Considérations anthropologiques sur la Corse actuelle, ancienne et préhistorique - article ; n°1 ; vol.3, pg 333-363
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1902 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 333-363
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1902
Nombre de lectures 56
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Dr Adolphe Bloch
Considérations anthropologiques sur la Corse actuelle,
ancienne et préhistorique
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, V° Série, tome 3, 1902. pp. 333-363.
Citer ce document / Cite this document :
Bloch Adolphe. Considérations anthropologiques sur la Corse actuelle, ancienne et préhistorique. In: Bulletins de la Société
d'anthropologie de Paris, V° Série, tome 3, 1902. pp. 333-363.
doi : 10.3406/bmsap.1902.6050
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1902_num_3_1_6050>■
NICOLE. ANTHROPOLOGIE RELIGIEUSE 333 PAUL
prétendu que ses premiers adorateurs avaient été frappés et subjugués
par la beauté, la chaleur féconde, la clarté bienfaisante de cet astre lumi
neux qui leur apparaissait comme l'auteur de leur vie, et de la vie. On
imagina encore que les dits adorateurs avaient eu comme un pressent
iment de cette vérité moderne, exprimée en ces termes par Tyndali :
que nous sommes non plus dans un sens poétique, mais dans un sens
purement mécanique, les enfants du Soleil.
Malgré l'attrait poétique de telles considérations, nous déclarons qu'il
ne nous est pas possible de nous y associer.
Lorsque nous voyons des sauvages modernes envisager le Ciel et le
Tonnerre comme de gros oiseaux et le Soleil comme un taureau, comme
un grand requin qui plonge dans la mer, l'ancêtre (sous quelle
forme?) de diverses familles humaines, nous estimons avoir le droit de
croire que les premiers hommes qui commencèrent par penser et par
vivre en animaux, ne purent apprécier et honorer le Soleil que d'une
façon aussi stupide qu'absurde et fantastique, ce que confirment encore
les grossiers racontars, signalés il y a un instant, et attribués à des civi
lisés de notre temps. Quanta essayer de dire ce que furent les conceptions
et les formes qui hantèrent ce passé inconnu, on conçoit bien que nous
n'y pouvons songer. Toutefois nous croyons pouvoir avancer, sans
compromettre, qu'il a fallu des siècles et des siècles aux dieux solaires
primitifs pour atteindre à la suprême majesté du Deus Sol.
CONSIDÉRATIONS ANTHROPOLOGIQUES
SUR LA CORSE ACTUELLE, ANCIENNE ET PRÉHISTORIQUE.
Par le Dr Adolphe Bloch.
Corse actuelle.
Pendant notre séjour en Corse, lors du Congrès de l'Association pour
l'avancement des sciences, qui s'est tenu à Ajaccio au mois de septembre
dernier, nous eûmes l'occasion de voir réunis un grand nombre d'enfants
de tout âge, au sujet desquels nous avons pu faire certaines remarques
anthropologiques.
Voici dans quelles conditions : II existe à Ajaccio certains quartiers peu
passagers où les enfants se tiennent presque tous dans la rue pour s'amus
er ensemble, et comme c'était à l'époque des vacances scolaires, ils y
restaient une grande partie de la journée.
Il m'a donc été possible de les observer tout a l'aise et à plusieurs
reprises différentes. Or, je remarquai, non sans surprise, qu'un grand
nombre d'entre eux avaient les cheveux tout blonds et des yeux de cou
leur claire, bleuâtre ou grisâtre. De plus, leur teint était d'un blanc rosé, '
334 17 avril 1902
comme les enfants du nord de l'Europe, bien qu'ils ne se garantissaient
pas la tête contre les ardeurs du soleil.
Les mères de ces enfants, qui étaient assises devant leur porte, avaient
généralement les cheveux châtains,, plus ou moins foncés, mais on en
voyait dont la chevelure était restée blonde, et parmi les jeunes filles aux
yeux bleus, quelques-unes avaient les cheveux d'un blond très clair.
Les hommes que nous avons pu voir non seulement £ Ajaccio, mais
encore au centre de la Corse et au nord-est, à Bastia, avaient pour la plu
part les cheveux châtain foncé, avec des yeux bruns. Cependant les
cheveux châtain clair, avec des yeux plus au moins clairs, sont assez
fréquents chez eux, tandis que les cheveux très noirs y sont relativ
ement assez rares.
Mais pour démontrer, d'une façon précise, la variabilité de la couleur
des cheveux, nous ne pouvons mieux faire que de rappeler, à ce propos,
les chiffres provenant des observations faites par le Dr Jaubert sur 500
jeunes Corses qu'il eut l'occasion d'examiner, pour le recrutement mili
taire, parmi les conscrits de 4873 à 1889.
Il décrit trois types : brun, châtain clair et blond. Le premier existe
dans la proportion de 34 0/0, le second est de 56,8 0/0 et le troisième de
9..2 0/01.
On voit donc que le type châtain clair est beaucoup plus répandu que
le type brun qui devait cependant dominer, en raison de la situation
géographique de l'île; d'ailleurs le type blond se remarque même dans la
partie méridionale du pays, à Bonifacio 2.
De son côté, M. Mahoudeau, en décrivant 8 hommes et 3 femmes
corses, trouva parmi eux des cheveux châtain roux et des yeux jaune
verdàtre. (Revue de l'École d'Anthr., 1893.)
Pourquoi donc y a-t-il tant d'enfants blonds et une si forte proport
ion de jeunes gens châtain clair, sans compter les tout blonds?
Remarquons d'abord qu'en fait d'étrangers il n'y a guère que des Ita
liens en Corse; par conséquent ce ne sont pas eux qui peuvent y importer
il' en avait 23 au recensement de 1891 ! l'élément blond, et comme Anglais y
Rappelons ensuite que la chevelure devient généralement plus foncée
avec l'âge, et comme les chiffres précédents s'appliquent à des jeunes gens
de 20 à 21 ans, qui, ultérieurement, auront les cheveux de moins en moins
clairs, il en résultera que la proportion des foncés sera beaucoup
plus élevée chez les adultes.
D'après Pfitzner un quart seulement des sujets (au moins en Allemagne)
conserve la même couleur de cheveux que dans les deux premières
années, tandis que chez tous les autres elle se modifie jusqu'à l'âge de
40 ans, qui est le moment où elle cesse de changer3.
1 Jaubert. — Elude mëd. et anth. sur la Corse, — Bastia, 1896, p. 88. — Mémoire
honoré d'une médaille d'argent par l'Académie de Médecine (1892), et couronné par
la Société d'Anthropologie de Paris (Prix Godard, 1893).
2 jaubert. — Loc. cit., p. 88.
3 Pfitzner. — Social anth. Siudien. Zeitsch. f. Morph. u, Anth., 1899. .
Dr A. BLOCH. — CONSIDÉRATIONS ANTHROPOLOGIQUES SUR LA CORSE 335
Sur la carte de la couleur des chevt ux en France, établie par M. Topinard ',
la Corse est représentée comme ayant 65,3 p. 100 de cheveux foncés; c'est
le département qui occupe le premier rang sous ce rapport, mais il. est
probable qu'on a rangé, parmi les bruns, un nombre plus ou moins grand
de Corses châtain foncé qui étaient blonds dans leur enfance.
Pour les cheveux clairs 6,7 0/0, et pour les cheveux blonds 6,1 0/0, la
Corse dépasse le département du Var qui n'en a que 5,9 et 5,7 0/0.
Si l'on tient compte de la couleur des yeux, l'on remarque que la Corse
n'est pas le département où il y a le plus de yeux foncés, car elle n'en a
que 35,9 0/0, tandis que le Lot-et-Garonne en a 36,9, les Hautes-Pyrénées
38,5, l'Ariêge 38,9, les Basses-Pyrénées 41,1, le Gers 41,6 les Bouches-du-
Rhône 56,7 et les Alpes-Maritimes 59,9 (ces deux derniers départements
contiennent, il est vrai, beaucoup d'Italiens).
L'on ne rencontre pas souvent, en Corse, de ces cheveux absolument
noirs comme des plumes de corbeau^ tels qu'on les voit en Espagne, et
il serait nécessaire, ainsi que le propope M. A. Bertillon, de bien faire la
distinction anthropologique entre le cheveu noir pur (ou noir plume de
corbeau) et le châtain noir qui correspond, dans notre pays, à la général
ité des cheveux vulgairement qualifiés de noirs tout courts ou de bruns2.
Certains auteurs se basant sur ce fait que les Vandales conquirent la
Corse au v° siècle, pensent que ce sont précisément les Vandales qui ont
laissé, chez les habitants^ des traces de leur passage dans le pays.
Ainsi le Dr' Mattéi, dans une communication à la Société, en 1876, sou
tenait que les Corses blonds ou châtain clair représentaient un reste des
races du nord, qui, à diverses reprises, et surtout à la décadence de
l'empire romain, envahirent l'Italie septentrionale. Aussi l'appelait-il
variété saxonne.
Il décrivait encore d'autres variétés qu'il attribuait soit à la race pélasge,
soit à la race celtique, soit enfin

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