Effets de la fréquence du voisinage orthographique interlangue lors de la reconnaissance visuelle de mots chez les bilingues - article ; n°3 ; vol.104, pg 377-405
30 pages
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Effets de la fréquence du voisinage orthographique interlangue lors de la reconnaissance visuelle de mots chez les bilingues - article ; n°3 ; vol.104, pg 377-405

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Description

L'année psychologique - Année 2004 - Volume 104 - Numéro 3 - Pages 377-405
Résumé
Nous avons manipulé la fréquence du voisinage orthographique interlangue dans une tâche de décision lexicale monolingue et de décision de langue. Dans la décision lexicale, les bilingues français/espagnol traitent plus lentement des mots qui possèdent un voisin orthographique plus fréquent dans l'autre langue (voisins orthographiques interlangues) que des mots spécifiques à une seule langue, à la fois dans les listes françaises et espagnoles. Pour les deux langues, nous obtenons des ralentissements similaires pour les voisins orthographiques interlangues dans la tâche de décision de langue. Les résultats sont interprétés dans le cadre du modèle d'Activation Interactive Bilingue (BIA).
Mots clés : bilinguisme, reconnaissance visuelle de mots, voisins orthographiques interlangues, mots spécifiques.
Summary : Interlingual neighborhood frequency effects in bilingual visual word recognition
Interlingual orthographic neighborhood frequency was manipulated in a monolingual lexical decision task and a language decision task. The material was composed of words that are specific to a language (French or Spanish) and words of a target language that have an orthographic neighbor that is more frequent in the other language. Concerning the lexical decision task, bilinguals process interlingual neighbors more slowly than specific words, for the French lists (dominant language) as well as for the Spanish lists (non-dominant language). For both languages, similar interferences were observed for interlingual orthographic neighbors in the language decision task. These results are discussed with reference to the bilingual interactive activation model (BIA) that proposes the existence of a non-selective initial access to two integrated lexicons.
Key words : bilingualism, visual word recognition, interlingual orthographic neighbors, specific words.
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 69
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

