Délinquance et infériorité de l intelligence - article ; n°1 ; vol.51, pg 35-52
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Délinquance et infériorité de l'intelligence - article ; n°1 ; vol.51, pg 35-52

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Description

L'année psychologique - Année 1949 - Volume 51 - Numéro 1 - Pages 35-52
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1949
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

C. Nony
IV. Délinquance et infériorité de l'intelligence
In: L'année psychologique. 1949 vol. 51. pp. 35-52.
Citer ce document / Cite this document :
Nony C. IV. Délinquance et infériorité de l'intelligence. In: L'année psychologique. 1949 vol. 51. pp. 35-52.
doi : 10.3406/psy.1949.8493
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1949_num_51_1_8493IV
Laboratoire de Psychologie expérimentale
de V École des Hautes Études.
DÉLINQUANCE ET INFÉRIORITÉ DE L'INTELLIGENCE1
par C. Nony
Actuellement, malgré les affirmations réitérées de nombreux
criminologistes qui considèrent comme définitivement réglé, par
la négation de tout lien causal, le problème des rapports entre
délinquance et infériorité de l'intelligence, il semble bien, en
regardant de près la totalité des résultats obtenus sur ce point
par les psychologues, que ces affirmations soient téméraires ou
prématurées.
Ou plutôt, si on se rappelle le renversement de position auquel:
elles correspondent, on peut se demander si elles ne sont pas au
contraire en retard par rapport aux recherches les plus récentes,
et ne restent pas arrêtées aux conclusions de Murchison (1926)
et de Tulchin (1939) en faveur de l'égalité, confirmées encore
par d'autres auteurs dans des études de portée plus réduite,mais
contredites dans le même temps par une masse d'autres travaux
tout aussi sérieux.
Thèse de l'égalité.
On sait que c'est l'imposante enquête de Murchison, portant
sur les résultats dans le test Army Alpha de près de 4.000 pri
sonniers (hommes) de 5 pénitenciers d'États américains, compar
és aux dans ce test des recrues blanches die ces 5 États,
1. Cet article était primitivement destiné au volume jubilaire de VAnnée
Psychologique offert en hommage au Professeur Piéron. L'importance de ce
volume nous a obligé à reporter ici cette publication.; (N. D. L. R.), MÉMOIRES ORIGINAUX 36
qui renversa, en 1926, la croyance établie depuis 1912 et faisant
de l'infériorité de l'intelligence la principale cause de délinquance,
à la suite des travaux de Goddard, de Healy et de leurs disciples.
Le fait que Murchison, opérant sur un échantillon aussi grand
et aussi complet, trouvait dans son groupe criminel la même
courbe de répartition de l'intelligence que dans la population
normale, portait évidemment un coup retentissant à la théorie
précédente.
En 1939, Tulchin répétant la même étude avec le même test
sur plus de 10.000 détenus de l' Illinois, parvenait aux mêmes
conclusions.
Mais même avant ces résultats spectaculaires, et également
depuis, quelques études isolées ont, elles aussi, conclu à l'égalité
de l'intelligence des délinquants et des non-délinquants, appor
tant ainsi une note discordante au concert alors unanime en
faveur de la thèse de Goddard, de Healy, de Goring, de Ter-
man, etc.
Dès 1923, Gruenhut, sur 300 condamnés blancs et 100 condam
nés noirs de 16 à 30 ans, testés avec le Binet-Stanford, ne trouve
pas de différence significative entre le pourcentage d'A, M.
inférieurs à 10 ans dans les deux groupes, non plus qu'entre
l'A. M. moyen de chaque groupe.
En 1935, sur un groupe de 150 récidivistes (hommes) ayant un
âge moyen de 26 ans, Shakow et Millard, employant des tests
aussi variés que le Binet-Stanford, le Porteus, et le formboard de
AVorcester, ne constatent pas de différences avec les résultats,
dans les mêmes tests, de soldats du même âge moyen.
En 1946, D. G. Schmidt trouve les délinquants égaux aux
non-délinquants dans le Wechsler-Bellevue, test individuel moitié
verbal et moitié performance, mais constate la supériorité des
seconds dans les tests collectifs purement verbaux, et en conclut
que cette différence est due uniquement à l'infériorité culturelle
du premier groupe et à son inhabileté aux exercices papier-crayon.
En 1947, Maud Merrill comparant 300 jeunes délinquants et
300 enfants non-délinquants des mêmes écoles et de la même
ville (donc égalisés dans une certaine mesure sous le rapport du
milieu) ne trouve presque aucune différence dans le Q. I. moyen
(86 chez les premiers contre 89 chez les seconds).
En 1948, Durea et Taylor, sur des garçons de 11 à 18 ans,
trouvent les délinquants égaux aux non-délinquants dans le
Wechsler-Bellevue non verbal, mais inférieurs dans la forme ver
bale du même test. NONY. DEUN(?ÜANCE ET INFERIORITE DE ININTELLIGENCE 37 C.
La même année, Wedeking, sur deux autres groupes du même
âge, trouve les délinquants égaux aux non-délinquants aussi bien
dans le Wechsler-Bellevue que dans le Stanford-Binet; ce qui
contredit les conclusions de Schmidt relativement à l'influence
de la forme du test (individuel contre collectif, et performance
contre verbal), mais renforce encore la thèse de l'égalité.
Acheminement vers la thèse de l'égalité
par d'autres voies.
Il faut noter que ces résultats ne sont que l'aboutissement
extrême de la tendance qui, dès 1925, s'était peu à peu manifestée"
en faveur d'une moins grande inégalité, en réaction contre l'excès
des conclusions de Goddard et de Healy : quand on passe en
revue les quelques 350 études sur plus de 150.000 délinquants
parues de 1910 à 1928, on observe que de 1910 à 1914 les auteurs
trouvaient en moyenne 50 % de déficients mentaux parmi les
délinquants, alors que de 1925 à 1928 ils n'en trouvaient plus
qu'environ 20 %.
En 1931, Pintner observe que d'après 41 articles sur la quest
ion, le pourcentage de déficience mentale variait de 7 à 93.
En 1934, Vervaeck fait la remarque que les auteurs des vingt
dernières années trouvaient 25 à 89 % de débiles ou de déficients
plus graves parmi les prisonniers.
En France, le Professeur Heuyer trouve en moyenne 27 %;
Roubinovitch 30 %.
Ces chiffres exagérés tiennent évidemment à toutes sortes de
causes inhérentes aux premiers tâtonnements de la psychologie
appliquée : mauvaise technique dans l'administration des tests,
mauvais étalonnage de ceux-ci, plafond trop bas ne permettant
pas aux plus intelligents de se classer à leur rang, échantillonnage
défectueux des délinquants étudiés, frontière de la débilité placée
trop haut, etc.
C'est pourquoi plus tard, de 1930 à 1940, avec les progrès dans
la technique des tests, le pourcentage de déficience mentale chez
les délinquants tend à se fixer dans les environs de 8 à 13 %
les divers auteurs : c'est dans cette marge que se situent les
chiffres indiqués par Healy et Bronner^ Merrill, Burt, Kvaraceus,
Sheldon Glueck et E. T. Glueck, l'enquête de New- Jersey, contre
2,6 % dans la population normale d'après Terman; encore ce
dernier pourcentage varie-t-il selon le Q. I. choisi comme plafond OÖ MEMOIRES ORIGINAUX
'de la déficience mentale et selon la composition du groupe étudié :
•ces 2,6 % correspondent au pourcentage de Q. I. inférieurs à 75,
■mais le chiffre serait plus faible si l'on fixait la limite, par
^exemple, à 70.
De même, Merrill trouve 11 % de Q. I, inférieurs à 70 chez les
jeunes délinquants de Californie, mais en trouve 23 % dans un
autre groupe comprenant une forte proportion d'enfants d'ori
gine mexicaine, c'est-à-dire défavorisés au point de vue scolaire,
verbal, et sans doute aussi économique et social.
Ce pourcentage ainsi diminué tend encore à perdre de sa signi
fication si l'on tient compte des indications de certaines études
sur l'effet du milieu sur l'intelligence de la population générale
ou tout au moins sur le Q. I. tel qu'il se révèle dans les tests
1) :
1. Dans une zone de niveau socio-économique inférieur, Lichtens
tein et Brown constatent, même parmi les enfants non délinquants ,
aine proportion de Q, I. inférieurs à 70 qui est presque aussi élevée
(.10%) que les 13 % trouvés par plusieurs des auteurs ci-dessus;
ce qui rend très faible, et peut-être non significative, la différence
'entre les deux groupes si l'on remarque, d'autre part, que le niveau
socio-économique est &#

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