Attention et adaptation - article ; n°1 ; vol.6, pg 248-404
158 pages
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Description

L'année psychologique - Année 1899 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 248-404
157 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1899
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 12 Mo

Extrait

Alfred Binet
Attention et adaptation
In: L'année psychologique. 1899 vol. 6. pp. 248-404.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred. Attention et adaptation. In: L'année psychologique. 1899 vol. 6. pp. 248-404.
doi : 10.3406/psy.1899.3114
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1899_num_6_1_3114V
ATTENTION ET ADAPTATION
INTRODUCTION
J'expliquerai un peu plus loin comment il se fait que cette
étude porte deux titres au lieu d'un seul. J'ai voulu conserver
ces deux titres parce qu'ils expriment nettement une particular
ité assez curieuse de la genèse de mon travail.
En entreprenant les expériences assez longues que je vais
décrire, voici le but très simple que je me suis proposé
d'atteindre ; je désirais étudier l'attention volontaire à un
point de vue nouveau ; jusqu'ici la plupart des auteurs qui ont
écrit sur l'attention ont surtout songé à nous donner une théo
rie sur la nature intime de l'attention. Mon but est tout diffé
rent ; je ne cherche pas à répondre à la question : qu'est-ce que
l'attention ? Je suppose cette question résolue, et je me
demande : comment savoir si une personne a une attention
forte ou une attention faible? Les deux points de vue sont bien
distincts. Autant qu'on peut les séparer en quelques mots, nous
dirons que le premier point de vue est celui de la psychologie
générale, et le second est celui de la psychologie individuelle.
Je me suis donc préoccupé d'organiser des méthodes pour
apprécier — et si le mot n'est pas trop ambitieux, — pour me
surer la force d'attention volontaire de chacun. Par là, je crois
que ma recherche vient combler une lacune en psychologie,
lacune dont on peut comprendre l'importance en réfléchis
sant que jusqu'ici, après avoir lu et médité l'ouvrage le plus
savant sur l'intelligence, on ne peut encore tirer de cette lecture
aucune indication permettant de savoir si une personne est
intelligente ou non.
J'ai pris, dans une école primaire élémentaire de Paris,
11 élèves, et je les ai soumis presque chaque jour, pendant
près de deux mois (du 17 novembre 1899 au 12 janvier 1900)
à une longue série d'épreuves, pour étudier la force de leur BINET. — ATTENTION ET ADAPTATION 249 A.
attention volontaire. Ces 11 élèves ont été choisis sur ma de
mande, par le professeur de leur classe, qui, en se concertant
avec le directeur de l'école, s'est efforcé de désigner les 5 élèves
les plus intelligents et les 5 élèves les moins intelligents d'une
classe de 32 enfants. J'ai réuni ces élèves en 2 groupes que
j'ai sans cesse opposés l'un à l'autre, cherchant pour chaque
épreuve d'attention volontaire dans quelle mesure elle permett
ait de distinguer les 2 groupes ; quand les résultats étaient
équivalents pour les 2 groupes, je rejetais l'épreuve comme
mauvaise ; lorsque le groupe des intelligents donnait les
meilleurs résultais, je considérais l'épreuve comme satisfai
sante. J'ai donc toujours étudié l'attention volontaire dans ses
rapports avec l'intelligence, et comme un moyen de distinguer
des différences d'intelligence.
Il eût été possible de prendre pour les recherches un point
de départ tout différent ; j'aurais pu demander aux professeurs
de me désigner les élèves les plus attentifs et les élevés les
moins attentifs, et j'aurais cherché comment ces deux catégor
ies de sujets réagissaient aux différents test d'attention volont
aire. Je n'ai pas pris pour base d'études cette classification
parce que j'ai supposé a priori que les différents degrés d'atten
tion volontaire que les élèves manifestent en classe repré
sentent un état moins défini et moins stable que leurs
différents degrés d'intelligence naturelle. Tel élève, m'a-t-il
semblé, sera inattentif en classe parce que la leçon ne l'inté
