Comment les parents se représentent-ils le développement précoce ? - article ; n°4 ; vol.99, pg 709-730
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Description

L'année psychologique - Année 1999 - Volume 99 - Numéro 4 - Pages 709-730
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marie-Germaine Pêcheux
Comment les parents se représentent-ils le développement
précoce ?
In: L'année psychologique. 1999 vol. 99, n°4. pp. 709-730.
Citer ce document / Cite this document :
Pêcheux Marie-Germaine. Comment les parents se représentent-ils le développement précoce ?. In: L'année psychologique.
1999 vol. 99, n°4. pp. 709-730.
doi : 10.3406/psy.1999.28505
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1999_num_99_4_28505L'Année psychologique, 1999, 99, 709-730
REVUES CRITIQUES
Laboratoire Cognition et Développement
URA CNRS 2143
Université Paris F1
COMMENT LES PARENTS SE REPRESENTENT-ILS
LE DÉVELOPPEMENT PRÉCOCE ?
Marie-Germaine PÊCHEUX
SUMMARY : Parental representations of early development.
Research on parental beliefs concerning early development flourished in
the 1980s, and is presently much less frequent. The present paper suggests some
reasons for this decrease. First, atheoretical tools were used (developmental
timetables), which produced scattered results and difficult to interpret
unequivocally most of the time. Second, concerning mechanisms of
development, clear-cut distinctions (nature vs nurture) are too global to be
heuristic. Research needs probably to focus on some restricted domains, and to
acknowledge contradictory mechanisms.
Key words : parental beliefs, early development, developmental timetables.
INTRODUCTION
Pendant une décennie, de nombreux travaux ont été publiés qui, sous
des angles extrêmement divers, considéraient les représentations que les
parents - ou, plus généralement, les adultes — ont du développement de
l'enfant. Il semble à présent que le flot, après des revues de questions exemp
laires (Goodnow, 1988 ; Miller, 1988), mais souvent très générales, se
retire comme il a monté. Est-ce à dire que tout a été explicité, ou bien que
des espoirs ont été déçus, et que les chercheurs ont préféré se détourner
d'un terrain verdoyant, qui s'est révélé être un dangereux marécage ? En
examinant la littérature sur les moyens utilisés pour atteindre les représen
tations du développement précoce, nous verrons que si, au premier degré,
1. 28, rue Serpente, 75006 Paris. E-mail:pecheux@psycho. univ-paris5.fr. Marie- Germaine Pêcheux 710
les résultats ont bien des raisons d'être difficilement interprétables, ils per
mettent pourtant de fonder de nouvelles approches, avec moins d'en
thousiasme mais, sans doute, plus de réalisme.
Pourquoi cette importance des représentations parentales ? Deux rai
sons peuvent être invoquées, qui reflètent les questions constamment
posées à la psychologie de l'enfant. D'une part, la capacité des parents à
détecter d'éventuelles déviances est à l'évidence cruciale pour la prévention
et la prise en charge des enfants, et elle implique la comparaison du déve
loppement observé à une norme ; de fait, la première étude concernant les
représentations parentales (Ely, Healey et Smidt, 1972) s'est d'emblée
située dans cette perspective — pour conclure que les attentes des parents
concernant le développement moteur correspondent grosso modo aux nor
mes. D'autre part, dans la suite logique des travaux analysant les interac
tions parents-enfants, et au-delà des comportements observés, les attentes
et les buts des partenaires de ces interactions méritent d'être considérés en
tant que tels (Hess, Kashiwagi, Azuma, Price et Dickson, 1980 ; Goodnow,
1988). Dès 1978, Parke (Parke, 1978) soulignait qu'en se focalisant sur les
comportements observables des parents on paraissait considérer qu'ils ne
faisaient que réagir aux comportements de leur enfant, sans prévisions ni
idées propres. Assurément, pas plus que le nouveau-né n'est une tabula
rasa, les parents ne sont des tabulae rasae, loin de là, et pour Super et Hark-
ness (1986) les idées parentales constituent l'une des composantes de la
niche écologique au sein de laquelle se déroule le développement.
Le fait que de nombreux termes aient été utilisés pour désigner le
domaine marque bien son ambiguïté. Selon les auteurs, on parle de croyanc
es (beliefs), de perceptions, de cognitions, de connaissances, de théories
naïves, de théories implicites, de modèles de développement, de représentat
ions, et cette liste n'est pas exhaustive (Goodnow, 1984 ; Vandenplas-
Holper, 1987). Goodnow (1988) défend, pour désigner la façon dont les
parents se représentent les capacités des enfants, interprètent leurs actions
et agissent en fonction de ces interprétations, le mot « idée », suffisamment
large et neutre, pour rejeter le mot « croyance », avec ses connotations de
dogme et d'adhésion délibérée. Palacios (1990) s'accorde à reprendre le
même terme pour regrouper « ce que les parents pensent à propos de leur
enfant, de son développement et de son éducation, des raisons de ses com
portements et des façons d'influencer ces comportements » (p. 138). Diffé
rentes caractéristiques du domaine ressortent bien dans ces deux défini
tions. Tout d'abord, il s'agit bien d'un domaine de la cognition, avec sa
logique et ses zones d'ombre. Ensuite, on se situe au croisement de la psy
chologie du développement, centrée sur l'enfant, et de la psychologie
sociale : il s'agit bien de représentations sociales (Moscovici, 1984), de
connaissances « de sens commun », élaborées et partagées socialement, et
ayant des conséquences sur l'organisation des groupes sociaux. De plus, on
considère aussi bien les du développement de l'enfant en
général que les idées de parents sur le de leur propre enfant.
Enfin, les descriptions de l'enfant et les pratiques éducatives dont il peut du développement précoce 711 Représentation
être l'objet sont étroitement mêlées : si innéistes soient-ils, les adultes
visent à influencer le des enfants.
Sur la base d'une telle définition, les représentations parentales peu
vent être étudiées pour elles-mêmes. Dans les études empiriques, l'accent
est mis sur la nature des idées parentales, ou sur leur qualité (Goodnow et
Collins, 1990). Dans la première perspective, on s'interrogera sur le contenu
des représentations : on peut ainsi décrire dans quelle(s) direction(s) se fait
le développement, en quoi consistent les acquisitions, quels buts sont visés
— ou devraient l'être — et quelles sont les conditions qui le permettent. Ici
les variations dans les représentations, et les facteurs qui les déterminent,
sont au centre de la problématique. Dans la seconde perspective, on consi
dérera la différenciation des idées, leur structuration, leur précision, leur
accessibilité et leur intensité. Dans les deux perspectives, pourtant, le
niveau des représentations étudiées peut être extrêmement variable : selon
que l'on considère une option très générale sur les interactions entre équipe
ment génétique et environnement, ou l'importance accordée à l'appren
tissage de la politesse, par exemple, on se situe à des niveaux très différents.
Cet aspect est à l'évidence crucial dès lors qu'au-delà d'analyses des
représentations en tant que telles on vise à mettre en rapport ces représen
tations avec d'autres caractéristiques des parents ou des enfants. Dans
toutes les synthèses concernant les représentations parentales, on retrouve
deux questions de ce type : quels liens entre représentations et conduites
parentales, quels liens entre parentales et développement
de l'enfant ? Plusieurs revues de questions (Goodnow, 1984 ; Miller, 1988 ;
Okagaki et Divecha, 1993) ont analysé dans le détail les données empi
riques concernant les liens entre idées et comportements parentaux, et
s'accordent à reconnaître que ces liens sont faibles et flous. Par exemple,
Stevens (1984) utilise l'échelle KEID (cf. tableau I) pour évaluer les repré
sentations parentales, et l'échelle HOME (Bradley et Caldwell, 1976) pour
rendre compte de leurs comportements éducatifs ; il trouve, à partir
d'analyses de régression multiple où le niveau économique et le niveau
d'éducation maternel sont également considérés, que 14 % de la variance

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