Effet de la norme sociale de solidarité dans un groupe hiérarchisé - article ; n°1 ; vol.69, pg 127-142
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Description

L'année psychologique - Année 1969 - Volume 69 - Numéro 1 - Pages 127-142
Dans des groupes hiérarchisés de trois membres, on étudie l'effet de l'interdépendance entre les subordonnés sur leur soumission aux décisions du supérieur. Les résultats montrent que lorsque la compétence du supérieur est faible, l'interdépendance des subordonnés accroît leur obéissance, alors qu'elle est sans effet lorsque le supérieur est très compétent. Ce résultat, qui rejoint les travaux de Berkowitz sur les normes sociales de solidarité, est utilisé pour interpréter les expériences de Raven et French sur l'exercice du pouvoir dans les petits groupes.
Within three members hierarchized groups, we have studied Ihe effect of the interdependance between the surbordinates on their submission to the decisions of the superior. The results show that when the competency of the superior is low, the interdependance of the subordinates increases their obediency, whereas the latter is of no effect when the superior is very competent. This result, which corroborates the work of Berkowitz on social norms of solidarity, is useful in the interpretation of the experiments of Raven and French on the exercise of power in the small groups.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

J.-P. Poitou
Effet de la norme sociale de solidarité dans un groupe
hiérarchisé
In: L'année psychologique. 1969 vol. 69, n°1. pp. 127-142.
Résumé
Dans des groupes hiérarchisés de trois membres, on étudie l'effet de l'interdépendance entre les subordonnés sur leur
soumission aux décisions du supérieur. Les résultats montrent que lorsque la compétence du supérieur est faible,
l'interdépendance des subordonnés accroît leur obéissance, alors qu'elle est sans effet lorsque le supérieur est très compétent.
Ce résultat, qui rejoint les travaux de Berkowitz sur les normes sociales de solidarité, est utilisé pour interpréter les expériences
de Raven et French sur l'exercice du pouvoir dans les petits groupes.
Abstract
Within three members hierarchized groups, we have studied Ihe effect of the interdependance between the surbordinates on their
submission to the decisions of the superior. The results show that when the competency of the superior is low, the
interdependance of the subordinates increases their obediency, whereas the latter is of no effect when the is very
competent. This result, which corroborates the work of Berkowitz on social norms of solidarity, is useful in the interpretation of the
experiments of Raven and French on the exercise of power in the small groups.
Citer ce document / Cite this document :
Poitou J.-P. Effet de la norme sociale de solidarité dans un groupe hiérarchisé. In: L'année psychologique. 1969 vol. 69, n°1. pp.
127-142.
doi : 10.3406/psy.1969.27653
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1969_num_69_1_27653Laboratoire de Psychologie Sociale de la Faculté des Lettres
et Sciences Humaines d'Aix-en-Prouence
EFFETS DE LA NORME SOCIALE
DE SOLIDARITÉ
DANS UN GROUPE HIÉRARCHISÉ1
par J.-P. Poitou
SUMMARY
Within three members hierarchized groups, we have studied the effect of the
interdépendance between the surbordinates on their submission to the decisions
of the superior. The results show that when the competency of the superior is low,
the of the subordinates increases their obediency, whereas the
latter is of no effect when the superior is very competent. This result, which corro
borates the work of Berkowitz on social norms of solidarity, is useful in the inter
pretation of the experiments of Raven and French on the exercise of power in the
small groups.
Dans deux expériences sur le pouvoir légitime et le pouvoir
coercitif (Raven et French, 1958 a et b), Raven et French ont
constaté qu'un supérieur, soit illégitime, soit très coercitif,
obtenait presque autant d'obéissance qu'un supérieur légitime
ou peu coercitif. Afin d'interpréter ce résultat Raven et French
proposent quatre explications :
1. Le seul fait d'occuper une position centrale légitimerait
l'autorité du supérieur ;
2. Le fait de participer volontairement à l'expérience inciterait
les sujets à obéir à toute consigne quelle qu'elle soit ;
3. Les membres du groupe obéiraient de crainte de nuire par
leur désobéissance soit à leur coéquipier, soit aux membres
d'autres groupes utilisateurs de leur production ;
4. Faute de pouvoir manifester leur résistance, les sujets feraient
de l'excès de zèle.
1. Nous tenons à remercier les Pr8 R. B. Zajonc et E. Burnstein de l'Uni
versité de Michigan pour les conseils qu'ils nous ont amicalement fournis à
toutes les étapes de cette recherche. Nos remerciements vont également à
E. Lichstein pour sa collaboration dans la phase expérimentale de cette étude. 128 MÉMOIRES ORIGINAUX
Nous examinerons la dernière de ces interprétations dans un
travail ultérieur. Les effets d'une position importante en tant
que telle sur les relations sociales et les performances ont été
notés également (Burnstein et Zajonc, 1965 ; Poitou, 1964,
1968). Milgram (1965) a montré que de nombreux sujets exé
cutaient les consignes de l'expérimentateur, même lorsqu'elles
étaient contraires à leurs convictions morales.
C'est à la troisième des interprétations proposées par Raven
et French que nous nous intéressons ici. En effet, une série de
travaux plus récents (Berkowitz, 1957 ; Berkowitz et Daniels,
1963, 1964; Berkowitz, Klanderman et Harris, 1964; Daniels
et Berkowitz, 1963 ; Schopler et Bateson, 1965 ; Schopler et
Matthews, 1965) ont montré qu'une personne qui dispose du
pouvoir sur une autre faisait davantage d'efforts pour aider ce
partenaire lorsque celui-ci dépendait grandement d'elle que
lorsqu'il en dépendait peu. Berkowitz interprète ce résultat
comme l'effet d'une norme sociale de solidarité. Il faut remarquer
qu'il s'agit relation dyadique de pouvoir, où l'inférieur
recourt à la norme de solidarité pour influer sur le supérieur.
Ces résultats peuvent être invoqués à l'appui de l'interpréta
tion (3) des travaux de Raven et French. Rappelons que dans
ces derniers, le supérieur demandait aux subordonnés de ralentir
leur production pour en améliorer la qualité. Les auteurs sug
gèrent que l'ordre du supérieur était obéi même de mauvais
gré, de crainte de nuire par une production de mauvaise qualité
à d'autres coéquipiers chargés d'utiliser celle-ci dans leur travail.
Ce serait donc l'interdépendance dans la tâche entre les subor
donnés qui les inciterait à céder au supérieur, malgré les forces
de résistance suscitées en eux par l'illégitimité ou le caractère
coercitif des ordres. Autrement dit, la solidarité des subordonnés
au sein du groupe pourrait constituer un fondement du pouvoir
du supérieur, à côté de ceux dénombrés par French et Raven
(1959). De plus les travaux de Raven et (1958 a, b)
suggèrent un système complexe d'interaction entre les diff
érentes sources de pouvoirs. Ainsi à niveau d'interdépendance
constant, l'obéissance ne varie pas significativement quand
décroît la légitimité (1958 a) ; lorsque le pouvoir est légitime,
l'obéissance ne varie pas avec le degré de coercition, et lorsque
la coercition est élevée, l'obéissance n'est pas plus grande selon
que le pouvoir est légitime ou non (1958 b). Dans cet état des
choses, il semble difficile de décider a priori si les effets de l'inte
rdépendance s'ajoutent simplement à ceux des autres sources POITOU 129 J.-P.
de pouvoir, ou s'il y a interaction. Toutefois, les résultats que
nous venons de mentionner rendent la seconde hypothèse assez
vraisemblable.
Principe de l'expérience
Nous voulons montrer ici que l'interdépendance des subor
donnés dans la tâche peut avoir pour effet d'augmenter leur
obéissance au supérieur. A cette fin, il est nécessaire de placer
le subordonné en conflit entre des forces de résistance aux
décisions du supérieur et la norme de solidarité qui lui prescrit
de s'y soumettre dans l'intérêt de son coéquipier. Donc présenter
au subordonné l'alternative suivante : suivre les décisions du
supérieur, au risque d'y perdre lui-même mais sans nuire à son
coéquipier ; ou bien ne pas les suivre, quoi qu'il en coûte au
partenaire. Nous avons pour cela utilisé une tâche où le sujet
a le choix entre deux modes de réponse : l'un où le succès est
conditionné par le succès des décisions du supérieur, l'autre
où le succès dépend des seules capacités du sujet. Ainsi lorsque le
subordonné n'aura pas confiance dans les décisions du supérieur,
il aura intérêt à choisir la réponse indépendante. On a fait
varier la confiance des équipiers dans le supérieur en présentant
celui-ci tantôt comme expert, et tantôt comme inexpert dans sa
tâche propre. Au lieu de la légitimité (comme chez Raven et
French, 1958 a), nous avons donc été amené à établir le pouvoir
du supérieur sur une autre base : la compétence (voir French et
Raven, 1959).
Afin de créer une situation d'interdépendance susceptible
de faire jouer la norme de solidarité entre les équipiers, nous
avons prévenu chacun d'eux que lorsqu'il choisirait la réponse
indépendante, son partenaire risquerait d'être pénalisé. Dans
ce cas, lorsque le supéri

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