Classes de trajectoires scolaires - article ; n°1 ; vol.2, pg 115-132

Sabine Erbès-Seguin, Claude Gilain, Annick Kieffer

Description

Sociétés contemporaines - Année 1990 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 115-132
Résumé : Ce travail correspond à la première étape d'un programme de recherche en cours, inscrit dans l'étude de la division du travail. Nous proposons un outil de description de l'appareil de formation qui permette de penser celui-ci comme élément du mécanisme de la reproduction sociale : les classes de trajectoires scolaires. Nous les construisons statistiquement, à partir de l'enquête INS ЕЕ FQP4 (1985), sur la base de la reconstitution du passé scolaire des individus en âge de travailler et de sa mise en rapport avec la place qu'ils occupent dans la division du travail.
CLAUDE GILAIN, ANNICK KIEFFER, SABINE ERBES-SEGUIN The present paper is the first step of a current research programme, which deals with the study of social stratification. We intend to build a tool - educational profiles - designed for the analysis of the educational system as part of social reproduction. Our statistical approach makes use of an INSEE survey (FQP4). Educational profiles are based upon a reconstruction of the school history of working age individuals, and related to their position in the social division of labour.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: SOCIETES_CONTEMPORAINES
• Publié le: 01 janvier 1990
• Nombre de lectures: 22
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Claude Gilain
Annick Kieffer
Sabine Erbes-Seguin
Classes de trajectoires scolaires
In: Sociétés contemporaines N°2, Juin 1990. pp. 115-132.
Résumé : Ce travail correspond à la première étape d'un programme de recherche en cours, inscrit dans l'étude de la division du
travail. Nous proposons un outil de description de l'appareil de formation qui permette de penser celui-ci comme élément du
mécanisme de la reproduction sociale : les classes de trajectoires scolaires. Nous les construisons statistiquement, à partir de
l'enquête INS ЕЕ FQP4 (1985), sur la base de la reconstitution du passé scolaire des individus en âge de travailler et de sa mise
en rapport avec la place qu'ils occupent dans la division du travail.
Abstract
CLAUDE GILAIN, ANNICK KIEFFER, SABINE ERBES-SEGUIN The present paper is the first step of a current research
programme, which deals with the study of social stratification. We intend to build a tool - educational profiles - designed for the
analysis of the educational system as part of social reproduction. Our statistical approach makes use of an INSEE survey
(FQP4). Educational profiles are based upon a reconstruction of the school history of working age individuals, and related to their
position in the social division of labour.
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Gilain Claude, Kieffer Annick, Erbes-Seguin Sabine. Classes de trajectoires scolaires. In: Sociétés contemporaines N°2, Juin
1990. pp. 115-132.
doi : 10.3406/socco.1990.956
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/socco_1150-1944_1990_num_2_1_956♦♦♦♦♦♦ CLAUDE GILAIN ♦♦♦♦♦♦♦ ♦
ANNICK KIEFFER
SABINE ERBES-SEGUIN
CLASSES DE TRAJECTOIRES SCOLAIRES
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statistiquement, à partir de l'enquête INS ЕЕ FQP4 (1985), sur la base de la reconstitution du
passé scolaire des individus en âge de travailler et de sa mise en rapport avec la place qu'ils
occupent dans la division du travail.
L'article que nous présentons ici correspond à la première étape d'un programme
de recherche en cours ' , qui s'inscrit dans l'étude de la division sociale du travail, et
plus précisément de ses processus de légitimation. Cette légitimation est en effet une
des conditions de stabilité du lien social. Elle est comprise non pas comme
l'acceptation par chacun de sa place réelle dans la structure sociale, mais la
reconnaissance de fait de cette structuration inégalitaire. C'est une remarque triviale
que de souligner le caractère multidimensionnel d'un tel objet sociologique. Nous
nous intéressons pour notre part à l'un des lieux cruciaux où se reflète, se reproduit
et se légitime cette inégalité, à savoir l'appareil éducatif.
Notre hypothèse est qu'il est nécessaire, pour avancer au long de cette ligne de
recherche, de disposer d'un mode de description de l'appareil de formation adapté à
cet objectif. Nous proposons donc un outil conceptuel permettant une
visualisation, pertinente de ce point de vue, de l'état actuel de l'appareil
scolaire. Il s'agit de la notion de classes de trajectoires scolaires, que nous
construisons concrètement, à partir de l'exploitation de résultats statistiques fournis
