De l art primitif à l art premier - article ; n°155 ; vol.39, pg 563-582
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Cahiers d'études africaines - Année 1999 - Volume 39 - Numéro 155 - Pages 563-582
Résumé Dès le début du XXe siècle, parmi les activités qui vont ébranler le paysage culturel occidental, figure celle de l'art dit « primitif ». Dans l'élaboration de ses fins, l'art occidental moderne rencontre des difficultés qui préfigurent les contradictions que connaissent les sociétés européennes. Dans le domaine des arts plastiques, de la musique, du théâtre, de la littérature, des problèmes nouveaux surgissent et reçoivent des solutions inattendues, remettant en cause non seulement certaines théories de l'esthétique occidentale, mais également la pratique de l'institution muséale. La (re)découverte des arts dits primitifs par le monde culturel et artistique européen au début du siècle est l'une des sources fondatrices de cette situation. Notre propos consistera à repérer comment, à la réception et à la mise en valeur des arts non européens dans le discours esthétique occidental, le concept d'art primitif s'est transformé en concept artistique et muséographique. Repérer aussi précisément que possible les indices qui ont présidé à la transmutation de ce concept en art premier et évaluer son implication dans la pratique muséale en Afrique.
Abstract ~~From Primitive Art to First Art.~~ — At the start of the 20th century, the discovery of so-called primitive art shook Western culture. In defining its finalities, Western art encountered difficultes that prefigured the contradictions of European societies. In music, theater, literature and the arts, new problems arose; and where handled in new ways that challenged not only Western aesthetic theories but also museum practices. As non-European arts were admitted into Western aesthetics, how did the notion of primitive art turn into an artistic and museum concept? And how has this concept evolved into~~ arts premiers~~ (first arts)? What does this imply for museums in Africa?
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 51
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Luc Aka-Evy
De l'art primitif à l'art premier
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 39 N°155-156. 1999. pp. 563-582.
Résumé
Dès le début du XXe siècle, parmi les activités qui vont ébranler le paysage culturel occidental, figure celle de l'art dit « primitif ».
Dans l'élaboration de ses fins, l'art occidental moderne rencontre des difficultés qui préfigurent les contradictions que connaissent
les sociétés européennes. Dans le domaine des arts plastiques, de la musique, du théâtre, de la littérature, des problèmes
nouveaux surgissent et reçoivent des solutions inattendues, remettant en cause non seulement certaines théories de l'esthétique
occidentale, mais également la pratique de l'institution muséale.
La (re)découverte des arts dits primitifs par le monde culturel et artistique européen au début du siècle est l'une des sources
fondatrices de cette situation.
Notre propos consistera à repérer comment, à la réception et à la mise en valeur des arts non européens dans le discours
esthétique occidental, le concept d'art primitif s'est transformé en concept artistique et muséographique. Repérer aussi
précisément que possible les indices qui ont présidé à la transmutation de ce concept en art premier et évaluer son implication
dans la pratique muséale en Afrique.
Abstract
From Primitive Art to First Art. — At the start of the 20th century, the discovery of so-called "primitive" art shook Western culture.
In defining its finalities, Western art encountered difficultes that prefigured the contradictions of European societies. In music,
theater, literature and the arts, new problems arose; and where handled in new ways that challenged not only Western aesthetic
theories but also museum practices. As non-European arts were admitted into Western aesthetics, how did the notion of
"primitive art" turn into an artistic and museum concept? And how has this concept evolved into arts premiers ("first arts")? What
does this imply for museums in Africa?
Citer ce document / Cite this document :
Aka-Evy Jean-Luc. De l'art primitif à l'art premier. In: Cahiers d'études africaines. Vol. 39 N°155-156. 1999. pp. 563-582.
