Catégorisation, formation de concepts et induction : rôle des informations perceptives et conceptuelles chez le jeune enfant - article ; n°3 ; vol.97, pg 495-517

Berger

Description

L'année psychologique - Année 1997 - Volume 97 - Numéro 3 - Pages 495-517
Résumé
Ce travail traite de la prise en compte des informations perceptives et conceptuelles lors de la formation et de l'utilisation des catégories. Différents types d'études sont évoqués, dont la nature semble déterminer les conduites observées. La centration des jeunes enfants sur les indices perceptifs (en particulier relatifs à la forme des objets) est mise en évidence essentiellement dans les tâches de catégorisation. Les tâches d'induction montrent par contre que même à un âge très jeune (3-4 ans), les enfants privilégient les informations conceptuelles attachées à une catégorie pour généraliser des propriétés sur de nouveaux objets. Le but de cette revue théorique est d'examiner les données issues de la littérature sur ces différents types d'études afin de proposer une hypothèse concernant la façon dont sont traités les objets en fonction de la nature, de la signification et de l'objectif des tâches effectuées.
Mots-clés : catégorisation, induction, développement.
Summary : Categorization, concept formation and induction: The role of perceptual and conceptual information in young children.
This work studies the use of perceptual and conceptual information during the construction and use of categories. Different kinds of experiments are considered, whose nature seem to determine the subject's response. The focus of young children on perceptual information (specificly related to the shape of objects) is shown mainly by categorization tasks. Induction tasks, however, demonstrate that young children tend to focus on conceptual information when they generalize properties to new objects. The results observed in these different kinds of experiments are examined in order to propose a hypothesis concerning which aspects of objects are considered, as a function of the nature, the meaning and the aim of the task.
Key words : categorization, induction, development.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: L-annee-psychologique
• Publié le: 01 janvier 1997
• Nombre de lectures: 120
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

