Carte administrative et pouvoir politique : les enjeux de la décentralisation en Grèce - article ; n°1 ; vol.18, pg 63-78

Nicolas-Komnemos Hlepas

Description

Pôle Sud - Année 2003 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 63-78
La formation de l'État grec est liée à l'adoption du centralisme et à l'abandon d'une grande tradition autonomiste. Néanmoins, la décentralisation n'a jamais cessé d'être envisagée comme une institution politique jouant un rôle important dans la rivalité des partis. Pendant les deux dernières décennies, la décentralisation a été revalorisée de façon spectaculaire, tandis qu'étaient entreprises des réformes audacieuses, telles la fusion obligatoire des petites communes et la constitution des collectivités départementales. Au moment où la politique nationale souffre d'une crise de confiance, la politique locale attire nombre de jeunes ambitions, confirmant ainsi l'importance des institutions de la décentralisation pour le renouvellement du système politique.
The formation of the Greek state has been connected to the imposition of centralism and the abandon of a great autonomist tradition. Nevertheless, local self-government never stopped being perceived as a political institution, which played an important role for the rivalry among the political parties. During the last two decades, self-government has been upgraded in a spectacular way, while bold reforms have been put into action, such as the obligatory amalgamations of small municipalities or the establishment of a second tier of local government. While national politics are going through a crisis of confidence, local politics attract a lot of ambitious young persons, thus confirming the importance of self-government institutions for the renewal of the political system.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: POLE_SUD
• Publié le: 01 janvier 2003
• Nombre de lectures: 123
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Extrait

Mr Nicolas-Komnemos Hlepas
Carte administrative et pouvoir politique : les enjeux de la
décentralisation en Grèce
In: Pôle Sud, N°18 - 2003. pp. 63-78.
Résumé
La formation de l'État grec est liée à l'adoption du centralisme et à l'abandon d'une grande tradition autonomiste. Néanmoins, la
décentralisation n'a jamais cessé d'être envisagée comme une institution politique jouant un rôle important dans la rivalité des
partis. Pendant les deux dernières décennies, la décentralisation a été revalorisée de façon spectaculaire, tandis qu'étaient
entreprises des réformes audacieuses, telles la fusion obligatoire des petites communes et la constitution des collectivités
départementales. Au moment où la politique nationale souffre d'une crise de confiance, la politique locale attire nombre de
jeunes ambitions, confirmant ainsi l'importance des institutions de la décentralisation pour le renouvellement du système
politique.
Abstract
The formation of the Greek state has been connected to the imposition of centralism and the abandon of a great autonomist
tradition. Nevertheless, local self-government never stopped being perceived as a political institution, which played an important
role for the rivalry among the political parties. During the last two decades, self-government has been upgraded in a spectacular
way, while bold reforms have been put into action, such as the obligatory amalgamations of small municipalities or the
establishment of a second tier of local government. While national politics are going through a crisis of confidence, local politics
attract a lot of ambitious young persons, thus confirming the importance of self-government institutions for the renewal of the
political system.
Citer ce document / Cite this document :
Hlepas Nicolas-Komnemos. Carte administrative et pouvoir politique : les enjeux de la décentralisation en Grèce. In: Pôle Sud,
N°18 - 2003. pp. 63-78.
doi : 10.3406/pole.2003.1301
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pole_1262-1676_2003_num_18_1_1301Carte administrative et
pouvoir politique:
les enjeux de la décentralisation
en Grèce
Nicolas-Komnenos Hlepas
Université nationale d'Athènes
Résumé/ Abstract
La formation de l'État grec est liée à l'adoption du centralisme et à l'abandon d'une
grande tradition autonomiste. Néanmoins, la décentralisation n'a jamais cessé d'être envi
sagée comme une institution politique jouant un rôle important dans la rivalité des partis.
Pendant les deux dernières décennies, la a été revalorisée de façon specta
culaire, tandis qu'étaient entreprises des réformes audacieuses, telles la fusion obligatoire
des petites communes et la constitution des collectivités départementales. Au moment où
la politique nationale souffre d'une crise de confiance, la politique locale attire nombre de
jeunes ambitions, confirmant ainsi l'importance des institutions de la décentralisation pour
le renouvellement du système politique.
The formation of the Greek state has been connected to the imposition of centralism and the
abandon of a great autonomist tradition. Nevertheless, local self-government never stopped
being perceived as a political institution, which played an important role for the rivalry among
the political parties. During the last two decades, self-government has been upgraded in a spec
tacular way, while bold reforms have been put into action, such as the obligatory amalgamat
ions of small municipalities or the establishment of a second tier of local government. While
national politics are going through a crisis of confidence, local politics attract a lot of ambitious
young persons, thus confirming the importance of self-government institutions for the renewal
of the political system.
Mots-Clés/ Keywords
Centralisme, décentralisation, Grèce, modernisation, sociétés locales,
tradition autonomiste, politiciens, partis politiques
Autonomist tradition, Centralism, decentralization, Greece, modernization,
local societies, political partis, politicians.
PÔLE SUD № 18 • mai 2003 p. 63 à 78 LA GRECE DU POLITIQUE
À l'inverse du cas français où le cumul des et le particularisme, seront examinées ici en
mandats a une grande tradition, le système relation avec les perceptions idéologiques de la
décentralisation. La lutte de la IIIe République politique grec s'est longtemps caractérisé par
la striae et nette distinction entre le personnel (après 1974) contre la tradition centraliste et
politique national (ou "central") et le person autoritaire et les grandes réformes des années
nel politique local. Le recrutement et les car 90 peuvent illustrer l'évolution politique et
rières des politiciens locaux empruntaient administrative d'une jeune démocratie
d'autres voies que ceux des politiciens natio d'Europe du Sud, d'un pays qui a adhéré aux
naux. Aujourd'hui, depuis la montée des Communautés européennes, avant que soit
communes pendant les années 80 et les présenté en conclusion un bilan final de
grandes réformes des années 90, le mandat l'influence des réformes sur le système poli
communal est devenu, pour les jeunes politi tique.
ciens ambitieux, la première étape d'une car
rière politique au niveau national. La transfo État et communes : des
rmation de la carte administrative a changé relations tendues dès le
délibérément la sociologie et les conceptions début
du personnel politique du pays. Certes, la
Grèce n'est pas le seul pays européen où la Les relations entre pouvoir central et auto
"thérapie" du système politique national est nomie locale se trouvaient déjà, au moment
passée par des réformes communales (en Ita du déclenchement de la lutte pour l'ind
lie, par exemple, on a changé profondément, épendance nationale (1821), au centre des
en 1993, le système électoral); mais l'impor aspirations politiques visant à l'instauration
tance de la décentralisation et de la carte d'un État national constitutionnel. Les
diverses "communautés" chrétiennes avaient administrative (communes, départements) et
électorale (circonscriptions) comme instr atteint, à la veille de la révolution nationale
ument du changement politique y a été extra et grâce au déclin de l'État ottoman, un haut
degré d'autonomie (Clogg, 1992; Conto- ordinaire.
georgis, 1992). Ces "ancêtres" de l'État grec, Les relations tendues entre l'État et les
communes, c'est-à-dire entre l'unité nationale qui avaient politiquement forgé la nation,
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venaient maintenant s'intégrer dans le nou essentiel dans la croissance spectaculaire du
vel ensemble étatique et servir de pierre système clientéliste.
angulaire pour la reconstruction de l'appareil Les maires directement élus renforcèrent de
administratif national. Mais dans ces complus en plus leur influence, puisque les nomb
munautés historiques dominaient des pouv reuses circonscriptions électorales conte
oirs locaux traditionalistes qui entendaient naient un petit nombre de "dèmes". Les déput
bien sauvegarder l'héritage politique du és étaient, donc, dépendants de la faveur des
passé byzantin-ottoman, et présentaient des maires de leur circonscription électorale.
Néanmoins, vers la fin du XIXe siècle, les obstacles à la formation d'un État de droit
anciennes familles politiques furent remplacmoderne, uni.
La Politeia révolutionnaire ("Première ées par les représentants d'une nouvelle bourg
République grecque", 1822-1832) ne fut en eoisie. Sous la direction d'un homme poli
position ni d'intégrer ni de mépriser la tradi tique libéral et habile, Eleftherios Venizelos,
tion autonomiste l. Aussi le programme réfo s'imposa une tendance réformiste qui combin
rmateur des révolutionnaires grecs concernant ait de manière originale le nationalisme de
l'administration territoriale fut-il imposé par cette époque aux efforts de modernisation 4.
la régence bavaroise (1832-1835). Au début L'achèvement de la mise en place de l'appareil
fut instauré le type unique de grande comadministratif ainsi que l'affranchissement du
mune, démos, qui remplaça les milliers de parlementarisme par rapport à ses liens locaux
petites communautés villageoises, puis de comptaient parmi ses principaux buts. Il est
nouvelles communes furent formées à par