E. Perrier, L instinct - compte-rendu ; n°1 ; vol.8, pg 561-572
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E. Perrier, L'instinct - compte-rendu ; n°1 ; vol.8, pg 561-572

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Description

L'année psychologique - Année 1901 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 561-572
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1901
Nombre de lectures 26
Langue Français

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Anonyme
E. Perrier, L'instinct
In: L'année psychologique. 1901 vol. 8. pp. 561-572.
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Anonyme . E. Perrier, L'instinct. In: L'année psychologique. 1901 vol. 8. pp. 561-572.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1901_num_8_1_3413PSYCHOLOGIE ANIMALE ;iôl
En revanche, on demanderait à l'auteur des analyses plus détail
lées, des expériences plus longuement suivies.
A. Bin et.
E. PERRIER. — L'Instinct. — Lecture faite devant
les cinq Académies.
« On écrit souvent — on n'ose pas trop le dire — que la femme
est un être instinctif. C'est le plus grand honneur que l'on puisse
faire à cette faculté psychique que les philosophes nomment V ins
tinct — et si la définition qu'ils en donnent est exacte, il serait par
ticulièrement heureux pour les hommes que les femmes en soient
douées. L'instinct serait, en effet, la faculté de faire sans le vouloir,
sans y penser, sans même le savoir, tout ce qui doit être fait, dans
des conditions données, pour arriver sans détours à un but déter
miné. Que d'erreurs épargnées aux hommes s'ils étaient construits
pour se conduire ainsi, dans tous les cas difficiles — et combien de
ministres ou d'hommes d'affaires consentiraient à ne pas avoir la
liberté de bien ou de mal agir, s'ils étaient assurés qu'il leur suffise
de ne pas réfléchir pour que tout prospère autour d'eux !
« Aussi, doit-on se défier despeu galants efforts de certains philo
sophes pour démontrer que l'instinct, dédaigneusement abandonné
aux femmes, serait surtout une faculté animale, tandis que laitière
intelligence n'atteindrait toute sa splendeur que chez l'homme, —
et rechercher, avant de s'enorgueillir d'une telle faveur, si la chose
en vaut la peine, si les êtres instinctifs sont bien les jolies méca
niques montées une fois pour toutes qu'on imagine, et si les êtres
intelligents ont vraiment, autant qu'il le paraît, le privilège de faire
à volonté des sottises.
« II est incontestable que les plus caractéristiques de tous les
instincts sont d'origine féminine. Ils sont faits de dévouement sans
limite, de prévoyance infinie, de sollicitude délicate et vigilante pour
une progéniture qui doit souvent demeurer inconnue, qui. ne saurait
être dans l'esprit de la mère qu'une sorte de vision d'avenir, pour
laquelle elle épuise cependant toutes ses forces, déploie toutes les
ressources d'une impeccable sagacité, accomplit vaillamment, sim
plement, et sans même l'espoir ou le souci d'un retour d'affection,
tous les actes d'héroïsme par lesquels, dans nos familles humaines,
les mères se sont acquis notre pieuse admiration et notre respect.
Cet amour maternel que, par l'ingéniosité de sa tendresse et par
l'étendue de son abnégation, la femme a su faire si noble et si grand
est répandu, sous les formes les plus diverses, dans tout le règne
animal. Des humbles zoophytes jusqu'aux poissons, une foule d'an
imaux couvent leurs petits ' ; ils ne le font pas toujours exprès, et les
1. Les éponges, beaucoup de madrépores, le corail, plusieurs étoiles de
mer, divers oursins, certaines holothuries, quelques vers inférieurs, les
mulettes de rivière, les huîtres et beaucoup de mollusques, les araignées,
l'année psychologioue. mu. àb ANALYSES BIBLIOGRAPHIQUES 562
potils inellentpeut-èlre plus d'indiscrétion à rester accrochés à leur"
mère que la mère ne met d'empressement à les garder; mais, enfin,
elle les garde, tantôt tout à fait inconsciemment, tantôt avec une
certaine conscience qui ressemble à un commeneementd'afl'ection '.
« 11 ne faut donc pas faire un trop grand mérite aux oiseaux de
construire les nids charmants que vous savez, ni aux bêtes à poil,
devenues mères, de s'assujettir de bonne grâce à une mission pour
laquelle elles ne cherchent pas d'habitude de « remplaçantes ».
D'autant moins qu'en fait de prévoyance maternelle, de menus êtres,
les insectes, que la fragilité de leur organisme ne semble pas pré
destiner aux grandes œuvres, l'emportent sur tout le reste du règne
animal. Parmi eux, la belliqueuse tribu des guêpes, plus disposée,
en apparence, à la bataille qu'à la tendresse, tient du prodige.
« Les espèces de guêpes sont très nombreuses; elles varient à
l'infini les formes, les dimensions et les couleurs de notre guêpe
commune, sans en perdre cependant laphysionomie générale. Toutes
ces guêpes vivent du pollen et du nectar des fleurs ou du jus sucré
des fruits murs. Elles pourraient donc mener pour elles-mêmes
une existence absolument éthérée, mais les jeunes, de petits vers
blancs, sans tète ni pattes, sont carnassiers. De là, pour la mère,
deux tâches : créera son infirme progéniture un abri où ellepuisse
grandir en sûreté; pourvoira l'alimentation de sa jeune famille
incapable — faute de membres — de se procurer les proies dontelle
est friande. Et c'est pour ces « larves » informes et presque immob
iles que les guêpes travaillent sans relâche, pendant toute la durée
de leur courte vie.
« Pour leur faire un abri, la plupart, sans autre outil que de grêles
les écrevisses, les crevettes, les crabes et un grand nombre de crustacés
sont dans ce cas. Parmi des espèces voisines, les unes sont incubatrices,
les autres ne le sont pas, ce qui implique la variabilité de l'instinct. Dans
les régions australes, les espèces incubatrices paraissent remarquablement
plus communes que dans les régions boréales.
1. Souvent la sollicitude ne saurait être contestée: une sorte d'escargot
de haute mer, d'un bleu d'azur, la janthine, construit un radeau de bulles
d'air sous lequel il suspend ses œufs; une pieuvre rapportée récemment de
la basse Californie par un distingué voyageur. M. Diguet, cache ses jeunes
entre les deux valves d'une coquille de palourde abandonnée ou dans le
fond d'une bouteille brisée; une autre, l'argonaute, façonne, pour y déposer
sa, ponte, une élégante nacelle qu'elle maintient appliquée contre soncorps,
à l'aide de deux de ses bras élargis en palettes; un assez grand nombre de
femelles de poissons attachent soigneusement leurs œufs aux pierres
(Gobi us niger, Bleunius p/iolis, Cycloplerus lump us, Coitus scorpio, eper-
iaus), aux herbes aquatiques (carpes et poissons voisins; brochet) parmi
les algues marines (Anarrhicas lupus), sous les crampons de laminaires
(Agon us calaphractus ; Collas bubulus), ou viennent pondre dans des co
quillages abandonnés (Gobi us flovescens, Bien ni us ocellaris, B. pavo, Lepa-
dogas/er binaculalus) ; elles exercent après la ponte une active surveil
lance sur leur progéniture. Les gonelles, qui pondent dans des trous de
pholade, entourent même leurs œufs de leur corps pendant qu'ils se déve
loppent et les femelles d'uspredo portent les leurs collés à leur face
ventrale. OGtË ANIMALE 8é3
et faibles pattes, creusent le sable de longues galeries ; la polisle
française, notre guêpe commune, et son cousin le frelon construisent
à l'aide d'un carton qu'ils ont eux-mêmes fabriqué des édifices qui
ressemblent à ceux que les abeilles font en cire. Dans la galerie
comme dans la ruche, chaque ver a sa logette approvisionnée par la
mère. Cet approvisionnement est une merveille. Vivant trop peu pour l'alimentation' se charger de quotidienne des jeunes vers, beaucoup
de guêpes donnent la chasse à quelque animal assez gros pour suf
fire à la nourriture de ces petits êtres jusqu'à leur métamorphose.
Chaque espèce a sa proie de prédilection; les principales victimes
sont les araignées ', les criquets2, grillons3, ou courtilières '', les
buprestes:i, les charançons (>. De grandes et magnifiques guêpes, les
scolies, s'attaquent aux énormes vers blancs d'où naissent les han
netons dorés des roses" ouïes scarabées rhinocéros des tanneries8.
Mortes, ces proies volumineuses, qui sont l'unique garde-manger
auquel la larve devra se pourvoir pendant toute sa vie, entreraient
en décomposition et empoisonneraient le jeune ver; vivantes, elles
s'échapperaient, se défendraient, seraient de redoutables victimes ;
aussi la guêpe se ga

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