doi : 10.3406/cea.1999.1765
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1999_num_39_155_1765Aka-Evy Jean-Luc
De art primitif art premier
Notre en moderne Repérer transmutation valeur propos aussi le des concept consistera de arts précisément ces non concepts art européens repérer que primitif Goldwater possible comment dans est le les 1938) discours transformé dans indices la esthétique réception qui en ont art présidé et occidental premier la mise la
Du concept art primitif
Rappelons que le mot primitivisme est admis la fin du xixe siècle
dans le dictionnaire de la langue fran aise où il est défini comme
imitation des primitifs Lors de sa date de création sous cette défi
nition laconique ce néologisme déjà non seulement une longue histoire
derrière lui mais il va aussi être utilisé pour désigner un des aspects
les plus inattendus de art du xxc siècle Cependant suivant que on
parle de une ou autre partie de cette histoire il ne désigne pas la même
réalité et ceci en fonction des acceptions du mot primitif dont il dérive
Dans le vocabulaire des Beaux-Arts ce terme peut être employé pour
qualifier les arts des origines de humanité art grec avant Pericles
les peintres flamands et italiens du xive et du début du xve siècle ou les
objets des sociétés extra-occidentales que tout au long des xixe et xxe
siècles les artistes européens prirent pour modèles Or entre les deux
derniers siècles par-delà une volonté de revenir art simple et expressif
des origines attitude fut radicalement différente Les artistes du XIXe
siècle qui redécouvrent art grec ancien ou les peintures de la pré-
Renaissance tendent restaurer un art qui tout en puisant dans histoire
de Occident serait débarrassé des raffinements formels de la peinture
classique sans pour autant remettre en cause ordre de la figuration Ce
est au début du xxe siècle que les artistes empruntent aux objets
primitifs les éléments une révolution artistique qui va renouveler les
canons de la représentation occidentale Laude 1968)
Cette révolution commence officiellement quand le peintre Vlaminck
achète en 1906 une sculpture africaine dans un café de banlieue pari
sienne mais quelques années auparavant les impressionnistes et les post
impressionnistes fascinés par les arts japonais puisèrent de nouveaux
Cahiers tudes africaines 155-156 XXXIX-3-4 1999 pp 563-582 JEAN-LUC AKA-EVY 564
modes de représentation Ainsi le japonisme fut la première forme du
primitivisme En partie sous influence des peintres et de quelques ama
teurs les arts Extrême-Orient vont être admirés et recherchés ibid
20-23 Le goût pour les objets exotiques se renouvelle quand les artistes
liés aux avant-gardes découvrent les objets Amérique Afrique et
Oceanie Au japonisme succède donc le primitivisme dont on voudra
ici dégager les éléments constitutifs de sa naissance son évolution
son indexation de Premier
Avant être histoire des rapports entre les artistes modernes et les
arts dits primitifs le primitivisme est histoire de invention des arts
primitifs Au xix6 siècle un long processus qui touche la fois histoire
coloniale la théorie anthropologique et histoire de art va modifier les
jugements portés sur les objets et grâce une appréciation de plus en
plus esthétique permettre leur découverte par les artistes Peltier 1988)
Pour mieux faire accepter les dépenses entraînées par la conquête
coloniale on suscite un vaste mouvement intérêt pour les peuples extra
occidentaux Explorateurs militaires et missionnaires rapportent de leurs
missions un nombre souvent considérable objets principalement
Afrique continent encore peu près inexploré Occident accumule
ainsi dans les muséums histoire naturelle ou les instituts coloniaux des
fétiches et autres objets de curiosité Laude 1968 51-58 étude
des sociétés dites exotiques indispensable la gestion coloniale attire
progressivement attention un nombre croissant de savants et anti
quaires ibid 59-60)
intérêt occidental pour les pays exotiques lointains est popularisé
grâce aux expositions universelles que les grandes capitales européennes
organisent Londres en 1862 Amsterdam en 1883 Paris en 1889 entre
autres sacrifient la reconstitution de rues ou de villages nègres dans
lesquels des indigènes amenés grands frais se livrent des
simulacres de vie locale Van Schuylenbergh Morimont 1995 Par ces
reconstitutions Europe invente un théâtre des apparences où elle met
en scène une représentation fantasmatique de Autre représentation aussi
fausse que stéréotypée exotisme qui ne donne voir que la surface
des choses et transforme en objets et signes merveilleux tout ce qui est
lointain est alors porté incandescence Le meilleur côtoie le pire
Ainsi Bruxelles en 1897 des gondoles vénitiennes promènent sur
un lac congolais les visiteurs ébahis et crédules Dans ces reconsti
tutions les objets sont identifiés et présentés comme les traces des cou
tumes et des croyances des peuples qui selon imaginaire européen sont
encore plongés dans la barbarie et dont les uvres ne sont que des
ébauches grossières et hideuses Ces mises en scène servent de faire-
valoir la richesse et au savoir que déploient les puissances occidentales
et de prétexte montrer que Europe par sa science et son industrie
su tirer profit face aux mondes primitifs de toutes les ressources de
la terre Peltier 1988 10 15) DE ART PRIMITIF ART PREMIER 565
la suite de ces expositions universelles idée de créer des musées
ethnographie prend corps et se précise Celui de Dresde est fondé en
1875 celui de Paris est inauguré officiellement dans le nouveau Palais
du Trocadéro en 1882 et celui de Londres ouvre année suivante mais
la théorie evolutionniste qui triomphe entre 1870 et 1880 considère
les sociétés extra-occidentales comme les témoins fossiles des différents
stades de histoire de humanité Laude 1968 10-11 Ainsi comme le
remarque Philippe Peltier 1988 9-12) les naturels chers au xvnie
siècle deviennent des primitifs et le mot se charge un sens péjoratif
que tout oppose aux civilisés Mouralis 1988b 86-87 Dans les
musées chaque objet va être étudié comparé et classé dans des s&

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