Comment réagir face à des difficultés agnes bricard
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Comment réagir face à des difficultés... Vous n'êtes pas seul ! Interview sonore : cliquez ici CV : Agnès Bricard est expert-comptable-commissaire aux comptes et conseil expert-financier évaluateur. Présidente d'honneur du Conseil régional de l'Ordre des experts-comptables de Paris Ile-de-France, elle a participé activement à la mise en place des Centres d'information sur la prévention (CIP). Elle est aujourd'hui Présidente-déléguée du CIP national. Interview : Selon vous, quelles sont les principales causes de disparition des entreprises ? La première cause est sans doute la méconnaissance des dispositifs existants en matière de prévention des difficultés. Les chefs d'entreprise ont à leur disposition des solutions, qu'ils connaissent très mal et qu'ils n'utilisent donc pas au moment opportun. C'est pour cette raison que les professionnels libéraux impliqués en matière de prévention (experts-comptables-commissaires aux comptes et avocats) se sont rapprochés des magistrats consulaires honoraires pour créer les Centres d'information sur la prévention (CIP), et ce dès 1999. A côté de ce manque d'information, on retrouve naturellement les accidents de parcours, comme par exemple la perte d'un client important. Aucune entreprise n'est malheureusement à l'abri de ce type de difficultés, qui peuvent cependant, pour certaines d'entre elles, être envisagées, en amont de la création de l'entreprise, au moment de l'analyse des contraintes. La troisième cause ...

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Langue Français

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Comment réagir face à des difficultés... Vous n'êtes pas seul !
Interview sonore :
cliquez ici
CV :
Agnès Bricard est expert-comptable-commissaire aux comptes et conseil expert-
financier évaluateur. Présidente d'honneur du Conseil régional de l'Ordre des experts-
comptables de Paris Ile-de-France, elle a participé activement à la mise en place des Centres
d'information sur la prévention (CIP). Elle est aujourd'hui Présidente-déléguée du CIP
national.
Interview :
Selon vous, quelles sont les principales causes de disparition des entreprises ?
La première cause est sans doute la
méconnaissance des dispositifs
existants en matière de
prévention des difficultés. Les chefs d'entreprise ont à leur disposition des solutions, qu'ils connaissent
très mal et qu'ils n'utilisent donc pas au moment opportun. C'est pour cette raison que les
professionnels libéraux impliqués en matière de prévention (experts-comptables-commissaires aux
comptes et avocats) se sont rapprochés des magistrats consulaires honoraires pour créer les Centres
d'information sur la prévention (CIP), et ce dès 1999.
A côté de ce manque d'information, on retrouve naturellement les
accidents de parcours
, comme
par exemple la perte d'un client important. Aucune entreprise n'est malheureusement à l'abri de ce
type de difficultés, qui peuvent cependant, pour certaines d'entre elles, être envisagées, en amont de
la création de l'entreprise, au moment de l'analyse des contraintes.
La troisième cause majeure est d'ordre
« structurel »
: une organisation trop centralisée, une prise de
décision tardive, une tendance à remettre au lendemain ce que l'on devait faire la veille, une
négligence dans le traitement des litiges, etc. Tout cela entraîne des dérives qui sont souvent lourdes
de conséquence. Mais sur ce point, il est naturellement possible d'anticiper !
Quels sont les principaux signes précurseurs de difficultés, qui doivent alerter le chef
d'entreprise ?
Les signaux annonciateurs de difficultés sont généralement envoyés par les tiers.
Tout d'abord le banquier. S'il vous appelle régulièrement avant d'accepter de payer les chèques qui se
présentent, s'il refuse d'en honorer certains, s'il menace de supprimer un découvert' il faut
naturellement vous inquiéter. Gardons à l'esprit que les relations entre les entreprises et leur banquier
doivent reposer sur la confiance. Il est inutile (voire dangereux) de faire croire à son banquier que la
situation va s'arranger, que tout ira mieux demain, s'il n'est pas possible de s'appuyer sur des
éléments objectifs. Attention à ne pas pêcher par excès d'optimisme !
Les relations avec les clients sont également révélatrices de difficultés. Si vous accumulez des retards
dans vos livraisons, si vous vous trouvez dans l'obligation d'annuler des commandes, si vous perdez
des clients importants, si le délai moyen de règlements des clients augmente' Là encore il est temps
de réagir avec sérieux et professionnalisme.
Les relations avec les salariés sont également à surveiller. Un retard répété dans le versement des
salaires, la démission de salariés « clés », un fort absentéisme, une absence de créativité' tout cela
est également révélateur de difficultés.
Et je ne parle pas des relations avec le Trésor public et les organismes sociaux' Les retards dans
l'envoi des déclarations, les paiements partiels, les absences de paiement sont autant de signaux à
prendre très au sérieux.
Alors concrètement, quelle attitude doit adopter un chef d'entreprise qui rencontre ce type de
difficultés. A qui peut-il s'adresser ?
