Cours Ethique version finale
131 pages
Français

Cours Ethique version finale

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
131 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Introduction à la philosophie morale Olivier Massin, Université de Genève NB: ceci est une version provisoire et non-corrigée, tout commentaire bienvenu: olivier.massin@lettres.unige.ch 1 Plan général (plan détaillé à la fin du cours) PREMIERE PARTIE : META-ETHIQUE 1. Deux catégories fondamentales : normes et valeurs 1.1. L’axiologie : l’étude des valeurs 1.2. La déontologie : l’étude des normes 1.3. La distinction entre les valeurs et les normes 2. Métaphysique : existe-t-il des valeurs objectives ? 2.1. Les approches anti-réalistes 2.1.1. Le subjectivisme: « X est bon » = « X est approuvé par S » df 2.1.2. Le relativisme culturel : « X est bon » = « X est socialement approuvé » df 2.1.3. L’éthique des commandements divins: « X est bon = X est aimé de df Dieu » 2.1.4. Le constructivisme : « X est bon = X est rationnellement approuvé » df 2.2. Les approches réalistes 2.2.1. Quatre défis pour l’objectiviste 2.2.2. L’objectivisme non naturaliste : l’intuitionnisme 2.2.3. L’objectivisme moral naturaliste DEUXIEME PARTIE : ETHIQUE NORMATIVE 0. Déontologisme contre conséquentialisme : deux versions du débat 1. La philosophie morale de Kant 2. Déontologisme et axiologisme : les normes sont-elles fondées sur les valeurs ? 3. Anti-conséquentialisme et conséquentialisme : seul le résultat compte-t-il ? 2 Introduction à la philosophie morale Introduction : Le champ de ...

Informations

Publié par
Nombre de lectures 377
Langue Français

Extrait








Introduction à la philosophie morale



Olivier Massin, Université de Genève




NB: ceci est une version provisoire et non-corrigée, tout commentaire bienvenu:
olivier.massin@lettres.unige.ch





1 Plan général
(plan détaillé à la fin du cours)

PREMIERE PARTIE : META-ETHIQUE

1. Deux catégories fondamentales : normes et valeurs
1.1. L’axiologie : l’étude des valeurs
1.2. La déontologie : l’étude des normes
1.3. La distinction entre les valeurs et les normes
2. Métaphysique : existe-t-il des valeurs objectives ?
2.1. Les approches anti-réalistes
2.1.1. Le subjectivisme: « X est bon » = « X est approuvé par S » df
2.1.2. Le relativisme culturel : « X est bon » = « X est socialement approuvé » df
2.1.3. L’éthique des commandements divins: « X est bon = X est aimé de df
Dieu »
2.1.4. Le constructivisme : « X est bon = X est rationnellement approuvé » df
2.2. Les approches réalistes
2.2.1. Quatre défis pour l’objectiviste
2.2.2. L’objectivisme non naturaliste : l’intuitionnisme
2.2.3. L’objectivisme moral naturaliste

DEUXIEME PARTIE : ETHIQUE NORMATIVE

0. Déontologisme contre conséquentialisme : deux versions du débat
1. La philosophie morale de Kant
2. Déontologisme et axiologisme : les normes sont-elles fondées sur les valeurs ?
3. Anti-conséquentialisme et conséquentialisme : seul le résultat compte-t-il ?

2

Introduction à la philosophie morale



Introduction : Le champ de l’éthique : méta-éthique, éthique normative et éthique
appliquée.

Il est courant de diviser le champ d’investigation de l’éthique entre trois sous-
domaines : la méta-éthique, l’éthique normative et l’éthique appliquée. L’éthique appliquée
est le domaine le plus concret : on y traite par exemple des questions de savoir s’il faut
autoriser l’avortement, l’euthanasie, la peine de mort… L’éthique normative traite de ces
questions à un niveau plus abstrait : elle se demande ce qui fait qu’une action ou un type
d’action est moralement bonne ou mauvaise. La relation entre l’éthique normative et l’éthique
appliquée est un peu comme la relation entre la science pure, comme la physique, et
l’ingénierie (Timmons : 17). Le domaine le plus abstrait de l’éthique est la méta-ethique : elle
ne s’occupe par de la question de savoir ce qui fait qu’une action est bonne ou mauvaise
(éthique normative) et encore moins de la question de savoir si le suicide est moralement bon
ou mauvais. Elle s’intéresse à trois types de questions. Les premières sont métaphysiques :
qu’est-ce qu’une valeur, qu’une norme (sont-ce des propriétés naturelles comme la masse, des
propriétés non naturelles ? Des choses qui n’existent pas ?) ? Existe-t-il des valeurs
objectives ? Les secondes sont épistémologiques : comment connaissons-nous les valeurs et
les normes ? Par la raison ? L’intuition ? Les émotions ? Dans la mesure où la méta-éthique
semble être le domaine le plus abstrait de l’éthique, la prudence pédagogique voudrait qu’on
l’étudie en dernier : commencer par un cas concret, puis remonter petit à petit vers des
questions plus abstraites. Pour des raisons qui vous apparaîtront j’espère au fur et à mesure,
j’ai choisi de commencer néanmoins par des questions qui relève de la méta-éthique. Nous
aborderons l’éthique normative et l’éthique appliquée dans la deuxième partie du cours.
3


