En 1996, plus d un jeune homme adulte sur dix a des problèmes en lecture
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En 1996, plus d'un jeune homme adulte sur dix a des problèmes en lecture

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En 1996, 13 % des jeunes appelés se sont présentés au passage en sélection à l'armée (les «trois-jours») sans déclarer de qualification scolaire certifiée. L'armée leur a systématiquement fait passer une épreuve de lecture constituée de six tests brefs et simples. Un peu plus de 80 % ont échoué à au moins un test, 30 % à au moins trois tests, et 4 % à tous. Ainsi, l'échec à l'ensemble des tests, y compris au plus élémentaire, concerne pour une génération d'appelés six jeunes pour mille. Rapportés à l'ensemble de la classe d'âge, ce sont plus de 10 % des jeunes hommes qui auraient des problèmes de base en lecture. Les difficultés en lecture sont particulièrement aiguës pour ceux des jeunes appelés sans qualification qui souffrent de problèmes de santé, surtout psychiques. Mais elles touchent aussi ceux qui n'ont pas suivi une scolarité complète, soulignant ainsi le rôle décisif des premières années d'école dans l'acquisition des connaissances de base en lecture.

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Langue Français

Extrait

Annule et remplace le numéro
N° 541 SEPT EMBRE 1997 distribué précédemment
PRIX : 15 F
En 1996, plus d’un jeune homme
adulte sur dix a des problèmes
en lecture
Marceline Bodier, Division Conditions de vie des ménages, Insee
lors des trois jours apparaît légèrement supé-n 1996, 13 % des jeunes appelés se
rieure à ce que l’Education Nationale recense
sont présentés au passage en sé (8 % d’une génération en 1994). La moitié deE lection à l’armée (les « trois jours »)ces appelés sont nés en 1978 et avaient 18 ans
au moment des trois-jours, la vaste majoritésans déclarer de qualification scolaire
(97,1 %) ayant entre 18 et 22 ans. Les trois-
certifiée. L’armée leur a systématiquement jours offrent ainsi la possibilité d’étudier un
fait passer une épreuve de lecture consti- véritable petit recensement auprès de la po
pulation des hommes nés à la fin des an-tuée de six tests brefs et simples. Un peu
nées soixante dix et ayant atteint la majorité
plus de 80 % ont échoué à au moins un test,sans obtenir de certification scolaire.
30 % à au moins trois tests, et 4 % à tous.
Ainsi, l’échec à l’ensemble des tests, y com- Six tests de lecture
pris au plus élémentaire, concerne pour une Depuis 1990, l’armée fait passer des tests
génération d’appelés six jeunes pourille m. de lecture aux appelés qui se présentent
sans qualification aux trois jours. Ces tests,Rapportés à l’ensemble de la classe d’âge,
dits « tests T0 », ont trouvé leur forme ac
ce sont plus de 10 % des jeunes hommes tuelle en 1995. Un opérateur fait passer aux
qui auraient des problèmes de base en appelés six tests brefs en leur expliquant
par oral de quoi il s’agit. Il vérifie sur des cri lecture. Les difficultés en lecture sont par-
tères bien définis s’ils sont réussis.
ticulièrement aiguës pour ceux des jeunes Le premier test porte sur les automatismes
appelés sans qualification qui souffrent de de déchiffrage de mots isolés ("dire", " age",c
"auto"...), sans demander de comprendre ceproblèmes de santé, surtout psychiques.
que l’on déchiffre. Le deuxième et le troi
Mais elles touchent aussi ceux qui n’ont sième tests demandent non seulement de
pas suivi une scolarité complète, soulignant maîtriser ces automatismes de déchiffrage,
mais également de comprendre ce qui estainsi le rôle décisif des premières années
déchiffré : il s’agit d’associer des images à
d’école dans l’acquisition des connaissan- des mots, puis des images à des phrases.
ces de base en lecture. Enfin, les trois derniers tests exigent maîtrise
des automatismes de lecture, compréhension
et réflexion : il s’agit d’un petit texte qui doit
En 1996, l’armée a examiné dans ses cen être lu au préalable et dans lequel il faut
tres de sélection l’aptitude au service mili repérer et comprendre un mot, puis une
taire de 394 000 jeunes hommes au cours partie de phrase, et enfin reconnaître le
des trois jours. Parmi eux, 51 000, soit en seul titre plausible parmi lesquatre possi
viron 13 %, n’avaient aucune qualification bilités offertes.
scolaire certifiée : au mieux, ils avaient quit
té le système scolaire après la troisième, Des taux d’échec croissants avec la
sans BEPC ni autorisation à passer en se complexité des tests
conde, ou n’avaient pas terminé leur second