N. Font
J.-M. Lavaur
Effets de la fréquence du voisinage orthographique interlangue
lors de la reconnaissance visuelle de mots chez les bilingues
In: L'année psychologique. 2004 vol. 104, n°3. pp. 377-405.
Résumé
Nous avons manipulé la fréquence du voisinage orthographique interlangue dans une tâche de décision lexicale monolingue et
de décision de langue. Dans la décision lexicale, les bilingues français/espagnol traitent plus lentement des mots qui possèdent
un voisin orthographique plus fréquent dans l'autre langue (voisins orthographiques interlangues) que des mots spécifiques à
une seule langue, à la fois dans les listes françaises et espagnoles. Pour les deux langues, nous obtenons des ralentissements
similaires pour les voisins orthographiques interlangues dans la tâche de décision de langue. Les résultats sont interprétés dans
le cadre du modèle d'Activation Interactive Bilingue (BIA).
Mots clés : bilinguisme, reconnaissance visuelle de mots, voisins orthographiques interlangues, mots spécifiques.
Abstract
Summary : Interlingual neighborhood frequency effects in bilingual visual word recognition
Interlingual orthographic neighborhood frequency was manipulated in a monolingual lexical decision task and a language
decision task. The material was composed of words that are specific to a language (French or Spanish) and words of a target
language that have an orthographic neighbor that is more frequent in the other language. Concerning the lexical decision task,
bilinguals process interlingual neighbors more slowly than specific words, for the French lists (dominant language) as well as for
the Spanish lists (non-dominant language). For both languages, similar interferences were observed for interlingual orthographic
neighbors in the language decision task. These results are discussed with reference to the bilingual interactive activation model
(BIA) that proposes the existence of a non-selective initial access to two integrated lexicons.
Key words : bilingualism, visual word recognition, interlingual orthographic neighbors, specific words.
Citer ce document / Cite this document :
Font N., Lavaur J.-M. Effets de la fréquence du voisinage orthographique interlangue lors de la reconnaissance visuelle de mots
chez les bilingues. In: L'année psychologique. 2004 vol. 104, n°3. pp. 377-405.
doi : 10.3406/psy.2004.29673
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_2004_num_104_3_29673L'année psychologique, 2004, 104, 377-405
MÉMOIRES ORIGINAUX
Laboratoire de psychologie expérimentale de la mémoire
et de la cognition
Université Montpellier III1
EFFETS DE LA FREQUENCE
DU VOISINAGE ORTHOGRAPHIQUE INTERLANGUE
LORS DE LA RECONNAISSANCE VISUELLE
DE MOTS CHEZ LES BILINGUES
Noëlle FONT2 et Jean-Marc LAVAUR
SUMMARY : Interlingual neighborhood frequency effects in bilingual visual
word recognition
Interlingual orthographic neighborhood frequency was manipulated in a
monolingual lexical decision task and a language decision task. The material
was composed of words that are specific to a (French or Spanish) and
words of a target language that have an orthographic neighbor that is more
frequent in the other language. Concerning the lexical decision task, bilinguals
process interlingual neighbors more slowly than specific words, for the French
lists (dominant language) as well as for the Spanish lists (non-dominant
language). For both languages, similar interferences were observed for
interlingual orthographic neighbors in the language decision task. These results
are discussed with reference to the bilingual interactive activation model (BIA)
that proposes the existence of a non-selective initial access to two integrated
lexicons.
Key words : bilingualism, visual word recognition, interlingual
orthographic neighbors, specific words.
1. Route de Mende, 34199 Montpellier cedex 5, e-mail :
noelle.font@univ-montp3.fr
2. Les auteurs tiennent à remercier J. Segui, J. Grainger et les experts ano
nymes pour leurs critiques constructives ainsi que C. Monnier et A. Syssau pour
leur relecture critique de ce manuscrit. 378 Noëlle Font et Jean-Marc Lavaur
INTRODUCTION
L'étude de la reconnaissance visuelle de mots porte sur les
processus qui permettent à partir d'un stimulus d'accéder à sa
signification, via sa représentation interne dans le lexique ment
al (Coltheart, Davelaar, Jonasson et Besner, 1977 ; Forster,
1990). Pour reconnaître un mot, il faut extraire une représenta
tion formelle d'un signal physique et l'apparier à une abstraite stockée en mémoire (Grainger et Dijkstra, 1996).
De nombreuses recherches (Whaley, 1978 ; Andrews, 1989 ;
Monsell, Doyle et Haggard, 1989 ; Grainger et Segui, 1990) ten
tent d'examiner les déterminants de la reconnaissance visuelle
en vue d'inférer l'organisation des différentes unités lexicales en
mémoire. Ces recherches ont montré que les processus de recon
naissance visuelle étaient non seulement influencés par certaines
caractéristiques intrinsèques des mots mais également par les
relations formelles qu'un mot entretient avec d'autres mots du
lexique (Grainger, 1993 a). Il est alors possible de considérer que
la plupart des mots sont insérés dans un voisinage de mots fo
rmellement similaires. Le voisinage orthographique d'un mot est
généralement défini comme l'ensemble des mots d'une langue
donnée qui se distingue du mot stimulus par une seule lettre
(Landauer et Streeter, 1973 ; Coltheart et al., 1977). Plusieurs
études ont montré que différentes caractéristiques du voisinage
orthographique influençaient la reconnaissance visuelle d'un
mot : la densité, la distribution de voisinage ou la fréquence.
Pour appréhender le voisinage orthographique, Coltheart et al.
(1977) introduisent la notion de densité qui correspond au
nombre de voisins que possède un mot donné. Les auteurs qui
ont manipulé la densité du voisinage orthographique (Andrews,
1989, 1992 ; Carreiras, Perea et Grainger, 1997 ; Huntsman et
Lima, 2002) ont généralement montré que, dans des tâches de
décision lexicale, un nombre important de voisins facilitait la
reconnaissance visuelle, particulièrement pour les mots de fr
équence faible. Certains auteurs ont mis en évidence l'influence
des relations de voisinage qui existaient entre les différents voi
sins d'un mot donné (distribution de voisinage) sur sa reconnais
sance visuelle (Mathey et Zagar, 2000). Ils montrent pour des
tâches de décision lexicale une facilitation dans le traitement des de la fréquence du voisinage orthographique 379 Effets
mots dont les voisins sont distribués sur différentes positions de
lettres (e.g., le mot flanc dont les voisins franc et blanc sont re
spectivement dérivés de la deuxième et de la première lettre) par
rapport aux mots dont les voisins sont issus de la même position
de lettre (e.g., le mot firme dont les voisins forme et ferme sont
dérivés de la même lettre). D'autres recherches encore (Grainger
et Segui, 1990 ; Grainger, O'Regan, Jacobs et Segui, 1992 ;
Huntsman et Lima, 1996) révèlent que la reconnaissance d'un
mot donné n'est pas tant affectée par la densité de son voisinage,
mais plutôt par la fréquence des différents mots constituant ce
voisinage. Elles montrent que la présence de voisins orthogra
phiques plus fréquents dans le voisinage d'un mot donné ralentit
sa reconnaissance dans des tâches de décision lexicale ou
d'identification perceptive.
Ces différents résultats peuvent s'interpréter si l'on suppose
que la présentation d'un mot stimulus va non seulement per
mettre d'activer sa propre représentation en mémoire, mais éga
lement les représentations lexicales des mots qui lui sont proches
(Segui, 1991). Le nombre et la fréquence de ces représentations
lexicales et les relations de voisinage qu'elles entretiennent vont
contraindre les processus nécessaires à l'identification du mot
stimulus. Il semble alors que reconnaître un mot consiste à isoler
sa représentation lexicale d'un ensemble de candidats possibles
proches formellement et que ce processus est fortement dépen
dant des caractéristiques de son voisinage orthographique.
Dans une perspective bilingue, une des questions qui se pose
est de savoir si les processus de reconnaissance visuelle vont per
mettre d'activer des candidats lexicaux appartenant à une seule
ou aux deux langues du bilingue. Autrement dit, il s'agit
d'examiner quel peut être le rôle de la langue lors de l'accès à
l'organisation lexicale des bilingues. Cette question a orient

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