PREMIERE PARTIE : META-ETHIQUE

1. Deux catégories fondamentales : normes et valeurs

Considérez les énoncés suivants:
Il pleut.
Il ne faut pas faire souffrir les animaux.
Il ne faut pas mettre son doigt dans la porte.
Julie est jolie.
Julie est généreuse.
Un « tient » vaut mieux que deux « tu l’auras ».
Il vaut mieux tuer un homme que deux.
Quel salaud !
Soit gentil avec ta sœur.
Ne suce pas ton pousse.
Eliminer les races inférieures est une mauvaise chose.
Aime ton prochain comme toi-même.
Cette mélodie est superbe.



Un premier tri consiste à distinguer les énoncés éthiques (ou moraux) des énoncés non
éthiques (ou non moraux). Parmi les énoncés moraux, on compte :
Il ne faut pas faire souffrir les animaux.
Julie est généreuse.
Il vaut mieux tuer un homme que deux.
Quel salaud !
Soit gentil avec ta sœur.
Eliminer les races inférieures est une mauvaise chose.
Aime ton prochain comme toi-même.
4
Et parmi les énoncés non moraux :
Il pleut.
Il ne faut pas mettre son doigt dans la porte.
Julie est jolie.
Un « tient » vaut mieux que deux « tu l’auras ».
Ne suce pas ton pousse.
Cette mélodie est superbe.

Si nous tentons maintenant de faire le tri parmi les énoncés éthiques, nous constatons
qu’il existe une différence entre les énoncés qui disent ce qui est moralement bon ou mauvais
(« Julie est généreuse », « Quel salaud ! ») et les énoncés qui nous disent ce qu’il faut faire ou
ne pas faire. Les premiers sont des énoncés évaluatifs et sont typiquement exprimés à
l’indicatif. « Hannibal est courageux ». Les seconds sont des énoncés prescriptifs et sont
typiquement exprimés à l’impératif « Ne fais pas à autrui ce que tu n’aimes pas qu’on te
fasse ». Les énoncés évaluatifs expriment des valeurs. L’étude des valeurs est appelée
l’axiologie. Les énoncés prescriptifs des normes. L’étude des normes est appelée la
déontologie.
Il est courant de dire que l’éthique s’occupe des valeurs. Puisque l’étude des valeurs
est l’axiologie, la morale s’identifierait à l’axiologie. Mais les choses ne sont pas si simples.
Premièrement parce qu’une partie de la morale ne s’occupe pas (directement) des valeurs,
mes des normes par exemple. D’autres part parce que certaines valeurs ne sont pas morales, et
ne relève donc pas (directement de la morale).
De la même façon, on dit parfois que l’éthique est un système d’impératif ou de
commandement, c'est-à-dire un système de normes. Mais cela n’est pas non plus satisfaisant.
Car un énoncé comme « C’est un homme vertueux » est un énoncé éthique, mais il n’est pas
normatif. D’autres part, certaines normes ne sont pas éthiques. Par exemple, « rouler à
droite ».
La distinction entre les valeurs et le normes est essentielle en éthique, nous allons
essayer de la préciser.




5 1.1. L’axiologie : l’étude des valeurs

Tentons de comprendre un peu mieux ce qu’il convient d’entendre par valeur.

1.1.1. Valeur positive, négative, et neutre

Une des caractéristiques essentielles d’une valeur est qu’elle a un pôle : elle est soit
positive, soit négative. Les adjectifs suivants désignent des valeurs positives : beau, vrai, bien,
courageux, harmonieux, généreux…A l’opposée, laid, faux, mal, couard, criard, égoïste
désignent des valeurs négatives.
Un certain nombre de choses sont dénuées de certaines valeurs, positives ou
négatives : par exemple, un grillon n’est en général ni généreux ni égoïste. Il est neutre au
regard de ces valeurs. (Mais il peut ne pas l’être au regard d’un autre valeur : il peut être beau
par exemple).
Par ailleurs, les valeurs d’un même couple de contraire semblent souvent s’organiser
au long d’un continuum : une chose peut être plus ou moins laide, quelqu’un peut être plus ou
moins courageux. Cela autorise un certain nombre de jugements comparatifs entre différents
degrés de valeur. On peut dire qu’untel est encore plus vertueux qu’un autre. (Tappolet : 17).
Enfin, il semble qu’il y ait un lien étroit entre nos préférences et la polarité des
valeurs: nous préférons ce qui a une valeur plus positive. « J’aime ce qui est beau, je n’aime
pas ce qui est laid » ou « j’apprécie ce qui est bon mais réprouve ce qui est mauvais »
semblent être des truismes. C’est une question disputée de savoir si nous préférons une chose
parce qu’elle a une valeur positive, ou si elle a une valeur positive parce que nous la
préférons . Nous allons y revenir longuement par la suite.


1.1.2. Valeur intrinsèque et valeur d

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents