Comment comprendre - et interpréter - l information sur les pensions ?
4 pages
Français

Comment comprendre - et interpréter - l'information sur les pensions ?

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
4 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

UCP, mouvement social des aînés ASBL - Secrétariat fédéralComment comprendre - et interpréter - l'information sur les pensions ? Le contrat de solidarité entre générations prévoit que, prochainement - à l'horizon 2010 - , à partir deses 55 ans, chacun recevra une information sur le montant de sa pension. En première analyse, ladémarche peut être utile ; encore faut-il pouvoir interpréter les données ainsi reçues. En deuxièmeanalyse, plusieurs mises en gardes sont à formuler, tant notre société est rapide à associer« individu informé » et « individu responsable ». Ce que le Gouvernement prévoit en termes d'information L'objectif poursuivi par le Gouvernement est évident : il s'agit d'inciter chacun à poursuivre unecarrière professionnelle jusqu'à l'âge légal de la pension, soit 65 ans. Pour atteindre cet objectif,quelles sont les informations que le document devra renfermer ? D'une part, il y a ce que le « contrat » en dit. Il est précisé que chacun devra pouvoir disposerd'information sur sa pension légale. Cela veut dire que l'administration informera chacun de ce à quoises cotisations actuelles lui donneraient droit au moment de la pension. Il est dit aussi que dans lestemps où cette information sera transmise au travailleur, l'employeur devra communiquer, sous uneforme similaire, les informations liées aux pensions complémentaires dite du deuxième pilier. LeGouvernement évoque aussi que l'information ainsi diffusée doit indiquer « à chaque fois ...

