Circulation du revenu et circulation du capital : la distinction monnaie/crédit chez Thomas Tooke - article ; n°3 ; vol.36, pg 555-578
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Circulation du revenu et circulation du capital : la distinction monnaie/crédit chez Thomas Tooke - article ; n°3 ; vol.36, pg 555-578

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Revue économique - Année 1985 - Volume 36 - Numéro 3 - Pages 555-578
Currency and capital : the distinction established by Thomas Tooke between noney and credit
Jérôme De Boyer
This article wants to show the coherence of the thesis defended by the « Banking School » leader. The Stress is put on Tooke's definitions of money and credit. The exposition insits on how essential the difference between the two notions is to understand his opposition to the Bank Charter Act of 1844 as well as his full agreement to the gold standard. The author is thus lead to study the seperation established by T. Tooke between currency and capital and also to comment, on this base, the influence of interest rates on priees.
Dans cet article qui vise à restituer la cohérence des thèses défendues par le chef de file de la Banking School, l'accent est mis sur ses définitions de la monnaie et du crédit. L'exposé souligne combien la distinction que T. Tooke établit entre ces deux notions est essentielle pour comprendre aussi bien son opposition à la réforme de la Banque d'Angleterre en 1844 que son attachement au régime d'étalon-or. L'auteur est en conséquence conduit à étudier la séparation établie par Tooke entre circulation du revenu et circulation du capital et à commenter sur cette base les effets d'une variation du taux d'intérêt sur les prix.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jérôme de Boyer
Circulation du revenu et circulation du capital : la distinction
monnaie/crédit chez Thomas Tooke
In: Revue économique. Volume 36, n°3, 1985. pp. 555-578.
Abstract
Currency and capital : the distinction established by Thomas Tooke between noney and credit
Jérôme De Boyer
This article wants to show the coherence of the thesis defended by the « Banking School » leader. The Stress is put on Tooke's
definitions of money and credit. The exposition insits on how essential the difference between the two notions is to understand his
opposition to the Bank Charter Act of 1844 as well as his full agreement to the gold standard. The author is thus lead to study the
seperation established by T. Tooke between currency and capital and also to comment, on this base, the influence of interest
rates on priees.
Résumé
Dans cet article qui vise à restituer la cohérence des thèses défendues par le chef de file de la Banking School, l'accent est mis
sur ses définitions de la monnaie et du crédit. L'exposé souligne combien la distinction que T. Tooke établit entre ces deux
notions est essentielle pour comprendre aussi bien son opposition à la réforme de la Banque d'Angleterre en 1844 que son
attachement au régime d'étalon-or. L'auteur est en conséquence conduit à étudier la séparation établie par Tooke entre
circulation du revenu et circulation du capital et à commenter sur cette base les effets d'une variation du taux d'intérêt sur les prix.
Citer ce document / Cite this document :
de Boyer Jérôme. Circulation du revenu et circulation du capital : la distinction monnaie/crédit chez Thomas Tooke. In: Revue
économique. Volume 36, n°3, 1985. pp. 555-578.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1985_num_36_3_408854CIRCULATION DU REVENU
ET DU CAPITAL :
LA DISTINCTION MONNAIE/CRÉDIT
CHEZ THOMAS TOOKE
Tooke est un auteur que les historiens de la pensée économique
ont coutume d'évoquer lorsqu'ils étudient x la réforme de la
Banque d'Angleterre en 1844. Ses thèses sont habituellement
mises en parallèle avec celles des auteurs du courant dit du « Currency
principle ». Le fait est aisément compréhensible, puisque Tooke fut le
principal opposant des thèses développées par ces derniers. Cependant,
ceci a conduit les commentateurs, à l'exception de Gregory et Rist 1, à
n'accorder en fin de compte qu'une place mineure à la théorie de
T. Tooke (cf. Mints, O'Brien et Robbins *).
1. Cf. F. W. Fetter, Development of British monetary orthodoxy : 1797-1875,
Fairfield, Kelley, 1978.
T. E. Gregory, Introduction à la réédition de Tooke and Newmarch. A history
of prices and of the state of the circulation from 1792 to 1856, Londres, P. S. King
and Son, Orchard House, 1928.
D. E. W. Laidler, « Thomas Tooke on monetary reform » in Essays on money
and inflation, Manchester, Manchester University Press, 1975.
A. W. Marget, The theory of prices : a re-examination of the central problems
of monetary theory, New York, Kelley, 1966.
L. W. Mints, A history of banking theory in Great Britain and the United States,
Chicago, University of Chicago Press, 1970.
D. P. O'Brien, Introduction à l'édition de la correspondance de Lord Overstone,
Cambridge. At the University Press, 1971 ; The classical economists, Oxford,
Clarendon Press, 1975.
C. Rist, Histoire des doctrines relatives au crédit et à la monnaie de J. haie
jusqu'à nos jours, Paris. Sirey, 1951.
L. Robbins, Robert Torrens and the evolution of classical econnomics, Londres,
Macmillan, 1958.
J. A. Schumpeter, Histoire de l'analyse économique, Paris, Gallimard, 1983.
J. Viner, Studies in the theory of international trade, Londres, G. Allen & Unwin,
1964.
555
Revue économique — N° 3, mai 1985 Revue économique
Ces commentaires ont le défaut commun de ne jamais présenter le
fond de l'argumentation théorique de Tooke et ne s'attachent qu'à
signaler la pertinence de certaines des propositions de la « Banking
school » et à les mentionner à l'occasion et au même titre que certaines
conceptions particulières — jugées étroites — de quelques auteurs du
Currency principle 2. Ainsi l'accent est-il mis sur le fait que Tooke
considère comme monnaie les dépôts bancaires et le papier commerc
ial ou encore met en évidence les difficultés que la réforme de 1844
ne manquera pas de créei- lors des contractions de l'encaisse-or de la
Banque d'Angleterre. Notre opinion est qu'une telle présentation de la
théorie monétaire de Tooke est fallacieuse en ce qui concerne la nature
du débat entre Banking et Currency schools. Elle aboutit à en sous-
estimer l'importance et, a fortiori, les contributions de l'école qui contesta
à cette occasion le principe quantitatif.
Après avoir rappelé l'enjeu du débat entre Currency principle et
Banking school, à savoir l'interprétation de la réforme de la Banque
d'Angleterre et la question de la pertinence de cette réforme, nous
aborderons la question des définitions de la monnaie et du crédit afin
de préciser ce qui distingue l'analyse de Tooke de celle du Currency
principle. Ceci nous permettra, dans un deuxième temps, de présenter
l'explication donnée par Tooke du fonctionnement du régime d'étalon-or
et, ce qui lui est lié, de la loi du reflux.
Notre étude de la théorie monétaire de Tooke mettra l'accent sur
la distinction établie par cet auteur entre circulation du capital et circu
lation du revenu, distinction sur laquelle il appuie toutes ses proposi
tions relatives à la monnaie et au crédit. Dans la dernière partie de
notre exposé, nous reviendrons sur cette distinction, négligée par tous
les commentateurs, afin de commenter l'interprétation par Tooke des
effets d'une variation du taux d'intérêt sur le prix des marchandises.
Au préalable, il nous laut préciser que, si nous nous référons év
idemment à l'ensemble de ses œuvres publiées 3, notre travail s'appuie
essentiellement sur le texte polémique An inquiry into the Currency
principle que Tooke rédigea à l'occasion du débat parlementaire qui
déboucha sur la réforme de 1844, mais également sur le tome IV de
A history of prices, corédigé avec P. Newmarch et publié en 1848 où
2. Cf;. Fetter et Laidler, op. cit.
3. T. Tooke, Considerations on the state of the currency (1826'', NVw York/
Londres, Garland Publishing, Inc.. 1983 : A letter to Lord Grcnville. Londres,
John Murray, Albemarie Street, 1829 ; A/i inquiry into the Currency principle,
Londres. Brown, Green and Longmans. 1S44 : A Iiistory of prices and of the state
of tlic circulation from 1792 to 1856. Xew York /Londres, Johnson Reprint Corp..
1972.
556 de Boyer Jérôme
Ton trouve l'exposé le plus achevé de sa théorie. Outre le lait que Tooke
incorpore dans ce dernier ouvrage une large traction du texte de 1844,
ce qui témoigne de la permanence de ses thèses, il faut noter que cet
ouvrage écrit après la publication de {'Inquiry into the practical working
of the proposed arrangements for the renewal of the charter of the
bank of England and of the regulation of the currency with a refutation
of the fallacies advanced by Mr. Tooke (1844) 4 de R. Torrens, constitue
une réponse à ce dernier, c'est-à-dire à celui qui fut à la fois l'inspira
teur (avec Lord Overstone 5) de la séparation en deux départements de
la Banque d'Angleterre et le principal détracteur des thèses de la
Banking school.
LE « CURRENCY PRINCIPLE ,,
ET LA REFORME DE LA BANQUE D'ANGLETERRE
En mai 1844, lors de sa présentation orale, Robert Peel assigne au
Banking Act deux objectifs censés être atteints simultanément : garantir
la solvabilité des banques et contrôler la quantité de monnaie. La
réforme de la Banque d'Angleterre s'inspire du Currency principle :
étant un substitut de Tor dans la circulation le papier-monnaie doit,
sous peine de perdre de sa valeur par rapport à l'or, être émis en
quantité exactement égale au montant d'or qui serait nécessaire si la
circulation monétaire était purement métallique 6.
Le papier monnaie, parce qu'il est plus pratique et moins coûteux
que For, entre dans la circulation à sa place. Il le remplace, ce qui est
attesté par sa convertibilité en or. Si donc la quantité de papier
monnaie émis n'excède

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