Aperçu sur les études Chan/Zen aux Etats-Unis - article ; n°1 ; vol.7, pg 411-435
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Description

Cahiers d'Extrême-Asie - Année 1993 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 411-435
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 27
Langue Français
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Extrait

Bernard Faure
Aperçu sur les études Chan/Zen aux Etats-Unis
In: Cahiers d'Extrême-Asie, Vol. 7, 1993. pp. 411-435.
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Faure Bernard. Aperçu sur les études Chan/Zen aux Etats-Unis. In: Cahiers d'Extrême-Asie, Vol. 7, 1993. pp. 411-435.
doi : 10.3406/asie.1993.1073
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/asie_0766-1177_1993_num_7_1_1073APERÇU SUR LES ETUDES CHAN/ZEN AUX ETATS-UNIS
Bernard Faure
Les notes suivantes visent à faire rapidement le point sur un certain nombre de
travaux que l'on peut regrouper, malgré le caractère flou de leur objet, sous le nom
d'études Chan/Zen. Elles n'ont retenu, dans l'abondante et inégale littérature relative
à ce domaine, que les contributions les plus significatives de ces quatre dernières
décennies, et il va sans dire qu'elles ne prétendent ni à l'objectivité, ni à
l'exhaustivité. Comme tout exercice de ce genre, elles reflètent les conceptions
normatives de l'auteur.
Portées à l'attention du monde sinologique par les travaux de l'historien chinois
Hu Shih dans les années trente, les études Chan/Zen n'ont vraiment pris leur essor
qu'au lendemain de la seconde guerre mondiale, soit près d'un demi-siècle après la
découverte des manuscrits de Dunhuang. A quelques exceptions près, le Chan/Zen
est resté l'apanage des chercheurs japonais et américains. Avant de présenter les
travaux de ces derniers, il faut dire toutefois quelques mots sur leurs précurseurs
européens.
Dès 1923, Paul Pelliot, dans un magistral essai modestement intitulé "Notes sur
quelques artistes des Six Dynasties et des T'ang", avait examiné l'arrière-plan de la
légende de Bodhidharma. En 1947, Paul Demiéville publiait "Le miroir spirituel",
dans lequel il comparait l'emploi de cette métaphore dans les traditions
philosophiques chinoise et occidentale. Cet article, qui inaugurait une série de
travaux sur le "subitisme" et le "gradualisme", a exercé une influence féconde sur le
développement des études Chan aux Etats-Unis.
En 1949, Jacques Gernet, stimulé par les travaux de Hu Shih, publiait la traduction
des entretiens de Shenhui; puis, en 1951, il retraçait dans un article d'une grande
richesse la biographie mouvementée de ce personnage. L'année suivante, Demiéville
publiait son monumental Concile de Lhasa, dans lequel il tentait de dévoiler l'histoire
de la controverse sur le subitisme qui anima cet énigmatique Concile du Tibet (que
l'on tend aujourd'hui à localiser, non à Lhasa, mais au monastère de Bsam Yas).
L'ouvrage, divisé en deux parties — doctrinale et historique — constitue en outre une
source précieuse d'informations sur le Chan des débuts, et en particulier sur l'école
du Nord, dont le protagoniste chinois de la controverse, Moheyan, était un des
maîtres. Il est regrettable que Demiéville n'ait jamais donné suite à son projet initial,
qui était de consacrer un second volume à une étude de la doctrine du Chan. Il
continua cependant, dans les années suivantes, à donner des cours au Collège de
France et à publier des articles sur ce sujet, mais, curieusement, alors qu'en France
son influence restait somme toute réduite, malgré la publication en 1973 de deux
volumes de ses travaux sur le bouddhisme chinois et la sinologie, c'est surtout au
Japon et aux Etats-Unis qu'il semble avoir été lu. Parmi les retombées de ces travaux,
il faut néanmoins mentionner la publication en 1970 d'un volume de la revue Hermès
Cahiers d'Extrême- Asie 7 ( 1 993- 1 994) : 4 1 1 -435 412 Bernard Faure
consacré au Chan, dont une seconde édition copieusement augmentée (1985) inclut,
outre des traductions de textes Chan/Zen fondamentaux, quelques articles de fond
sur le Chan chinois (Paul Demiéville, Nicole Vandier-Nicolas, Catherine Despeux)
et son influence au Tibet (Guilaine Mala).
Du côté américain, les travaux de Walter Liebenthal sur Shenhui (1953) et sur le
