De l estimation des surfaces colorées - article ; n°1 ; vol.7, pg 278-295
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Description

L'année psychologique - Année 1900 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 278-295
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1900
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

J. Larguier des Bancels
XIII. De l'estimation des surfaces colorées
In: L'année psychologique. 1900 vol. 7. pp. 278-295.
Citer ce document / Cite this document :
Larguier des Bancels J. XIII. De l'estimation des surfaces colorées. In: L'année psychologique. 1900 vol. 7. pp. 278-295.
doi : 10.3406/psy.1900.3219
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1900_num_7_1_3219XIII
DE L'ESTIMATION DES SURFACES COLOREES
Le rôle esthétique de la couleur a été l'objet d'un grand
nombre de recherches ; on a tenté, avec un succès divers, de
déterminer la valeur propre des tons isolés, de fixer les com
binaisons de nuances les plus agréables et d'en expliquer le
charme, de découvrir les correspondances qui relient les sen
sations colorées à d'autres éléments de la vie mentale. Les
enquêtes, menées par les voies les plus différentes, ont porté
sur bien des questions ; quelques-unes ont été effleurées seul
ement ; d'autres, présentant à l'analyse une prise commode, ont
été longuement étudiées, parfois résolues : ainsi les lois de
l'association des couleurs, auxquelles se rattache le nom de
Chevreul et dont la connaissance n'a pas été sans influence sur le
développement ultérieur de la technique. Des problèmes, enfin,
sont restés sans réponses, ou même n'ont pas été abordés;
c'est sur l'un de ceux-ci que je voudrais attirer l'attention dans
le présent article.
Les couleurs jouent un double rôle. D'abord, elles sont
couleurs, spécifiques, contrastant les unes avec les
autres, se modifiant mutuellement, sources de sensations et
d'émotions particulières. Mais elles sont aussi étendues : un
tableau est une juxtaposition de taches colorées, et la couleur
modifie, par sa seule présence, l'estimation des surfaces qu'elle
revêt. Pour le géomètre, une figure limitée par un simple trait
et une figure de même forme, de même grandeur, mais peinte,
sont identiques. L'œil en juge autrement ; deux disques de
même rayon, l'un rouge et l'autre vert, lui apparaissent de
grandeur différente ; aux différences qualitatives s'ajoutent
des différences quantitatives. Ce rôle de la couleur ne se mani- LARGUIER DES BANCELS. SURFACES COLORÉES 279 J.
feste pas seulement dans la comparaison directe de deux
surfaces; il se décèle'à d'autres occasions, plus obscur, plus
enveloppé, mais également certain. C'est ainsi que l'équilibre
esthétique d'une composition est lié à la répartition des cou
leurs qui en teignent les diverses parties et que toute modifica
tion de celle-ci en entraîne aisément la rupture. De même le
jugement que je porte sur une figure dépend, dans certains
cas, de la coloration de tel de ses éléments; la couleur inter
vient comme un facteur important dans la production de
plusieurs illusions d'optique. Ces phénomènes analogues
sont, sans doute, en relation les uns avec les autres ; ils ont
peut-être un fondement commun et sont susceptibles de
recevoir une explication unique ; ils témoignent en tous cas
d'un même fait. Les expériences, dont on trouvera la re
lation ici. vont mettre ce fait en lumière et en éclairer les divers
aspects.
L'importance de la couleur dans l'appréciation des formes
a été étudiée expérimentalement par Pierce, au cours de ses
recherches sur la symétrie1. J'ai décrit ailleurs la méthode de
cet auteur et les résultats généraux 2 auxquels il est parvenu;
je ne rappellerai ici que ce qui est indispensable pour l'intell
igence du point qui nous occupe. La symétrie, telle que l'entend
Pierce, n'est pas la symétrie géométrique seulement; le mot
a pour lui un sens plus large et qu'il faut définir. Elle implique
naturellement un centre de figure, mais elle n'exige pas une
exacte correspondance des parties qui se trouvent de chaque
côté de celui-ci ; elle a pour seule condition une équivalence de
ces parties, telle que l'ensemble donne une impression d'équi
libre stable. Supposons, par exemple, qu'une bande blanche,
verticale, longue de 20 centimètres, constitue le centre autour
duquel viendront s'ordonner les autres éléments de la figure;
supposons encore qu'une autre bande analogue, mais longue de
10 centimètres, soit fixée à gauche de la première, à une dis
tance invariable de 8 centimètres et qu'enfin une troisième
bande semblable, mais longue de 5 centimètres seulement, soit
destinée à compléter la figure à droite : A quelle distance du
1. Psych. Rev., 1894, vol. I, p. 483. Aesthetics of simple forms.
2. Année psychologique, VI, p. 144. MÉMOIUES ORIGINAUX 280
centre nous faudra-t-il la placer pour que les trois bandes
forment un tout cohérent, symétrique ? L'expérience montre que
c'est à 24 centimètres environ, comme si une distance plus grande
compensait un défaut de longueur. Chaque moitié de la figure
constitue ainsi un groupe dont la valeur esthétique est égale :
de même, des forces différentes, agissant sur des bras de levier
différents, s'équilibrent. Ces groupes équivalents sont nombreux,
et il est possible de les substituer les uns aux autres, sans que
l'impression de symétrie que nous recevons del'ensemble souffre
quelque altération. Pierce en a déterminé un certain nombre,
en cherchant à compléter une même figure avec des éléments
divers : une bande de 10 centimètres de longueur sur 1 cen
timètre et demi de largeur, une bande de 10 centimètres sur 1/2
centimètre, une bande analogue de 5 centimètres, un carré, une
étoile, etc., etc. 11 trouva qu'il était nécessaire de placer la
bande large plus près du centre que la bande étroite, la bande
longue plus près que la bande courte, un carré plein plus près
qu'un carré vide, etc. D'autres expériences donnèrent des résul
tats analogues. On peut les enfermer dans ui:e formule très
générale et qu'il y aura lieu de préciser, mais commode:
toutes choses égales d'ailleurs, la distance qui sépare un
élément du centre de figure augmente quand «l'importance»
de cet élément diminue, et inversement. La raison de
cette importance relative apparaît bien dans certains cas, et
l'on voit immédiatement ce qui la fonde, quand il s'agit
de formes semblables — des rectangles d'étendue différente,
par exemple. Ailleurs elle est plus cachée. La valeur d'un
groupe, en effet, ne dépend pas seulement de la forme,
de la grandeur d'un élément et de sa position dans l'ensemble,
elle varie avec la coloration dont il est affecté; et l'on ne
saurait substituer telle couleur à telle autre dans une figure
déterminée, sans en modifier l'équilibre ou la symétrie. Voici
les faits.
Revenons, pour plus de clarté, à l'expérience-type décrite un
peu plus haut, et admettons que la bande mobile de 5 cent
imètres de longueur soit colorée tantôt en rouge et tantôt en
bleu. La comparaison des figures construites à l'aide de ces
deux bandes montre que les couleurs ne se comportent pas de
même : la bande bleue est plus éloignée du centre que la bande
rouge. Le rouge augmente, ainsi, et le bleu diminue l'impor
tance d'un élément d'ailleurs identique. Cette relation fait immé
diatement saisir un autre fait inverse de celui-ci. Supposons, en LARGIJIER DES ISANCELS. — SURFACES COLORÉES 281 J.
effet, que la bande mobile reste constante, mais que la bande
fixe de 10 centimètres apparaisse, cette fois, colorée en rouge
ou en bleu. La substitution du rouge au bleu fera croître
l'importance de l'élément fixe qui, par suite, deviendra ca
pable d'équilibrer un groupe d'une valeur plus considérable;
dans le cas particulier, elle aura pour effet d'écarter l'élément
mobile.
Les expériences qui ont mis en lumière ces deux faits, ou
plus justement cette double expression d'un seul et même fait,
ont porté sur des ensembles un peu différents.
Le centre de figure consistait en trois bandes verticales et
parallèles. La bande centrale était blanche, longue de 30 centi
mètres, large de 1' '",5; les bandes latérales étaient bleues et
mesur

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