Amour illégitime et société à Nantes au XVIIIe siècle - article ; n°4 ; vol.27, pg 1155-1182
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1972 - Volume 27 - Numéro 4 - Pages 1155-1182
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 61
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Jacques Depauw
Amour illégitime et société à Nantes au XVIIIe siècle
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 27e année, N. 4-5, 1972. pp. 1155-1182.
Citer ce document / Cite this document :
Depauw Jacques. Amour illégitime et société à Nantes au XVIIIe siècle. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 27e
année, N. 4-5, 1972. pp. 1155-1182.
doi : 10.3406/ahess.1972.422589
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1972_num_27_4_422589Amour illégitime et société
à Nantes au XVIIIe siècle
Les sources
Les renseignements que nous avons actuellement sur l'amour illégitime dans
la société de la France moderne sont assez dispersés. La plupart viennent des monog
raphies de démographie historique qui ont utilisé les actes de baptême des
bâtards. On peut en conclure que le nombre des bâtards est très peu élevé dans
la seconde moitié du xviie siècle et dans la première moitié du siècle suivant, et
qu'il s'accroît faiblement, à partir d'une date plus ou moins tardive pendant la
seconde moitié du xvnie siècle1 dans les campagnes, car nos connaissances sur
les villes sont encore plus maigres. L'illégitimité urbaine et l'ampleur du mouve
ment qui fait se déplacer vers les villes les filles mères de la campagne n'ont pu
être mesurés.
Depuis quelque temps, l'attention a été attirée sur l'intérêt que présentent
les déclarations de grossesses illégitimes. Plus détaillées que les actes des registres
paroissiaux, elles permettent de mieux connaître la nature de l'illégitimité. De
plus, elles sont aussi sources urbaines. Grenoble en a livré un petit contingent 2.
Lille surtout, une magnifique série, mais qui ne permet pas de séparer les immig
rées ayant conçu leur enfant dans la ville de celles qui n'y sont venues que pour
y accoucher 3. C'est à une série de ce type, conservée aux archives municipales de
Nantes que nous avons eu recours 4.
1. Impossible de citer toutes ces études où l'on peut glaner des renseignements. Des appréc
iations sur l'ensemble des résultats dans P. Chaunu, La civilisation de V Europe classique, Paris,
Arthaud, 1966, in-8°, 706 p. (p. 196) et dans P. Guillaume et J. P. Poussou, La démographie his
torique, Paris, Colin, 1970, 386 p. (p. 173).
2. J. Sole, Passion charnelle et société urbaine d'Ancien Régime. Annales de la faculté des lettres
et des sciences humaines de Nice, n° 9-10, 1969.
3. Lottin, «Naissances illégitimes et filles-mères à Lille », Revue d'Histoire moderne et contemp
oraine, 1970, t. 17, pp. 278-332.
4. Voir à la fin de l'article, en annexe, les cotes et les dates de ces registres.
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I I I ILLEGITIME A NANTES J. DEPAUW AMOUR
II y a plusieurs types de déclarations de grossesse. Les plus anciennes ont été
le premier acte de l'action judiciaire que la fille entreprenait contre l'auteur de la
grossesse, déclaration évidemment facultatives. Des allusions se trouvent dans des
arrêts très anciens 6. Elles ont été reçues pendant tout l'Ancien Régime. Leur eff
icacité était particulièrement forte lorsqu'elles étaient faites dans les douleurs de
l'accouchement. Elles permettaient de condamner le père ainsi désigné à payer,
par provision, sans préjuger de la décision au fond, les frais de gésine et de pre
mier entretien de l'enfant 6. D'autres déclarations tirent leur origine de l'édit de
Henri II qui fait, sous réserve d'un certain nombre de conditions, de la non-décla
ration une présomption d'infanticide 7. Troisième type enfin, celles qui ont été
exigées par les municipalités pour enrayer l'afflux des filles mères vers la ville et
charger des frais de réception à l'Hôtel-Dieu les pères avoués. C'est le cas des décla
rations de Lille et de Nantes.
La décision fut prise à Nantes en 1725 8. Son application ne fut pas facile. Passi
vité des matrones, accouchements clandestins, discrétion des patrons ou des logeurs,
importance de la population mal contrôlée dans un port aussi actif, que d'obstacles !
Autre opposition, plus tardive, celle de l'opinion éclairée, médecins surtout, qui
se scandalisent que l'on fasse faire aux filles une démarche aussi humiliante. Vers
1780, nombreux sont ceux qui considèrent que tous les enfants présentés doivent
être accueillis sans formalité. La qualité des déclarations s'en ressent car un certain
nombre de filles les font faire par des intermédiaires et les incidents avec le grenier
sont fréquents. Mais Nantes n'est pas à l'heure de Paris et la législation nantaise
n'a pas changé avant la Révolution. Le graphique ci-contre montre l'évolution du
nombre des déclarations et permet de la comparer avec quelques sondages faits
dans les registres paroissiaux. A partir de 1740, le nombre des baptêmes de bâtards
et celui des sont très proches.
Quel crédit faire à un tel document ? La fausseté de certaines déclarations appar
aît, parce que le greffier corrige ou parce que les filles reviennent faire une seconde
déclaration. On devine alors des tractations avec le père. Un arrangement aussi
bien qu'une promesse non tenue peut faire apparaître un nouveau nom. Évidem
ment, aucune sécurité absolue — comment pourrions-nous en savoir plus que le
greffier ? — , mais quelques éléments plaident en faveur de l'intérêt du document.
La valeur judiciaire de la déclaration dont des doubles sont donnés lors de procès
ultérieurs, la comparution personnelle de la fille devant un greffier au comporte
ment inquisitorial, la qualité de la tenue des registres et surtout la masse que repré
sente la série. Plus de 8 000 cas, répartis de 1725 à 1788 avec, malheureusement,
une interruption de 1767 à 1771.
La méthode : codage et traitement
Chaque déclaration a d'abord été transcrite sur une fiche qui laissait une grande
place aux détails de caractère qualitatif, et c'est seulement après le dépouillement
exhaustif des registres que nous avons élaboré la fiche codée. Il n'est guère pos-
5. A. Favre, Codex definitionum, Genève, 1628 : « Virgini creditui iuranti se ab aliquo cognitam
non etiam meretrici. » (Lib. IV, Tit. XTV, def. 18, p. 312.)
6. Baret, Sur la preuve de la filiation naturelle, Paris, 1872.
7. Isambert, Recueil des anciennes lois françaises, ХП, p. 471.
8. Arch. mun. de Nantes, GG 746. Extrait du registre du Parlement du 4 août 1725.
1157 NORMES ET DEVIANCES
1158 ,
ILLEGITIME A NANTES J. DEPAUW AMOUR
sible de déterminer plus tôt ce qui pourra faire l'objet d'un codage et sous quelle
forme, en particulier parce que le document évolue en soixante ans.
Fiche mécanographique
15
Í4|5 J0|2 o loi o í 1 1 ol l£kl zlslal la loi
origine pr. M. pr. PM tps
30
klsloU l°J
mar. s. bapt. par.
2 sieur rit. p. mar. emb. aide
38
3 Me. col. d. veuf abs. sans Ы 9l 9l 9l 9l par.
48
4 С p. coll. mort viol 1m|a1r|c1 |z|z|zlz|
concept. déclar.
5 garç. parents.
56
6 journ. coha. IrIiIvIiIeIrI
nom M. nom MM. NOM P. 7 appr . с one ub .
La continuité du codage a été assurée par cinq colonnes qui donnent, outre
l'année sur deux colonnes (dizaine et unité puisque toutes étaient du même siècle),
le numéro d'ordre de la déclaration dans l'année considérée, sur trois colonnes.
La seule date du jour était insuffisante, ou le numéro de la feuille du registre à cause
de la pluralité des déclarations. L'âge, aucune difficulté, sur deux colonnes. Pour
l'origine, à l'exception de Nantes pour lequel un numérotage particulier des
paroisses a été fait, le code de FI.N.S.E.E., cinq colonnes, deux pour le départe
ment et trois pour le numéro d'ordre de la commune dans le département.
Pas de difficulté non plus pour le sexe, ni même pour la date de baptême de
l'enfant — année sur deux colonnes, mois sur deux colonnes — . Enfin, pour pou
voir repérer les filles et les pères apparaissant plusieurs fois sur les registres, ont été
prises les quatre premières lettres du nom de la fille et les quatre premières lettres
du nom de sa mère pour 

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