C. Berger
Catégorisation, formation de concepts et induction : rôle des
informations perceptives et conceptuelles chez le jeune enfant
In: L'année psychologique. 1997 vol. 97, n°3. pp. 495-517.
Résumé
Ce travail traite de la prise en compte des informations perceptives et conceptuelles lors de la formation et de l'utilisation des
catégories. Différents types d'études sont évoqués, dont la nature semble déterminer les conduites observées. La centration des
jeunes enfants sur les indices perceptifs (en particulier relatifs à la forme des objets) est mise en évidence essentiellement dans
les tâches de catégorisation. Les tâches d'induction montrent par contre que même à un âge très jeune (3-4 ans), les enfants
privilégient les informations conceptuelles attachées à une catégorie pour généraliser des propriétés sur de nouveaux objets. Le
but de cette revue théorique est d'examiner les données issues de la littérature sur ces différents types d'études afin de proposer
une hypothèse concernant la façon dont sont traités les objets en fonction de la nature, de la signification et de l'objectif des
tâches effectuées.
Mots-clés : catégorisation, induction, développement.
Abstract
Summary : Categorization, concept formation and induction: The role of perceptual and conceptual information in young children.
This work studies the use of perceptual and conceptual information during the construction and use of categories. Different kinds
of experiments are considered, whose nature seem to determine the subject's response. The focus of young children on
perceptual information (specificly related to the shape of objects) is shown mainly by categorization tasks. Induction tasks,
however, demonstrate that young children tend to focus on conceptual information when they generalize properties to new
objects. The results observed in these different kinds of experiments are examined in order to propose a hypothesis concerning
which aspects of objects are considered, as a function of the nature, the meaning and the aim of the task.
Key words : categorization, induction, development.
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Berger C. Catégorisation, formation de concepts et induction : rôle des informations perceptives et conceptuelles chez le jeune
enfant. In: L'année psychologique. 1997 vol. 97, n°3. pp. 495-517.
doi : 10.3406/psy.1997.28972
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1997_num_97_3_28972L'Année psychologique, 1997, 97, 495-517
Laboratoire de Psychologie expérimentale
Grenoble- Chambéry 1
CATEGORISATION,
FORMATION DE CONCEPTS ET INDUCTION:
RÔLE DES INFORMATIONS PERCEPTIVES
ET CONCEPTUELLES CHEZ LE JEUNE ENFANT
par Carole BERGER2
SUMMARY : Categorization, concept formation and induction: The role of
perceptual and conceptual information in young children.
This work studies the use of perceptual and conceptual information
during the construction and use of categories. Different kinds of experiments
are considered, whose nature seem to determine the subject's response. The
focus of young children on perceptual information (specificly related to the
shape of objects) is shown mainly by categorization tasks. Induction tasks,
however, demonstrate that young children tend to focus on conceptual
information when they generalize properties to new objects. The results
observed in these different kinds of experiments are examined in order to
propose a hypothesis concerning which aspects of objects are considered, as a
function of the nature, the meaning and the aim of the task.
Key words : categorization, induction, development.
INTRODUCTION
Comment l'enfant structure-t-il les informations provenant de l'enviro
nnement ? Nous savons que l'adulte perçoit les objets en fonction de leurs
caractéristiques physiques, mais aussi sur la base d'informations plus
abstraites telles que la fonction de ces objets, leur appartenance catégor
ielle, etc. Généralement, ces différents types d'informations sont corrélés,
1 . Université de Savoie, Département de psychologie, Domaine Jacob Bel-
lecombette, BP 1104, 73011 Chambéry Cedex.
2 . Je tiens à remercier Françoise Bonthoux pour ses conseils et sa lecture
critique de cet article. 496 Carole Berger
mais ceci n'est pas systématique. Il arrive, par exemple, que les indices per
ceptifs que nous recueillons ne concordent pas avec les connaissances que
nous avons. Dans des situations de ce type, quels critères sont pris en compte
par les enfants les plus jeunes dès lors qu'ils doivent organiser des informat
ions provenant de l'environnement ? Une hypothèse développementale
classique défend l'idée d'une centration d'abord sur des informations percep
tives puis, plus tard, sur des informations plus abstraites. Cette hypothèse
trouve sa substance dans une conception générale du développement, selon
laquelle l'enfant apprendrait progressivement à raisonner en se libérant des
contraintes spatio-temporelles immédiates (Piaget et Inhelder, 1959). C'est
par exemple ce qui permet d'expliquer que l'enfant commence par former
des collections fïgurales avant de former des classes logiques, qu'il raisonne
sur les configurations perceptives avant de raisonner sur les transformations
dans les épreuves de conservation... Nous essaierons donc de voir en quoi
cette idée théorique peut aussi rendre compte de la formation des concepts
d'objets (dont le cœur serait d'abord perceptif).
Sur ce problème, les données récentes montrent que la prise en compte
des informations perceptives disponibles, par rapport à celles issues des
connaissances des sujets, dépend pour beaucoup du type de tâche effec
tuée. En particulier, dans les tâches où ils sont amenés à regrouper des
objets, les enfants, avant l'âge de 6-7 ans, valorisent souvent les relations
de similarité perceptive, ou éventuellement de contiguïté (spatiale ou temp
orelle) entre les objets. Par contre, lorsqu'ils doivent généraliser les carac
téristiques d'un objet donné vers un autre objet, leur décision s'appuie
beaucoup plus sur des critères d'appartenance catégorielle. Lorsque, par
exemple, on présente à des enfants de 3-4 ans le dessin d'un chat, dont on
leur dit qu'il voit dans le noir, ils ont tendance à généraliser cette propriété
aux autres animaux identifiés comme des chats, même si ceux-ci sont très
différents perceptivement de la cible (Gelman et Markman, 1987).
Après avoir examiné les résultats expérimentaux issus des épreuves de
catégorisation, nous verrons quels types de critères sont pris en compte par
l'enfant lorsqu'il apprend à dénommer les objets. A partir de là, sera posé
le problème de l'utilisation des concepts d'objets. En particulier, nous nous
demanderons quelles sont les connaissances précises que l'enfant a de l'ob
jet et à quel type d'informations ces connaissances lui permettent d'accé
der. Ce problème sera traité à travers les tâches d'induction. Certains résul
tats, qui apparaissent comme contradictoires, seront réinterprétés en
fonction d'une analyse de la nature, des contraintes et de la signification
des tâches proposées.
LES TÂCHES DE CATÉGORISATION
Avant d'étudier comment l'enfant apprend à attribuer un nom à une
catégorie d'objets (ce qui relève du problème de la formation des concepts),
cette section traitera du développement de l'activité de catégorisation. formation de concepts et induction 497 Catégorisation,
Différents courants de recherche seront présentés. Tout d'abord, les études
sur les classifications perceptives montreront comment les perceptions et
les indices pris en compte dans le calcul de la similarité évoluent au cours
du développement. Seront ensuite évoqués les travaux sur la catégorisa
tion logique ainsi que sur la catégorisation prototypique et schématique.
Conformément à la description qui en a été effectuée par Bideaud et
Houdé (1989), ceux-ci présentent des angles d'approche très différents
puisque les uns sont amenés à définir les catégories conceptuelles en termes
de propriétés nécessaires et suffisantes, alors que les autres sont surtout
centrés sur la mise en évidence des liens pouvant exister entre la catégori
sation et les contraintes de l'environnement. Ceci justifie que les études sur
la catégorisation logique utilisent, le plus