« Calmer les nerfs » : automédication, observance et dépendance à l égard des médicaments psychotropes - article ; n°1 ; vol.20, pg 63-88
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« Calmer les nerfs » : automédication, observance et dépendance à l'égard des médicaments psychotropes - article ; n°1 ; vol.20, pg 63-88

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Sciences sociales et santé - Année 2002 - Volume 20 - Numéro 1 - Pages 63-88
« Calmar los nervios » : auto-medicación, acatamiento y dependencia hacia los medicamentos psicotrópicos
Cierta cantidad de entrevistas sobre las « farmacias familiares » realizadas en el seno de una población rural o pensionada de la Baja Normandía, en las que se mencionan medicamentos psicotrópicos, han sido analizadas desde el punto de vista de las categorías profanas. Los medicamentos « para los nervios » aparecen de manera diferente que los de las otras especialidades, lo que se confirma por el análisis de los discursos. En esta région, en donde la investigación etnológica no ha podido poner en evidencia remedios tradicionales para los trastornos actualmente tratados por estos medicamentos, el tratamiento « de los nervios » se vincula con la higiene de vida más que con lo médico. Convertir a la depresión en una « enfermedad de los nervios » permite eludir toda psiquiatrización. Este modo de categorización tiene una incidencia sobre las conductas de auto-medicación, de acatamiento o de dependencia hacia esos medicamentos y aporta una percepción mas clara de los problemas que présenta el consumo de ciertos psicotrópicos en nuestro pais.
« Calming the nerves »: self-medication, compliance and dependence in taking psychotropic medications
Interviews concerning medicine cabinets in the home, conducted with retired persons and/or people living in rural areas, in lower Normandy (France), and ail mentioning psychotropic medication, are analysed from the standpoint of profane categories. In these interviews medications « for nerves » appear to stand apart from other medicines, a position which is confirmed by an analysis of the respondents' discourse. In this region where ethnological investigation has not revealed traditional remedies for the ailments that are currently treated by these medications, treatment « for nerves » falls into the category of everyday hygiene rather than being seen as medical. Reducing dépression to a « nerve sickness » avoids any involvement of psychiatry. This categorisation has an impact on self-medication, on compliance and dependence in relation to these medications, and provides insight into the problems raised by consumption of certain psychotropic medications in our country.
Résumé. Des entretiens sur les pharmacies familiales menés auprès d'une population rurale ou retraitée de Basse-Normandie, faisant tous mention de médicaments psychotropes, ont été analysés du point de vue des catégories profanes. Les médicaments « pour les nerfs » y apparaissent traités distinctement des autres spécialités, ce que confirme l'analyse de discours. Dans cette région où l'enquête ethnologique n'a pu mettre en évidence de remèdes traditionnels des troubles actuellement traités par ces médicaments, le traitement « des nerfs » relève plus volontiers de l'hygiène de vie que du médical. Rabattre la dépression sur une « maladie des nerfs » permet d'éluder toute psychiatrisation. Ce mode de catégorisation a une incidence sur les conduites d'automédication, d'observance et de dépendance à l'égard de ces médicaments et apporte un éclairage sur les problèmes que pose la consommation de certains psychotropes dans notre pays.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 60
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Claudie Haxaire
« Calmer les nerfs » : automédication, observance et
dépendance à l'égard des médicaments psychotropes
In: Sciences sociales et santé. Volume 20, n°1, 2002. pp. 63-88.
Citer ce document / Cite this document :
Haxaire Claudie. « Calmer les nerfs » : automédication, observance et dépendance à l'égard des médicaments psychotropes.
In: Sciences sociales et santé. Volume 20, n°1, 2002. pp. 63-88.
doi : 10.3406/sosan.2002.1545
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/sosan_0294-0337_2002_num_20_1_1545Resumen
« Calmar los nervios » : auto-medicación, acatamiento y dependencia hacia los medicamentos
psicotrópicos
Cierta cantidad de entrevistas sobre las « farmacias familiares » realizadas en el seno de una población
rural o pensionada de la Baja Normandía, en las que se mencionan medicamentos psicotrópicos, han
sido analizadas desde el punto de vista de las categorías profanas. Los medicamentos « para los
nervios » aparecen de manera diferente que los de las otras especialidades, lo que se confirma por el
análisis de los discursos. En esta région, en donde la investigación etnológica no ha podido poner en
evidencia remedios tradicionales para los trastornos actualmente tratados por estos medicamentos, el
tratamiento « de los nervios » se vincula con la higiene de vida más que con lo médico. Convertir a la
depresión en una « enfermedad de los nervios » permite eludir toda psiquiatrización. Este modo de
categorización tiene una incidencia sobre las conductas de auto-medicación, de acatamiento o de
dependencia hacia esos medicamentos y aporta una percepción mas clara de los problemas que
présenta el consumo de ciertos psicotrópicos en nuestro pais.
Abstract
« Calming the nerves »: self-medication, compliance and dependence in taking psychotropic
medications
Interviews concerning medicine cabinets in the home, conducted with retired persons and/or people
living in rural areas, in lower Normandy (France), and ail mentioning psychotropic medication, are
analysed from the standpoint of profane categories. In these interviews medications « for nerves »
appear to stand apart from other medicines, a position which is confirmed by an analysis of the
respondents' discourse. In this region where ethnological investigation has not revealed traditional
remedies for the ailments that are currently treated by these medications, treatment « for nerves » falls
into the category of everyday hygiene rather than being seen as medical. Reducing dépression to a «
nerve sickness » avoids any involvement of psychiatry. This categorisation has an impact on self-
medication, on compliance and dependence in relation to these medications, and provides insight into
the problems raised by consumption of certain psychotropic medications in our country.
Résumé
Résumé. Des entretiens sur les pharmacies familiales menés auprès d'une population rurale ou
retraitée de Basse-Normandie, faisant tous mention de médicaments psychotropes, ont été analysés du
point de vue des catégories profanes. Les médicaments « pour les nerfs » y apparaissent traités
distinctement des autres spécialités, ce que confirme l'analyse de discours. Dans cette région où
l'enquête ethnologique n'a pu mettre en évidence de remèdes traditionnels des troubles actuellement
traités par ces médicaments, le traitement « des nerfs » relève plus volontiers de l'hygiène de vie que
du médical. Rabattre la dépression sur une « maladie des nerfs » permet d'éluder toute psychiatrisation.
Ce mode de catégorisation a une incidence sur les conduites d'automédication, d'observance et de
dépendance à l'égard de ces médicaments et apporte un éclairage sur les problèmes que pose la
consommation de certains psychotropes dans notre pays.Sciences Sociales et Santé, Vol. 20, n° 1, mars 2002
« Calmer les nerfs » : automédication,
observance et dépendance à l'égard
des médicaments psychotropes
Claudie Haxaire*
Résumé. Des entretiens sur les pharmacies familiales menés auprès d'une
population rurale ou retraitée de Basse-Normandie, faisant tous mention
de médicaments psychotropes, ont été analysés du point de vue des caté
gories profanes. Les médicaments « pour les nerfs » y apparaissent trai
tés distinctement des autres spécialités, ce que confirme l'analyse de
discours. Dans cette région où l'enquête ethnologique n'a pu mettre en
évidence de remèdes traditionnels des troubles actuellement traités par
ces médicaments, le traitement « des nerfs » relève plus volontiers de
l'hygiène de vie que du médical. Rabattre la dépression sur une « mala
die des nerfs » permet d'éluder toute psychiatrisation. Ce mode de caté
gorisation a une incidence sur les conduites d'automédication,
d'observance et de dépendance à l'égard de ces médicaments et apporte
un éclairage sur les problèmes que pose la consommation de certains psy
chotropes dans notre pays.
Mots clés : médicaments psychotropes, nerfs, automédication, obser
vance, dépendance, pharmacie familiale.
* Claudie Haxaire, ethnologue, Département de Sciences Humaines, Faculté de
Médecine, BP 815, 29285 Brest Cedex, France et CESAMES (CNRS) ;
e-mail : claudie.haxaire@univ-brest.fr CLAUDIE HAXAIRE 64
Bien que les ethnologues se soient depuis longtemps intéressés aux
recours thérapeutiques des populations qu'ils étudiaient, ainsi qu'à l'aju
stement des dispositifs de la médecine occidentale à leurs systèmes de
soins, il a fallu attendre Logan (1983) ou, dans notre pays, Fassin (1985)
pour que des travaux portent sur les spécialités industrielles. En Europe,
les études ont très vite pris pour thème les médicaments psychotropes
(Helman, 1981). Lorsque nous dûmes construire le projet (1) dont nous
donnons ici les résultats, seule la sociologie (Dupuy et Karsenty, 1974 ;
Ferry-Pierret et Karsenty, 1973) ou l'anthropologie de la science (Akrich,
1995) exploraient ce domaine en France (2). Zarifian (1996), alors auteur
d'un rapport sur la consommation des médicaments psychotropes, souli
gnait le manque d'informations sur le point de vue des patients. Pourtant,
l'anthropologie du médicament (Van der Geest et Whyte, 1988 ; Van der
Geest et al, 1996), en faisant le détour par les usages de ces spécialités
industrielles en contexte exotique, a bien montré que le médicament, objet
concret et discret, doté par définition d'efficacité intrinsèque, s'autono-
mise des intentions du prescripteur et prend sens dans la culture de l'uti
lisateur. L'étude anthropologique de cet objet technique peut alors
constituer une entrée permettant d'appréhender les logiques culturelles
mobilisées lorsqu'il s'agit de penser la maladie, tout comme l'autorisait le
remède (Benoist, 1989-1990 ; Haxaire, 1994 ; Zimmermann, 1989).
Cependant, ces logiques ne se superposant que partiellement aux logiques
médicales, le médicament peut être administré pour des troubles qui, dans
la pensée profane, relèvent d'une tout autre étiologie et, parfois, n'appar
tiennent pas au registre de la maladie ou nécessiteraient d'autres remèdes
(3). Dans ce cas, nous allons le voir, le consommateur sera peu concerné
par les questions que posent l'automédication, l'observance et la dépen
dance, définies au regard du médicament comme objet naturel élaboré par
la pharmacologie, dont le médecin cadre le bon usage. Le médicament
(1) Cette étude a été faite en réponse à l'appel d'offre « médicaments et santé ment
ale » de la MIRE (1995).
(2) Ce que confirme la recension bibliographique de Cohen (1994)
(3) L'anthropologie du médicament s'attache ici au point de vue du patient sur la spé
cialité et non aux normes médicales. Pour différencier ces appréhensions du même
objet, il nous semble utile de reprendre la distinction, clarifiée par Reynaud et Coudert
(1987) entre médicament/médecine et remède. En effet, le médicament, étymologi-
quement formé à partir de medicus, se trouve encadré par la médecine tandis que le
remède, issu de remedium, écart autorisé entre un titre légal et un titre réel, met l'a
ccent sur la notion d'écart entre deux états, qu'est censé combler le rem

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