De l appréhension des significations implicites : les syllogismes tronqués - article ; n°3 ; vol.93, pg 345-378
37 pages
Français

De l'appréhension des significations implicites : les syllogismes tronqués - article ; n°3 ; vol.93, pg 345-378

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
37 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1993 - Volume 93 - Numéro 3 - Pages 345-378
Summary : Understanding implicit meanings : Incomplete syllogisms.
Various linguistic and psycholinguistic studies have been realized concerning processes activated by subjects in order to grasp informations not explicitly contained in statements. These processes seem to be based on the search of coherence.
We examine here how connectives can remove ambiguity. Our hypothesis is that these processes do not only depend on argumentative coherence of propositions but also on the subjects' knowledge. Connective instructions can reinforce, or on the contrary obscure, this coherence.
Two experiments on the processing of isolated complex sentences (incomplete syllogisms without major premiss) are presented here. These incomplete syllogisms were presented varying the connective between minor premiss and conclusion and the argumentative orientation of these two propositions (which could be co-orientated or anti-orientated).
Results show that both argumentative coherence and connective instructions interfer. However one may prevail over the other, it depends on item coherence.
Thus we show that when items are coherent, subjects use an « automatic data processing » and they do not take into account connective instructions. On the contrary, when items are not coherent, subjects try to find a plausible statement. Two strategies are applied, subjects take into account connective instructions and re-establish coherence or they ignore these instructions. It depends on connective strength.
The Frenck connective « Mais » (« but ») can thus be interpreted in two different ways : when items are not coherent (when the two propositions are co-orientated), it can express either a rejection of the universe proposed in the first proposition or a justification/explanation of the universe proposed.
Contrary, the French connective « Cependant » (« however ») has greater strength, so that it is always interpreted as introducing an opposition, even if the two propositions are co-orientated.
Key-words : inference, implicit meaning, connectives, language comprehension, coherence.
Résumé
De nombreuses études, tant en linguistique qu'en psycholinguistique, ont porté sur les mécanismes inférentiels mis en œuvre par les sujets afin de mettre au jour des informations non contenues explicitement dans des énoncés. Il semble que cette recherche se fonde sur la cohérence interne des énoncés.
Nous analysons le rôle joué par les connecteurs dans la mise en œuvre de ces mécanismes. Nous faisons l'hypothèse que ces processus reposent non seulement sur la cohérence argumentative des propositions mais également sur les savoirs activés par les sujets. Les instructions du connecteur venant renforcer (ou au contraire déstabiliser) cette cohérence. Deux expérimentations relatives au traitement de phrases complexes (correspondant à des syllogismes incomplets dans lesquels on a supprimé la prémisse majeure) sont présentées ici. Ces syllogismes incomplets ont été testés en faisant varier le connecteur reliant la prémisse mineure et la conclusion et l'orientation argumentative de ces deux propositions (qui pouvaient être coorientées ou anti-orientées).
Les résultats mettent en évidence le fait que les deux facteurs (cohérence argumentative et instructions du connecteur) sont pris en compte. Toutefois, l'un peut être privilégié aux dépens de l'autre, cela dépend de la cohérence des énoncés.
Nous avons ainsi pu montrer que lorsque les items sont cohérents, les sujets appliquent un traitement automatique, ce qui les conduit à privilégier le contenu des énoncés et à négliger les instructions véhiculées par le joncteur. Par contre, lorsque les items sont non cohérents, on assiste à deux phénomènes différents qui sont dus à une recherche de plausibilité. Soit le sujet privilégie le contenu et ignore les instructions du joncteur, soit il prend en compte ces instructions et rétablit la cohérence en imaginant un contexte explicatif. Le choix de l'une ou l'autre de ces stratégies dépend de la force du connecteur.
