Approche sémiologique du « Nom » : les personnages féminins dans l œuvre de Musset - article ; n°123 ; vol.34, pg 69-82
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Approche sémiologique du « Nom » : les personnages féminins dans l'œuvre de Musset - article ; n°123 ; vol.34, pg 69-82

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Romantisme - Année 2004 - Volume 34 - Numéro 123 - Pages 69-82
This essay deploys a semiotic approach to proper names in an analysis of the vast landscape of Alfred de Musset's female characters. No distinction is made among literary genres: characters examined belong to theatre, prose fiction, and poetry. This study is informed by the basic analytical tools developed in a chapter devoted to onomastics in Alfred de Musset's work (in Gilles Castagnes, Les Femmes et l'esthétique de la féminité dans l'œuvre d'Alfred de Musset, Bern, Peter Lang, 2003). It fleshes out this approach to proper names through an analysis combining several different aspects of the sign. The proper name is posited as a complex linguistic sign which is defined by its signifier, its signified, the relationship it establishes with ail the names in a given work, as well as by more pragmatic criteria — its cultural origins and the expectations created by its reappearance in the literary text. Certain proper names in the works of Alfred de Musset can be read as veritable statements in and of themselves, and thus require their own decoding.
Le monde des personnages féminins dans l'œuvre de Musset est abordé par une analyse sémiologique des noms propres. Sans distinction de genres (les personnages choisis appartenant aussi bien au théâtre et aux récits qu'aux poèmes de l'auteur), l'étude s'appuie, en les complétant largement, sur quelques éléments d'analyse, avant de prolonger cette approche du nom par une analyse combinatoire des différents aspects du signe. Le nom est un signe linguistique complexe, défini par son signifiant, son signifié, par le rapport qu'il entretient avec les autres noms de l'œuvre, et par un critère plus «pragmatique», son origine culturelle et l'horizon d'attente que crée éventuellement sa réactualisation dans le discours littéraire. Certains noms dans l'œuvre d'Alfred de Musset peuvent se lire alors comme de véritables énoncés qui demandent à être déchiffrés.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 61
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Gilles Castagnes
Approche sémiologique du « Nom » : les personnages féminins
dans l'œuvre de Musset
In: Romantisme, 2004, n°123. pp. 69-82.
Abstract
This essay deploys a semiotic approach to proper names in an analysis of the vast landscape of Alfred de Musset's female
characters. No distinction is made among literary genres: characters examined belong to theatre, prose fiction, and poetry. This
study is informed by the basic analytical tools developed in a chapter devoted to onomastics in Alfred de Musset's work (in Gilles
Castagnes, Les Femmes et l'esthétique de la féminité dans l'œuvre d'Alfred de Musset, Bern, Peter Lang, 2003). It fleshes out
this approach to proper names through an analysis combining several different aspects of the sign. The proper name is posited
as a complex linguistic sign which is defined by its signifier, its signified, the relationship it establishes with ail the names in a
given work, as well as by more "pragmatic" criteria — its cultural origins and the expectations created by its reappearance in the
literary text. Certain proper names in the works of Alfred de Musset can be read as veritable statements in and of themselves,
and thus require their own decoding.
Résumé
Le monde des personnages féminins dans l'œuvre de Musset est abordé par une analyse sémiologique des noms propres. Sans
distinction de genres (les personnages choisis appartenant aussi bien au théâtre et aux récits qu'aux poèmes de l'auteur), l'étude
s'appuie, en les complétant largement, sur quelques éléments d'analyse, avant de prolonger cette approche du nom par une
analyse combinatoire des différents aspects du signe. Le nom est un signe linguistique complexe, défini par son signifiant, son
signifié, par le rapport qu'il entretient avec les autres noms de l'œuvre, et par un critère plus «pragmatique», son origine culturelle
et l'horizon d'attente que crée éventuellement sa réactualisation dans le discours littéraire. Certains noms dans l'œuvre d'Alfred
de Musset peuvent se lire alors comme de véritables énoncés qui demandent à être déchiffrés.
Citer ce document / Cite this document :
Castagnes Gilles. Approche sémiologique du « Nom » : les personnages féminins dans l'œuvre de Musset. In: Romantisme,
2004, n°123. pp. 69-82.
doi : 10.3406/roman.2004.1244
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_2004_num_34_123_1244Gilles CASTAGNES
Approche sémiologique du «Nom»:
les personnages féminins dans l'œuvre de Musset
«Comme signe, le Nom propre s'offre à une exploration, à un déchiffrement [...]
c'est un signe volumineux, un signe toujours gros d'une épaisseur touffue de sens,
qu'aucun usage ne vient réduire, aplatir [...]», écrivait Roland Barthes dans le chapitre
du Degré zéro de l'écriture intitulé «Proust et les noms» '. C'est dans cette «explo
ration» des signes que sont les noms des personnages que nous voulons nous lancer,
en parcourant l'univers féminin créé par Alfred de Musset dans son œuvre: les noms,
étonnamment riches et variés, de la centaine de femmes que l'on rencontre dans les
pièces de théâtre, les récits en prose et les longs poèmes narratifs de cet auteur, semblent
tout particulièrement se prêter à ce type d'approche. L'étude que nous avons consacrée
par ailleurs à l'œuvre de Musset 2 contient un certain nombre d'éléments que nous
rappellerons pour préciser l'orientation de cette analyse des Noms.