resse pas, ou parce qu'elle est trop facile pour lui, ou parce
qu'il est bruyant, actif et ne peut rester en place ; or, il est très
possible que ce même élève soit capable d'une très forte atten
tion quand il veut s'en donner la peine, et qu'il prête une très
forte attention à mes expériences tout simplement parce
qu'elles lui paraîtront nouvelles et intéressantes. Il en résulte
qu'un désaccord pourrait se produire entre la classification du
maitre et les résultats de mes tests sans qu'on eût le droit de
conclure que le professeur a mal observé ses élèves ou que mes
méthodes démesure de l'attention sont fautives.
Donc, le professeur, sur ma demande, a fait son choix
d'après l'intelligence naturelle des élèves et non d'après leur
application au travail ; l'élève intelligent n'est pas nécessaire
ment travailleur ; les professeurs de l'enseignement primaire
sont familiers avec cette distinction si importante. On objec
tera peut-être qu'un instituteur, si habile qu'il soit, ne peut
faire une appréciation exacte de l'intelligence des élèves, 250 MÉMOIRES ORIGINAUX
enfants qui ne sont encore qu'à moitié de leur développement,
et par conséquent un critique sera conduit à soutenir que mes
recherches pèchent par leur point de départ. Je réponds
brièvement à cette objection théorique par l'argument suivant.
Oui, il est extrêmement difficile déjuger qu'une personne est
intelligente ou non ; mais la principale source d'erreur que
présente l'examen intellectuel d'un individu est celle qui
provient de ce fait que le jugement est porté sur un individu
particulier par un autre individu particulier.
D'une part, il est bien certain que le classement intellectuel des
élèves d'une école sera beaucoup plus exactement fait, s'il résulte
des appréciations non concertées de plusieurs professeurs,
que s'il est produit par l'appréciation isolée d'un seul ; une
appréciation qui est une moyenne offre incontestablement plus
de garanties, toutes choses égales d'ailleurs, qu'une apprécia
tion individuelle. D'autre part, il nous semble qu'il est plus
facile de déterminer le niveau intellectuel moyen de deux
groupes d'élèves que le de deux élèves.
Ainsi, pour prendre un exemple : un professeur nous désigne
les 5 élèves les plus intelligents de sa classe et les 5 élèves les
moins intelligents; les chances d'erreur ne sont pas écartées
par ce groupement, et elles résultent de causes qui pour la
plupart nous échappent ; mais nous pouvons admettre que la
différence de valeur intellectuelle des deux groupes présente
plus de chance d'exactitude que la différence entre tel élève
particulier du premier groupe et tel élève particulier du second
groupe.
Pour tout dire en une phrase qui nous servira de conclusion,
les renseignements de ce genre ont une valeur individuelle
faible et une valeur moyenne beaucoup plus forte. Cette
conclusion doit nous servir de règle, et nous devons appliquer
cette règle toutes les fois que nous sommes obligés d'utiliser
des renseignements recueillis de seconde main.
Mes 41 sujets appartiennent à la deuxième classe ; aucun
n'a encore obtenu son certificat d'études.
Voici leurs noms et leur classement.
1er groupe (intelligents). 2e groupe (inintelligents).
Bor . .... 11 ans And. .... 12 ans
Charp 11 » Joi 11 »
Uhl 10 » Audou. ... 11 »
Vuille . ... 12 » Obre 9 ans, 6 mois
Dcw 9 ans, 6 mois Planch. ... 11 ans
Vid. .... 13 » BINET. — ATTENTION ET ADAPTATION 251 A.
II y a quelque variété dans les âges de ces élèves, mais en
somme, la moyenne des âges est à peu près la même dans les
deux groupes, si on excepte Vid. ; nous avons dans les deux
groupes un enfant assezjeune, qui n'a pas dix ans et un enfant
plus âgé, ayant dépassé douze ans. Vid. fait exception, c'est le âgé de tous, et le fait seul qu'il a treize ans et qu'il n'est
encore qu'en seconde classe démontre qu'il manque un peu
d'intelligence scolaire '. D'après le professeur, et aussi d'après
le directeur de l'école, les 6 élèves du groupe des inintelli
gents — (nous employons cette expression parce qu'elle est

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