Défense et illustration de l art-thérapie - article ; n°1 ; vol.37, pg 63-74
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Description

Quaderni - Année 1998 - Volume 37 - Numéro 1 - Pages 63-74
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 79
Langue Français

Extrait

Claudie Fougeyrollas
Défense et illustration de l'art-thérapie
In: Quaderni. N. 37, Hiver 1998/99. pp. 63-74.
Citer ce document / Cite this document :
Fougeyrollas Claudie. Défense et illustration de l'art-thérapie. In: Quaderni. N. 37, Hiver 1998/99. pp. 63-74.
doi : 10.3406/quad.1998.1375
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/quad_0987-1381_1998_num_37_1_1375Théorie
DÉFENSE ET ILLUSTRATION
DE L' ART-THÉRAPIE
CLAUDE FOUGEYROLLAS
divers n tentative entend domaines d'utilisation aujourd'hui artistiques par de la art-thérapie à créativité des fins d'améldans une
O ioration de l'état de santé psychique des
malades mentaux. C'est aussi une tentative
de restructuration de la personnalité. Elle
est issue du mouvement expressionniste qui
est né au début de notre siècle en Allemag
ne. Ce mouvement a été particulièrement
illustré par le groupe de peintres appelé die
Brucke (le Pont). Ces artistes réagissaient
contre le conformisme de la société de leur
époque tout en exprimant leur angoisse exis
tentielle et celle de la société elle-même. À la
différence des courants artistiques anté
rieurs, l'expressionnisme comporte une sorte
de déstructuration de la forme qui s'oppose
violemment à tout académisme et qui a heurté
une grande partie du public convaincu de
se trouver devant des productions de
"fous".
Vers la fin de la Première Guerre mondiale et
dans les années qui l'ont suivie, le mouve
ment Dada et le mouvement de la Révolut
ion surréaliste ont radicalise l'opposition
des créateurs non seulement à l'académisme,
mais aussi à la conception des beaux-arts
comme formes d'imitation de la nature ou Art-thérapeute,
docteur en sociologie d'expression de l'âme humaine.
(Paris Vil-Denis Diderot)
et diplômée d'art-thérapie C'est pourquoi certains esprits avancés se
sont demandés si les malades mentaux eux- (Paris V-René Descartes)
QUADERNI N°37 - HIVER 1999 L'ART-THERAPIE» 63 n'étaient pas porteurs de messages mêmes malades mentaux. ". Et il concluait "l'ar
et de valeurs esthétiques, et se sont interro tiste fou crée pour lui-même, en dehors de
gés sur d'éventuelles affinités entre Yart toute culture ". Indépendamment des réser
moderne et ce qu'ils ont appelé Yart ves que l'usage ici du mot culture et celui
psychopathologique. Dans les deux cas, ne du mot fou peuvent susciter, nous retien
trouve-t-on pas des tendances à l'évasion drons la reconnaissance par Dubuffet de la
et à la régression, indépendamment de toute créativité des malades mentaux, du moins
préoccupation artistique ? de certains d'entre eux.
Hans Prinzhorn (1886-1933), historien et À l'hôpital Sainte-Anne de Paris, a été fondé,
philosophe de l'art devenu assistant à la cl en 1954, le Centre d'étude de l'expression.
inique psychiatrique universitaire de Heidel C'est dans ce cadre que s'est tenue la pre
berg, a constitué une collection de product mière exposition des uvres de malades
ions plastiques provenant de divers hôpi mentaux et que se prépare maintenant le d
taux psychiatriques d'Allemagne. Il a accordé iplôme d'art-thérapie décerné par l'Université
à ces productions une attention nouvelle et Paris V-René Descartes. Le terme d'art-thé
a porté un regard neuf sur la relation entre la rapie, d'origine anglo-saxonne, a remplacé
maladie mentale et la créativité. Son princi l'appellation d'atelier d'expression plastique.
pal ouvrage Expressions de la folie. Dess Il s'agit aussi d'éviter toute confusion entre,
ins, peintures, sculptures d'asile (1922, tr d'une part, les séances d'art-thérapie et,
aduction française, Gallimard, 1984), a été d'autre part, les ateliers d'ergothérapie, fon
dés sur l'idée de la "régénération" par le tra- salué, à la fois par des artistes, comme Ernst,
Klee et d'autres, et par des psychiatres vail, et les ateliers de thérapie
