De l histoire locale à l histoire nationale - article ; n°1 ; vol.66, pg 41-54
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Description

Perspectives chinoises - Année 2001 - Volume 66 - Numéro 1 - Pages 41-54
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Ann Heylen
David Kempf
De l'histoire locale à l'histoire nationale
In: Perspectives chinoises. N°66, 2001. pp. 41-54.
Citer ce document / Cite this document :
Heylen Ann, Kempf David. De l'histoire locale à l'histoire nationale. In: Perspectives chinoises. N°66, 2001. pp. 41-54.
doi : 10.3406/perch.2001.2647
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/perch_1021-9013_2001_num_66_1_2647Taiwan
De l'histoire locale
à nationale
La difficile institutionnalisation d'une historiographie taiwanaise
vent incapables d'enseigner la période coloniale. Le vécu Ann Heylen
se rapportant à la période coloniale et le jugement porté
sur celle-ci par un professeur waisheng, c'est-à-dire
"]T ORS d'un atelier de réflexion récemment organisé d'origine continentale, diffèrent grandement de ceux
à l'institut de Philologie et d'histoire de l'Academia dont la famille a traversé la période coloniale japonaise.
il A Sinica, des professeurs de la faculté et De telles questions importent non seulement pour savoir
des enseignants d'histoire du secondaire se réunirent comment intéresser les étudiants à l'enseignement de
pour discuter des orientations futures des manuels d'his l'histoire, mais pèsent aussi sur le devenir d'un program
toire et des méthodes d'enseignement. La question la me d'histoire nationale.
plus épineuse porta sur la manière dont il fallait intégrer Cet article rend compte de la manière dont la
l'histoire de Taiwan dans le contexte général de l'histoi recherche sur l'histoire de Taiwan a évolué au fil des
re chinoise. Une fois de plus, la question renvoyait à un cinquante dernières années. Il porte sur le développe
débat idéologique. L'histoire de Taiwan devrait-elle être ment de l'historiographie chinoise à Taiwan et son inter
enseignée d'un point de vue chinois, d'un point de vue action avec les mutations de la société. De plus, cette
taiwanais, et comment s'agence-t-elle au sein du mouve problématique permet de mettre en scène plus clair
ment d'intégration locale, ou de transformation indigène ement le débat actuel sur l'enseignement de l'histoire. En
(bentuhuà) de la société taiwanaise ? Depuis 1997, la particulier, elle confirme le fait que le matériel pédago
gique utilisé dans les manuels d'histoire provient d'une réforme du programme d'histoire a entraîné l'introduc
tion d'un cours sur « l'histoire taiwanaise » dans les activité de recherche conséquente portant autant sur le
manuels d'école secondaire (1). On y enseigne pour la pre passé lointain que récent de l'île. Contrairement à une
mière fois que Taiwan fut brièvement et partiellement idée reçue, la levée de la loi martiale en juillet 1987 ne
s'est pas traduite mécaniquement par l'apparition d'une occupée par les Hollandais et les Espagnols au XVIIe
siècle, que Koxinga(2) délogea les Hollandais et qu'il ins « histoire taiwanaise », et incidemment les premières
talla par la suite un régime dont la durée de vie fut éphé traces de développement de cette histoire remonte en
mère, que l'empire Qing régna sur l'île pendant les deux réalité à 1948, ainsi que nous le verrons par la suite. Cet
siècles suivants, période au cours de laquelle Taiwan fut article vise à décrire la transition d'une histoire locale,
intégrée à la société chinoise, et qu'avant la rétrocession en conformité avec la perpétuation par le Kuomintang
de 1945, l'île fut colonisée par les Japonais pendant 50 (KMT) de l'historiographie traditionnelle chinoise, vers
ans (1895-1945). Ce changement radical posa plusieurs une nouvelle discipline académique inscrite dans le
problèmes. D'abord, les enseignants durent utiliser du mouvement de taiwanisation de la société. L'analyse
matériel pédagogique qu'ils n'avaient pas connu au cours documentaire de cette transition constitue le contexte
dans lequel il faut comprendre non seulement l'incorpo- de leur propre formation. Ensuite, ils se trouvèrent
|M° BS • JUILLET • AOUT 2OO1 ÊrspecûVes chinoises Histoire
ration de l'histoire taiwanaise dans le programme d'his intellectuelle » (siociang duhua). Cette dernière se fon
toire nationale, mais aussi les problèmes ultérieurs qui dait sur l'assomption selon laquelle la population chinoi
pèseront sur l'historiographie taiwanaise. se à Taiwan avait reçu, au cours des cinquante années de
domination japonaise, « une éducation aliénée » (nuhua
L'imposition d'une nouvelle identité à Taiwan jiaoyn) et qu'elle avait perdu son patrimoine culturel chi
nois. Il était nécessaire de « nationaliser » la culture traLa capitulation inconditionnelle du Japon face aux Alliés
entraîna la restitution de Taiwan à la République de Chine ditionnelle chinoise à Taiwan et d'éradiquer tout ce qui
(RDC) ainsi que la Déclaration du Caire de novembre apparaissait non-chinois (7). De cette manière, la continui
1943 le prévoyait (3). Les préparatifs liés à la réoccupation té avec le passé chinois pouvait être clairement établie.
de l'île débutèrent peu de temps après. Le gouvernement En matière d'éducation, la tâche du gouvernement pro
vincial de Taiwan, dirigé par Wei Daoming(8), consista à du généralissime Chiang Kai-shek installé à Chongqing
pendant la guerre mit en place un Comité de Recherche convertir le système japonais et son programme en
sur Taiwan destiné à étudier les problèmes politiques et langue japonaise en une structure chinoise. Les écoles
administratifs de l'île. Lorsque Chen Yi débarqua à commencèrent à appliquer la transition du japonais vers
le mandarin sous la forme de la nouvelle « langue natioTaiwan, en septembre 1945, avec le mandat d'administra
teur général et le titre de commandant en chef des forces nale » (guoyu), mieux connue sous le terme « mandar
armées sur l'île, c'est toute une nouvelle administration in ». Le corps enseignant, remplacé en grande partie par
qui l'accompagna. Chen Yi entreprit depuis le bureau du des instructeurs venus du continent, fut tenu d'utiliser
Gouverneur de Taiwan de faire de l'île la 34e province de uniquement le mandarin en classe et les élèves étaient
la RDC (4). En mai 1947, il établit un gouvernement pro punis lorsqu'ils parlaient en dialecte. A partir de 1956, le
vincial de même niveau que celui des provinces du conti gouvernement KMT renforça sérieusement sa politique
nent. Dans le même temps, les forces gouvernementales linguistique et lança une campagne généralisée « parlez
du KMT continuaient de perdre du terrain dans la guerre mandarin » (shuo guoyu yundong)i9). L'emploi d'une
quelconque autre langue que le mandarin fut interdit dans civile en Chine continentale. En novembre 1949,
Chongqing tomba et le gouvernement du KMT se réfugia le domaine des divertissements (cinéma et événements
à Taipei le 7 décembre. En mars, Chiang Kai-shek reprit la publiques) et au sein des chaînes de radiodiffusion, et
tête de la présidence et la RDC s'établit sur l'île-provin- l'usage du holo taiwanais (taiyu, tai-oan-oé) ou du hakfa
(kejiahuà), langues les plus répandues chez les Han- ce (5). Ayant son siège provisoire à Taipei, le gouverne
ment de la RDC revendiquait sa souveraineté sur la Chine Taiwanais, ne fut plus toléré, même lorsqu'il s'agissait de
entière et définissait de ce fait les traits culturels, histo traduire ou d'interpréter (10).
riques et géographiques de Taiwan comme étant chinois. S'agissant du programme scolaire, « l'Histoire national
En conséquence, la e » (guoshï) ne fut plus celle de l'empire japonais et de
transition entre « la ses colonies mais la version « orthodoxe » de l'histoire de
mère patrie » (muguo) Chine. Aucune référence ne fut faite à l'histoire locale de
héritée de 50 ans de Taiwan. La réintroduction des classiques chinois et de
colonisation japonaise l'éthique confucéenne s'ajouta à l'histoire. Les « Trois
et la terre ancestrale chi principes du peuple » (sanminzhuyï) de Sun Yat Sen, qui
constituent le cœur de la constitution de la RDC, furent noise (zuguo) se devait
d'être drastique et effica perpétués et constitu

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