Comportement, économique, structures agraires et développement - article ; n°2 ; vol.17, pg 288-306
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Comportement, économique, structures agraires et développement - article ; n°2 ; vol.17, pg 288-306

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Description

Revue économique - Année 1966 - Volume 17 - Numéro 2 - Pages 288-306
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 45
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Philippe Aydalot
Comportement, économique, structures agraires et
développement
In: Revue économique. Volume 17, n°2, 1966. pp. 288-306.
Citer ce document / Cite this document :
Aydalot Philippe. Comportement, économique, structures agraires et développement. In: Revue économique. Volume 17, n°2,
1966. pp. 288-306.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1966_num_17_2_407703COMPORTEMENT ECONOMIQUE
STRUCTURES AGRAIRES ET DEVELOPPEMENT
Les efforts de développement agricole dans les pays sous-déve-
loppés ne connaissent souvent qu'un succès limité, car ils se heurtent
à l'inertie de la population rurale, peu encline à adopter des tech
niques nouvelles proposées par des spécialistes étrangers à leur région
et à leurs problèmes. L'incompatibilité qui se manifeste ainsi entre les
aspects technique et sociologique du développement provoque l'ag
acement des techniciens et le désespoir des planificateurs qui recher
chent en vain, malgré de multiples expériences, la formule capable
de résoudre cette opposition.
Si l'intrusion de la technique moderne dans un milieu traditionnel
fait apparaître de telles difficultés, ceci est dû à une insuffisante prise
en considération des aspects psychologiques et sociaux du sous-déve
loppement. Fréquemment, en effet, les mesures prises sont de nature
purement technique et négligent leur incidence sociale. Parfois le pro
blème sociologique a été aperçu sans être résolu correctement : le
plus souvent, on n'essaie pas d'intégrer au schéma du développement
cet intermédiaire mystérieux qu'est le « milieu », mais on se borne à
ruser avec lui. On ne le considère pas comme un objet d'analyse,
mais comme un obstacle à contourner, un gêneur qu'il faut empêcher
de nuire !.
Pour résoudre le problème, il vaut mieux, nous semble-t-il, prendre
la difficulté de front. La théorie contemporaine du développement
nous incite d'ailleurs à le faire en intégrant de plus en plus à ses
analyses l'ensemble des structures sociales. Ainsi, F. Perroux qui parle
du développement comme « la combinaison de changements mentaux
1. L'action réformatrice des trois pays du Maghreb apparaît très empirique
dans ce domaine (voir Confluent, nov.-déc. 1964 ; Réforme agraire au Maghreb,
Paris, 1963; Tiers~Mondé, notamment avril-juin 1964). Que la formule de l'Office
public échoue et l'on développe les coopératives, que l'opération choc tourne court
et l'on passe à une action au niveau individuel. ECONOMIQUE ET AGRICULTURE 289 COMPORTEMENT
et sociaux », « la production de l'homme par l'homme » 2 ; ainsi cer
taines contributions récentes telles que Tradition values and socio-
economic development 3.
Dès lors le sous-développement n'apparaît plus comme phéno
mène essentiellement économique, comme comme fait social à inc
idence économique ; ce n'est pas seulement l'économie qui peut être
sous-développée, mais la société dans son ensemble.
Les tendances nouvelles de la recherche économique adoptent
cette idée (cf. les travaux récents sur les facteurs sociologiques, sur
les comportements, J. Austruy et A. Nicolai en particulier); l'optique
structuraliste qui se développe dans la plupart des sciences sociales
offre la méthode adaptée à l'intégration de variables telles que com
portements, mentalités, institutions (cf. les travaux d'A. Marchai et
de J. Lhomme).
Dans ces conditions, il nous semble possible d'avancer le raison
nement suivant qui se fonde sur l'étude des rapports unissant les
variables essentielles que sont structures sociales, comportements,
institutions et techniques.
Le développement, envisagé comme état, est le résultat de la
mise en iceuvre des techniques les plus évoluées, l'essence du déve
loppement résidant dans les raisons de l'application de ces techniques
modernes.
Les progrès techniques étant largement connus et, peut-on dire,
passés dans le domaine public, ce n'est pas à une barrière technolo
gique que se heurtent les pays sous-développés, et le problème est
autre 4. Il se pose en fait dans les termes suivants :
Si la mise en application de la technique la plus évoluée se heurte
à des obstacles, la raison doit tenir à l'état des éléments psychol
ogiques, sociaux et institutionnels : le sous-développement serait
donc l'état de la société tel que comportements et institutions 5 font
obstacle à la mise en œuvre de la technique moderne.
2. Cf. F. Perroux, L'économie du XXe siècle, Paris, P.U.F., pp. 155 sqq.
3. J.J. Spengler, W.E. Moore, B.F. Hoselitz et al., Tradition values and
socio-economic development, 1961.
4. Cf. }. de Castro (« Le développement, virtualités et obstacles », Tiers-
Monde, oct.-déc. 1964), qui écrit: «Lorsqu'on dresse un bilan des utilisations
possibles des acquisitions des diverses branches de la science, on arrive à la
conclusion qu'il serait possible de trouver des solutions techniques, ou même
que ces solutions ont déjà été trouvées pour résoudre tous les problèmes des
zones dites sous-développées. Il n'y a pratiquement pas d'obstacle technique ».
5. Les institutions peuvent être considérées comme le reflet, au plan de l'orga
nisation sanctionnée par le droit, des structures sociales ; une étude causale doit
donc remonter jusqu'à ces dernières.
Revue Economique - N° 2, 1966 19 REVUE ECONOMIQUE 290
Les sociétés sous-développées peuvent donc se caractériser par
l'existence d'un écart — et d'un écart durable — entre la technique
possible et souhaitable d'une part, les possibilités offertes par les
comportements et les formes permises par l'état des institutions d'autre
part.
Chacun de ces éléments a sa puissance imperative propre. Ainsi,
deux décalages peuvent apparaître :
— un écart entre la technique connue et la technique possible en
raison d'une insuffisance qualitative des comportements ;
— un écart entre la possible et la effective en
raison du blocage constitué par la non-adaptation des institu
tions 6.
La technique étant connue, c'est l'état des comportements et des
institutions qui réduisent les possibilités de sa mise en œuvre 7.
Ces remarques doivent permettre de poser dans de meilleures con
ditions le problème de l'insertion du progrès technique dans un milieu
rural sous-développé. C'est dans l'analyse des décalages que les
facteurs psycho-sociologiques ont été créés entre possibilités tech
niques et technique effective que l'on peut trouver la marque du
sous-développement.
Comme il n'est pas possible de prétendre donner dans les limites
de cette étude des précisions définitives sur ces questions, nous nous
livrerons à plusieurs simplifications : le cadre territorial sera réduit
à l'Afrique du Nord, le comportement à étudier sera celui du paysan
placé dans le cadre de l'agriculture traditionnelle, enfin parmi les
facteurs institutionnels nous nous bornerons à l'étude des structures
agraires qui, sans être des institutions à proprement parler 8, sont
comme elles l'expression de rapports sociaux.
Sans doute est-il préférable de réduire ses ambitions si l'on désire
donner une réponse concrète et valable.
Notre étude commencera par une rapide analyse des structures
agraires et des comportements ruraux en Afrique du Nord pour
6. Cf. P.-L. Reynaud {Economie généralisée et seuils de croissance, Paris,
Génin, 1962), qui se livre à une distinction voisine quand il distingue l'énergie
mentale potentielle, mobilisable, mobilisée.
7. Les comportements peuvent être le reflet des institutions ; il peut aussi
arriver que les institutions soient en avance sur les comportements (cas des régimes
progressifs), la situation inverse étant également possible.
8. Le fait est discuté, on a utilisé l'expression d' « institutions-choses » pour
les caractériser (Hauriou). Voir un exposé de la discussion à ce propos dans
A. Marchal, Systèmes et structures économiques, p. 144. ECONOMIQUE ET AGRICULTURE 291 COMPORTEMENT
déboucher sur une mise en schéma de nature plus thé

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