Des villes existent-elles en Orient dès l époque néolithique ? - article ; n°4 ; vol.25, pg 1091-1101
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1970 - Volume 25 - Numéro 4 - Pages 1091-1101
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Louis Huot
Des villes existent-elles en Orient dès l'époque néolithique ?
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 25e année, N. 4, 1970. pp. 1091-1101.
Citer ce document / Cite this document :
Huot Jean-Louis. Des villes existent-elles en Orient dès l'époque néolithique ?. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations.
25e année, N. 4, 1970. pp. 1091-1101.
doi : 10.3406/ahess.1970.422346
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1970_num_25_4_422346PROBLÈMES
Des villes existent-elles, en Orient
dès l'époque néolithique ?
communautés littérature bien néolithique le la Huyik. mode « Depuis révolution qu'ancienne, A de spécialisée V. cette : vie les G. villageoises urbaine deux de date, Childe, est l'Orient pose exemples encore K. » on ; le a Kenyon on pense problème marqué ancien1. communément exhume les plus qu'au revendiquait un On de connus désormais changement seuil l'existence n'avait adoptée du et pour IIIe les affaire, des de plus progressif, millénaire villes. *. Jéricho véritables Pourtant, cités antérieurement, Cette sont néolithique avant mais villes manière Jéricho depuis radical, Jésus-Christ, dès qu'à l'époque 1956, et précérade Çatal dans voir, des la
mique A, le nom de ville s. M. Wheeler allait encore plus loin, et parlait de « plus
ancienne ville connue » *. Récemment, les découvertes de Çatal Hûyûk amenaient
tear auteur, J. Mellaart, à baptiser ce site « la plus ancienne ville d'Anatolie » *.
On perçoit l'importance de ces affirmations : les spécialistes placent habituellement
Jéricho PPNA (Pre-pottery Neolithic A) vers le commencement du VIIIe millénaire
avant Jésus-Christ », et Çatal Hûyûk X-II entre 6500 et 5700 avant Jésus-Christ '.
H y a, certes, une course assez puérile vers le « earliest in the world » ; mais, au delà
de ce qui pourrait passer pour une déformation professionnelle, la question est
aujourd'hui clairement posée. Etes villes existent-elles, en Orient, dès l'époque
1. Came, 1951, p. 142.
2. SmstWNQ, 1961, p. 86 sq.
3. Kenyon, 1956» p. 184 : « Nous pouvons... affirmer que la population néolithique pré
céramique du professeur Garstang vivait, non pas dans on vilS âge, mais dam une vite, »
4. Wheeler, 1956, p. 135 : « Si l'on accepte ce titre, cette ville serait la plu ancienne de toutes
celles qui sont connues et leur serait antérieure de deux à trois millénaires... »
5. Mellaàrt, 196?, p. 227 : « .„ La vite la ptas ancienne d'Anatole et l'âne des pfas ancienne» du monde... »
6. Fbsxot, 1968, coi. 391.
7. Mujuukt, 1967, p. 53.
1091 PROBLÈMES
néolithique ? Peut-on parler de civilisations urbaines avant l'établissement des
premières dynasties historiques ? En un mot, faul-il admettre une nouvelle « révo
lution urbaine » bien antérieure à celle de Childe ? Les archéologues qui s'intéressent
à ces hautes périodes sont bien loin d'un accord. La plupart soulignent la faiblesse
des arguments avancés, qui sont presque toujours, en dernière analyse, d'ordre
plus « sentimental » que logique ; leur aspect péremptoire cache mal leur inconsis
tance l. Recueille-t-on un objet manifestement luxueux, on en déduit le caractère
urbain du site qui l'a fourni 2. Aussi la révolution urbaine néolithique est-elle fe
rmement contestée par de nombreux néolithiciens. Cette controverse n'est-elle qu'une
querelle de mots ? Les questions de terminologie recouvrent — souvent — des réali
tés substantielles.
Les arguments avancés portent, en général, ^sur trois points. En premier lieu,
les partisans de l'existence de villes dès l'époque néolithique accordent une atten
tion particulière à d'un rempart. Les fouilleurs, en effet, l'interprètent
quelquefois comme une marque du caractère urbain de l'ensemble qu'ils dégagent s.
Le rempart était d'ailleurs senti comme tel par les anciens : les textes bibliques
comprennent souvent la viËe comme une « ville fortifiée », ou comme une « cité
remparée », par opposition au village, dépourvu de mur d'enceinte 4. Certains néol
ithiciens utilisent souvent la présence d'un rempart dans le même esprit. Là encore,
Jéricho et Çatal Hiiyûk peuvent servir d'exemple. On connaît la fameuse tour du
premier de ces sites ; il n'est pas nécessaire de la décrire à nouveau. Elle est toujours
assimilée à un ouvrage défensif, donc à la preuve de l'existence d'un rempart, lui-
même considéré comme un critère du fait urbain. La faiblesse des conclusions qu'on
1. « Ici, il ne s'agit pas d'un village primitif, mais d'une large communauté... » (Kenyon, 1956,
p. 187 ) « D'emblée, le point de peuplement présentait clairement l'aspect d'une ville, et peut assu
rément être décrit comme tel. » (Wheeler, 1956, p. 135.) « De plus, n'étant pas un village, mais
une ville ou une cité, ses produits ont indiscutablement une allure urbaine. » (Mellaart, 1967,
p. 22.)
2. Mellaart, 1967, p. 22 : « Çatal Hiiyûk pouvait se permettre des produits aussi luxueux
que miroirs d'obsidienne, dagues de cérémonie, breloques de métal, tous objets auxquels la plu
part des villes contemporaines n'auraient pu prétendre. »
3. Vaux, 1966, a, p. 8-9 : « Nous devons souligner un trait particulier à cette époque (Pales
tine à l'Age du bronze). La période chalcoîithique était encore l'âge des villages ; il existait des
villages composés de huttes ou de gîtes creusés dans le sol, et il existait également des de maisons mieux construites, mais aucun de ces types d'agglomérations n'était
entouré d'une enceinte ; ils pouvaient couvrir une surface relativement importante, mais les habi
tations étaient éparpillées ; Ûs étaient généralemeat situés dans des vallées ou des plaines, mais fa habitants ne se souciaient pas de tirer parti des moyens de défense naturels. » « En contraste
frappant, les agglomérations de l'âge du bronze ancien étaient des cités... Les maisons ne tardèrent
pas à se grouper de manière compacte à l'intérieur d'un rempart. » Le Père de Vaux insiste, cependant,
ailleurs (Vaux, 1966, b, p. 7), sur le fait qu'un rempart ne constitue pas une agglomération en cité :
« La construction de la tour et du mur d'enceinte (...) suppose, semble-t-il, une communauté
organisée (.„). Mais pent-on pour autant parler d'une cité ? (...) Des maisons et un rempart ne
constituent pas en soi une cité. » La même objection est faite par H. de Contenson : « Même si
les « remparts » qui ont été signalés étaient réellement destinés à jouer un rôle défensif, ils ne suffi-
raieat pas par eux-mêmes à prouver le caractère urbain des niveaux inférieurs de ces sites. »
(Contobqn, 1965, p. 208.)
4. Cf. Lév. 2S.29 : % hômâh = ville remparée. Dt. 3.5 : «ârîm besarot faômâh = ville fortifiée
à rempart ; opposé à 'arai àapherazi = ville des campagnards (= ville non murée).
De même, Thucydide (L 5,1) défiait le village comme âû
1092 DES VILLES EN ORIENT A L'ÉPOQUE NÉOLITHIQUE? J.-L HUOT
tire de sod étude a été suffisamment relevée par des spécialistes pour qu'on s'inter
dise d'y revenir ici \ A Çatal Hûyûk, c'est encore une sorte de rempart qui est invo
quée à titre d'argument. Un chapitre du beau livre de J. Mellaart, intitulé « The
Town Plan » %, expose comment des maisons sans porte latérale, serrées les unes
contre les autres, entourent le site en une manière de front uni, excellente défense l'ennemi s. Mais quelle peut être la signification d'un rempart pour le pro
blème qui nous occupe ? Certes, une muraille présente, pour une cité, de grands
avantages : elle sépare, de façon visible et réele, son territoire de la campagne envi
ronnante. En Mésopotamie, l'édification de remparts s'est généralisée durant le
IIIe millénaire avant Jésus-Christ 4. Mais il ne suffit pas d'un mur d'enceinte poor
qu'on puisse parler de ville : le site de Tel es-Sawwan, sur la rive orientale

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