Le premier réflexe est d'effectuer, seul ou avec l'aide de son conseil (expert-comptable ou avocat) un
diagnostic de sa situation. Il trouvera sur le site
www.entrepriseprevention.com
des outils
d'autodiagnostic adaptés à la taille de son entreprise, qui recensent tous les signaux annonciateurs de
difficultés. Cela lui permettra d'appréhender le niveau réel de ses difficultés et d'identifier les solutions
susceptibles de gérer sa situation personnelle de crise.
Il trouvera par ailleurs sur ce site un ensemble de fiches pratiques sur le sujet de la prévention,
organisées autour de trois thème : l'anticipation, la détection et le traitement des difficultés.
La seconde attitude à adopter est de ne surtout pas rester isolé. Il est important qu'il parle de ses
problèmes, de vive voix, avec des professionnels. Il peut pour cela s'adresser au CIP (Centre
d'information sur la prévention) le plus proche de chez lui et demander un entretien gratuit et
confidentiel.
Qu'est-ce qu'un CIP ? Quel est son rôle ?
Les CIP sont des structures qui visent à promouvoir et développer la prévention, à tous les stades de
la vie des entreprises, afin de réduire le nombre de dépôts de bilan. Ils apportent une aide concrète
aux entrepreneurs en mettant à leur disposition une plate-forme :
- d'information, via le site
www.entrepriseprevention.com
,
- d'écoute, en leur proposant des entretiens hebdomadaires, dans le cadre des « jeudis de la
prévention »,
- d'orientation vers les dispositifs existants et particulièrement vers les procédures amiables.
Concrètement, un entrepreneur peut demander un entretien gratuit et confidentiel avec trois
professionnels de la prévention qui sont à sa disposition : un magistrat consulaire honoraire, un
expert-comptable-commissaire aux comptes et un avocat. L'entretien prend la forme d'un dialogue
permettant de cerner la nature et l'origine des difficultés et d'orienter l'entrepreneur vers une solution
de prévention adaptée à sa situation.
Quelles sont ces solutions de prévention ?
La première solution consiste, en cas de difficultés conjoncturelles de trésorerie, à engager des
négociations individuelles
, avec les fournisseurs, les banquiers, les organismes sociaux, l'Etat, la
Banque de France'
On retrouve ensuite les
négociations collectives
, telles que le Comité départemental d'examen des
difficultés de financement des entreprises (Codefi), placé sous l'autorité du Préfet, ou la Commission
des chefs de services financiers (CCSF), présidée par le Trésorier payeur général du département,
pour l'obtenir de délais de règlement importants.
Viennent alors les
procédures amiables
, conduites sous l'égide du président du tribunal de
commerce : le mandat ad hoc et la conciliation.
Enfin, si malheureusement l'entreprise se trouve en état de cessation de paiements, le CIP orientera
l'entrepreneur vers le tribunal de commerce pour l'ouverture d'une
procédure collective
: règlement
judiciaire ou liquidation judiciaire selon les cas.
En dehors de ces procédures, le CIP peut être amené tout simplement à prescrire l'intervention d'un
conseiller, un expert-comptable par exemple s'il s'avère que les difficultés ont pour origine une
absence de tenue de comptabilité. Il pourra également préconiser un arrêt d'activité à l'amiable.
Quelle solution est la plus fréquemment proposée par les CIP ?
La procédure de
mandat ad hoc
est proposée dans 35 % des cas car elle est confidentielle, simple à
mettre en 'uvre et s'adapte à de nombreuses situations. En cas de difficultés de trésorerie par
exemple, le mandataire ad-hoc, assistera le chef d'entreprise dans les négociations avec les
créanciers pour l'obtention de délais de paiement supérieurs à 18 mois. Il pourra également l'aider à
renégocier ses concours bancaires et/ou emprunts. En effet, une banque hésite souvent à négocier
seule avec le chef d'entreprise, compte tenu du risque de se voir poursuivre ultérieurement pour
soutien abusif.
Si les difficultés sont liées à une crise ponctuelle, une dissension entre associés par exemple,
l'intervention du mandataire évitera que des décisions irrémédiables soient prises tant que le litige
n'est pas solutionné.
Cette procédure présente un certain nombre d'avantages : un caractère strictement confidentiel, un
taux de réussite de 70 %, une souplesse d'utilisation et une grande simplicité puisqu'il suffit de
déposer une requête au Président du tribunal de commerce, accompagnée d'un dossier comprenant
des documents financiers et prévisionnels.
Quel est l'aboutissement de ce type de procédure ?
Trois issues sont possibles. La mission du mandataire ad-hoc peut naturellement échouer si aucune
solution n'est apportée aux problèmes de l'entreprise. Mais, dans 70 % des cas, elle aboutit à un
accord. Il peut enfin arriver que le mandat se transforme en règlement amiable (conciliation), afin
notamment que l'accord conclu entre les parties soit homologué par le Président du tribunal de
commerce.
Vous avez évoqué le Codefi. Comment se situe-t-il dans le paysage de la prévention ?
Le Codefi (Comité départemental d'examen des difficultés de financement des entreprises) est une
instance locale interministérielle compétente pour accueillir et aider les entreprises de moins de 400
salariés en difficulté.
Jusqu'à présent, le réseau des Codefi avait surtout un rôle d'observatoire. Mais le gouvernement a
souhaité renforcer son action en novembre 2004, dans le cadre de la modernisation de l'Etat, en le
dotant de nouveaux moyens :
- un secrétariat permanent, situé à la trésorerie générale de chaque département,
- des modes d'intervention multiples : diagnostic de l'entreprise, médiation auprès de ses partenaires,
réorientation, aide pour la mise en place d'un plan de restructuration ou de refinancement'
- la possibilité de mener et de financer un audit, d'octroyer, sous certaines conditions, des prêts, de
faire bénéficier l'entreprise de régimes fiscaux particuliers'
Et la Commission des chefs des services financiers (CCSF), quel est son rôle ?
Les entreprises peuvent s'adresser à la CCSF pour solliciter des aménagements portant sur des dettes fiscales et
sociales, à l'exclusion des Assedic et des caisses de retraite des salariés. Cette démarche est souvent conseillée
par leur expert-comptable ou leur avocat ou encore par un mandataire ad-hoc pour l'obtention par exemple d'un
étalement sur une période supérieure à 18 mois.
Cette multiplicité de procédures et d'organismes n'est-elle pas source de confusion et de complexité pour
les entrepreneurs ?
Non, car leurs actions sont utiles et complémentaires.
Cette multiplicité renforce l'intérêt des CIP, qui constituent pour les entrepreneurs un premier point d'accueil, de
diagnostic et d'orientation vers la bonne procédure ou le bon organisme, en fonction de chaque situation.
Comment faire pour trouver les coordonnées du CIP compétent ?
Il en existe aujourd'hui dans toutes les régions. La liste des CIP est disponible sur le site
http://www.entrepriseprevention.com
dans la
rubrique « Trouver un CIP près de chez vous ». Elle est également
accessible à partir du site de l'APCE, dans la partie qui traite des
difficultés des entreprises
.
Un projet de loi sur la sauvegarde des entreprises en difficulté est actuellement en discussion
devant le parlement. Quelles sont les principales nouveautés de ce projet ?
Plusieurs mesures méritent tout particulièrement de retenir notre attention. La première concerne les
professions libérales, qui étaient jusqu'à présent exclues des procédures amiables et collectives.
L'adoption de ce texte permettra de les faire bénéficier de ces procédures sous l'égide non pas du
Président du tribunal de commerce, mais du Président du tribunal de grande instance.
Le projet de loi institue par ailleurs une nouvelle procédure dite « de sauvegarde », qui présente
notamment comme avantage d'inscrire une réelle culture d'anticipation puisque cette procédure peut
être engagée même en l'absence de cessation des paiements immédiate. Il suffit que des difficultés
suffisantes existent pour conduire à une cessation des paiements ultérieure. Un inconvénient
cependant : l'absence de confidentialité puisqu'une mention sur l'extrait kbis informera les tiers de la
mise en place de cette procédure. En contrepartie, elle donnera lieu à la suspension des cautions
personnes physiques durant toute sa durée. C'est un avantage considérable !
Précisons également que les Tribunaux de commerce auront dorénavant la possibilité de convoquer
les entreprises (article 611-2 du code de commerce) dès lors qu'elles omettront de déposer leurs
comptes annuels au Greffe, un mois après la tenue de leur assemblée générale, après une injonction
restée sans effet.
Pour conclure cet entretien, quels conseils donneriez-vous aux nouveaux entrepreneurs pour qu'ils
mettent toutes les chances de leur côté ?
Je leur conseillerais d'
anticiper
, et ce, dès la création de leur entreprise.
En matière de prévention, il faut savoir détecter au plus tôt les difficultés, en s'aidant notamment des
outils d'autodiagnostic établis par le CIP, et traiter ces difficultés au bon moment.
Mais il faut savoir également anticiper. Pour cela, il est impératif :
- qu'ils appréhendent les principaux pièges à éviter ; à ce titre, le site de l'APCE me paraît être le point
de référence incontournable pour les créateurs et repreneurs,
- qu'ils mettent en place des tableaux de bord mensuels qui leur permettront de prendre les décisions
qui s'imposent au bon moment et de corriger leurs points faibles,
- et surtout qu'ils maîtrisent leur seuil de rentabilité afin de ne pas perdre d'argent. Ils doivent donc
connaître en permanence le montant minimal de chiffre d'affaires qu'ils doivent réaliser - compte-tenu
de leur taux de marge - pour couvrir leurs frais fixes (frais généraux, salaires, charges sociales, impôts
et taxes, dotation aux amortissements et frais financiers).
Propos recueillis par Laurence Piganeau, en février 2005
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