De quelques usages du nombre en sociologie. Autour des travaux d Alain Girard, de la formation et de l insertion des jeunes - article ; n°2 ; vol.51, pg 285-301
18 pages
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De quelques usages du nombre en sociologie. Autour des travaux d'Alain Girard, de la formation et de l'insertion des jeunes - article ; n°2 ; vol.51, pg 285-301

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Description

Population - Année 1996 - Volume 51 - Numéro 2 - Pages 285-301
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 49
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

José Rose
De quelques usages du nombre en sociologie. Autour des
travaux d'Alain Girard, de la formation et de l'insertion des
jeunes
In: Population, 51e année, n°2, 1996 pp. 285-301.
Citer ce document / Cite this document :
Rose José. De quelques usages du nombre en sociologie. Autour des travaux d'Alain Girard, de la formation et de l'insertion
des jeunes. In: Population, 51e année, n°2, 1996 pp. 285-301.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1996_num_51_2_6152DE QUELQUES USAGES DU NOMBRE
EN SOCIOLOGIE
Autour des travaux d'Alain Girard,
de la formation et de l'insertion des jeunes
« ne A faut la meilleure demander statistique la et façon il ne faut (comme ou sous faire les du dire reste conditions que à ce la qu'elle moins où elle bonne) dit le et dit de il »
(F. SIMIAND, Statistique et expérience.
Remarques de méthode, p. 24)
Lire aujourd'hui les publications de Alain Girard du début des années
70, ne manque pas de surprendre"'. Voilà un auteur qui, tout à la fois, s'inscrit
dans la grande période des enquêtes quantitatives nationales, utilise pour la
première fois des enquêtes longitudinales, se situe sur des objets sociaux maj
eurs et au cœur de polémiques fameuses et s'interroge incidemment sur le
rôle des données chiffrées dans la production théorique. Il peut donc être un
excellent «prétexte» à examen de questions finalement communes à nombre
de chercheurs et toujours d'actualité.
L'idée de départ de cette communication consiste à lire ces publica
tions non pas en s 'intéressant aux résultats eux-mêmes mais en examinant
la façon dont ils se fondent quantitativement, en entrant un peu dans le
processus de production de données et de sens. Et ceci en confrontant les
positions de l'auteur d'une part à certains de nos travaux ou à ceux réalisés
par les sociologues de l'éducation et de la jeunesse, d'autre part à la tra
dition sociologique et aux réflexions méthodologiques et épistémologiques
portant sur ce sujet.
Naturellement, il ne s'agit pas d'examiner ici l'ensemble des ques
tions ayant trait aux rapports entre sociologie et statistique<2) rapports à la
fois inévitables et problématiques. Mais simplement de souligner certaines
"* Cette communication n'entend pas examiner l'abondante production d'Alain Girard,
mais seulement certains textes en rapport avec les thèmes de la Journée d'Étude, particulièrement
ceux concernant les «âges de la vie» et l'« enseignement». C'est pourquoi elle s'appuie quasi
exclusivement sur le recueil de textes Population et l'enseignement, publié en 1970 par l'I.N.E.D.
*2' Question qui a, par exemple, donné lieu à une Journée d'Études, Statistiques et
Sociologie, organisée en octobre 1982 à Paris par l'I.N.S.E.E. et la Société française de so
ciologie et dont il est rendu compte dans un numéro spécial à' Économie et Statistique, no
tamment dans l'article de F. de Singly.
Population, 2, 1996, 285-302 286 ALAIN GIRARD
questions méthodologiques et ceci sur un objet singulier, celui de la fo
rmation et de l'insertion. S'il est vrai que la sociologie est une «science
empirique», comment, en effet, ne pas s'interroger sur la production et
l'usage des chiffres. C'est d'ailleurs ce que nombre de sociologues ont fait
depuis longtemps : dès le milieu du 19e siècle dans les travaux de A. Quetelet,
puis au début du 20e dans ceux de E. Durkheim(3) lorsqu'il exprime son souci
de fonder la sociologie sur « les codes et les chiffres », de M. Halbwachs, de
F. Simiandi4; et plus tard chez nombre d'auteurs, tels M. Mauss(5) ou des au
teurs réunis plus récemment autour de l'I.N.S.E.E. comme A. Desrosières, L.
Boltanski et L. Thevenot.
La période actuelle nous semble propice au prolongement de cette
tradition. Et ceci pour des raisons à la fois pratiques, avec le développement
des outils statistiques les plus sophistiqués tels que les enquêtes longitu
dinales, théoriques, avec le foisonnement des réflexions sur la production
et l'usage social du chiffre(6) et politiques, avec la récente enquête lancée
par le gouvernement Balladur auprès des jeunes'7'.
La réflexion se fera en deux temps. On examinera d'abord les « données »
utilisées par A. Girard, ce qui permettra d'observer, au regard d'autres travaux
et réflexions, l'intérêt des grandes enquêtes, le poids de la demande sociale
et l'apport des enquêtes longitudinales. Puis on s'interrogera sur le sens ac
cordé à ces «données» toujours socialement construites, ce qui conduira à
évoquer des questions classiques chez les statisticiens et les sociologues : ana
lyse des variables et de leurs relations, homogénéité et partition, des populat
ions, généralisation des observations et concurrence d'interprétations, choix
(3' Voir les considérations de F. Héran sur « Statistique, sociologie et formes instituées :
un thème central dans l'œuvre de Durkheim» dans ce même numéro de Economie et Statis
tique.
(4) Lequel s'interroge en ces termes sur l'usage des abstractions statistiques : «ce qui
en fait nous égare bien souvent dans l'emploi des abstractions statistiques, ce n'est pas qu'elles
soient des abstractions, mais c'est qu'elles soient de mauvaises abstractions» (p. 30). Et plus
loin il suggère que ces abstractions « ne soient pas des résultats de comptages quelconques,
de combinaisons arbitraires entre des chiffres et des chiffres mais qu'elles respectent les ar
ticulations du réel».
(5) « Tout problème social est un problème statistique. La fréquence du fait, le nombre
des individus participants, la répétition au long du temps, l'importance absolue et relative
des actes et de leurs effets par rapport au reste de la vie, tout est mesurable et devrait être
compté», cité par F. Héran dans «Résistance à la statistique, résistance à la sociologie»,
communication à la Journée d'études Statistiques et sociologie.
(6) Foisonnement manifesté par la publication récente de textes majeurs comme celui
de A. Desrosières, « La politique des grands nombres, histoire de la raison statistique » ou
destinés à un plus large public comme le numéro de la revue Autrement (série Sciences en
société, n° 5, septembre 1992) intitulé La cité des chiffres ou l'illusion des statistiques.
{1) «Exemple même de ce qu'il ne faut pas faire en matière d'enquête», pour reprendre
les termes de Ch. Baudelot, P. Baudelot, P. Bourdieu et С Lévy dans Le Monde du 8 juillet
1994. De fait, cette enquête supporte des critiques majeures qui renvoient à des considérations
classiques et ne nous éloignent guère de l'objet de cette communication : absence de garantie
de représentativité et probables biais majeurs et incontrôlables ; incertitudes quant à la qualité
des réponses ; incapacité à rendre compte de phénomènes sociaux à partir d'opinions individuell
es ; référence implicite à des modèles sociaux non unanimes ; confusion entre opinions, idées
reçues et connaissance ; ambiguïté quant au rôle social du sociologue et de la sociologie, déjà
socialement moins « légitimes » que la statistique ; illusion d'équivalence entre chiffre et science...
Les premiers résultats publiés dans Le Monde du 24-25 septembre 1994 confirment largement
ces craintes. ALAIN GIRARD 287
de la démarche et de l'usage des données dans la production théorique.
L'ampleur du menu ainsi annoncé est telle qu'il s'agira simplement de «ré
ductions » en attendant peut-être, une production plus copieuse.
I. - A propos des chiffres...
Des grandes enquêtes Alain Girard utilise donc des grandes enquêtes na-
quantitatives tionales représentatives, essentiellement celles de
l'I.N.E.D. sur l'orientation et la sélection, réalisées
en 1953 sur les enfants d'âge scolaire puis en 1962 sur l'entrée en sixièmei8).
Ce faisant, il s'inscrit dans une tradition ancienne en France si l'on veut
bien se souvenir que l'Office du Travail lança dès 1893 une grande enquête
sur «les salaires et la durée du travail dans l'industrie franç

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