Ch. Mirallié De l aphasie sensorielle - compte-rendu ; n°1 ; vol.3, pg 590-602
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Ch. Mirallié De l'aphasie sensorielle - compte-rendu ; n°1 ; vol.3, pg 590-602

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Description

L'année psychologique - Année 1896 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 590-602
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1896
Nombre de lectures 22
Langue Français

Extrait

Alfred Binet
Ch. Mirallié De l'aphasie sensorielle
In: L'année psychologique. 1896 vol. 3. pp. 590-602.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred. Ch. Mirallié De l'aphasie sensorielle. In: L'année psychologique. 1896 vol. 3. pp. 590-602.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1896_num_3_1_1932LANGAGE
Mirallié, Thomas et Roux
CH. MIRALLIÉ. — De l'aphasie sensorielle. — Paris, 1896, p. 220.
C'est une thèse de doctorat en médecine écrite par un élève
de Dejerine. On sait que Dejerine a contribué, par de très
importants travaux, à l'étude et à l'analyse des maladies du
langage ; ses travaux n'avaient pas encore été réunis ; nous en
trouvons ici dans la thèse de Mirallié, une synthèse fidèle, de
même que la thèse du Dr Bernard contient le résumé le plus
exact des idées de Charcot sur la même question.
L'Année Psychologique n'ayant pas encore eu l'occasion de
parler de l'aphasie, nous allons donner ici une analyse très
étendue du livre de Mirallié, en lui empruntant des pages
entières. Commençons par quelques mots d'historique.
Une première période s'ouvre avec Broca; c'est une période de
vérification anatomique ; on cherche si la faculté du langage a
un siège spécial dans le cerveau, ou si, au contraire, suivant
les idées de Flourens, elle ne peut être localisée. Broca le pre
mier, par deux autopsies précises sur des malades de l'hospice
de Bicêtre, montre que la lésion qui produit l'aphasie siège
dans la partie postérieure de la troisième circonvolution
frontale gauche (1861) ; en outre, ce même anatomiste avait pré
paré son importante découverte en donnant une description
très simple et très complète des circonvolutions du lobe
frontal. On a essayé d'enlever à Broca le mérite de sa belle
découverte en exhumant des articles oubliés d'un médecin de
Montpellier, Dax (1836), qui avait supposé que la fonction du
langage siège dans l'hémisphère gauche ; supposition exacte LANGAGE 59t
mais non démontrée, puisque Dax n'avait fait aucune autopsie.
Les dix années qui suivirent la localisation de Broca se pas
sèrent à vérifier l'exactitude de cette localisation. Les observa
tions s'accumulent, surtout en France. Quelques auteurs, en
minorité, recueillent des cas, parfaitement authentiques, où la
circonvolution de Broca est intacte, malgré l'aphasie. Puis,
paraissent les travaux de Trousseau, Fleury, Popham, Hughlings
Jackson, Ogle, Bastian, Gairdner, etc., qui essayent de
débrouiller la Symptomatologie de l'aphasie et recueillent une
foule d'observations, font des remarques curieuses dont on ne
tirera parti que plus tard. Dès cette époque, on comprend que
la faculté du langage ne consiste pas seulement à prononcer des
mots qui expriment des idées, ce n'est là qu'une partie du lan
gage, ce n'est que le langage parlé ; il y aussi le langage écrit,
l'écriture, puis la faculté de lire et aussi celle de comprendre ce
qu'on entend. Quand un malade devient aphasique, dans le sens
ancien du mot, c'est-à-dire quand il devient incapable de pro
noncer les mots, le plus souvent les autres formes de langage
sont atteintes. Ainsi Trousseau remarque que, bien que les
malades privés de la parole prétendent comprendre parfaitement
tout ce qu'ils lisent, ils restent toujours au même chapitre, à la
même page, et relisent sans cesse ce qu'ils viennent de lire.
Leur écriture est aussi très troublée. Bastian est le premier à
remarquer les altérations de perception du centre auditif. « Le
malade ne peut apprécier la signification des mots parlés, ils
ne sont pour lui que de simples bruits. »
La seconde période commence en 1874, avec Wernicke, qui
profite des analyses précédentes, les rend plus cohérentes, et
établit la distinction fondamentale des aphasies ; c'est aussi la
période vraiment anatomo-cliniqueoùl'on étudie le groupement
des symptômes par rapport aux lésions du cerveau. Wernicke
a opposé aux troubles de l'aphasie motrice (perte du langage
articulé) que Broca avait étudiés et localisés, un groupe de
symptômes qu'il appelle Y aphasie sensorielle ; dans cette forme,
le malade est incapable de comprendre ce qu'il lit et ce qu'on
lui dit, et il présente en outre des troubles de la parole parlée.
Wernicke étudia cliniquementces phénomènes et rechercha le
siège de leur lésion déterminante. Kussmaul, en 1876, dédoubla
l'aphasie sensorielle de Wernicke : il appela surdité verbale la
perte delà compréhension des mots entendus, et cécité
la perte de la des mots écrits. En 1881, Exner
attira particulièrement l'attention sur l'agraphie, ou perte delà 892 ANALYSES
faculté d'écrire, dont il localisa le centre dans le pied de la
deuxième frontale gauche.
A cette époque, on arriva à distinguer 4 troubles élémentaires
du langage, 4 formes particulières d'aphasies, à chacune des
quelles on peut attribuer un centre spécial. Le centre de l'aphasie
motrice siège au pied de la troisième circonvolution frontale
gauche. Le centre de la surdité verbale est situé à la partie pos
térieure de la première temporale gauche. La cécité verbale a
pour siège le pli courbe du côté Enfin l'agraphie occupe
le pied de la deuxième frontale gauche.
Quels sont les rapports de ces centres? Sont-ils indépendants
ou subordonnés ? Wernicke, suivi par la plupart des auteurs
allemands, admet la subordination des centres, et il accorde
la prééminence au centre auditif.
La conception que Gharcot, grâce à sa grande autorité, a pu
rendre classique, est un peu plus complexe. Charcot admet,
d'une part, que les 4 centres du langage sont autonomes, et
que, par conséquent, la lésion d'un centre produit, par voie
directe, un seul .symptôme, toujours le même. Mais, d'autre
part, chaque adulte a pris l'habitude d'employer un centre de
préférence aux autres, et ces habitudes mentales créent un cer
tain nombre de formules psychologiques : il y a X auditif , qui
donne sa préférence aux images auditives, qui pense avec son
audition intérieure ; il y a le visuel, qui se représente les mots
comme s'il les voyait écrits : il y a le moteur d'articulation, qui
parle sa pensée ; il y a le moteur graphique, qui l'écrit ; et,
enfin, l'indifférent qui utilise indistinctement tous ses centres
du langage. On se rappeJle sans doute le très grand retenti
ssement qu'eut cette théorie du langage, et le succès qu'on fit à
ces mots de visuel et d'auditif.
Nous sommes maintenant assez éloignés de cette époque
pour pouvoir juger les idées de Charcot ; on s'accorde à recon
naître qu'elles sont un peu schématiques, quoiqu'elles con
tiennent une part incontestable de vérité. La distinction des
types visuels, auditifs, moteurs est surtout vraie pour la mémoire
des objets, beaucoup plus que pour la mémoire des mots, qui
est d'ordinaire auditive et motrice et bien rarement visuelle ; il
a fallu remonter jusqu'au siècle précédent pour trouver l'exemple
de gens qui dans la méditation voient leur pensée écrite. De
plus, le type indifférent de Charcot est un type schématique
qui, comme l'a montré Saint-Paul, est extrêmement rare: mais
n'anticipons pas sur les critiques. LANGAGE 593
D'après ce qui précède, on voit que les opinions se sont
trouvées partagées entre deux théories. Dans la première,
représentée surtout par Wernicke, la lésion du centre de Broca
par exemple entraîne, outre l'aphasie motrice, l'agraphie et
un certain degré de cécité verbale ; c'est la surbordination des
«entres. D'après Charcot, au contraire, une telle lésion entraî
nera uniquement de l'aphasie motrice, mais la fonction générale
du langage sera surtout troublée, si la lésion frappe un moteur
d'articulation.
Nous arrivons, enfin, à la période contemporaine, où de nou
velles observations sont venues infirmer plusieurs des hypo
thèses précédentes. Les points principaux sur lesquels les révo
lutions d'idées se son

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