d'avant-garde. occupationnelle, légitimés par les bienfaits
que peuvent apporter aux patients des acti
Plus tard, Jean Dubuffet, initiateur de Yart vités à dominante ludique.
brut, a fondé en 1949 une "compagnie" por
tant ce titre et a appelé l'attention du public Une expérience personnelle
sur les productions artistiques des créateurs
non-professionnels se servant de toutes Tout en pratiquant l'ergothérapie, dans un
sortes de matériaux pour s'exprimer. Il se service de Sainte- Anne, j'ai tenté de favori
demandait "pourquoi, parmi les non-artist ser chez les patients qui m'étaient confiés,
es, ceux qui produisent le plus sont des les manifestations de leur créativité. En
64» L'ART-THERAPIE QUADERNI N"37 - HIVER 1999 j'ai eu recours à l'art-thérapie avant participante qui dure depuis une dizaine somme,
même d'en connaître la spécificité. d'années.
Il me semble, en effet, que la "réhabilitation" \J atelier de peinture fonctionne au cours
des malades mentaux a eu son temps, au de séances de deux heures. Ce sont les pa
lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, tients eux-mêmes qui décident librement d'y
et qu'elle est devenue de nos jours passa participer ; c'est aussi le cas pour les autres
blement inopérante, compte-tenu du con ateliers. Les séances de peinture ont lieu
texte social global marqué par une dévalori dans une salle adaptée à cette fin. Les pa
sation du travail comme valeur individuelle tients peignent ce qu'ils désirent peindre,
et collective. Par ailleurs, l'utilisation à des de préférence debout, sur de grandes
fins thérapeutiques des activités ludiques feuilles accrochées aux murs. De cette man
m'a paru finalement trop vague et trop floue ière, leurs corps peuvent se mouvoir plus
pour que l'on puisse se contenter de rem librement, chacun choisissant ce qui lui par
placer l'ergothérapie par la thérapie dite (non aît le bon emplacement et la bonne distance.
sans quelque mépris) "occupationnelle". Pas de consignes, pas de modèles. Il s'agit
de permettre à la créativité de chacun ou de
À l'intérêt que j'éprouve depuis longtemps chacune de se donner un champ tout en
pour les productions artistiques ou suppo maintenant un cadre qui soit souple.
sées telles des malades mentaux est venu
s'ajouter un constat d'insuffisance touchant La séance de peinture se déroule en pré
l'ergothérapie et la thérapie occupationnelle. sence de l'art-thérapeute et d'un étudiant ou
Tout me conduisait alors à explorer la voie d'une étudiante en art-thérapie effectuant
ou les voies de l'art-thérapie. un stage pratique. À la fin de chaque séance,
chaque participant présente sa production,
C'est ainsi que j'ai organisé et animé dans le la commente et, si possible, lui donne un
service auquel j'appartiens, quatre ateliers titre. Un rapport écrit est établi après cha
d'art-thérapie qui ont servi et continuent à que séance par l'étudiant ou l'étudiante sta
servir de cadre à mon expérience person giaire.
nelle : un atelier de peinture, un atelier de
modelage, un atelier de découpage-collage Il s'agit pour moi d'assister les patients sans
et un atelier d'écriture. C'est d'eux que je vais les gêner, sans leur imposer une direction
maintenant parler à partir d'une observation ou des directives et sans les infantiliser. À
QUADERNI N*37 - HIVER 1999 L'ART-THERAPIE» 65 du désir de peindre, j'essaie de favori gination n'en est pas moins dépendante de partir
ser dans un cadre bienveillant une conditions culturelles, à la fois, collectives
et individuelles. C'est une fonction psychidésocialisation libératrice de l'imaginaire qui
que parmi d'autres. La participation active à a pour but final la re-socialisation de la per
sonne. J'entends ici par désocialisation le un atelier de peinture peut contribuer à la
mouvement par lequel l'imagination s'affran libération de cette fonction et à faire en quel
que sorte que le patient devienne moins chit des contraintes pesant sur elle dans la
vie quotidienne, en tant que vie pleinement patient .
socialisée. De fait, les patients qui peignent
le font d'une

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