Comment devient-on « réaliste »? Une étude sur la trajectoire mentale des agents de probation - article ; n°1 ; vol.14, pg 17-38
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Déviance et société - Année 1990 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 17-38
Tiré d'une recherche empirique qualitative, cet article traite de la trajectoire mentale ou de la transformation des visions du monde d'un groupe d'agents de probation. Initialement motivés par un idéal d'aide, au fil des années et des pratiques, cet idéal en vient à se faire imprégner d'un autre type de rôle, celui d'« officier de justice», cette métamorphose étant caractérisée par le fait que les agents se disent désormais «réalistes». Il est ainsi question de l'intégration de l'idéologie juridico-pénale. S'inspirant notamment de la théorie de la « construction sociale de la réalité » de Berger et Luckmann (1967, 1986), l'auteur tente tout d'abord de mettre en évidence le processus de transmission du « stock de connaissances » propre au monde de la probation, pour traiter ensuite de deux éléments qui favorisent l'emprise de l'idéologie pénale.
Drawn from a qualitative research projet, this article focuses on the transformation in the way of viewing things of a group of probation officiers. Through their experience over the years, their initial ideal of assistance becomes impregnated by another type of role, namely of «officer of the law». Characteristic of this metamorphosis is the fact that henceforth these officers consider themselves «realists». This raises the question of the integration of penal ideology. Largely inspired by Berger and Luckmann's (1967) «social construction of reality» theory, the author first focuses on the transmission of the particular «stock of knowledge» of the world of probation. He further develops two elements which favour the ascendancy of penal ideology.
Von einer empirischen qualitativen Studie ausgehend behandelt dieser Artikel die Veränderung der Sichtweise und Weltanschauung, welche eine Polizeibeamten auf Probe erfahrt. Ihr anfängliches Idealbild der Hilfestellung wird im Laufe ihrer über die Jahre erworbenen Erfahrung mehr und mehr durch eine andere Rollenvorstellung ersetzt, der des « Vertreters von Recht und Ordnung », eine Veränderung, die dadurch gekennzeichnet wird, dass sich die Beamten von nun an als « realistisch» bezeichnen. Es wird die Frage nach einer Integration der Ideologie von Strafe aufgeworfen. Inspiriert von der Bergerschen und der Luckmannschen Theorie der « sozialen Konstruktion der Wirklichkeit » versucht der Autor zunächst, den Vorgang der Übertragung des « Wissensvorrats», welcher der Probezeit eigen ist, zu ver- anschaulichen, un dann die zwei Elemente zu behandeln, welche den entscheidenden Einfluss der « Strafidéologie » begünstigen.
Het artikel steunt op een kwalitatief empirisch onderzoek en behandelt de mentale loopbaan of de verandering in de visie op hun wereld van een groep probatie-agenten. Zij zijn aanvankelijk gemotiveerd door een ideaal van hulp- verlening, maar in de loop der jaren en naarmate hun praktijk vordert, geraakt dat ideaal doordrongen van een andere rolopvatting, die van de «justitie-ambtenaar». Kenschetsend voor die gedaanteverwisseling in het feit dat de agenten zichzelf «realist» beginnen te noemen. Aldus kan men gewagen van de integratie van de juridisch-strafrechtelijke idéologie. De auteur vindt zijn inspi- ratie in de theorie van de «sociale constructie van de werkelijkheid» ontwikkeld door Berger en Luckman (1967, 1986) en hij tracht de processus van overdracht van de « stock van kennis » aan te tonen, welke eigen is aan de wereld van de pro- batie, om nadien twee elementen te behandelen die de greep van de strafrechtelijke ideologie in de hand werken.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Lalande
Comment devient-on « réaliste »? Une étude sur la trajectoire
mentale des agents de probation
In: Déviance et société. 1990 - Vol. 14 - N°1. pp. 17-38.
