Analyse des modes de coordination dans les entreprises soviétiques et russes. Une grille de lecture pour un passage entre analyse théorique et empirique - article ; n°1 ; vol.31, pg 133-168

Hélène Sultan-Taïeb

Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 2000 - Volume 31 - Numéro 1 - Pages 133-168
This analysis of the transition in Russia from a microeconomic viewpoint focuses on changes in coordination in industrial firms by using a grid to interpret the passage between a theoretical and an empirical analysis. By applying this grid to the Soviet and then Russian cases, different methods of coordination come to light; and the scale of changes since 1991 can be assessed. As a result, a typology of Russian industrial firms can be drawn up as a function of their methods of coordination.
Ce texte analyse la transition en Russie d'un point de vue micro-économique, en se centrant sur les transformations de la coordination dans les entreprises industrielles. L'outil d'analyse est une grille de lecture d'un niveau d'abstraction intermédiaire, passage entre analyse théorique et empirique. L'application de cette grille aux cas soviétique et russe met en lumière la nature des différents modes de coordination en jeu dans l'industrie soviétique et permet d'appréhender l'ampleur des transformations survenues depuis 1991. On aboutit à une typologie des entreprises industrielles russes en fonction de leur mode de coordination, élaborée à partir des résultats d'une enquête de terrain.
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_D-ETUDES_COMPARATIVES_EST-OUEST
• Publié le: 01 janvier 2000
• Nombre de lectures: 42
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Hélène Sultan-Taïeb
Analyse des modes de coordination dans les entreprises
soviétiques et russes. Une grille de lecture pour un passage
entre analyse théorique et empirique
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 31, 2000, N°1. l'Allemagne et l'Europe centrale à l'heure de la
réconciliation. pp. 133-168.
Abstract
This analysis of the transition in Russia from a microeconomic viewpoint focuses on changes in coordination in industrial firms by
using a grid to interpret the passage between a theoretical and an empirical analysis. By applying this grid to the Soviet and then
Russian cases, different methods of coordination come to light; and the scale of changes since 1991 can be assessed. As a
result, a typology of Russian industrial firms can be drawn up as a function of their methods of coordination.
Résumé
Ce texte analyse la transition en Russie d'un point de vue micro-économique, en se centrant sur les transformations de la
coordination dans les entreprises industrielles. L'outil d'analyse est une grille de lecture d'un niveau d'abstraction intermédiaire,
passage entre analyse théorique et empirique. L'application de cette grille aux cas soviétique et russe met en lumière la nature
des différents modes de coordination en jeu dans l'industrie soviétique et permet d'appréhender l'ampleur des transformations
survenues depuis 1991. On aboutit à une typologie des entreprises industrielles russes en fonction de leur mode de coordination,
élaborée à partir des résultats d'une enquête de terrain.
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Sultan-Taïeb Hélène. Analyse des modes de coordination dans les entreprises soviétiques et russes. Une grille de lecture pour
un passage entre analyse théorique et empirique. In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 31, 2000, N°1.
l'Allemagne et l'Europe centrale à l'heure de la réconciliation. pp. 133-168.
doi : 10.3406/receo.2000.3018
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_2000_num_31_1_3018d'études comparatives Est-Ouest, 2000, vol. 31, n° 1, pp. 133-168 Revue
Analyse des modes de coordination
dans les entreprises soviétiques et russes
Une grille de lecture pour un passage
entre analyse théorique et empirique
Hélène SULTAN TAÏEB *
résumé : Ce texte analyse la transition en Russie d'un point de vue micro-économique,
en se centrant sur les transformations de la coordination dans les entreprises industrielles.
L'outil d'analyse est une grille de lecture d'un niveau d'abstraction intermédiaire, pas
sage entre analyse théorique et empirique. L'application de cette grille aux cas soviétique
et russe met en lumière la nature des différents modes de coordination en jeu dans l'i
ndustrie soviétique et permet d'appréhender l'ampleur des transformations survenues
depuis 1991. On aboutit à une typologie des entreprises industrielles russes en fonction
de leur mode de coordination, élaborée à partir des résultats d'une enquête de terrain.
abstract : This analysis of the transition in Russia from a microeconomic viewpoint
focuses on changes in coordination in industrial firms by using a grid to interpret the pas
sage between a theoretical and an empirical analysis. By applying this grid to the Soviet
and then Russian cases, different methods of coordination come to light; and the scale of
changes since 1991 can be assessed. As a result, a typology of Russian industrial firms
can be drawn up as a function of their methods of coordination.
Certains phénomènes caractéristiques de la transition économique en Russie
traduisent la complexité des transformations en cours. La chute vertigineuse de
la production industrielle (elle a été divisée de plus de la moitié en termes réels
entre 1992 et 1998) contraste avec une hausse relativement modérée du chômage
(11,5 % de la population active à l'issue du premier semestre 1998 !)• La priva
tisation et les différentes formes de propriété qui en résultent ne semblent pas
avoir modifié radicalement le caractère monopolistique de l'industrie russe2, ni
redonné un dynamisme à la production. La majorité des études effectuées sur le
* Université de Paris XII - Val de Marne et CEMI-EHESS (E-mail : [e-mail]).
L'auteur tient à remercier les deux rapporteurs anonymes de la revue, ainsi que Y. Rizopoulos,
J. Sapir, B. Chavance, R. Motamed-Nejad, G. Duchêne, M. Bensaid et T. Coutrot pour leurs
remarques constructives sur une version précédente de cet article.
1. Chômage au sens du BIT. Les chiffres sont issus de Social 'no-ekonomiâeskoe polozenie
Rossii (La situation socio-économique de la Russie), Goskomstat Rossii, 1998.
2. Si les monopoles nationaux sont surtout présents dans l'énergie, divers secteurs industriels
connaissent des situations de monopole à un niveau régional. Hélène Sultan Taïeb 134
terrain mettent en relief l'absence de lien entre les variables liées à la situation
économique des entreprises et celles qui touchent à leur forme de propriété. De
plus, la persistance de l'endettement inter-entreprises et des comportements
consistant à poursuivre les livraisons à des entreprises notoirement insolvables
ne peuvent s'expliquer de manière satisfaisante par la "mentalité" des directeurs
d'entreprise ou par des facteurs dits culturels.
Compte tenu de ces observations, l'étude des comportements micro-écono
miques nous paraît indispensable pour comprendre la transformation systémique
russe. Notre démarche consiste à prendre comme unité d'analyse la firme. Celle-
ci représente dans le système soviétique l'ultime échelon, qui exécute in fine les
directives du plan et est le lieu d'une confrontation entre les calculs effectués par
le Centre et les contraintes économiques réelles. Elle constitue par ailleurs l'él
ément fondamental du système capitaliste, où prend forme le rapport de product
ion capitaliste et se réalise la valorisation du capital. Elle est enfin, comme le dit
A. D. Chandler (1992, p. 79), l'instrument premier de la production et de la dis
tribution des biens et services ainsi que de la prévision de l'activité productrice
et allocatrice future.
La firme industrielle 3 sera envisagée comme un système complexe d'interac
tions, d'interdépendances et de conflits, qui ne peut se développer que si s'ins
taurent une cohérence entre les actions des agents et une coopération entre ces
mêmes agents, aux intérêts parfois divergents. Dans ce cadre, un préalable
méthodologique sera nécessaire pour justifier, lorsqu'on traite du système sovié
tique, une problématique centrée sur la coordination dans la firme. Une argu
mentation relative à l'existence de la firme en U.R.S.S. est l'occasion de revenir
sur la définition même du concept de par rapport aux autres formes d'or
ganisation et d'institutions dans un système économique donné.
Face à cette problématique, une série de questions se posent. Quel type de
coordination émerge et se substitue à la coordination de type soviétique dans la
firme russe ? Le fonctionnement de la firme soviétique a-t-il subi une transfo
rmation radicale ou seulement des modifications se bornant à la forme de pro
priété et à l'actionnariat ? Dans ce cadre, le poids de l'héritage soviétique dans
les modes de coordination actuels peut-il être mesuré ? On tâchera ici d'apport
er quelques éléments de réponse à ces questions fondamentales.
Pour ce faire, une grille de lecture spécifique s'impose. On proposera de défi
nir la coordination par une représentation d'un niveau d'abstraction intermé
diaire - un système de trois axes de coordination interdépendants - permettant
d'établir une passerelle entre analyse théorique et empirique. L'applicabilité de
cette approche au cas soviétique devra être démontrée (section 1). La section 2
explique pourquoi la coordination dans l'entreprise soviétique ne peut s'identi
fier à une coordination de type hiérarchique. Enfin, l'application de notre grille
de lecture au cas russe, à travers notamment une analyse statistique des résultats
3. On restreint en effet le champ de l'analyse aux entreprises industrielles. Modes de coordination dans les entreprises soviétiques et russes 135
d'une enquête de terrain, met en lumière l'hétérogénéité et la spécificit&#