Casper, Biographie d une idée fixe - compte-rendu ; n°1 ; vol.8, pg 522-538
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Casper, Biographie d'une idée fixe - compte-rendu ; n°1 ; vol.8, pg 522-538

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Description

L'année psychologique - Année 1901 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 522-538
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1901
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Anonyme
Casper, Biographie d'une idée fixe
In: L'année psychologique. 1901 vol. 8. pp. 522-538.
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Anonyme . Casper, Biographie d'une idée fixe. In: L'année psychologique. 1901 vol. 8. pp. 522-538.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1901_num_8_1_3402522 ANALYSES BIBLIOGRAPHIQUES
dit, elle me répond : « Je sais bien toutes ces choses, mais je ne me
« les rappelle pas », et comme j'avoue ne pas comprendre, elle dit:
« Je me bien les choses passées, mais je ne peux me les
« imaginer» Et cependant elle peut se les imaginer fort bien; elle
avoue se représenter parfaitement les lieux et les personnes dont
elle a parlé. Il y a là une contradiction qu'elle ne peut expliquer. De
même pour les faits plus récents, pour les événements qui ont pré-
cëdé-et amené sa maladie, pour les incidents de la veille et du jour
même. « Quand mon mari et mon enfant viennent, dit-elle, cela me
« fait de la peine, mais une fois qu'ils sont partis, je ne sais plus
« ce qu'ils m'ont dit, il me semble que jene les ai pas vus- — Une
« fois mon travail fait, il ne me semble pas que c'est moi qui l'ai
« fait. C'est tout cela qui me fait de la peine. » A l'entendre donc,
on croirait qu'elle n'a plus d'imagination, plus de langage intérieur,
plus de souvenirs, plus d'images d'aucune sorte. Faut-il prendre à
la lettre ces affirmations étranges? Je ne sais si je me trompe, mais
il me semble que généralement on serait porté à y ajouter foi plus
facilement qu'à celles qui sont relatives aux sensations actuelles,
sans doute parce que nous croyons pouvoir nous figurer plus facil
ement une personne sans souvenirs qu'une personne sans sensations.
Je me suis convaincu cependant par des examens et des interrogat
oires minutieux, qu'il n'y avait pas lieu de distinguer entre les
deux classes d'affirmations; elles sont aussi inexactes les unes que
les autres. Un seul exemple suffit d'ailleurs à prouver l'intégrité des
fonctions imaginatives et intellectuelles de cette malade : elle lit
avec plaisir, et manifestement elle comprend ce qu'elle lit. »
CASPER. — Biographie d'une idée fixe. — Arch, de Neurologie,
avril 1902, p. 270-287.
MM. Pitres et Régis ont publié cette très belle observation, qui a
paru en 1846, et vient d'être traduite par Lalanne. Nous pensons
intéressant de reproduire l'observation in-extenso :
« II a quelques années, se présentait chez moi un jeune homme
de vingt et un ans, qui avait commencé depuis peu ses études médic
ales et qui désirait vivement avoir mon avis comme médecin.
C'était un homme blond, svelte, bien constitué, à la physionomie
avenante, sympathique et douce, aux joues vivement colorées, parais
sant sain sous tous les rapports, mais qui me frappa par son regard
timide et sa grande anxiété que je songeais à mettre sur le compte
d'une timidité particulière, ou d'une affection syphilitique à avouer
ou de l'hypocondrie des onanistes. En quelques mots, il déclara
qu'il attendait de moi un traitement médical, puis il tira de sa poche
un cahier manuscrit qu'il me remit, disant que, son mal étant
beaucoup trop étendu pour me le faire connaître de vive voix, il
avait recours à son cahier, et il disparut prestement. Cette histoire PSYCHOLOGIE PATHOLOGIQUE 523
de sa vie et de sa maladie suscita chez moi un très vif intérêt pour
ce jeune homme, auquel je laisse la parole.
« Aussi loin que je reporte mes souvenirs, déjà dans ma
plus tendre enfance, je vois le début de mon état torturant qui se
manifestait de différentes manières. Ainsi, par exemple, je regar
dais constamment de droite et de gauche si mon collet d'enfant
était bien mis; lorsque dans mes lectures j'avais tourné une feuille,
il m'arrivait de la retourner dix fois de suite pour me convaincre
que je n'en avais pas sauté ; si j'avais quelque chose à faire, je n'en
finissais pas de questions. A cette époque, il n'y avait pas encore de
fondement extérieur sur lequel avait pu s'établir ma préoccupation.
J'étais tenu pour étrange et comique et je faisais rire de moi. Mais
j'avais toujours un sentiment de torture et je sentais en moi un
besoin irrésistible qui me poussait à toutes ces bizarreries, besoin
auquel je ne pouvais me dérober. Cependant, le théâtre, le cirque,
me causaient un plaisir que je goûtais volontiers. Le cours de mes
idées était en tout étrange et je ne pouvais m'abandonner com
plètement à aucun sentiment sans que les pensées les plus opposées
et les plus extravagantes pour un enfant viennent aussitôt s'y mêler.
Je cachais en moi ces pensées qui montaient contre ma volonté et
je faisais l'impossible pour ne les point laisser paraître.
« C'était vers ma dixième année.
« J'avais aussi une tendance à me reporter en pensée vers l'avenir
et vers la situation que je devrais avoir, escorté de toutes les préoc
cupations absurdes qui m'assaillaient. Je me sentais rivé au tableau
qui se déroulait devant moi et je me voyais contraint à faire des
choses qui m'étaient désagréables. Cependant, le théâtre avait
encore sur moi une telle action que j'y abandonnais mon mal.
« Après la mort de mes parents (1829), je revins chez le maître
chez lequel j'avais été jusque-là à l'école et je devins tout à fait pen
sionnaire. Mes certificats étaient toujours excellents car je n'avais
pas la tète trop mauvaise et j'étais appliqué; mais je fus aussitôt
tourmenté au sujet de mon application et, si j'avais été blâmé une
fois, je m'en serais tourmenté pendant des semaines et des mois.
« A ce moment, mon maître qui me voyait aussi en dehors de la
classe, apprenait à connaître ma vie dans tous ses détails, me trou
vait maladroit, trop lent, trop tranquille et flegmatique. Je ne lui
plaisais pas comme autrefois; il cherchait à me rendre plus vif, à
me laisser m'occuperde ceci ou de cela. Je pris des leçons de danse,
mais cela lit moins que rien.
« J'étais préoccupé de mes tendances dans le présent que
de la nécessité de vivre à l'avenir avec mes pensées.
J'étais assailli tout à coup par des pensées ridicules qui venaient
alimenter mon inquiétude, comme par exemple, ayant perdu un
objet sans valeur, je pensais aussitôt en moi : « Ah ! si je l'avais
encore, comme je serais heureux ! » Ce singulier phénomène se
produit aujourd'hui encore pour les choses importantes, mais non
pour les futilités. Pendant que je cachais en moi ces préoccupat
ions tourmentantes, j'étais indifférent à tout le reste, et j'avais ANALYSES BIBLIOGRAPHIQUES 524
l'air paisible. Cette apparente tranquillité me fit souvent louer par
des gens qui s'y trompaient, tandis que ceux qui m'approchaient
souvent me demandaient quelquefois si j'étais indisposé, tellement
j'étais pale et semblais misérable.
« Pendant la leçon de danse, une jeune fille m'avait plu, et une
autre jeune fille avait plu également à un de mes amis. Dès que
l'école était fermée, nous courions dans la rue au moment où ces
jeunes filles sortaient aussi de l'école et nous cherchions plusieurs
fois par jour à les rencontrer. Si cela allait au gré de nos désirs,
nous étions heureux, nous parlions d'elles, etc. J'avais encore une
disposition particulière à me représenter toutes sortes de scènes,
comment je ferais ceci ou cela, et j'étais très péniblement tourmenté
si je ne faisais pas tout exactement comme je me l'étais repré
senté.
« Dans cette petite amourette, je devins avec mon ami de plus en
plus intime, mais nous observions vis-à-vis de nos camarades un
sévère silence. Cependant, l'un d'eux découvrit notre histoire, et la
conta aux autres; j'en fus à tel point affecté que je sentis des
frissons m'envahir, je devins pour la première fois effroyablement
embarrassé, roiiç/c-feu, et pouvait à peine bégayer. A partir de ce
moment, je n'eus plus qu'une préoccupation, celle de rougir, et
beaucoup de petits tourments m'abandonnèrent. D'ailleurs, les
taquineries au

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