Dissonance ou autoperception : un nouveau test dans le paradigme de la double soumission forcée - article ; n°2 ; vol.96, pg 275-289
16 pages
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Dissonance ou autoperception : un nouveau test dans le paradigme de la double soumission forcée - article ; n°2 ; vol.96, pg 275-289

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Description

L'année psychologique - Année 1996 - Volume 96 - Numéro 2 - Pages 275-289
Résumé
Cet article présente un nouveau test entre la version radicale de la dissonance cognitive (Beauvois et Joule, 1981) et la théorie de l'autoperception (Bem, 1972) en double soumission forcée. On présente deux expérimentations. Les résultats sont conformes aux prédictions de la version radicale et contraires à celles de l'autoperception. Dans la première, les sujets réalisent une tâche fastidieuse avant de la présenter soit positivement - comme dans l'expérience de Festinger et Carlsmith (1959) - soit négativement à un pair. Les sujets l'ayant présentée positivement la jugent plus négativement que ceux l'ayant présentée négativement. Dans la seconde, des observateurs, sont incapables de reproduire le changement d'attitude de ces sujets. On examine ensuite les implications de l'établissement du taux de dissonance en double soumission forcée.
Mots-clés: dissonance cognitive, autoperception, double soumission forcée.
Summary: Dissonance or self-perception: A new test with the double forced-compliance paradigm.
This article presents a new test between a radical conception of cognitive dissonance theory — a hard core version of Festinger's theory — (Beauvois & Joule, 1981 ; Beauvois & Joule, 1996) and self-perception theory in a new double forced compliance situation (Joule, 1991a, b). After surveying some essential information about theoretical and experimental results obtained in this field, two experimenta are reported. In the first experiment, subjects were led to perform a tedious task and, after completion, presented it negatively or positively. Consistent with the radical conception of Festinger's theory, subjects found the task more interesting after negative presentation than positive presentation. An interpersonal simulation (the second experiment) showed, moreover, that observers cannot anticipate attitude change of subjects in this double forced-compliance situation. We examine the implications of the establishment ofthe cognitive dissonance ratio in double forced compliance.
Key words : cognitive dissonance, self-perception, double forced-compliance.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 387
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

F. Girandola
Dissonance ou autoperception : un nouveau test dans le
paradigme de la double soumission forcée
In: L'année psychologique. 1996 vol. 96, n°2. pp. 275-289.
Résumé
Cet article présente un nouveau test entre la version radicale de la dissonance cognitive (Beauvois et Joule, 1981) et la théorie
de l'autoperception (Bem, 1972) en double soumission forcée. On présente deux expérimentations. Les résultats sont conformes
aux prédictions de la version radicale et contraires à celles de l'autoperception. Dans la première, les sujets réalisent une tâche
fastidieuse avant de la présenter soit positivement - comme dans l'expérience de Festinger et Carlsmith (1959) - soit
négativement à un pair. Les sujets l'ayant présentée positivement la jugent plus négativement que ceux l'ayant présentée
négativement. Dans la seconde, des observateurs, sont incapables de reproduire le changement d'attitude de ces sujets. On
examine ensuite les implications de l'établissement du taux de dissonance en double soumission forcée.
Mots-clés: dissonance cognitive, autoperception, double soumission forcée.
Abstract
Summary: Dissonance or self-perception: A new test with the double forced-compliance paradigm.
This article presents a new test between a radical conception of cognitive dissonance theory — a hard core version of Festinger's
theory — (Beauvois & Joule, 1981 ; Beauvois & Joule, 1996) and self-perception in a new double forced compliance
situation (Joule, 1991a, b). After surveying some essential information about theoretical and experimental results obtained in this
field, two experimenta are reported. In the first experiment, subjects were led to perform a tedious task and, after completion,
presented it negatively or positively. Consistent with the radical conception of Festinger's theory, subjects found the task more
interesting after negative presentation than positive presentation. An interpersonal simulation (the second experiment) showed,
moreover, that observers cannot anticipate attitude change of subjects in this double forced-compliance situation. We examine
the implications of the establishment ofthe cognitive dissonance ratio in double forced compliance.
Key words : cognitive dissonance, self-perception, double forced-compliance.
Citer ce document / Cite this document :
Girandola F. Dissonance ou autoperception : un nouveau test dans le paradigme de la double soumission forcée. In: L'année
psychologique. 1996 vol. 96, n°2. pp. 275-289.
doi : 10.3406/psy.1996.28896
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1996_num_96_2_28896L'Année psychologique, 1996, 96, 275-289
Laboratoire de Psychologie
Université de Franche- Comté1
DISSONANCE OU AUTOPERCEPTION:
UN NOUVEAU TEST DANS LE PARADIGME
DE LA DOUBLE SOUMISSION FORCÉE
par Fabien GlRANDOLA
SUMMARY : Dissonance or self-perception: A new test with the double
forced-compliance paradigm.
This article presents a new test between a radical conception of cognitive
dissonance theory — a hard core version of Festinger's theory — (Beauvois
& Joule, 1981 ; Beauvois & Joule, 1996) and self-perception theory in a new
double forced compliance situation (Joule, 1991a, b). After surveying some
essential information about theoretical and experimental results obtained in
this field, two experiments are reported. In the first experiment, subjects were
led to perform a tedious task and, after completion, presented it negatively or
positively. Consistent with the radical conception of Festinger's theory, subjects
found the task more interesting after negative presentation than positive
presentation. An interpersonal simulation (the second experiment) showed,
moreover, that observers cannot anticipate attitude change of subjects in this
double forced-compliance situation. We examine the implications of the
establishment of the cognitive dissonance ratio in double forced compliance.
Key words : cognitive dissonance, self-perception, double forced-
compliance.
Les nombreux débats entre les théoriciens de la dissonance
cognitive (Festinger, 1957) et ceux de l'autoperception (Bern,
1972) ont cessé dans les années quatre-vingt. A cet égard,
1 . 30-32, rue Mégevand, 25000 Besançon Cedex. 276 Fabien Girandola
Abelson (1983) fait remarquer une trêve théorique entre les
tenants de ces deux théories. Le débat est toutefois relancé par
Jones (1990). Cet auteur rend compte que «des douzaines
d'expériences et des milliers de mots» (p. 206) n'ont pas suffi
à clore la controverse entre les tenants de la théorie de la di
ssonance et ceux de l'autoperception. A l'appui de ses propos,
Jones (1990) cite Festinger. Ce dernier ne voyait pas les rai
sons pour lesquelles il préférerait une explication à une autre,
les deux explications étant, à son avis, interchangeables. Bem
n'affirmait pas, non plus, que sa théorie prenait le pas sur celle
de la dissonance. En bref, «lui et Festinger semblaient parta
ger la position, parce qu'il n'y avait pas de façon évidente de
distinguer l'autoperception de la théorie de la dissonance,
qu'aucune expérience cruciale pourrait être conçue pour prou
ver qu'une théorie était supérieure à l'autre» (p. 207). Jones
résume ainsi par un constat de «non-lieu» les luttes théoriques
entre les deux champs. Par ailleurs, Collins (1992) ne se
déclare pas convaincu, lui non plus, que la théorie de la diss
onance prenne le pas sur la théorie de l'autoperception. Aucune
des nombreuses expériences conduites dans les années soixante
et soixante-dix n'est, en effet, parvenue à trancher en faveur
de la théorie de Festinger ou celle de Bem (Greenwald, 1975;
Fazio, Zanna et Cooper, 1977; Fazio, 1987).
On doit à Beauvois et Joule (1982) d'avoir, les premiers,
conçu une expérimentation départageant ces deux théories en
soumission forcée. Ces auteurs se servent de la version radicale
de la théorie de la dissonance cognitive (Beauvois et Joule,
1981). Cette conception a été élaborée pour répondre aux crit
iques formulées à l'endroit de la théorie de Festinger et notam
ment pour concevoir des tests de l'alternative théorique diss
onance/autoperception. Elle permet de formuler des hypothèses
contraires à celles que Bem aurait pu sur la base de
l'autoperception. Nous proposons de réaliser un nouveau test
de l'alternative dissonance cognitive/autoperception dans le
paradigme de la double soumission forcée (Joule, 1991a et b).
Alors qu'en soumission forcée une telle confrontation a déjà
été conduite (Beauvois et Joule, 1982 ; Beauvois, Bungert,
Rainis et Tornior, 1993), aucune ne l'a été en double sou
mission. Dissonance ou autoperception en double soumission 277
1. La théorie de l'autoperception (bem, 1972)
Pour Bem (1964, 1965), l'individu connaît ses attitudes,
émotions, et autres états internes en les inférant d'observations
de son comportement. Dans la dernière version de sa théorie,
Bem (1972) concède que les individus peuvent avoir accès à
leurs états internes. Cependant, si les informations internes dont
l'individu dispose sont faibles, ambiguës ou ininterprétables,
alors il se trouve dans la même position qu'un observateur qui
doit nécessairement compter sur des indices externes (comporte
ment, circonstances...) pour inférer les états internes de cet indi
vidu. Bem formule l'hypothèse d'un isomorphisme entre acteur
et observateur. L'idée de consistance comportement-attitude est
ce qui permet au sujet d'inférer son attitude à partir de son
comportement et des conditions dans lesquelles ce comporte
ment s'est tenu. Pour lui, les inferences que fait un individu
(acteur) de ses propres attitudes sont les mêmes que fait un
observateur ayant accès à la même information que cet indi
vidu. L'un comme l'autre infèrent leurs attitudes de l'observa
tion de leur comportement. Quand la réponse d'un individu à la
question « Aimez-vous le pain ? » est « Je pense bien, j'en mange
toujours» point n'est besoin d'invoquer une autoconnaissance
pour rendre compte de cette réponse. La réponse de cet individu
est identique à celle d'une personne le connaissant bien et qui
peut répondre à sa place : « Je pense bien, il est toujours en train
d'en manger. » Bem (1965, 1972) a mis au point les simulations
interpersonnelles afin de valider son hypothèse d'isomorphisme
acteur/observateur d'une part, et réinterpréter les résultats
ob

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