Un énoncé contenant le connecteur « mais » peut ainsi recevoir deux lectures différentes : quand les items sont cohérents (c'est-à-dire lorsque les deux propositions sont anti-orientées) il peut exprimer un rejet de l'univers proposé au départ, par contre lorsque les items sont non cohérents (propositions co-orientées) il peut exprimer l'introduction d'une justification/explication de cet univers. A l'opposé, le connecteur « Pourtant » impose des contraintes interprétatives plus fortes, il est ainsi toujours interprété comme introduisant une opposition et ce même, si les contenus des deux propositions qu'il relie sont co-orientées.
Mots clefs : inférence, signification implicite, connecteurs, compréhension du langage, cohérence.
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Edith Sales-Wuillemin
De l'appréhension des significations implicites : les syllogismes
tronqués
In: L'année psychologique. 1993 vol. 93, n°3. pp. 345-378.
Citer ce document / Cite this document :
Sales-Wuillemin Edith. De l'appréhension des significations implicites : les syllogismes tronqués. In: L'année psychologique.
1993 vol. 93, n°3. pp. 345-378.
doi : 10.3406/psy.1993.28700
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1993_num_93_3_28700Abstract
Summary : Understanding implicit meanings : Incomplete syllogisms.
Various linguistic and psycholinguistic studies have been realized concerning processes activated by
subjects in order to grasp informations not explicitly contained in statements. These seem to
be based on the search of coherence.
We examine here how connectives can remove ambiguity. Our hypothesis is that these processes do
not only depend on argumentative coherence of propositions but also on the subjects' knowledge.
Connective instructions can reinforce, or on the contrary obscure, this coherence.
Two experiments on the processing of isolated complex sentences (incomplete syllogisms without major
premiss) are presented here. These incomplete syllogisms were presented varying the connective
between minor premiss and conclusion and the argumentative orientation of these two propositions
(which could be co-orientated or anti-orientated).
Results show that both argumentative coherence and connective instructions interfer. However one may
prevail over the other, it depends on item coherence.
Thus we show that when items are coherent, subjects use an « automatic data processing » and they
do not take into account connective instructions. On the contrary, when items are not coherent, subjects
try to find a plausible statement. Two strategies are applied, subjects take into account connective
instructions and re-establish coherence or they ignore these instructions. It depends on
strength.
The Frenck connective « Mais » (« but ») can thus be interpreted in two different ways : when items are
not coherent (when the two propositions are co-orientated), it can express either a rejection of the
universe proposed in the first proposition or a justification/explanation of the universe proposed.
Contrary, the French connective « Cependant » (« however ») has greater strength, so that it is always
interpreted as introducing an opposition, even if the two propositions are co-orientated.
Key-words : inference, implicit meaning, connectives, language comprehension, coherence.
Résumé
De nombreuses études, tant en linguistique qu'en psycholinguistique, ont porté sur les mécanismes
inférentiels mis en œuvre par les sujets afin de mettre au jour des informations non contenues
explicitement dans des énoncés. Il semble que cette recherche se fonde sur la cohérence interne des
énoncés.
Nous analysons le rôle joué par les connecteurs dans la mise en œuvre de ces mécanismes. Nous
faisons l'hypothèse que ces processus reposent non seulement sur la cohérence argumentative des
propositions mais également sur les savoirs activés par les sujets. Les instructions du connecteur
venant renforcer (ou au contraire déstabiliser) cette cohérence. Deux expérimentations relatives au
traitement de phrases complexes (correspondant à des syllogismes incomplets dans lesquels on a
supprimé la prémisse majeure) sont présentées ici. Ces ont été testés en
faisant varier le connecteur reliant la prémisse mineure et la conclusion et l'orientation argumentative de
ces deux propositions (qui pouvaient être coorientées ou anti-orientées).
Les résultats mettent en évidence le fait que les deux facteurs (cohérence argumentative et instructions
du connecteur) sont pris en compte. Toutefois, l'un peut être privilégié aux dépens de l'autre, cela
dépend de la cohérence des énoncés.
