Aperçu préliminaire sur le Maṣḥafa Ṭēfut de Gechen Amba - article ; n°1 ; vol.1, pg 89-108
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Description

Annales d'Ethiopie - Année 1955 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 89-108
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1955
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Caquot
Aperçu préliminaire sur le Maafa ēfut de Gechen Amba
In: Annales d'Ethiopie. Volume 1, année 1955. pp. 89-108.
Citer ce document / Cite this document :
Caquot André. Aperçu préliminaire sur le Maafa ēfut de Gechen Amba. In: Annales d'Ethiopie. Volume 1, année 1955. pp. 89-
108.
doi : 10.3406/ethio.1955.1233
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ethio_0066-2127_1955_num_1_1_1233RCU PRELIM I IN lAi RE APE
S UK
LE MASH • • A FA TËFUT • DE GECHEN A MBA
PAR
\. CAQUOT
L'existence du Masfyafa Tëfut a été signalée pour la première fois par M. Cohen
à propos d'une tradition de Dabra Warq du Godjam qu'il avait recueillie lors de
sa mission de 1910-1911 ^K Cette tradition relate l'arrivée en Ethiopie, sous le
règne de Dâwit (1380-1409), d'un fragment de la croix du Christ et d'images de la
Vierge. M. Cohen faisait alors état d'une information d'abbâ Jérôme Gabra Muse
selon laquelle ce morceau de la Vraie Croix aurait été déposé à Yambâ de Gechen,
célèbre forteresse de l'Amhara, située au Nord de Magdala, sur l'autre rive du
Bachello^2'. On y aurait conservé un « livre de généalogies éthopiennes » portant
le titre mystérieux de Tëfut, lu solennellement aux pèlerins qui viennent y vénérer
les reliques, le 10 maggàbit de chaque année.
J'ai pu avoir communication d'une copie partielle de ce curieux livre qu'on
prétend remonter à Zar'a Yâcqob. Il ressort de la petite enquête faite auparavant
que le nom de Tëfut paraît familier à tous les savants éthiopiens interrogés. On
sait que ce livre est le livre de Gechen et qu'il raconte la venue de la Vraie Croix
en Ethiopie. Il est alors assez étonnant de constater que ce livre lui-même et cer
taines des traditions qu'il renferme ne sont l'objet d'aucune allusion, ni dans l'an
cienne littérature éthiopienne ni dans les écrits d'auteurs récents comme l'alaqâ
Tayyë ou le blâttëngëtâ Heruy Walda Sellâsë. Un catalogue qui prétend embrasser
toute la éthiopienne, imprimée et restée manuscrite, récemment publié
par l'alaqâ Aklila Berhân, ne le mentionne pas davantage^3'.
Le texte dont on trouvera ci-dessous la traduction n'est qu'une copie hâtive,
fragmentaire et, surtout à la fin, difficilement lisible. Aussi ne prétendons-nous
donner qu'un aperçu préliminaire sur ce livre, en attendant qu'une visite à Gechen
W M. Cohen, Dabra Warq, dans Mélanges René Basset, I, Paris, 1923, p. 143-162.
(2) Sur la situation de Gechen, voir E. Pereira, Chronica de Susenyos, II, Lisbonne, 1900, note à
p. 6, 1. 26, p. 276. Il place l'amba à 3 kilomètres au Nord du Bachello et en indique les coordonnées :
lat. 11° 29', long. 39° 27'. Voir aussi C. Beckingham et G. Huntingford, Some Records of Ethiopia.
Londres, 1954, p. 227.
W Aklila Berhân Walda Qirqos, Marfya lebbunnâ, Addis-Ababa, 1943/1951. YN PULES D' ETHIOPIE 00
nous permette de prendre connaissance du manuscrit lui-même. Le Têfut n'existe
en effet qu'à un seul exemplaire, jalousement gardé par les prêtres de l'église de
Dieu le Père à Gechen qui en donnent une lecture publique les jours de pèlerinage
mais en ont interdit jusqu'à maintenant la consultation directe et la copie.
Avant de passer à un examen de son contenu, je crois utile de me faire l'écho de
certaines traditions dont ce livre est l'objet et dont certaines ont été vérifiées sur
place par notre informateur.
Le livre du Tëfut est particulièrement volumineux. Nous en trouvons l'explica
tion dans le texte même. L'inventaire de la bibliothèque de l'église de Dieu le Père
mentionne en effet : «Le livre de Têfut, qui est la Loi, l'Évangile et le Sinodos réunis
dans un seul volume ». Le passage historique qui seul nous intéresse ici a donc été
copié après les livres sacrés et cela n'est pas surprenant, puisque ce récit sert d'in
troduction à une série d'actes royaux concernant les églises de Gechen. De même,
à Axoum, les actes royaux en faveur de l'église de Sion ont été transcrits à la suite
du Kebra Nagast.
L'explication qui paraît unanimement acceptée pour le titre du livre est la sui
vante : le nom de tëfut lui a été donné parce qu'il est écrit en caractères aussi fins
que des grains de tëf^K Notre informateur a entendu dire à Gechen que Tëfut
était aussi le nom d'une vierge qui aurait copié le livre, mais cette tradition lui
semble controuvée. La variante tofit, signalée par M. Cohen, ne m'a pas été répétée.
Abbà Jérôme avait dit à M. Cohen que le livre portait les traces d'un coup de
sabre infligé par un des masâfent gallas de la fin du xvine siècle ou du début du
xixe siècle indigné de ne pas se trouver mentionné dans le récit historique. Cette
tradition m'a été confirmée.
J'ignore quelle est la longueur exacte du récit historique. L'extrait communiqué
par l'informateur s'arrête à l'avènement de Lebna Dengel. La suite du récit doit
comporter la narration des campagnes de Grân, noyau des « chroniques abrégées ».
L'informateur, rencontrant ce texte bien connu, a jugé inutile de le recopier. La
chronique doit également se poursuivre jusqu'à une époque récente : on nous dit
que les « usurpateurs » du trône salomonide, les « maires du palais » gallas et même
l'empereur Tëwodros II, y sont sévèrement jugés, ce qui justifierait assez bien l'his
toire du coup de sabre.
Notre récit commence par les généalogies coutumières, depuis Adam jusqu'à
Amda Seyon. Relevons le passage concernant Làlibalà : c'est à lui qu'on attribue
la construction d'une première église à Dabra Karbë, nom que notre texte donne à
l'amba de Gechen (il l'appelle aussi Nagast, ou « abbaye des rois », ce qui
rejoint le «Gechen amba des rois» des Chroniques abrégées). Ce détail corrobore
une information de Paez et d'Almeida qui nous apprend que Làlibalà fit faire les
premières constructions du fameux amba'2). Puis on nous raconte comment Sayfa
Are'ed fit campagne contre l'Egypte pour venger le patriarche Mikâ'ël, incarcéré
par les Musulmans. A la mort de Sayfa Areced, le Sultan reprend ses exactions
contre les Chrétiens et fait à nouveau arrêter le patriarche. Appelé par les rois
chrétiens au secours de leurs frères d'Egypte, le roi d'Ethiopie Dâwit II intervient :
il descend jusqu'à Khartoum où il entreprend de barrer le cours du Nil. Devant cette
(1) Voir d'autres formes nominales dérivées à l'aide du suffixe -ut dan« M. Cohen, Nouvelles étudei
d'éthiopien méridional, Paris, 1939, p. 106.
(2> P. Paez, Historia da Etiopia, livre I, chap. 6 et suivants; éd. Teixeiha, Lisbonne, 1945, I,
p. 76; E. d'ALMEiDA, Historia de Etiopia a alta, livre II, chap. 20-22, dans G. Beckingham et
G. HUNTINGFORD, p. 99. TEXTES '.'1
menace, le Sultan recule : il fait relâcher le patriarche et prie les souverains chré
tiens d'intervenir auprès de Dâwit pour que les Ethiopiens se retirent et rendent
son cours au fleuve. Pour prix de son intervention les Chrétiens offrent à Dâwit
120.000 dinars d'or mais le roi d'Ethiopie refuse et demande en échange diverses
reliques dont un fragment de la Vraie Croix, sept images de la Vierge et l'image du
kwer'àta reesu (VEcce homo). Dâwit II va recevoir ces reliques à Assouan « qui est
la frontière de l'Egypte et de l'Ethiopie » et cet événement est commémoré par l'i
nstitution des deux fêtes de la Croix, du 10 et du 17 maskaram.
C'est un épisode bien connu de l'histoire traditionnelle de l'Ethiopie. Voici
quelques-unes des sources où nous le trouvons raconté :
La plus ancienne de ces sources paraît être le Gadla Marqorëwos, dont Conti
Rossini a publié un manuscrit datant du xvme siècle^1'. Selon ce texte, qui
remonterait au XVIe siècle, Dâwit, apprenant que les Égyptiens ont rompu le pacte
conclu avec eux par son père Sayfa Are'ed, part au secours de ses coreligionnaires.
Il fait route

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