Cours - Encyclopédie
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COURS SUR L’ENCYCLOPEDIE I. La bataille encyclopédique (1751 – 1766) Il manquait à la France un dictionnaire moderne ; en 1745, le libraire Le Breton eut l’idée de publier une traduction de la Cyclopædia, de l’Anglais Chambers, dictionnaire doté de planches et d’articles sur les arts mécaniques : il confia l’entreprise à Diderot en 1746. Plein d'enthousiasme, Diderot élargit le projet : au lieu d’être une simple traduction, l’Encyclopédie fera le point des connaissances contemporaines ; ce sera une oeuvre de progrès, dissipant les préjugés et accordant une large place aux arts mécaniques. Il s’assure, pour la partie scientifique, la collaboration de d’Alembert, et recrute une équipe de spécialistes parmi les plus compétents. Lui-même se charge des besognes les plus diverses : il écrit des articles, visite des ateliers pour établir la partie technique, classe les manuscrits, les soumet aux censeurs, corrige les épreuves. En 1750, il erlance le Prospectus qui expose l’objet du Dictionnaire. Enfin, le 1 juillet 1751 paraît le Premier Volume, précédé du Discours Préliminaire de d’Alembert. Applaudie par les philosophes, l’entreprise est aussitôt attaquée par les Jésuites ; ils la font condamner au feu en janvier 1752. Aux protestations des Jésuites se joignent celles des Jansénistes, et l’affaire dégénère en offensive contre l’Encyclopédie. Le Conseil d’Etat interdit la vente et la détention des deux premiers tomes en février 1752. Trois ...

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Langue Français

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COURS SUR L’ENCYCLOPEDIE
I.
La bataille encyclopédique (1751 – 1766)
Il manquait à la France un dictionnaire moderne ; en 1745, le libraire Le Breton eut l’idée de
publier une traduction de la
Cyclopaedia
, de l’Anglais Chambers, dictionnaire doté de planches et
d’articles sur les arts mécaniques : il confia l’entreprise à Diderot en 1746.
Plein d'enthousiasme, Diderot élargit le projet : au lieu d’être une simple traduction, l’
Encyclopédie
fera le point des connaissances contemporaines ; ce sera une oeuvre de progrès, dissipant les
préjugés et accordant une large place aux arts mécaniques. Il s’assure, pour la partie scientifique, la
collaboration de d’Alembert, et recrute une équipe de spécialistes parmi les plus compétents. Lui-
même se charge des besognes les plus diverses : il écrit des articles, visite des ateliers pour établir la
partie technique, classe les manuscrits, les soumet aux censeurs, corrige les épreuves. En 1750, il
lance le
Prospectus
qui expose l’objet du
Dictionnaire
. Enfin, le 1
er
juillet 1751 paraît le
Premier
Volume
, précédé du
Discours Préliminaire
de d’Alembert.
Applaudie par les philosophes, l’entreprise est aussitôt attaquée par les Jésuites ; ils la font
condamner au feu en janvier 1752. Aux protestations des Jésuites se joignent celles des Jansénistes,
et l’affaire dégénère en offensive contre l’
Encyclopédie
. Le Conseil d’Etat interdit la vente et la
détention des deux premiers tomes en février 1752.
Trois mois plus tard la situation s’est améliorée, grâce à la protection de Mme de Pompadour,
ennemie des Jésuites, et surtout à la politique libérale de Malesherbes, directeur de la librairie. Dès la
première alerte il avait accueilli chez lui, pour les mettre en sûreté, les manuscrits et les feuilles
imprimées du Troisième volume. Voulant assurer la publication de la suite, il s’efforce d’éliminer les
articles trop retentissants : il protège l’
Encyclopédie
contre les attaques de Fréron, agent de la reine et
du parti dévot. Grâce à sa protection éclairée, on voit paraître les Tomes III à VII, de 1753 à 1757, un
volume chaque année. Les Encyclopédistes, dont le nombre va croissant, forment une véritable armée
de philosophes.
Mais les dévots ne désarment pas : ils dénoncent les livres subversifs et obtiennent une
surveillance plus étroite de la librairie.
En 1758, d’Alembert, écoeuré par ces polémiques et s’estimant mal rétribué, décide d’abandonner
l’
Encyclopédie
. Heureusement pour Diderot, l’inlassable chevalier de Jaucourt, prêt à tous les
dévouements, va le seconder jusqu’au bout.
Mais la même année, une nouvelle tempête éclate : le parti dévot obtient enfin un arrêt du
Conseil d’Etat le 8 mars 1759, révoquant le privilège du Dictionnaire, interdisant la vente des volumes
parus et condamnant les libraires à rembourser les souscripteurs.
Malesherbes sauve une nouvelle fois l’entreprise en admettant le remboursement des
souscripteurs sous la forme de volumes de planches. Diderot apporte tous ses soins à ce travail
autorisé, et poursuit clandestinement l’impression des dix volumes de texte qui restent à publier
L’arrêt du Parlement de 1762 expulsant les Jésuites, ses principaux adversaires, facilite la tâche de
Diderot. Il aura encore un moment de découragement, en 1764, quand il découvrira que Le Breton,
craignant la Bastille, a supprimé certaines hardiesses des volumes déjà imprimés mais non encore
publiés ; mais malgré tout, la grande oeuvre sera menée à son terme. A la fin de 1765 les Tomes VIII
à XVII sont terminés : on les distribue clandestinement aux souscripteurs au début de 1766. Quant
aux onze volumes de planches, ils parurent sans encombre entre 1762 et 1772.
II.
Les principaux artisans
Diderot fut l’animateur et le principal rédacteur de l’
Encyclopédie
. Avec plus de mille articles écrits
ou retouchés, sur la philosophie, la morale, la religion, la politique, l’économie et les arts appliqués, il
apparaît comme universel. D’Alembert (1717-1783), auteur du
Discours Préliminaire
, a surtout traité
des questions mathématiques et contrôlé toute la partie scientifique. Quant au chevalier de Jaucourt
(1704-1779), s’il s’intéressait particulièrement à la médecine, il a touché comme Diderot à tous les
sujets : physique, littérature, histoire, droit, politique, etc. Sous leur direction, l’
Encyclopédie
est
l’oeuvre d’une multitude d’ouvriers plus obscurs, de spécialistes judicieusement choisis : Duclos
(morale), Marmontel (littérature), Le Blond (fortification et tactique), Le Roy (astronomie), Blondel
(architecture), Belin (marine), Toussaint (jurisprudence), abbé Yvon (métaphysique et morale), abbé
Mallet (théologie, histoire et littérature), La Condamine (mathématiques).
III.
L’esprit de l’Encyclopédie
A travers cette extrême diversité, un esprit commun ordonne tous les efforts. Il s’agit d’abattre les
préjugés et de faire triompher la raison : entreprise audacieuse qui explique la tactique prudente des
renvois d’un article à l’autre. Les Encyclopédistes prétendent mettre à la portée d’un large public, par
un puissant effort de vulgarisation, toutes les branches de la connaissance. Leur esprit est réaliste et
pratique : ils observent la nature humaine comme une donnée, avec le désir d’en tirer le meilleur
parti. A l’idée religieuse de l’humanité déchue, ils opposent la volonté optimiste d’assurer le bonheur
humain par le progrès de la civilisation. Par cette foi, l’
Encyclopédie
est l'ouvrage le plus représentatif
du XVIII
e
siècle.
IV.
La partie technique
Diderot accorde aux arts mécaniques une place considérable et traite ces questions nouvelles avec
un soin particulier.
Une documentation précise : “
Tout nous déterminait à recourir aux ouvriers. On s’est adressé aux
plus habiles de Paris et du royaume ; on s’est donné la peine d’aller dans leurs ateliers, de les
interroger, d’écrire sous leur dictée, de développer leurs pensées, d’en tirer les termes propres à leurs
professions, d’en dresser des tables, de les définir
” (
Prospectus
). On est allé jusqu’à “
se procurer les
machines, les construire, mettre la main à l’oeuvre
” afin “
d’en parler avec précision
”.
La richesse des articles : beaucoup d’articles constituent de petits traités. A la rubrique MOULIN
(25 pages), on nous décrit tous les moulins, toutes les pièces qui les composent : moulins à vent, à
eau, à bras ; moulins à exprimer l’huile, à scier le bois, à tirer l’or ; moulins à pierres précieuses, à
moutarde, à poudre à canon. A l’article SOIE (38 pages) sont décrites les opérations du moulinage, du
tissage, de l’ourdissage des chaînes ; on y étudie des vers à soie et les règlements sur les
manufactures, etc.
Les planches : “
Un coup d’oeil sur l’objet ou sur sa représentation en dit plus qu’une page de
discours
” (
Prospectus
). Accompagnées de notices explicatives, ces planches sont une véritable
initiation aux arts mécaniques. Certaines sont de petits tableaux de genre, montrant les travailleurs
dans les ateliers ou les champs. D’autres, plus techniques, représentent les machines, vues dans leur
ensemble puis décomposées, les outils, les étapes de la fabrication des objets.
L’intérêt social : Diderot et d’Alembert ont voulu réhabiliter les travailleurs et les techniciens.
L’attention était attirée sur la dignité de l’artisan consciencieux et sur son utilité sociale, sans laquelle
nul ne mérite une place dans la société : considérations démocratiques, sinon révolutionnaires.
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