En Islande médiévale : à la recherche de la famille nucléaire - article ; n°1 ; vol.40, pg 95-112

Jenny M.Jochens

Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1985 - Volume 40 - Numéro 1 - Pages 95-112
In Search of the Nuclear Family in Medieval Iceland
Based on the contemporary narrative Sturlunga saga and the Gragas law code, this article examines inheritance patterns, sexual practices, and the size of households in 12th and 13th century Iceland. Most often fathers transferred wealth and political authority to the next generation by a pragmatic evaluation of the available candidates regardless of primogeniture and legitimacy, although these two strategies made their appearance by the middle of the thirteenth century. Male sexual behavior had not yet been curbed by the regulations of the Church, making concubinage and adultery ubiquitous phenomena. Although the aristocratic households could comprise up to fifty members, this article, using the terminology of John Hajnal, argues for the existence of the simple household in medieval Iceland dominated by a mature male and illuminates the transition from the Sippe to the Geschlecht on the northern frontiers of Western Europe.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: ANNALES_ECONOMIES_SOCIETES_CIVILISATIONS
• Publié le: 01 janvier 1985
• Nombre de lectures: 40
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Jenny M. Jochens
En Islande médiévale : à la recherche de la famille nucléaire
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 40e année, N. 1, 1985. pp. 95-112.
Abstract
In Search of the Nuclear Family in Medieval Iceland
Based on the contemporary narrative Sturlunga saga and the Gragas law code, this article examines inheritance patterns, sexual
practices, and the size of households in 12th and 13th century Iceland. Most often fathers transferred wealth and political
authority to the next generation by a pragmatic evaluation of the available candidates regardless of primogeniture and legitimacy,
although these two strategies made their appearance by the middle of the thirteenth century. Male sexual behavior had not yet
been curbed by the regulations of the Church, making concubinage and adultery ubiquitous phenomena. Although the aristocratic
households could comprise up to fifty members, this article, using the terminology of John Hajnal, argues for the existence of the
"simple household" in medieval Iceland dominated by a mature male and illuminates the transition from the Sippe to the
Geschlecht on the northern frontiers of Western Europe.
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Jochens Jenny M. En Islande médiévale : à la recherche de la famille nucléaire. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations.
40e année, N. 1, 1985. pp. 95-112.
doi : 10.3406/ahess.1985.283145
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1985_num_40_1_283145JENNY JOCHENS
EN ISLANDE DI VALE LA RECHERCHE
DE LA FAMILLE NUCL AIRE*
röror Sturluson
Pendant le Carême de 1237 rdr Sturluson âgé de 72 ans tomba malade
dans sa ferme de Eyrr Comme il désirait faire un partage de ses biens il rap
pela son fils aîné Boö varr de sa ferme de Staor et il lui demanda quels arrange
ments lui plairaient parce il est mon héritier dit-il Son fils lui dit de
faire ce il voulait et rör distribua ses biens en donnant abord 48
Boa varr et presque 10 sa troisième femme qui ne lui avait pas donné
enfant Le reste fut partagé entre les six enfants il avait eus de son
ancienne maîtresse pora le premier et le troisième fils recevant presque 10
tandis que le seconïet le quatrième ne recevaient que chacun et deux filles
célibataires seulement Le troisième fils illégitime Sturla devait recevoir
la ferme de Eyrr résidence de rör ce moment-là alors que aîné Böövarr
avait déjà re la ferme de Staar Il est probable que ces transactions de pro
priétés ajoutaient aux répartitions monétaires que nous venons de men
tionner sans en faire partie Ayant re extrême onction borôr mourut le
10 avril et fut enterré devant église de sa propriété1
Ce bref examen du partage un patrimoine nous offre un mélange des
modèles de succession au xnie siècle en Islande La désignation par rör de
son fils aîné comme héritier principal est conforme aux idées nouvelles de droit
aînesse venant Europe mais elle est différente des coutumes courantes en
Islande cette époque inverse le traitement inégal que rör réserva ses
quatre fils bâtards et qui favorisa le troisième était davantage dans la tradition
islandaise De tels partages étaient les résultats de la vie familiale assez compli
quée avait connue rör que nous allons maintenant examiner en détail
Annales ESC janv.-fév 1985 no pp 95-112
95 POPULATION ET SOCI