L'« étiquette» que constitue le Nom se présente d'abord comme une «étiquette
sociale institutionnalisée» 3, qui nous renseigne sur le statut et l'état civil du personnage:
on remarque, par exemple, que Musset privilégie les appellatifs constitués simplement
d'un prénom («Laetitia», «Flora», «Déidamia», «Barberine», «Camille», «Marianne»...),
voire d'un simple diminutif («Ninon», «Suzon», «Bettine», «Ninette», «Mariette»,
«Margot»...). Lorsqu'il éprouve le besoin de compléter ce prénom par un patronyme
ou par un titre, c'est pour conférer au personnage un statut social ou civil plus
marqué: le «mademoiselle» devant les prénoms de grisettes du conte Mimi Pinson
(«Mlle Mimi», «Mlle Zélia» ou «Mlle Rougette»), s'il dénote bien le célibat du per
sonnage, doit se lire aussi comme le signe d'une respectabilité que vaut à ces jeunes
filles leur occupation laborieuse; le nom de famille qui est précisé pour Brigitte Pierson
dans La Confession d'un enfant du siècle, comme pour Julie Delaunay dans Les Deux
Maîtresses, nous rappelle que ces femmes ont été mariées, et les titres de noblesse qui
caractérisent de nombreux personnages des Comédies et proverbes, comme des Nouvelles
et des Contes, situent immédiatement le statut social du protagoniste (la baronne de
Mantes dans // ne faut jurer de rien, la marquise de Parnes dans Les Deux Maîtresses,
la reine Constance dans Carmosine...). Il se peut même, notamment dans les proverbes,
que le personnage n'apparaisse que sous le couvert de son titre, comme la Maréchale
de Louison, la Marquise à' II faut qu'une porte soit ouverte ou fermée, ou la Comtesse
de Y Âne et le ruisseau. De même, les personnages situés à l'autre extrémité de l'échelle
sociale ne sont parfois nommés que par la fonction qu'ils occupent dans l'intrigue (la
1. Roland Barthes, Le Degré zéro de l'écriture, Seuil («Points Essais»), 1972, (lre éd. 1953), p. 125.
Comme le fait Barthes dans la suite du chapitre, nous désignerons simplement par «Nom» le nom propre
des personnages quand ce terme n'est pas déterminé dans la phrase. Précisons également qu'il est important
de distinguer le nom du personnage de son réfèrent: pour marquer cette différence, nous utilisons des
guillemets quand nous parlons du Nom.
2. Gilles Castagnes, Les Femmes et l'esthétique de la féminité dans l'œuvre d'Alfred de Musset, Berne,
Peter Lang, SA, Éditions scientifiques européennes, 2004, chap. IV «Onomastique», p. 81-106.
3. Nous reprenons les expressions utilisées par Philippe Hamon dans son article intitulé «Pour un statut
sémiologique du personnage», dans Poétique du récit, Seuil, coll. «Points», 1977, p. 148.
ROMANTISME nu 123 (2004-1) 70 Gilles Castagnes
«gouvernante» d'Elsbeth dans Fantasio, la «servante» de Jacqueline dans Le Chandelier,
les «suivantes» et les «demoiselles» dans Carmosine ou les «femmes de la rue» dans
Lorenzaccio), voire par une simple particularité physique (la «négresse», servante et
messagère de Béatrice Donato, dans Le Fils du Titien). Dans tous les cas, l'absence de
Nom va de pair avec une forte caractérisation sociale.
Ce que nous montre cette lecture des Noms à travers leur rapport à l'état civil
c'est, d'une part, la grande diversité sociale du paysage féminin de Musset, de la
paysanne et de la grisette à la reine, d'autre part le choix de l'auteur qui se porte
souvent sur des femmes jeunes et célibataires, comme nous le prouve l'abondance des
personnages désignés par un simple prénom: les filles jeunes et non mariées sont
généralement nommées ainsi, tandis que les femmes mariées ou qui l'ont été conser
vent un patronyme précédé de «madame», quelle que soit par ailleurs la classe sociale
des personnages appartenant à ces deux catégories. Ce n'est donc pas, pour Musset, la
condition sociale qui détermine l'intérêt littéraire et la richesse psychologique d'un
personnage. Bien entendu, ces remarques sur les noms et les prénoms ne constituent
pas une règle absolue, et certaines femmes mariées peuvent aussi être désignées un
iquement par un prénom, comme Marianne, Portia, Jacqueline dans Le Chandelier ou
Lucretia dans André del Sarto; mais ces femmes ont généralement un autre point
commun: elles sont infidèles, ou ont l'intention de le devenir. Alors que le mariage
fait souvent disparaître le prénom, et avec lui une partie de l'identité du personnage,
l'adultère, par la transgression de l'ordre social qu'il implique, se traduit textuellement
par un abandon du nom marital 4.
Quant à la motivation du Nom, au-del&#

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