Cohérence et incohérence : une lecture des signifiants de « La Fée aux miettes» - article ; n°24 ; vol.9, pg 89-99
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Description

Romantisme - Année 1979 - Volume 9 - Numéro 24 - Pages 89-99
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 34
Langue Français

Extrait

M Jean-Jacques Hamm
Cohérence et incohérence : une lecture des signifiants de « La
Fée aux miettes»
In: Romantisme, 1979, n°24. pp. 89-99.
Citer ce document / Cite this document :
Hamm Jean-Jacques. Cohérence et incohérence : une lecture des signifiants de « La Fée aux miettes». In: Romantisme, 1979,
n°24. pp. 89-99.
doi : 10.3406/roman.1979.5299
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1979_num_9_24_5299Jean-Jacques HAMM
Cohérence et incohérence :
une lecture des signifiants de La Fée aux Miettes
La situation de Charles Nodier dans l'histoire littéraire est encore
bien souvent celle d'un « brillant, aimable et intermédiaire génie ». 1
« On lui trouve, écrit P.-G. Castex, l'inconstance de ces papillons qu'il
aime tant. » 2 Ecrivain caméléon 3, on l'accuse d'être un esprit faux 4.
On se plait à voir en lui « le type incarné des précurseurs qui appa
raissent dans les époques de transition, [...] un pionnier, un batteur
d'estrade » 5. Quelqu'un, en un mot, qu'il conviendrait de situer par
rapport au romantisme naissant6. Pourtant, dès le xix* siècle, des
voix plus attentives si ce n'est plus amicales s'étaient fait entendre.
On se souvient de la résistance mitigée de Balzac, de l'aménité ironique
de Sainte-Beuve, du chaleureux hommage de Nerval dans le Voyage en
Orient7. Plus récemment, A. Béguin, G. Picon, R. Switzer, H. Juin,
ont amorcé une réhabilitation de l'œuvre de Nodier 8. Dans l'état actuel
des choses une réévaluation s'imposerait donc. Si elle fait encore défaut
pour l'ensemble de l'œuvre, il n'en existe pas moins des analyses
d'œuvres individuelles qui se proposent de mettre en évidence la
richesse et la cohérence de la vision de Nodier. Aussi ne serait-il pas
inintéressant d'aborder l'une d'entre elles, la Fée aux Miettes, par le
biais des concepts antinomiques d'incohérence et de cohérence dont
la critique s'est abondamment servi9. C'est dans l'interaction de ces
deux termes que se dégage chez Nodier une écriture nouvelle. Notre
texte se propose d'en donner une lecture à partir de concepts emprunt
és à la psychanalyse et, plus particulièrement, à la psychanalyse
lacanienne.
Nous retiendrons tout d'abord deux principes psychanalytiques :
à savoir que « l'analyse ne peut trouver sa mesure que dans les voies
d'une docte ignorance » 10 ; deuxièmement, que l'attention y est flot
tante, sensible à ce qui dans le discours, achoppe et se répète. L'expé
rience analytique se constitue alors de la manière suivante : 00 Jean-Jacques Hamm
promeut à comprend sans comme dont pressentiments, être tout « tous la Sa un condition psychologie seconde, première au rebut négatifs, de niveau soi de fantasmes », ou de la n'y condition de le vie l'expérience, loi ont quotidien l'intérêt, l'école mentale, de pour [...] non-systématisation, se ne mais ainsi réservé formule à et accorde voit savoir l'ordinaire encore dire que au non en une pas le remarquable, à une seulement présomption non-sens d'état ; des mais qui, loi phénomènes civil. de posant elle : aux scénario non-omission tout » de и est représentations l'incohérence signification ce incomplète qui, du qui pour rêve, « qui se
Examinons à présent le texte de Nodier 12. La Fée aux. Miettes se
compose d'une Préface, de 26 chapitres dont le premier est, selon Nodier,
«une espèce d'introduction» (173) et d'une conclusion qui, toujours
selon Nodier, « n'explique rien et qu'on peut se dispenser de lire » (319).
Nous essayerons de lire tout d'abord la préface, tout en sachant que
le découpage que nous faisons ainsi du texte est arbitraire.
Ce qui se donne à entendre dans cette « refrain de litanies »
(168), est un ensemble de répétitions. Ecoutons le texte en des frag
ments répétés :
— je ma faire celui d'entendre Joseph être une bouche conte vous vanité histoire étonné de une croire fantastique Poisson me d'un déclare sottise (168)... raconter le (170)... fantastique fou dire (169)... (167)... notre (170)... faire d'être ou Joseph je la vanité de croire fou véritable (167)... celui vous sottise étonné raconter ingénieux Poisson (168) de (170)... déclare une (168)... dont chercher histoire ; (167) (169)... croire (167)... (167) (170)... m'étonne ; (167)... fantastique ; (170) Joseph est fou une ; celui (168) malheureux Poisson sottise de (170) ; feuilleter (167) ; (169) (167) ; (170)... ; (167) un ;
fou n'intéresse (170) ;
— votre journal ne vous dira pas (171)... votre journal vous dira (171)... votre
journal ne vous dira pas (171)... votre journal vous dira (172) ;
— l'auteur l'a prise et où l'avait prise (172). ... chez lequel il l'a prise (172) ;
— jusqu'à Salomon (172)... Salomon vivait (172).
Les répétitions à l'intérieur de chaque série d'exemples sont dans
l'ensemble sémantiquement redondantes. Les mots répétés auraient
souvent pu être remplacés par des pronoms sans que le sens des phrases
eût eu à en souffrir. D'autre répétitions sont également à signaler.
Donnons-en quelques exemples :
— une affection sincère et plus désintéressée (167) ;
— entre les romans et les papillons, l'amour et la poésie (168) ;
— un pauvre et joli village (168) ;
— bon et vénérable nonagénaire (169) ;
— clair et brillant (169) ;
— la bonne et véritable histoire (170) ;
— un homme sensible et triste ;
— dénué ni d'esprit ni de génie (170) ;
— être inerte et inutile (170) ;
— créature de rebut ou d'élection (170) ;
— comme vous ou comme moi (170) ;
— les aimables et sages enfants (171) ;
— sotte passion... fâcheuse nécessité (172). 13
Enfin, il est des répétitions dans les situations décrites dans la
préface. Citons celle des veillées rustiques de Joseph Poisson : soirées Cohérence et incohérence 91
nombreuses qui, en un premier temps, sont prises au sérieux par les
spectateurs. Mais, dit Nodier, « à la longue nous n'attachâmes guère
plus d'importance aux légendes et aux traditions fantastiques » (170).
L'accent se déplace ici du contenu vers le contenant, vers la répétition
d'une forme. Passons maintenant au récit de la Fée aux Miettes.
Il se compose de deux textes. Les chapitres 1 à 3 et la conclusion
mettent en scène un narrateur qui semble être un porte-parole de
Nodier. Les chapitres 3 à 26 sont consacrés au récit de Michel le
Charpentier. Examinons ce qui se joue dans la partie de l'œuvre consa
crée au narrateur.
Nous y trouverons un ensemble de situations parallèles. Ainsi, par
exemple, l'esclavage philanthropique dont il est question au chapitre II
est repris dans la conclusion sous la forme du discours du médecin
philanthrope. Ainsi en est-il de la violence faite au livre : Tite-live jeté
à vingt pas, livre volé par les Zingari. Le refus de la vérité historique
et la proclamation de l'existence d'une autre forme de ont pour
contrepartie l'idée que le livre, la Fée aux Miettes, acheté par le narra
teur est : « plus moral et plus sensé [...] que tout ce que les savants
ont écrit depuis que l'art d'écrire est un vil métier, et la science une
sèche, rebutante et sacrilège anatomie des divins mystères, de la
nature. » (329)
La mandragore arrachée, qui permet la fuite de Michel, est compar
able au bouton arraché à l'habit, qui permet la fuite du narrateur.
La fuite par l'air n'est-elle pas déjà annoncée par les pérégrinations de
la Santa Casa de Lorette ou celles du voyageur aérien ? Au voyage de
Glasgow, voyage d'exploration, de découverte, succède la fuite devant
le philanthrope, la fuite à Venise, la fuite devant le lunatique de Sienne.
Si, dans le premier chapitre, les lunatiques se trouvent « sur le degré
le plus élevé de l'échelle qui sépare notre planète de son satellite » ( 176),
dans la conclusion nous les trouvons sous la forme grotesque des
lunatici. Un élément nouveau s'introduit donc ici : la répétition se fait
sur un mode parodique que, pour l'instant, nous qualifierons de dégradé.
Interrogeons à présent le récit de Michel et, puisq

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