
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1911_num_18_1_3849L'ANNÉE PSYCHOLOGIQUE
TOME XVIII
MÉMOIRES ORIGINAUX
ALFRED BINET
J'écris ces lignes quelques semaines après la mort d'Alfred
Binet et le désastre m'épouvante. Alfred Binet, c'était cette
Année psychologique, œuvre toute personnelle, malgré son
titre, grâce à la puissante originalité de son fondateur : Binet
la nourrissait de son activité; il lui donnait chaque année les
meilleures de ses idées; il la sauva de bien des périls. Dans la
surprise de l'événement nous avons dû chercher à combler les
pages absentes. On peut voir combien il aura fallu d'hommes
éminents pour en remplacer un seul.
Alfred Binet c'était aussi le laboratoire de pédagogie de la
rue Grange-aux-Belles et la Société pour l'Étude psychologique
de l'Enfant ; et là encore sa mort prématurée entraîne un
désarroi bien significatif : on continue à se grouper à l'ombre
de sa mémoire mais les personnalités dont son contact avait
comme grossi la valeur sentent à présent leur faiblesse propre.
On attribuera à un élève les regrets précédents; on croira
que nous exagérons la perte, nous, ses proches, ses amis,
ses intimes, parce qu'évidemment pour nous qui parti
cipions à sa vie, à son labeur journalier, sa perte est plus
sensible. Cependant, je ne le pense pas. Il faut sans doute un
certain recul pour porter un jugement définitif sur les
l'année psychologique, xviii. i 2 MÉMOIRES ORIGINAUX
hommes, sur leur influence et leur œuvre. Lorsque la mort
d'un homme toutefois a dans son milieu un retentissement
aussi considérable que celui d'Alfred Binet, c'est bien l'indice
sûr qu'il représentait une puissance. Habituellement notre
organisation est telle que, quel que soit presque l'homme qui
disparaît, un autre se présente et prend sa place sans à-coup,
et le cours des choses continue avec de si faibles changements
qu'à peine on sent l'absence. Les circonstances actuelles sont
tout autres. Ceux que Binet avait animés de son esprit n'ont
pas assez foi en eux-mêmes et n'osent pas se mettre en avant
ou répugnent au travail formidable qu'il assumait seul. Et
l'on est surpris de constater que l'homme qui se prétendait et
se croyait tout absorbé de spéculation, était un homme
d'action par excellence. On dit quelquefois qu'il n'y a pas
d'hommes indispensables, et on le répète comme un axiome,
parce que c'est en réalité une vérité spécieuse qui flatte cer
tains de nos sentiments. Non sans doute, il n'y a pas en un
certain sens d'homme indispensable et l'on peut avoir dans le
progrès et dans la science une foi invincible. Il existe toutefois
des hommes qui avancent l'avènement de ce progrès. Et
lorsqu'il s'agit de sciences jeunes, de sciences en formation,
comme la psychologie se présente encore aujourd'hui, la perte
d'un homme tel qu'Alfred Binet est particulièrement funeste.
I
La biographie de Binet tient en peu de mots. « Les savants,
m'écrivait Beaunis, à qui je demandais quelques souvenirs
personnels sur Binet, n'ont pas d'histoire; ou plutôt, ajoutait-il,
leur histoire se confond avec celle de leurs travaux, de leurs
recherches, de leurs découvertes. » Si juste que soit cette phrase
d'une manière générale, elle l'est particulièrement pour Binet.
Sauf les hésitations du début à trouver sa voie, à dater de son
entrée au Laboratoire de la Sorbonne où il se consacre exclu
sivement à la psychologie on n'a plus à mentionner pour lui
aucun détail biographique et même pas de nomination à une
place où à un honneur. Il était tout à sa tâche.
