Application des méthodes nouvelles au diagnostic du niveau intellectuel chez des enfants normaux et anormaux d hospice et d école primaire - article ; n°1 ; vol.11, pg 245-336
93 pages
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Application des méthodes nouvelles au diagnostic du niveau intellectuel chez des enfants normaux et anormaux d'hospice et d'école primaire - article ; n°1 ; vol.11, pg 245-336

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Description

L'année psychologique - Année 1904 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 245-336
92 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1904
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Extrait

Alfred Binet
Th. Simon
Application des méthodes nouvelles au diagnostic du niveau
intellectuel chez des enfants normaux et anormaux d'hospice et
d'école primaire
In: L'année psychologique. 1904 vol. 11. pp. 245-336.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred, Simon Th. Application des méthodes nouvelles au diagnostic du niveau intellectuel chez des enfants normaux et
anormaux d'hospice et d'école primaire. In: L'année psychologique. 1904 vol. 11. pp. 245-336.
doi : 10.3406/psy.1904.3676
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1904_num_11_1_3676XIII
APPLICATION DES MÉTHODES NOUVELLES AU
DIAGNOSTIC DU NIVEAU INTELLECTUEL CHEZ
DES ENFANTS NORMAUX ET ANORMAUX D'HOS
PICE ET D'ECOLE PRIMAIRE
L'article précédent contenait un exposé strictement théorique
des méthodes de diagnostic que nous préconisons pour recon
naître et mesurer l'infériorité intellectuelle. Il reste à compléter
ce travail préliminaire, et à le légitimer, en montrant comment
ces méthodes se comportent quand elles sont aux prises avec
les faits. Après la théorie, il faut faire la preuve.
Il ne sera question ici que de la méthode psychologique.
C'est la seule qui soit mûre pour des essais pratiques un peu
complets. Les autres méthodes ne pourraient donner encore
que des indications accessoires; mais celle-ci permet déjà des
déterminations d'infériorité intellectuelle. Nous en avons la
conviction, nous venons d'en avoir la démonstration palpable.
La durée d'un examen de sujet, par la psychologie, est en
moyenne de 40 minutes. Nons avons fait sur chaque enfant
beaucoup d'épreuves inutiles, parce que nous avions à exécuter
un travail de recherche, plein de tâtonnements. Maintenant
qu'on sait ce qu'il faut chercher, on pourra aller bien plus vite,
et nous croyons qu'une demi-heure suffira pour fixer l'état de
développement intellectuel de chaque enfant.
Nous étudierons successivement, avec notre échelle métrique :
1° Des normaux ;
2° Des anormaux hospitalisés ;
3° Des d'école primaire.
I
DÉVELOPPEMENT NORMAL DE L'INTELLIGENCE
CHEZ DES ENFANTS ÂGÉS DE TROIS A DOUZE ANS.
Ces normaux figurent ici comme termes de comparaison.
Nous avons été obligés à ces études très longues, parce qu'elles 246 MÉMOIRES ORIGINAUX
manquaient jusqu'ici. A notre connaissance, aucun ouvrage
ne contient l'histoire détaillée et précise du développement de
l'intelligence chez les enfants. Les monographies les plus
complètes, comme celle d'Allen Gilbert1, présentent une série
d'épreuves pratiquées spécialement sur les sensations et les
organes des sens, et laissant presque toujours de côté l'intell
igence; il y a cependant des observations très suggestives, qui
ont été publiées çà et là 2 ; mais nous n'avons pas pu les utiliser,
et nous avons préféré élever une construction toute neuve, en
n'empruntant de matériaux à personne.
Lorsque le travail, ébauché seulement ici, aura pris un
caractère définitif, il permettra sans doute de résoudre bien des
questions pendantes, puisqu'il ne s'agit de rien moins que de
mesurer l'intelligence; on saura ainsi comparer les différences
de niveau intellectuel selon, non seulement l'âge, mais le sexe,
la condition sociale, la race; on trouvera des applications de
nos méthodes à l'anthropologie normale, et aussi à l'anthropo
logie criminelle, qui touche de si près à l'étude des anormaux
et recevra les principales conclusions de cette étude.
Nos recherches ont été faites par nous, personnellement;
malgré leur apparence de statistique, elles ont été l'aboutissant
d'expériences poursuivies longuement sur des enfants isolés.