Informations

Publié par
Nombre de lectures 55
Langue Français

Extrait

UCP, mouvement social des aînés ASBL - Secrétariat fédéral
Comment comprendre - et interpréter - l'information sur les pensions ?
Le contrat de solidarité entre générations prévoit que, prochainement - à l'horizon 2010 - , à partir de
ses 55 ans, chacun recevra une information sur le montant de sa pension. En première analyse, la
démarche peut être utile ; encore faut-il pouvoir interpréter les données ainsi reçues. En deuxième
analyse, plusieurs mises en gardes sont à formuler, tant notre société est rapide à associer
« individu informé » et « individu responsable ».
Ce que le Gouvernement prévoit en termes d'information
L'objectif poursuivi par le Gouvernement est évident : il s'agit d'inciter chacun à poursuivre une
carrière professionnelle jusqu'à l'âge légal de la pension, soit 65 ans. Pour atteindre cet objectif,
quelles sont les informations que le document devra renfermer ?
D'une part, il y a ce que le « contrat » en dit. Il est précisé que chacun devra pouvoir disposer
d'information sur sa pension légale. Cela veut dire que l'administration informera chacun de ce à quoi
ses cotisations actuelles lui donneraient droit au moment de la pension. Il est dit aussi que dans les
temps où cette information sera transmise au travailleur, l'employeur devra communiquer, sous une
forme similaire, les informations liées aux pensions complémentaires dite du deuxième pilier. Le
Gouvernement évoque aussi que l'information ainsi diffusée doit indiquer « à chaque fois les
montants de la pension qui seraient applicables si le travailleur continuait à travailler jusqu'à l'âge de
la pension ». Enfin, les personnes ayant des carrières « mixtes » devront pouvoir disposer d'une
information complète. Une carrière est dite mixte lorsqu'une personne a été tour à tour, ou en même
temps, travailleur salarié et/ou indépendant et/ou dans la fonction publique. Pour le moment, il est
très difficile pour le service des pensions de délivrer des informations précises pour une carrière
mixte.
D'autre part, puisque cette disposition devra s'appliquer à toutes les personnes ayant atteint 55 ans,
une estimation de la pension sera aussi délivrée aux personnes au chômage, en congé pour
crédit-temps ou celles qui sont en maladie.
Enfin, peut-être les simulations tiendront-elles compte du temps d'occupation de chacun. Un travail à
temps partiel ouvrant de moindres droits à la pension, il serait logique que les simulations tiennent
compte de cette variable. N'oublions pas qu'un des objectifs poursuivi par le Gouvernement au
travers du « contrat » est d'accroître le taux d'emploi [
1
].
Dans une intervention devant le comité consultatif pour le secteur des pensions, le représentant du
Ministre des pensions Bruno Tobback a indiqué qu'au cours des deux prochaines années, près de 5
millions d'euros seraient consacrés à la mise en oeuvre de ces dispositions. Il s'agit à la fois de
préparer l'administration à assumer cette nouvelle mission et de prévenir le public.
Informer et comprendre
Un élément sur lequel le gouvernement sera attentif sera de faire connaître les mesures qu'il vient de
prendre concernant les fins de carrières. Il est certain que les dispositions comme le « bonus
pension » ne marqueront leur effet que si le public en connaît les atouts.
Secrétariat fédéral
mardi 27 décembre 2005
Page 1/4
UCP, mouvement social des aînés ASBL - Secrétariat fédéral
Mais l'information, pour être traduite par chacun selon sa situation propre, en fonction de ce qu'il a
comme projet pour les années qui le séparent encore de la pension, demande parfois un
complément d'analyse. Elle demande aussi à être détaillée.
Nous estimons donc qu'à côté de l'engagement pris par le Gouvernement d'informer chacun dès ses
55 ans, il conviendra de développer des outils afin de permettre à tous d'évaluer au mieux les
options qui s'offrent à lui. En effet, entre la situation d'un travailleur au moment où il recevra sa feuille
d'information et ses 65 ans, il y a plusieurs scénarii possibles.
Mais au-delà d'une communication factuelle et individuelle sur des montants de pension, même bien
comprise, nous devrons également être attentif à l'utilisation globale de ces informations.
Informer et responsabiliser
Un des chapitres du « contrat de solidarité entre les générations » porte sur « le vieillissement actif ».
Cette notion renvoie directement à celle d' « Etat social actif ».
Que faut-il comprendre par là ? « A l'aube du XXIème siècle, « dans le champ des politiques
sociales, un nouveau vocable s'est rapidement imposé : celui d'« Etat social actif » qui, à l'échelle
européenne, fédère désormais libéraux sociaux et socialistes libéraux dans la recherche d'une
« troisième voie », à même de dépasser leur antagonisme idéologique séculaire et de refonder les
modes d'intervention de l'Etat pour gérer la question sociale. Le nouvel Etat social actif tourne ainsi
le dos au vieil Etat providence supposé passif. Contre la « passivité » de ses modes antérieurs
d'intervention et de redistribution incarnés par l'Etat providence, l'Etat ne doit pas se contenter de
garantir à chacun revenu minimal de remplacement ou d'existence : il doit surtout inciter, stimuler,
accompagner - et au besoin contraindre - les allocataires sociaux à sortir de leur condition de
dépendance, à s'activer, se former, à prendre des initiatives en vue de créer ou trouver un emploi, ou
à défaut un boulot, ou à défaut un job. [
2
] »
Nous voyons ainsi poindre au-delà d'une nouvelle conception de l'état, une nouvelle conception de
son rapport à l'individu. Dans cette approche, l'apport social reste dans l'aide apportée aux individus
qui en ont besoin, l'apport libéral réside dans la représentation que l'individu doit assumer une part
de responsabilité si pas dans son état, au moins dans le maintien de celui-ci ou plutôt dans le
non-maintien de celui-ci. Pour faire bref, nous ne sommes plus aujourd'hui dans une situation où
l'état met en oeuvre des procédures collectives afin de palier des situations dont les individus ne sont
pas responsables en première ligne. Les analystes ne s'accordent-ils pas pour reconnaître que le
marché de l'emploi est tributaire de la compétitivité de notre pays par rapport à ses voisins directs ou