Nous avons ainsi pu montrer que lorsque les items sont cohérents, les sujets appliquent un traitement
automatique, ce qui les conduit à privilégier le contenu des énoncés et à négliger les instructions
véhiculées par le joncteur. Par contre, lorsque les items sont non cohérents, on assiste à deux
phénomènes différents qui sont dus à une recherche de plausibilité. Soit le sujet privilégie le contenu et
ignore les instructions du joncteur, soit il prend en compte ces instructions et rétablit la cohérence en
imaginant un contexte explicatif. Le choix de l'une ou l'autre de ces stratégies dépend de la force du
connecteur.
Un énoncé contenant le connecteur « mais » peut ainsi recevoir deux lectures différentes : quand les
items sont cohérents (c'est-à-dire lorsque les deux propositions sont anti-orientées) il peut exprimer un
rejet de l'univers proposé au départ, par contre lorsque les items sont non cohérents (propositions co-
orientées) il peut exprimer l'introduction d'une justification/explication de cet univers. A l'opposé, leconnecteur « Pourtant » impose des contraintes interprétatives plus fortes, il est ainsi toujours interprété
comme introduisant une opposition et ce même, si les contenus des deux propositions qu'il relie sont
co-orientées.
Mots clefs : inférence, signification implicite, connecteurs, compréhension du langage, cohérence.L'Année psychologique, 1993, 93, 345-378
MÉMOIRES ORIGINAUX
Groupe de Recherche sur la parole
Université Paris VIII1
DE L'APPRÉHENSION DES SIGNIFICATIONS IMPLICITES :
LES SYLLOGISMES TRONQUÉS
par Edith Sales-Wuillemin2
SUMMARY : Understanding implicit meanings : Incomplete syllogisms.
Various linguistic and psycholinguistic studies have been realized
concerning processes activated by subjects in order to grasp informations
not explicitly contained in statements. These processes seem to be based on
the search of coherence.
We examine here how connectives can remove ambiguity . Our hypot
hesis is that these processes do not only depend on argumentative coherence
of propositions but also on the subjects' knowledge. Connective instructions
can reinforce, or on the contrary obscure, this coherence.
Two experiments on the processing of isolated complex sentences (incomp
lete syllogisms without major premiss) are presented here. These incompwere presented varying the connective between minor
premiss and conclusion and the argumentative orientation of these two
propositions (which could be co-orientated or anti- orientated) .
Results show that both argumentative coherence and connective instruc
tions interfer. However one may prevail over the other, it depends on item
coherence.
Thus we show that when items are coherent, subjects use an « automatic
data processing » and they do not take into account connective instructions.
On the contrary, when items are not coherent, subjects try to find a plausible
statement. Two strategies are applied, subjects take into account connective
1. ufr 7 (ppcs), 2, rue de la Liberté, 93526 Saint-Denis Cedex 02.
2. Nous tenons à remercier E. Friemel, maître de conférences à l'Univers
ité de Paris VIII, pour les conseils qu'il nous a donnés en ce qui concerne
les traitements statistiques. 346 Edith Sales-Wuillemin
instructions and re-establish coherence or they ignore these instructions. It
depends on connective strength.
The French « Mais » f« but ») can thus be interpreted in
two different ways : when items are not coherent (when the two propositions
are co-orientated) , it can express either a rejection of the universe proposed
in the first proposition or a justification/explanation of the universe
proposed.
Contrary, the French connective « Cependant » (« however ») has greater
strength, so that it is always interpreted as introducing an opposition, even
if the two propositions are co-orientated.
Key-words : inference, implicit meaning, connectives, language com
prehension, coherence.
INTRODUCTION
1. Objet
Dans cet article, nous analyserons la façon dont les sujets
mettent au jour des significations implicites véhiculées par des
enthymèmes (syllogismes incomplets). Les enthytèmes renvoient
à une catégorie d'implicite, les « lacunes dans l'enchaînement des
énoncés », qui se présente sous la forme d'une suite de proposi
tions laissée incomplète et qui est généralement utilisée de façon
stratégique. En effet, elle permet au locuteur d'exprimer un point
de vue ou un état de fait sans porter la responsabilité de son dire,
du fait même qu'il laisse à l'interlocuteur le soin de compléter
l'enchaînement.
Nous nous intéressons dans ce contexte au rôle joué par des
marques sp

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents