Contribution à l étude des conflits perceptifs. Relation des appréciations de distance et de dimension - article ; n°1 ; vol.40, pg 15-51
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Contribution à l'étude des conflits perceptifs. Relation des appréciations de distance et de dimension - article ; n°1 ; vol.40, pg 15-51

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Description

L'année psychologique - Année 1939 - Volume 40 - Numéro 1 - Pages 15-51
37 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1939
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

G. Bernyer
G. Durup
Henri Piéron
II. Contribution à l'étude des conflits perceptifs. Relation des
appréciations de distance et de dimension
In: L'année psychologique. 1939 vol. 40. pp. 15-51.
Citer ce document / Cite this document :
Bernyer G., Durup G., Piéron Henri. II. Contribution à l'étude des conflits perceptifs. Relation des appréciations de distance et
de dimension. In: L'année psychologique. 1939 vol. 40. pp. 15-51.
doi : 10.3406/psy.1939.5748
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1939_num_40_1_5748II
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CONFLITS PERCEPTIFS
RELATION DES APPRÉCIATIONS DE DISTANCE ET DE DIMENSION
Par G. Bernyer, G. Durup et H. Piéron
I. - — Introduction
Quand on regarde en vision binoculaire un objet moyen
nement éloigné, la distance de l'objet est appréciée par le
taux de convergence nécessaire pour amener l'image du point
fixé de l'objet sur les centres correspondants des deux fovéas
rétiniennes ; et la dimension appréciée de l'objet, pour une
grandeur donnée de l'image, est celle qui correspond à cette
distance pour l'angle couvrant cette grandeur rétinienne,
Soit un cercle dont on fixe le centre et qui est regardé à
des distances successives de 2 et de 4 mètres ; le diamètre
apprécié du cercle est constant, car il est effectivement vu
sous un angle moitié moindre quand la distance jest double.
La distance du plan de convergence — commandant la dis
tance appréciée — détermine donc la grandeur apparente
d'un objet vu sous un certain angle conditionnant une cer
taine grandeur de l'image rétinienne. Nous pouvons ainsi
comparer, avec exactitude, des grandeurs d'objets inégal
ement éloignés, et juger égales, correctement, des dimensions
qui ont pourtant sur la rétine des projections inégales.
La loi de Giraud-Teulon implique, d'une part que l'on
perçoive l'objet comme étant situé au niveau du plan de
convergence binoculaire lorsqu'on fixe cet objet du regard,
et d'autre part que l'on apprécie sa dimension d'après cette
distance du plan de convergence, qui, dans les conditions
normales, est aussi la distance à laquelle on perçoit l'objet,
et se confond avec la réelle.
Mais il est possible de créer artificiellement certaines
dissociations qui sont intéressantes pour l'analyse du jeu
des mécanismes perceptifs. 16 MÉMOIRES ORIGINAUX
Un procédé pour réaliser de telles dissociations est fourni
par l'emploi des ombres colorées en vision anaglyphique,
procédé susceptible de donner des impressions frappantes,
et dont l'utilisation spectaculaire, en 1924, avait attiré
l'attention des psychophysiologistes1 : un objet placé entre
un écran et deux sources de lumière voisines, porte sur l'écran
deux ombres, en partie superposées. Si les deux sources four
nissent l'une exclusivement de la lumière verte et l'autre
de la rouge, et si l'on examine l'écran avec une lunette portant
des filtres, rouge pour un œil, vert pour l'autre, l'œil muni du
verre rouge ne verra de l'écran que ce qui est éclairé par le
projecteur rouge et ne percevra qu'une des deux ombres,
l'œil portant l'autre filtre, au contraire, ne verra pas cette
ombre et ne percevra que l'autre. Deux images de même forme
se formeront donc dans les yeux, avec un décalage dû à
l'écart des ombres (fonction de l'écart des sources, de leur
distance à l'écran, et de la position relative de l'objet), lor
squ'on regardera l'écran ; la diplopie résultante suscitera
alors un réflexe d'unification par modification de convergence
jusqu'à ce que le point des ombres fixé par le regard projette
son image sur le centre fovéal dans chaque œil.
1. Cf. Béclère. La vision stéréoscopique maîtresse d'illusion. Bulletin
de l'Académie de Médecine, XCI, 1924, p. 564-569.
Fig. 1. — Schéma du dispositif anaglyphique classique avec crois
ement des ombres : image-fantôme située en avant de l'écran. Les ombres
portées sur l'écran sont A1; B1 et A2, B2 ; elles chevauchent l'une sur l'autre
et, lorsqu'un observateur regarde directement l'écran (sans lunettes), il
voit une ombre noire (portion A2, Bt commune aux deux ombres) bordée
de rouge à gauche et de vert à droite. Soit : s = S1 S2, écart entre les deux
sources ; e = Ot O2, écart interoculaire ; D = distance des sources à
l'écran ; H = distance du sujet à l'écran ; / = AB = largeur de l'objet ;
d = distance de l'objet à l'écran. On a : dimension des ombres sur
/D
l'écran = Ax Bx = A2 B2 = — , écart des deux ombres portées sur
sd
l'écran = Aj At — Bx Ba = y = ; distance de l'image-fantôme à
yH sdH l'écran = x .= = — ■ ■ — ; largeur de l'image-fantome =
e + yeD — (e — s) d
, /e D = A B' = l = — — ; angle de convergence lorsque l'image-
cD — (e — s)d cD_(c_s)d
fantôme est fusionnée correctement par le sujet = ß = - = ^ ' x H(D — d)
. l KlB1 /D -diamètre angulaire de l'image-fantôme. = a — — = = — • DURUP ET PIÉRON. CONFLITS PERCEPTIFS 17 BERNYER,
Les ombres
sont alors per
çues comme un
objet réel situé
à la distance du
plan de conver
gence, et plus
ou moins élo
igné de l'écran.
En faisant
voir par l'œil
droit l'ombre
située le plus
à gauche sur
l'écran, et par
l'œil gauche
l'ombre déca
lée vers la droi
te, on provoque
une conver
gence plus
grande que
celle qui cor
respond au r
egard posé sur
l'écran ; ainsi
l'objet est vu
en avant de
l'écran, d'au
tant plus pro
che que l'on
doit converger
davant age,
c'est-à-dire que
l'écart des om
bres est plus
marqué (fig. 1).
V. Si l'objet se
déplace entre
l'écran et les
sources, les om
bres, confon- Fig. 1
L* ANNÉE PSYCHOtOOIQOB. XL .
18 MÉMOIRES ORIGINAUX
dues quand il est encore au contact de l'écran, s'écartent au
fur et à mesure que, s'éloignant de il se rapproche
des sources et, corrélativement, l'observateur perçoit un objet
qui se décolle de l'écran en se rapprochant de plus en plus
de lui-même.
Mais, lorsqu'un objet d'une certaine dimension projette
ainsi son ombre sur un écran, l'ombre, qui est égale à lui
lorsqu'il est au contact de l'écran, grandit au fur et à mesure
qu'il s'approche des sources. Cet agrandissement peut s'a
ccorder avec celui qui résulterait de l'approche d'un objet
réel d'après la variation de convergence (commandée par le
rapport de l'écart des yeux à l'écart des sources pour un
déplacement donné de l'objet) ; il peut être un peu trop grand,
si l'écart des sources est petit ; il sera trop faible si l'écart
est grand. Dans ce dernier cas on éprouve en général l'impres
sion que l'objet se rapetisse en s' approchant, phénomène
paradoxal illustrant la loi de Giraud-Teulon. Mais, surtout
si les écarts ne sont pas trop considérables, la variation peut
n'être pas remarquée. Dans l'ensemble, il y a bien accord
avec les processus de la vision normale : la grandeur de
l'image rétinienne s'accroît bien quand T objet-fantôme, cor
respondant à l'ombre vue en relief, est perçu plus proche.
Mais il n'en va plus de même quand chaque œil perçoit
exclusivement l'ombre décalée de son côté (fig. 2). Dans ce
cas, au fur et à mesure que l'objet s'éloigne de l'écran en se
dirigeant vers les sources, les yeux, qui fixaient où
les ombyes confondues leur donnaient des images exactement
superposées, vont avoir à diminuer leur convergence pour
suivre du regard, chacun son ombre, quand ces ombres vont
s'écarter. Et l'objet-fantôme doit être perçu s'éloignant, en
arrière de l'écran cette fois. Or, corrélativement, les ombres
Fig. 2. — Schéma du dispositif anaglyphique avec inversion des
écrans oculaires : image-fantôme située en arrière de l'écran. Avec les
mêmes notations que dans la figure 1, on a : distance de l'ima

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