plus éloignés, comme l'Inde ou la Chine ? Dès lors, les allocations de chômage viennent palier la
perte de revenus des travailleurs qui sont les premières victimes des pertes d'emploi dans notre
pays.
La situation actuelle est celle où cette part de responsabilité, qui hier était assumée collectivement
par l'Etat, repose aujourd'hui sur les épaules des individus.
Soulignons que cette logique s'accompagne d'une sectorisation des droits et des devoirs qui
renforce le poids de la responsabilité individuelle. N'entendons-nous pas fréquemment chaque fois
qu'un droit est évoqué, comme le droit de vote des étrangers, le droit au chômage, le droit à un
logement par exemple, qu'il faut aussi rappeler ou instaurer le devoir pendant à savoir : le devoir de
Secrétariat fédéral
mardi 27 décembre 2005
Page 2/4
UCP, mouvement social des aînés ASBL - Secrétariat fédéral
s'intégrer, le devoir de retrouver du travail, le devoir de connaître la langue de la région ? Le respect
global des règles prescrites ne suffit plus. A chaque droit son devoir. Là où l'appartenance à la
société et au respect de ses règles de fonctionnement déterminée pour la coexistence des individus
donnait des garanties de couverture sociale, il s'agit aujourd'hui à chacun, pour ce dont il bénéfice
comme droit d'assumer le devoir correspondant, un prêté pour un rendu en somme. Nous sommes
dans un mode de fonctionnement où l'échange a remplacé le don.
Ce que ce glissement met aussi en lumière, c'est que les normes collectives à respecter hier, et qui
restent d'actualité aujourd'hui, lorsqu'elles ne sont pas suivies renvoient l'image d'un individu se
positionnant en retrait, en décalage, en opposition par rapport à un groupe. Si des traits de
personnalité et des choix personnels peuvent être évoqués afin de rendre compte de ce
comportement, des causes contextuelles sont également souvent mobilisées pour expliquer ces
attitudes. Aujourd'hui, la tension n'est pas dynamique. L'individu qui ne joue pas le jeu de respecter
le devoir auquel le droit dont il bénéficie l'oblige, le fait principalement pour des raisons qui lui sont
propres. Les hypothèses contextuelles ne sont plus que rarement évoquées. Et encore, quand elles
le sont, le plus souvent c'est pour stigmatiser le fait que l'individu en soit tributaire et ne parvienne
pas à s'en détacher.
Ainsi, le chômeur de longue durée n'est plus victime d'une crise économique sur laquelle il n'a en
définitive que peu de prise, mais fait plutôt preuve de mauvaise volonté dans sa démarche de
recherche d'emploi à laquelle il doit s'attacher.
Attention, il ne faut pas se méprendre, il n'est pas question de dire ici que le second cas de figure ne
se rencontre jamais. Mais le fait que celui-ci se rencontre ne rend pas caduque la première
explication. A n'en pas douter, celle-ci reste même l'immense majorité des cas.
Dans cette logique
globale, la responsabilité de l'Etat se trouve limitée à assumer un rôle de gestion, d'arbitrage. Les
outils à sa disposition sont alors principalement l'information et la sanction. Cette dernière est le plus
souvent l'exclusion du bénéfice d'un droit. L'information se partage alors entre la prescription des
attentes et la description des conséquences pour l'individu de ses actes.
Ainsi, l'information devrait suffire à mettre en oeuvre les actes attendus.
Pour prendre une analogie footbalistique, : auparavant, l'Etat fixait les règles, entraînait les joueurs,
fournissait l'équipement, arbitrait. Aujourd'hui, il se contente d'être juge de ligne. Pour certains, c'est
un progrès. Nous ne le pensons pas.
Ce à quoi nous serons attentifs en termes d'information
Il n'est plus ici question de l'appropriation de l'information mais de la conséquence directe de la
diffusion de l'information.
Qu'en sera-t-il en matière de pension ? Il est encore trop tôt pour le dire. Il n'est pas trop tôt pour
envisager la question afin d'être attentif à l'évolution que la question prendra.
Demain, par l'information, chacun sera en mesure de comprendre que plus il travaillera, plus sa
pension sera importante. Qui l'ignorait ? Il est vrai que si chacun en a l'intuition, les montants
présentés noir sur blanc permettent à chacun de comprendre que la pension légale n'est pas
importante et que les dernières années interviennent pour une part non négligeable dans le montant
Secrétariat fédéral
mardi 27 décembre 2005
Page 3/4
UCP, mouvement social des aînés ASBL - Secrétariat fédéral
final. Mais est-ce pour autant que chacun pourra se maintenir au travail ou en retrouver un ?
Par contre, et c'est en cela qu'il nous faudra être attentif, c'est que comme la fourmi avait prévenu la
cigale dans la fable, l'Etat pourra dire demain au pensionné déplorant la faiblesse de ses revenus :
ne vous avais-je pas prévenu ? Que n'avez-vous mis de côté ? Et faire ainsi un pont d'or aux
pensions privées des deuxième et troisième piliers.
Si aujourd'hui, certaines revalorisations des pensions les plus anciennes et les plus basses peuvent
être saluées, il ne faut pas perdre de vue qu'un important chantier reste ouvert, celui de
l'amélioration significative du montant des pensions légales belges. Nos pensions restent parmi les
plus faibles de l'Europe (parmi les 15 de l'Europe d'avant élargissement).
En la matière, un sursaut collectif s'impose. L'information que chacun aura demain dès ses 55 ans
peut en être le moteur, comme elle peut être le moteur du recours massif et définitif aux pensions
complémentaires et pousser dans la précarité et la pauvreté ceux qui ne peuvent y prétendre ou ne
peuvent y souscrire.
Passer des constats individuels à une réponse collective plutôt qu'individualiste fait partie de nos
missions. Nous nous engagerons donc dans cette voie.
[
1
] Le taux d'activité indique dans quelle mesure la population participe ou souhaite participer à la vie active. Il est obtenu en
faisant le rapport entre la population active totale et la population d'âge actif, c'est-à-dire de 15 à 64 ans.
[
2
] Abraham Franssen, La nouvelle fabrique du sujet. Thèse doctorale non publiée. Louvain-La-Neuve UCL 2002 pp 159 -
160.
Secrétariat fédéral
mardi 27 décembre 2005
Page 4/4
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents