Différence et analogies entre la criminologie pratique et la criminologie académique - article ; n°2 ; vol.5, pg 163-176
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Description

Déviance et société - Année 1981 - Volume 5 - Numéro 2 - Pages 163-176
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

J.J. M. Van Dijk
Différence et analogies entre la criminologie pratique et la
criminologie académique
In: Déviance et société. 1981 - Vol. 5 - N°2. pp. 163-176.
Citer ce document / Cite this document :
Van Dijk J.J. M. Différence et analogies entre la criminologie pratique et la criminologie académique. In: Déviance et société.
1981 - Vol. 5 - N°2. pp. 163-176.
doi : 10.3406/ds.1981.1080
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1981_num_5_2_1080Déviance et Société, Genève, 1981, vol. 5, No 2, pp. 163-176 DEBAT
DIFFERENCE ET ANALOGIES
ENTRE LA CRIMINOLOGIE PRATIQUE ET
LA ACADEMIQUE
J.J.M. van DIJK *
Une autre perspective
Dans son introduction intentionnellement provocante à la présente
discussion, L. Van Outrive a situé la création d'un centre de recherche
étatique, ainsi que la protection de données administratives par la voie
de la protection de la vie privée, dans la perspective historique de
l'autorité "impéraliste". D'après lui, l'autorité tente, depuis peu et dans
de nombreux pays, de contrecarrer les recherches universitaires sur la
justice en fondant ses propres centres de recherche et en protégeant les
données administratives sous prétexte de protéger la vie privée. Les
centres d'études de l'Etat mèneraient à la domination de la recherche
fonctionnaliste, étiologique et empirique ainsi que de la
opérationnelle, organisatrice et participante. Les recherches s'effectue
raient selon Van Outrive aux dépens de la recherche politicologique et
historique, qui vise les prises de décision de la Justice au plus haut
niveau.
Je dois avouer que cette introduction sous forme d'une recherche
historique sur la prise de décision dans les départements de la Justice
me semble peu convaincante. Pour commencer, la véritable situation est
beaucoup plus complexe. Le rapport de Ferracuti1 sur l'organisation de
la criminologie appliquée dans le monde occidental prouve que les
centres de recherche étatiques ont pour la plupart été créés vers 1970.
L'évolution dont parle Van Outrive ne date donc certainement pas
partout de ces dernières années. La politique de recherche évolue
d'ailleurs dans différents sens. En Angleterre, on a décidé cette année de
réduire considérablement la research unit de l'Home Office; quelques
criminologues universitaires ont protesté contre cette décision dans The
Times. Au Canada, le centre de recherche de YOffice of the Prosecutor
General a récemment été réduit. Par contre, en Suède, un petit centre
de recherche à été fondé à l'intérieur du Council for Crime Prevention;
Wctcnschappclyk Ondeizoek en Documentatie Centrum van het Minuterie van Justifie
(Centre de Recherche et de Documentation Scientifique du Ministère dé la Justice),
La Haye.
163 aux Pays-Bas le W.O.D.C. a été développé considérablement (en 1974 et
en 1979) et, en Allemagne fédérale, des centres de recherche à l'échelon
fédéral et gouvernemental ont été fondés.
La création de centres de recherche étatiques au cours des années
soixante-dix ne doit pas être regardée comme une réaction de la part de
l'Autorité dans le cadre d'un conflit avec les universités. L'aliénation
entre les universités et l'autorité publique a certes influencé la
fondation de ces centres, mais ce n'est pas là un motif essentiel. Les
centres étatiques n'ont pas été fondés pour contrecarrer les universités
ou pour les manipuler, mais parce que l'Autorité éprouve un besoin
urgent de recommandations scientifiques que les universités, pour des
raisons diverses, ne veulent ou ne peuvent pas donner.
La protection de la vie privée qui, sous sa forme actuelle, ne
menace pas seulement la recherche médicale et sociale mais qui lui
cause déjà du tort, peut encore moins être regardée comme une réaction
de la part de l'Autorité contre les universités. En effet, la protection de
la vie privée sous son actuelle forme absolutiste provient plutôt des
universités que de la bureaucratie gouvernementale. Bref, la création de
centres de recherche étatiques et la nouvelle législation dans le domaine
de la protection de la vie privée résultent de circonstances historiques
totalement différentes.
Le problème de "la protection de la vie privée face à la recherche
scientifique" est à mon avis trop important et trop compliqué pour être
abordé de biais dans une discussion sur les centres de
étatiques2. Les nouveaux règlements qui sont entrés en vigueur
récemment sont aussi menaçants et entraînent aussi bien des
complications pour les centres de recherche étatiques que pour les
institutions universitaires. Je suggère donc à la rédaction de consacrer
un débat spécial aux conséquences qu'entraîne la législation sur la vie
privée pour la criminologie, et je me limiterai à l'analyse des centres de
recherche qui dépendent des autorités publiques.
Les centres de recherche étatiques (analyse historique)
A mon avis, les centres de recherche se détachent sur le fond
historique suivant. Au cours des années cinquante et soixante, on a
réservé de plus en plus de tâches sociales à la justice et à la police en
tant que composantes d'un Etat de bien-être en pleine expansion. Le
maintien de l'ordre traditionnel s'est développé en une politique
criminelle. Dans la pratique du droit pénal, une conception pragmatique
qui soulignait la resocialisation, la prévention sociale et l'assistance s'est
répandue progressivement. Les hauts fonctionnaires, qui généralement
sont eux-mêmes des juristes, se sont rendus compte que les problèmes
164 posés par les différentes formes — anciennes et nouvelles — de la
criminalité et par les nombreuses perturbations de l'ordre ne peuvent
être résolus tant qu'on les approche de façon purement juridique.
D'autre part, on a dû constater assez rapidement qu'une politique plus
pragmatique ne garantissait pas non plus le succès. Les problèmes de la
criminalité n'ont pas diminué. Les services de la police, du reclassement
et de la protection de l'enfance qui ont connu depuis 1950 une
extension énorme et qui sont dirigés entièrement ou partiellement par
les départements ministériels semblent avoir peu d'effet. Il n'est donc
pas étonnant qu'au cours des années 70, le besoin se soit déclaré
d'évaluer le fonctionnement même de la recherche et de formuler des
alternatives politiques.
Comment ont réagi les universités de l'Europe occidentale face aux
besoins éprouvés par l'administration de la justice ? Trois facteurs ont,
à mon avis, empêché une coopération productive :
1. Au cours des années soixante et soixante-dix, sous l'influence de la
pensée dialectique, de nombreuses institutions universitaires ont admis
dans une certaine mesure que le "système pénal" devait être aboli au
lieu d'être amélioré. Les problèmes prétendument immanents au
système ont été considérés comme dépourvus d'intérêt et souvent
même comme moralement condamnables. Par peur d'être récupérés, les
chercheurs se sont distancés autant que possible des fonctionnaires de
l'administration et ils ont livré le plus vite les résultats de leurs
recherches à la presse. Quoiqu'on pense de ce mouvement critique à
l'intérieur de la criminologie — moi-même, je ne m'y oppose
certainement pas de façon absolue —, il est normal dans cette
perspective que les dirigeants qui veulent être conseillés ne s'adressent
pas aux universités et cherchent d'autres solutions (par exemple, les
centres de recherche internes) à leurs problèmes qui, forcément, sont
immanents au système. L'indignation suscitée ainsi auprès de certains
chercheurs universitaires me rappelle une anecdote sur Herman Gorter,
le poète et philosophe marxiste néerlandais. Gorter à jadis été expulsé
d'un élégant club de criquet, à cause de ses articles passionnés sur la
révolution russe. Au moment où il a exprimé son indignation à ce sujet,
un de ses jeunes amis, le poète

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