De ce soin, nous avons cru devoir ne nous remettre à personne;
et nous nous portons garant de tout ce que nous rapportons,
ayant été nous-mêmes les constants observateurs.
Nous ne connaissions aucun enfant; en arrivant à l'examen,
il nous apparaissait pour la première fois. Nous savions cepen
dant que tous étaient normaux. Les maîtres ont été priés de
désigner uniquement des enfants d'intelligence moyenne, qui
ne seraient ni en avance ni en retard sur leurs camarades de
même âge, et qui suivraient les cours de leur âge. Cette pres
cription a été obéie avec soin, à l'école primaire; évidemment,
il était plus malaisé de s'y conformer à l'école maternelle, à
cause du jeune âge des enfants. Enfin, nous avons demandé
que nos sujets eussent un nombre rond d'années pour être
typiques du développement de chaque âge.
1. Allen Gilbert, Researches upon School Children and College Students.
University of Iowa, Studies in Psychology, edited by G.-I.-W. Patrick,
p. 1-39.
2. Nous ne connaissons rien de général, en dehors des livres souvent
cités de Preyer, Pérez, Sully, Shinn, etc., qui sont ou des monographies
ou des recueils anecdotiques; il y a aussi des notes éparses dans des Hall.'
recueils spéciaux comme la Pedagogical Seminary de Stanley ET SIMON. — DES ENFANTS NORMAUX ET ANORMAUX 247 BINET
Les épreuves avaient lieu dans le cabinet du directeur ou
de la directrice de l'école, en leur présence. Nous avons choisi
des écoles où le cabinet directorial est assez éloigné des classes,
pour jouir d'un silence qui n'est pas troublé par les chants
mélodieux des élèves apprenant à syllaber. Ajoutons que nous
avons choisi aussi nos directeurs et directrices parmi 'ceux qui
comprennent le mieux qu'il s'agit de prendre des observations
de caractère scientifique, et qu'on est un maladroit quand on
intervient pendant l'épreuve pour souffler à l'élève sa réponse.
Dans un premier essai, nous nous sommes contentés de
prendre des observations sur dix élèves de l'école maternelle,
et quinze de l'école primaire, pour fixer la capacité mentale
de chaque âge. Ces nombres restreints donnent un premier
aperçu. Nous avons fait ensuite des observations plus nomb
reuses, qui se poursuivent encore actuellement, du reste. Pour
alléger notre exposition, nous décrirons seulement les résultats
obtenus sur une cinquantaine d'enfants. Mais il restera entendu
que ces résultats ont des dessous, dont nous ferons la justi
fication dans quelque publication ultérieure.
Enfants normaux de trois ans.
Les interrogations et les épreuves étaient difficiles à mener à
bien. Nous faisions asseoir l'enfant à côté de nous, près d'une
table. lui disions bonjour, nous lui faisions un accueil
aimable. Plusieurs enfants de cet âge restent silencieux, ne
répondent pas aux questions les plus simples, bien qu'il soit évi
dent qu'ils les comprennent. Ils ne pleurent pas, ils ne cherchent
pas à s'en aller, mais ils restent muets. Ce mutisme tient en
partie à de la timidité; et ce qui le prouve, c'est que, pendant les
interrogations, certains enfants se tirent les doigts et chiffon
nent leur tablier d'un mouvement rapide; parfois il y a dans le
silence de la mauvaise volonté, de l'entêtement, ou de la
malice. Un de ces petits malicieux s'est appliqué pendant
quelques minutes à répondre tout de travers; on lui montrait
une ficelle, et on lui demandait est-ce la ficelle? il agitait la tête
en signe de dénégation; et quand on lui demandait pour
d'autres objets, une tasse, un bouton, un cube, un dé : est-ce la
ficelle? il faisait oui delà tête. Un autre, en nous quittant, à ce
que la directrice nous a appris, « s'est oublié dans sa culotte »,
certainement par émotion. Malgré ces difficultés de l'examen
psychologique, il reste possible, à la condition qu'on ne brusque 248 MÉMOIRES ORIGINAUX
pas les enfants, et qu'on attende un peu. Lorsqu'ils ne veulent
pas répondre à une des épreuves, nous leur en présentons une
autre; et toujours nous sommes arrivés à délier les langues.
Au besoin, si la timidité de l'enfant ou sa mauvaise humeur ne
rendaient pas les armes, on pourrait le reporter à une autre
séance; mais nous n'avons jamais eu besoin de recourir à cette
mesure extrême. Nos sujets n'ont jamais été loquaces; ils ne
montrai

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