cycle court (CAP, BEP). Chaque épreuve est plus difficile que la pré
Une partie de ces jeunes se déclarent en cédente, puisque la proportion d’échec par
core étudiants au moment des trois jours, mi les sans-qualification va de 6 % (soit
bien que leur chance d’obtenir une qualifica 3 300 appelés) pour le déchiffrement d’un
tion scolaire soit faible. De fait, la part de mot isolé à 62 % (soit 31 800 appelés) pour
sans-qualification répertoriée par l’armée la compréhension générale d’un texte simple
INSEE
PREMIEREcheveux", à associer à un dessin re Taux d’échec aux tests Un jeune sur dix a des
présentant une nageuse s’essuyantde lecture parmi les appelés sans difficultés de lecture
les cheveux, mais que certains n’ontqualification en 1996
pas su lire ou ont confondu avec desL’analphabétisme concerne peu de
En % phrases telles que "la nageuse plongejeunes, mais la majorité des jeunes
dans l’eau", ou encore "la nageuse sans qualification souffrent néan
s’étend au soleil". moins de lacunes en lecture portant
Ensuite venaient trois tests qui deman- sur des connaissances de base : 41 400
daient de lire un texte racontant une jeunes (80 % des appelés sans quali
histoire courte et simple. Un total de fication) ont échoué à au moins un des
9 200 jeunes appelés (soit 37 % des ap tests. On ne peut pas préjuger des dif
pelés sans qualification) n’ont pas su ficultés en lecture des autres jeunes
repérer et comprendre un mot dans ce du même âge, mais on peut affirmer
texte (test 4), et 26 500 jeunes (soit 52 q%u’au moins l’équivalent du dixième
des appelés sans qualification) n’ont d’une classe d’âge en rencontre.
pas su repérer et comprendre une phrase
Test 1 : Déchiffrement de mots isolés
dans ce texte (test 5). Enfin, 3800 jeu 1 Des problèmes psychiquesTest 2 : Compréhension de mots isolés
nes, soit 62 % des appelés considérés ontTest 3 : Compréhension de phrases isolées ou physiques
Test 4 : Repérage et compréhension d’un mot dans un texte mal compris le sens global du texte,
court
puisqu’ils n’ont pas su lui donner un A l’issue des trois jours, certains jeu
Test 5 : Repérage et compréhension d’une partie de phrase
titre (test 6) : invités à éliminer les titresnes appelés sont réformés (ou la déci dans un texte court
Test 6 : Compréhension du sens général d’un texte simple et qui ne convenaient manifestement pas sion concernant leur service militaire
court
dans une liste de quatre, près des deux ajournée). Les données de l’armée per
Source : DCSN
tiers ont donc écarté le bon titre. mettent de repérer les problèmes physi-
et court (tableau 1). Dans les deux tiers ques ou psychiques ayant motivé cette
des cas, l’échec à un test signifie aussi décision. Il est ainsi possible de distin Six jeunes sur mille éhouec nt
l’échec à tous les suivants. guer trois groupes parmi les jeunes ap à tous les tests
Ainsi, 3 300 jeunes (soit 6 % des ap pelés sans qualification : 69 % (soit une
pelés sans qualification) n’ont pas su Au total, les jeunes hommes sans qua proportion inférieure à celle observée
prononcer à haute voix les mots "dire",lification n’ayant réussi aucun des sur l’ensemble des autres appelés) sont
"cage", "avec", "utile", "auto", qu’on tests de lecture représentent 2 300 déclarés a priori aptes au service mili
leur présentait, séparés, sur une cas (4 % des appelés sans qualifica taire à l’issue des trois jours, nous con
feuille blanche, sans autre contexte tion). Cela permet d’approcher l’anal sidérerons donc qu’ils ne souffrent pas
(test 1). Ils ont buté sur au moins un phabétisme, défini d’ordinaire comme de problème de santé majeur. 14 % sont
de ces cinq mots alors que ni les hési « la situation des personnes qui n’ont déclarés inaptes au service (ou sont
tations, ni le bégaiement, ni un fort ac jamais eu l’occasion d’apprendre un ajournés) sans que l’armée ait remar
cent n’étaient pénalisés. Parmi eux, code écrit dans quelque langue que cequé chez eux de problèmes psychi-
près de 1 000 ont néanmoins réussi au soit ». D’une part, nous en étendons icques i : nous considérerons qu’ils
moins un autre test : pour la majorité,la définition à tous ceux qui présentent souffrent d’un handicap physique, même
un des deux tests qui demandent d’as les mêmes caractéristiques que ces per léger (problèmes d’ouïe, de vue...). En
socier un mot à une image. Cela signi sonnes (aucunes connaissances en lec fin, 17 % sont déclarés inaptes au ser-
fie que parmi les jeunes à qui il arriveture),

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