Vajrasamâdhi-sûtra apocryphe (1956), en dépit (ou à cause) de leur originalité, sont
dans l'ensemble peu fiables. Ce n'est qu'avec la traduction du Sûtra de l'estrade par
Philip Yampolsky en 1967, traduction assortie d'une savante introduction sur la
formation de la légende et la genèse de la tradition patriarcale du Chan, que l'étude du
Chan parvint à gagner ses palmes académiques. Yampolsky rendait en effet pour la
première fois accessibles aux chercheurs américains les recherches toutes récentes de
Yanagida Seizan — lequel publiait, la même année, son monumental travail sur les
ouvrages historiques du Chan des débuts (Shoki zenshu shisho no kenkyû, sur lequel
voir l'article de John McRae dans ce volume). C'est également la collaboration de
Yanagida et d'Iriya Yoshitaka qui devait permettre à Ruth Fuller Sasaki et Miura Isshû
de publier Zen Dust, ouvrage riche en informations sur le Chan/Zen, mais que sa
conception hybride rend d'utilisation malaisée. Un autre initiateur aux travaux
japonais fut Heinrich Dumoulin, dont le History of Zen Buddhism (1963) fournissait
une introduction utile à l'histoire du Chan/Zen. Cette histoire, revue et augmentée, a
fait récemment l'objet d'une réédition en deux tomes (Dumoulin 1988-1990).
C'est toutefois au cours des deux dernières décennies que les études se sont
multipliées, dans la mouvance encore étroite des travaux de Yanagida. Ces travaux
s'inscrivaient également en réaction contre l'appropriation du Zen par la contre-
culture américaine des années soixante. Il s'agissait avant tout de dégager le Zen de
son association, répandue par D. T. Suzuki et ses épigones, avec ce "mysticisme
oriental", que dénonçait en France René Etiemble sous le nom de "Zaine".
Pour comprendre la direction qu'ont pris ces études, il faut se replacer un instant
dans le contexte de l'après-guerre. L'étude des manuscrits Chan de Dunhuang
connaît un regain lorsque l'historien chinois Hu Shih, après un long intermède
politique, reprend ses recherches sur Shenhui et le Chan. Très vite, cependant, son
approche historiciste le conduit à se heurter à D. T. Suzuki, lequel n'avait pas oublié
le compte-rendu sévère dont ses Essais sur le Zen avaient fait l'objet près de vingt-
cinq ans plus tôt — critique anonyme publiée dans le Times Literary Supplement, et
qu'il avait attribuée (à tort semble-t-il) à Hu Shih (cf. Barrett 1989). Quoiqu'il en
soit, Suzuki reproche à Hu Shih son historicisme, au cours d'un débat qui l'oppose
en 1953 à l'historien chinois dans les colonnes de la revue Philosophy East and
West. Les positions des deux protagonistes sont bien tranchées : selon Hu Shih, le
Chan n'est qu'un mouvement religieux parmi d'autres, et son développement fait
partie intégrante de l'histoire politique des Tang. Selon Suzuki, par contre, le Zen
transcende l'histoire, et les historiens sont par définition réductionnistes (Suzuki
1953, Hu Shih 1953).
C'est pour dépasser cette antinomie stérile que Yanagida commence à publier ses
travaux. S'il semble d'abord prendre le parti de Hu Shih contre Suzuki, il ne s'en
tient pas à l'historicisme du premier. Hu Shih était d'ailleurs bien conscient de ces
divergences, lorsque, dans une lettre adressée à Yanagida, il compare l'idéal Aperçu sur les études Chan/Zen aux États-Unis 4 1 3
bouddhique de ce dernier à son propre athéisme. L'originalité de la position de
Yanagida s'affirme bientôt, lorsqu'il s'en prend aux excès de la critique historiciste
de Sekiguchi Shindai, un historien du Tendai qui s'attachait à démontrer que toutes
les "histoires" du Chan sont frauduleuses. Pour Yanagida, si l'historiographie
traditionnelle du Chan ne saurait prétendre au statut de récit véridique, elle n'est pas
non plus vaine fabrication. Yanagida renvoie dos à dos l'histoire mythifiante des
"Histoires de la Lampe" et l'histoire démythifiante de l'hyperhistoricisme, et
s'attache à souligner la créativité religieuse de ces "inventions". Certes, ses Etudes
semblent, par leur application rigoureuse de la critique textuelle, s'inscrire dans la
tradition historiciste. Mais Yanagida prend soin de nuancer sa position dans sa préface.
Le Chan des débuts
Cependant, les

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