Citer ce document / Cite this document :
Lalande Pierre. Comment devient-on « réaliste »? Une étude sur la trajectoire mentale des agents de probation. In: Déviance et
société. 1990 - Vol. 14 - N°1. pp. 17-38.
doi : 10.3406/ds.1990.1168
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1990_num_14_1_1168Résumé
Tiré d'une recherche empirique qualitative, cet article traite de la trajectoire mentale ou de la
transformation des visions du monde d'un groupe d'agents de probation. Initialement motivés par un
idéal d'aide, au fil des années et des pratiques, cet idéal en vient à se faire imprégner d'un autre type de
rôle, celui d'« officier de justice», cette métamorphose étant caractérisée par le fait que les agents se
disent désormais «réalistes». Il est ainsi question de l'intégration de l'idéologie juridico-pénale.
S'inspirant notamment de la théorie de la « construction sociale de la réalité » de Berger et Luckmann
(1967, 1986), l'auteur tente tout d'abord de mettre en évidence le processus de transmission du « stock
de connaissances » propre au monde de la probation, pour traiter ensuite de deux éléments qui
favorisent l'emprise de l'idéologie pénale.
Abstract
Drawn from a qualitative research projet, this article focuses on the transformation in the way of viewing
things of a group of probation officiers. Through their experience over the years, their initial ideal of
assistance becomes impregnated by another type of role, namely of «officer of the law». Characteristic
of this metamorphosis is the fact that henceforth these officers consider themselves «realists». This
raises the question of the integration of penal ideology. Largely inspired by Berger and Luckmann's
(1967) «social construction of reality» theory, the author first focuses on the transmission of the
particular «stock of knowledge» of the world of probation. He further develops two elements which
favour the ascendancy of penal ideology.
Zusammenfassung
Von einer empirischen qualitativen Studie ausgehend behandelt dieser Artikel die Veränderung der
Sichtweise und Weltanschauung, welche eine Polizeibeamten auf Probe erfahrt. Ihr anfängliches
Idealbild der Hilfestellung wird im Laufe ihrer über die Jahre erworbenen Erfahrung mehr und mehr
durch eine andere Rollenvorstellung ersetzt, der des « Vertreters von Recht und Ordnung », eine
Veränderung, die dadurch gekennzeichnet wird, dass sich die Beamten von nun an als « realistisch»
bezeichnen. Es wird die Frage nach einer Integration der Ideologie von Strafe aufgeworfen. Inspiriert
von der Bergerschen und der Luckmannschen Theorie der « sozialen Konstruktion der Wirklichkeit »
versucht der Autor zunächst, den Vorgang der Übertragung des « Wissensvorrats», welcher der
Probezeit eigen ist, zu ver- anschaulichen, un dann die zwei Elemente zu behandeln, welche den
entscheidenden Einfluss der « Strafidéologie » begünstigen.
Het artikel steunt op een kwalitatief empirisch onderzoek en behandelt de mentale loopbaan of de
verandering in de visie op hun wereld van een groep probatie-agenten. Zij zijn aanvankelijk gemotiveerd
door een ideaal van hulp- verlening, maar in de loop der jaren en naarmate hun praktijk vordert, geraakt
dat ideaal doordrongen van een andere rolopvatting, die van de «justitie-ambtenaar». Kenschetsend
voor die gedaanteverwisseling in het feit dat de agenten zichzelf «realist» beginnen te noemen. Aldus
kan men gewagen van de integratie van de juridisch-strafrechtelijke idéologie. De auteur vindt zijn inspi-
ratie in de theorie van de «sociale constructie van de werkelijkheid» ontwikkeld door Berger en
Luckman (1967, 1986) en hij tracht de processus van overdracht van de « stock van kennis » aan te
tonen, welke eigen is aan de wereld van de pro- batie, om nadien twee elementen te behandelen die de
greep van de strafrechtelijke ideologie in de hand werken.Déviance et Société , 1990, Vol. 14, No 1, pp. 17-38
COMMENT DEVIENT-ON «REALISTE»?
Une étude sur la trajectoire mentale des agents
de probation*
P. LALANDE**
Je, A., R, jure (ou affirme solennellement) que je serai loyal et porterai vraie
allégeance à l'autorité constituée et que je remplirai les devoirs de ma charge
d '[agent de probation] avec honnêteté et justice... '
La présente étude sur les agents de probation se situe au carrefour d'une
série de traditions de recherches, dont les plus importantes sont sans aucun
doute la sociologie des représentations, la sociologie du travail (ou des profes
sions), la des organisations et la de la connaissance.
Robert et Faugeron (1978) et Faugeron (1978) avaient sans aucun doute ra
ison lorsqu'ils ont signalé, il y a déjà quelques années, que le champ des repré
sentations constituait une des voies les plus importantes pour le progrès des
connaissances en matière pénale. Ces recherches ont commencé alors, comme
il se devait, par l'identification de différentes représentations sociales concer
nant le crime, le criminel, la police, les tribunaux, etc., et par une analyse appro
fondie du rôle de ces représentations et des idéologies professionnelles dans le
fonctionnement effectif du système pénal. Cette démarche théorique et empiri
que a abouti à une mise en cause importante de différents aspects de l'idéologie
juridico-pénale et du discours savant en criminologie. Tout en prenant comme
point de départ les acquis de ces recherches, notre étude explore, cependant, une
nouvelle facette de cette question: celle de la trajectoire mentale des opérateurs
du système et ses conséquences pratiques. Nous nous proposons d'étudier ici
le processus d'intériorisation même des idéologies professionnelles — et plus
particulièrement de l'idéologie du contrôle — et de leurs effets potentiels sur
la pratique professionnelle entendue en tant que relation entre l'intervenant et
son «client».
Cet article a pour origine une thèse de 2e cycle soutenue par l'auteur au département de crimi
nologie de l'Université d'Ottawa en 1988. Nous tenons à remercier notre directeur de thèse, M.
Alvaro P. Pires, pour son importante contribution lors de la révision du présent article ainsi
que M. Pierre Landreville de l'Ecole de criminologie de l'Université de Montréal pour ses pré
cieux commentaires et suggestions.
Université d'Ottawa.
Serment ou affirmation d'allégeance et d'office. Québec (1965).
17 A la différence donc des recherches précédentes sur les représentations dans
le domaine pénal, nous ne sommes pas préoccupés ici ni par l'identification des
différentes représentations sociales des intervenants ni à proprement parler par
leur place dans le processus décisionnel des agents et, par conséquent, dans le
processus de constitution sélective de la clientèle du système. Nous voulions plu
tôt savoir comment les opérateurs du système «prennent connaissance» dans
leur pratique professionnelle quotidienne de l'idéologie pénale (en tant que
forme particulière d'une idéologie de contrôle), comment cette idéologie assi
milée par les intervenants se reproduit au cours de leur expérience professionn
elle et, finalement, comment l'ensemble de ce processus affecte leur attitude
de base face à leur clientèle potentielle.
On peut donc maintenant mieux visualiser comment notre objet d'étude est
relié aux trois autres traditions de recherche. De la sociologie du travail et des
professions, nous avons retenu la question qui est, en quelque sorte, constitutive
de notre objet d'étude: la question du «comment devient-on...» (ouvrier métall
urgiste, boulanger, artiste, avocat, etc.). Cette question, comme on le sait, a
aussi été posée dans le cadre de la criminologie par les recherches interactionnis-
tes. On s'interrogeait alors «comment devient-on criminel», «déviant», etc.
Cependant, les recherches menées sur cette question dans le champ de la crimi
nologie n'ont pas mis suffisamment d'accent sur la question des représentat
ions, mais plutôt sur les accidents de parcours et le processus de stigmatisation
qui amène finalement quelqu'un à assumer une «identité déviante» ou à adopt
er des comportements déviants. Ce sont les reche

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