par la dernière enquête disponible "Formation-Qualification Professionnelle"
(INSEE - 1985), basé sur la reconstitution du passé scolaire des individus en âge de
travailler et de sa mise en rapport avec la place qu'ils occupent dans la division du
travail. Nous considérerons notre classification comme pertinente si les profils de
population qu'elle définit se différencient avec netteté en fonction des variables
"origine sociale" d'une part, devenir professionnel d'autre part.
1 . Ce travail a beaucoup bénéficié de l'apport d'Irène Foumier-Mearelli, que nous tenons à remercier
chaleureusement.
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Sociétés Contemporaines (1990) n'2 С. GILAIN, A. KIEFFER, S. ERBES-SEGUIN ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦
1 . LE PROBLEME DE LA REPRESENTATION DU SYSTEME DE FORMATION
1 . 1 . DES ENJEUX LIES A LA DIVISION SOCIALE
Les hommes naissent libres et égaux en droit... mais vivent dans une société
inégalitaire. Les formations sociales qui affirment, au contraire des sociétés de
castes par exemple (Ossowski, 1971), des idéaux démocratiques tels que l'égalité
des chances, le droit de chacun à l'éducation, etc., résolvent dans les faits un double
problème : celui de leur reproduction en tant que système stratifié, et celui de la
répartition des individus au sein de ces strates 2. La question de la transmission
intergénérationnelle de la place dans la structure sociale y est théoriquement
ouverte. Le mythe de l'école émancipatrice, constamment confronté au brutal
déterminisme social de T'échec" scolaire, statistiquement indéniable, témoigne, par
sa vitalité tout aussi constante, même s'il opère de façon souvent détournée, de
l'ampleur de l'enjeu qui se joue autour des représentations de l'école.
Il n'est pas nécessaire, ici, de reprendre les travaux très nombreux et très féconds
de la sociologie de l'éducation, à la suite des travaux pionniers d'Alain Girard
(Girard, 1961), qu'il s'agisse de ceux qui ont donné corps au thème de la
reproduction (Bourdieu & Passeron, 1970 ; Passeron, 1986) ou de ceux qui ont
analysé la mobilité sociale et professionnelle ou les rapports entre formation et
emploi (Rose, 1987 ; Dubar et al., 1987 ; Thélot & de Singly, 1988). Si ces dernières
approches informent sur les flux d'entrée dans l'emploi et les trajectoires
professionnelles, si le suivi des effectifs scolaires et la caractérisation de
l'importance relative des cursus par le relevé des diplômes photographient avec
précision un état du système de formation (INSEE, 1988), elles ne répondent pas à
notre objectif. Notre ambition, nous l'avons dit, est d'obtenir une description de
l'appareil de formation qui permette de le penser comme élément du mécanisme de
la reproduction sociale. En d'autres termes, il nous faut construire empiriquement
des outils pour penser la diachronie.
Cette construction doit satisfaire à deux séries d'exigences :
- Représenter le champ scolaire comme un tout. Ce ne sont pas les Grandes Ecoles
qui fabriquent l"'élite" scolaire, ni les CPPN les exclus. La compréhension de
l'efficacité de l'appareil de formation comme mécanisme de classement de la
population jeune, efficace pour la reproduction de la structure de notre formation
sociale, s'évanouit si l'on focalise uniquement l'attention sur certains de ses
segments. Un tel découpage de l'objet confère aux raisonnements en termes de
nécessaire rattrapage, correction d'inégalités, etc., une force d'évidence qui masque
la cohérence du phénomène de formation différentielle.
- Pouvoir être rendue relativement indépendante de la forme conjoncturelle des
modes de scolarisation. C'est l'aspect le plus délicat de notre stratégie de recherche.
Il est facile de se convaincre que les temps d'évolution de l'institution scolaire et
ceux de la structure même de la société ne coincident aucunement. Une description
efficace pour penser leur articulation ne peut rester prisonnière de l'image
instantanée de l'appareil de formation, même si elle doit être bâtie à partir d'elle.
2. Si les deux aspects n'existent bien sûr pas l'un sans l'autre, ou pour être plus précis, s'il ne s'agit que de
deux angles de vue du même processus, cette distinction n'est pas sans efficacité méthodologique, en
particulier parce qu'elle oblige à penser la complémentarité entre approche systémique, à laquelle renvoie
généralement le premier aspect, et les différentes approches en termes de stratégie individuelle souvent
mobilisées pour rendre compte du second.
116 ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦ CLASSES DE TRAJECTOIRES SCOLAIRES
La notion de classes de trajectoires proposée dans cet article constitue un
premier pas, mais un premier pas seulement, dans l'étude d'outils sociologiques
s