Cours « Questions de méthode en phénoménologie », 26 10 2007

Denis Seron

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Extrait

Cours « Questions de méthode en phénoménologie », 26/10/2007 1/ « [Fink] parla encore du danger continu et inévitable de mal comprendre le sens des analyses de la constitution transcendantale, à savoir du danger de l’interpréter comme une constitution existante. Ce danger est encore accru (…) du fait que, dans nos explications, nous usons de concepts terminologiquement fixés qui s’appliquent normalement à ce qui existe. Strictement parlant, cependant, les analyses de laSeinskonstitutiontranscendantale n’ont pas de région thématique d’être, d’objets, même au sens le plus large de l’objet en général. La logique des relations d’objets ne s’applique pas dans cette “sphère” — Fink l’appelle la sphère “méontique”.» (D.Cairns, Conversations with Husserl and Fink, The Hague, Kluwer, 1976, p. 67.) 2/ «D’autres objections portent sur les expressions que Brentano emploie parallèlement avec l’expression de phénomène psychique ou bien en manière de périphrase, et qui sont usuelles par ailleurs. Il est en tout cas suspect et assez souvent trompeur de dire que les objets perçus, imaginés, jugés, désirés, etc.,“entrent dans la conscience”(ou qu’ils entrent dans la conscience sur le mode perceptif, représentatif, etc.), ou inversement que“la conscience”(ou“l’ego”)“entre en relation” avec euxsur tel ou tel mode, qu’ils“sont reçus dans la conscience”, etc. ; mais aussi de dire que les vécus intentionnels“contiennent en eux quelque chose en tant qu’objet” (Objekt), etc. De telles expressions risquent d’entraînerdeux interprétations erronées:premièrementcelle suivant laquelle il s’agirait d’un processus réal ou d’une relation réale entre la conscience ou l’ego et la chose “dont on a conscience”; etdeuxièmementsuivant laquelle il s’agirait d’un rapport entre l’interprétation deux choses se trouvant réellement(reell)dans la conscience, à savoir l’acte et l’objet intentionnel (intentionales Objekt), de quelque chose comme un emboîtement d’un contenu psychique dans l’autre. Si l’on ne peut éviter de parler en termes de relation, il faut néanmoins éviter les expressions qui, prises à la lettre, invitent à interpréter erronément le rapport en question comme étant psychologicoréal ou comme appartenant au contenu réel du vécu.» (E. Husserl,Logische Untersuchungen, V, Niemeyer, vol. II/1, p. 371372.) 3/ «Ce qui est caractéristique de toute activité psychique réside, comme je crois l’avoir montré suffisamment, dans la relation à quelque chose en tant qu’objet(Objekt). D’après cela, toute activité psychique semble être quelque chose de relatif. Et en effet Aristote, quand il énumère les classes principales de sonπρόςτι, mentionne aussi la relation psychique. Pourtant, il n’a pas manqué d’attirer l’attention sur quelque chose qui distingue cette classe des autres. Si dans le cas des autres relations aussi bien le fondement que le terme sont réels, seul le serait ici le fondement. Clarifions un peu notre propos. Si je prends un relatif de la vaste classe des rapports comparatifs, par exemple un plus grand ou un plus petit, alors, si le plus grand est, le plus petit doit être aussi. Si une maison est plus grande qu’une autre maison, l’autre maison doit aussi être et avoir une grandeur. Ce qui vaut pour les rapports d’égalité et de différence vaut aussi pour les rapports de cause à effet. Pour qu’un tel rapport existe, il faut qu’existent aussi bien ce qui cause que ce qui est causé. Ce qui produit un effet ne produit un effet qu’aussi longtemps que l’effet produit est produit. (…) Par contre il en va tout autrement dans le cas de la relation psychique. Si on pense quelque chose, le pensant doit certes exister, mais nullement l’objet de son penser; s’il nie quelque chose, ce quelquechose est même directement exclu dans tous les cas où la négation est correcte. Ainsi, le pensant est l’unique chose que réclame la relation psychique. Le terme de ce qu’on appelle ici une relation ne doit pas du tout être donné effectivement. » (F. Brentano,Psychologie vom empirischen Standpunkt, Meiner, vol. II : Von der Klassifikation der psychischen Phänomene, 1925, p. 133134 = Id.,Von der Klassifikation der psychischen Phänomene, Leipzig, Duncker & Humblot, 1911, repr. Verlag Dr Müller, 2006, p. 122123.)