Petit-fils et fils de médecin, né d'une mère artiste, Alfred
Binet naquit à Nice le 11 juillet 1857. Il vint avec sa mère
habiter Paris, fit ses études au Lycée Saint-Louis, puis il suivit
les cours de l'École de droit. C'est une coutume des étudiants SIMON. — ALFRED BINET 3 TH.
en droit de se grouper en cercles d'études. Binet fit à cette
époque partie de la conférence Beccaria ; et il aimait à rap
peler les souvenirs de cette période de son existence bien
qu'il dût assez vite s'orienter à d'autres recherches. Binet
ne tarda pas en effet à s'adonner aux sciences naturelles et
commença bientôt ses études de médecine. Sa prédilection
pour les problèmes psychologiques devait tout naturellement
l'attirer vers les questions alors à la mode, vers l'hypnotisme.
Il fréquente le service de Charcot. Et bien que Binet dût plus
tard se consacrer exclusivement à la psychologie, on ne peut
oublier qu'il fut de la même génération que Brissaud, Babinski,
Déjerine, et qu'il appartint un instant à la glorieuse école
de la Salpêtrière.
Dès ces premières années, prodigieuse est la variété des
occupations auxquelles il se livre. Il conduit à la fois des disser
tations philosophiques, des études à demi-cliniques, et sous
la direction de Balbiani, son beau-père, des travaux d'histo
logie. Dans cette activité multiple se trouvent probablement
l'origine et de ces talents littéraires qu'on retrouve dans toute
son œuvre psychologique et de ces habitudes de précision et
de rigueur conformes à l'esprit scientifique et qu'il est si rare
de rencontrer chez les philosophes. Licencié en droit le
27 novembre 1878, il publie successivement un mémoire « sur
la vie psychique des micro-organismes », sa « psychologie du
raisonnement » et un mémoire inédit sur « la perception exté
rieure », mémoire qui fut couronne par l'Académie des Sciences
morales et politiques. Il fournit à l'occasion de ces besognes
menées de front une telle somme de travail qu'il dut s'inte
rrompre pendant une année entière; mais il ne pouvait se faire
au repos; sa fréquentation dans le service de Charcot nous
vaut deux volumes avec Féré : « Le magnétisme animal » et
« les Altérations de la Personnalité » ; il passe enfin sa licence
es sciences naturelles le 1er août 1890, et son doctorat
es en 1894 avec la thèse suivante : « Contribution à
l'étude du système nerveux sous-intestinal des Insectes ».
- Binet entra au Laboratoire de psychologie en 1892. Par un
. hasard curieux, son sort se décida sur le quai de cette gare de
Rouen où nous devions si souvent ces dernières années causer
aliénation. Binet allait alors tous les ans avec sa famille passer
l'été sur la petite plage de Saint-Valéry. M. Beaunis allait à
Veulettes. C'est au retour d'un de ces voyages que tous deux se MÉMOIRES ORIGINAUX 4
rencontrèrent dans la gare de la rue Verte. « Dès qu'il se fit
reconnaître en m'abordant, écrit Beaunis, la glace fut vite
rompue entre nous. Je connaissais ses travaux et je les appréc
iais tout en me trouvant dans un camp opposé au sien dans
les questions d'hypnotisme et de suggestion qui m'occupaient
beaucoup en ce moment. Nous causâmes, et il me demanda de
venir travailler au laboratoire, autorisation que je lui accordai
immédiatement, heureux de trouver un collaborateur de cette
valeur pour un laboratoire à ses débuts et dont la création avait
éveillé des défiances et des hostilités plus ou moins déclarées
qui n'étaient pas encore éteintes. «
Le laboratoire de Psychologie physiologique de la Sorbonne
avait en effet été créé sur la proposition de M. Liard, alors
directeur de l'enseignement supérieur, par arrêté ministériel
du 29 janvier 1889; il était rattaché à l'Ecole pratique des
Hautes-Études, section des sciences naturelles. Le même arrêté
avait nommé directeur M. Beaunis, professeur de physiologie
à la Faculté de médecine de Nancy. — « Après avoir été quelque
temps un collaborateur bénévole, Alfred Binet ne tarda pas à
devenir officiel de Be

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