rör le fils aîné du célèbre Hvamm-Sturla avait 18 ans en 1183 la mort
de son père Sa mère Guony garda la ferme Hvammr et quatre de ses cinq
enfants tandis que le plus jeune Snorri fut envoyé dans une autre famille
pour grandir et être élevé Peu de temps après Guony tomba amoureuse
un homme marié qui appelait Ari rgilsson et trois ans plus tard ils
firent un voyage en Norvège Pendant leur absence cet homme Ari confia sa
ferme rör et lui donna Helga sa fille unique en mariage Helga et ror ne
aimaient pas mais quand Ari mourut en Norvège en 1188 rör garda la
propriété Ari même après son divorce avec Helga Pour remplacer il
prit pour maîtresse Hr öny une femme mariée et ils aimèrent
longtemps Hroony et son mari Bersi étaient des gens assez riches et borôr
réussit arranger un mariage entre Snorri son frère cadet et leur fille Herdis2
En outre 40 ans plus tard en 1229 rör put transmettre Jon le fils de
Snorri une somme considérable provenant de héritage de Hrozny la fois
grand-mère de Jon et ancienne maîtresse de rör3 En 1191 rör se remaria
cette fois avec Guör une riche veuve qui avait une fille Grâce aux biens de sa
femme rör devint un chef important acquérant deux autres fermes4 De sa il eut deux enfants dont aîné était ce Böövarr que nous avons déjà
rencontré Après la mort de sa femme il prit une maîtresse pora qui lui donna
six enfants et en 1224 quand elle mourut il prit une troisième épouse qui lui
survécut Ainsi pendant sa vie rör eut cinq femmes huit enfants et acquit
trois fermes Staur de sa première femme et Eyrr et Hvammr il avait obte
nues grâce argent de sa seconde Hvammr il ne prit pas la ferme
ancestrale que sa mère garda pour la donner plus tard Snorri son dernier fils
la place rör acheta des terres et construisit une nouvelle ferme5 En 1216
on alla chercher Böövarr Staor ceci indiquant que son père lui avait cédé la
propriété6
Ce résumé rapide de la vie de ro Sturluson pose au moins trois pro
blèmes caractéristiques de la amiire islandaise au Moyen Age la succes
sion les urs sexuelles et le nombre de personnes appartenant aux
familles ou maisonnées Le peu information qui existe sur ces sujets sera tiré
des sagas des contemporains réunies sous le nom de Sturlunga saga et du code
de loi appelé Gr Pour instant nous ne nous occuperons pas des sagas
anciennes ou sagas des familles plus connues parce elles présentent une vue
plus idéalisée de la société islandaise que ne le fait la Sturlunga saga Il faut se
rappeler que la plupart de nos renseignements concernent presque exclusive
ment les chefs le groupe de propriétaires riches qui par leurs liens de parenté
dominaient la vie politique de île
La succession
Comme évoque le cas de rör le premier problème est celui de la succes
sion des propriétés et de autorité parmi les hommes Le système caractéris
tique de époque était basé ni sur le droit aînesse ni sur la légitimité et il
indique pas non plus une répartition égale entre les héritiers Au contraire
par une évaluation attentive et judicieuse des capacités et des talents de tous ses
fils le père en choisissait un seul ou peut-être deux pour lui succéder il héri-
96 J.-M JOCHENS LA FAMILLE NUCL AIRE EN ISLANDE
tait de la plupart de ses biens tandis que les autres se partageaient le reste Le
signe révélateur du choix paternel était de transmettre au fils peu de temps
après son vingtième anniversaire une ferme séparée lui assurant ainsi indé
pendance économique En choisissant entre les fils légitimes et illégitimes le
père préférait souvent un fils légitime mais il en avait pas un fils né une
maîtresse était choisi rarement aîné mais celui qui était le plus capable Un
fils illégitime mais plus capable que son demi-frère légitime emportait sou
vent sur celui-ci Nous avons déjà vu comment rbr dans sa seconde famille
illégitime avait donné avantage au troisième fils sur les deux autres plus âgés
est le même principe qui fonctionna parmi les fils légitimes de son frère
cadet Sighvatr En effet Sighvatr avait pas beaucoup estime pour son fils
aîné Turni et préféra le plus jeune Sturla Tous les deux étaient des jeunes gens
indépendants et forts mais le père décela chez le plus jeune des qualités de chef
qui manquaient aîné En conséquence il donna Sturla âge de 21 ans la
ferme de Sauôafell résidence familiale une époque antérieure En vain Tumi
déclara-t-il il était pas moins capable que son frère et supplia-t-il son père
de lui permettre de installer Sighvatr refusa7
Nous pouvons illustrer ce manque intérêt pour les principes de légitimité
et de droit aînesse par exemple de la famille et de la lignée de Jon Loftsson
le chef le plus célèbre de sa génération Parmi ses nombreux enfants illégitime
Pâli obtint un des deux sièges épiscopaux de île tandis que le légitime
mu