En quoi permettre aux nombreux jeunes français d'origine berbère d 'apprendre la langue de leurs

Abrouri

Description

"En quoi permettre aux nombreux jeunes français d'origine berbère d'apprendre la langue de leurs ancêtres à l'école pose-t-il un problème ?"Coordination des Berbères deFrance-- A la une --A la une "En quoi permettreaux nombreux jeunesfrançais d'origineberbère d'apprendre lalangue de leursancêtres à l'écolepose-t-il un problème?"Discours de Michel NaïtCoordination des Berbères de France Page 1/{nb}"En quoi permettre aux nombreux jeunes français d'origine berbère d'apprendre la langue de leurs ancêtres à l'école pose-t-il un problème ?"Challal, président del'Association Franco BerbèreParis Ouest, à la Mairie du 6èqui accueillait samedi dernierun forum en présence deMonsieur Roger Karoutchi,Secrétaire d'Etat aux Relationsavec le Parlement, et d'unpublic de 200 personnes.abrouri mercredi 24 octobre 2007Coordination des Berbères de France Page 2/{nb}"En quoi permettre aux nombreux jeunes français d'origine berbère d'apprendre la langue de leurs ancêtres à l'école pose-t-il un problème ?" Madame, Monsieur, Responsable de l'association franco berbère Paris Ouest, je tiens à remercierMonsieur Lecocq, Maire du 6° qui nous accueille dans sa Mairie et MonsieurRoger Karoutchi, Secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, qui nous faitl'honneur d'être parmi nous cet après midi. Je voudrais profiter de sa présence pour évoquer les relations des franco-berbèresavec le monde politique. Je l'avoue, ces relations restent pour moi ...

Informations

• Publié par: Thaub
• Nombre de lectures: 41
• Langue: Français

Extrait

"En quoi permettre aux nombreux jeunes français d'origine berbère d'apprendre la langue d

Coordination des Berbères de

France

-- A la une --

A la une

"En quoi permettre

aux nombreux jeunes

français d'origine

berbère d'apprendre la

langue de leurs

ancêtres à l'école

pose-t-il un problème

?"

Discours de Michel Naït

Coordination des Berbères de France

Page 1/{nb}

"En quoi permettre aux nombreux jeunes français d'origine berbère d'apprendre la langue d

Challal, président de

l'Association Franco Berbère

Paris Ouest, à la Mairie du 6è

qui accueillait samedi dernier

un forum en présence de

Monsieur Roger Karoutchi,

Secrétaire d'Etat aux Relations

avec le Parlement, et d'un

public de 200 personnes.

abrouri

mercredi 24 octobre 2007

Coordination des Berbères de France

Page 2/{nb}

"En quoi permettre aux nombreux jeunes français d'origine berbère d'apprendre la langue d

Madame, Monsieur,

Responsable de l'association franco berbère Paris Ouest, je tiens à remercier

Monsieur Lecocq, Maire du 6° qui nous accueille dans sa Mairie et Monsieur

Roger Karoutchi, Secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, qui nous fait

l'honneur d'être parmi nous cet après midi.

Je voudrais profiter de sa présence pour évoquer les relations des franco-berbères

avec le monde politique. Je l'avoue, ces relations restent pour moi un

incommensurable sujet de réflexion.

Au début de mon engagement dans cette association, il y a cinq ou six ans, tout

m'apparaissait d'une simplicité biblique. J'étais un citoyen français qui souhaitait

seulement que soit reconnu le fondement de ses origines.

Les Berbères ont une

langue, une culture et une histoire, une mémoire propres. Je pensais naïvement,

compte tenu de l'apport de cette population dans l'histoire de notre pays, - elle a

combattu, travaillé et valorisé la France par la valeur de ses individualités (il n'est

pas exagérer de dire que le monde entier nous envie des personnalités comme

Zidane ou Adjani) - je pensais donc, que voir cette langue, cette histoire et cette

culture se perpétuer était conformes aux droits naturels des citoyens français que

nous sommes.

D'autre part, j'étais persuadé que faire connaître cette importante

tranche de population (on dénombre plus de 2 millions de Français d'origine berbère

en France) à tous les Français était de nature à faciliter l'intégration des nouvelles

générations.

Combien de Français y compris les élites savent ce qu'est un Berbère

? Combien d'entre eux seraient étonnés d'apprendre ce que la théologie chrétienne

doit au Berbère Saint-Augustin ?

Bref, en tant que président de cette association, je pensais faire oeuvre utile. J'allais

participer à la protection d'un patrimoine culturel riche de valeurs et d'un impact

intellectuel indiscutable mais aussi, par notre action nous allions aider notre pays à

mieux intégrer une population qui dans son ensemble ne demandait qu'à l'être.

Mais lorsque est arrivé le temps de la revendication, nous n'avons essuyé, la plupart

du temps, que des fins de non recevoir ou au mieux de timides accords.

Mais en quoi, je vous pose la question, Monsieur Karoutchi, permettre aux

nombreux jeunes français d'origine berbère d'apprendre la langue de leurs ancêtres

à l'école pose-t-il un problème ?

En quoi avoir accès à une maison de la culture

berbère ou une radio berbère tient-il de la mission impossible ?

En quoi aider les

associations à promouvoir la culture et l'histoire des Berbères reste-il sujet à toutes

sortes d'incompréhension de la part des autorités locales et régionales de notre

pays ?

Coordination des Berbères de France

Page 3/{nb}

"En quoi permettre aux nombreux jeunes français d'origine berbère d'apprendre la langue d

Lorsqu'on aborde ce thème, on ne nous accorde, en général, qu'une légère

attention. On nous fixe d'autres rendez-vous puis on nous informe qu'il est

impossible de donner suite, pour l'instant, à ce torrent de revendications.

Il nous

arrive, parfois, de vouloir insister. Dans ces cas là, notre interlocuteur sort son

argument fatal : le communautarisme.

La France Républicaine est une et indivisible

et les communautés de toutes sortes ne sont pas les bienvenues. Pourtant, je

voudrais profiter de votre présence, Monsieur Karoutchi, pour vous affirmer que la

population franco berbère de notre pays, n'a jamais ce mot à la bouche. La

citoyenneté française suffit à son bonheur. Elle n'en revendique aucune autre. Elle

désire seulement ne pas être coupée de ses racines. Pourtant au cours de toutes

ces discussions avec notre monde politique, j'ai eu la désagréable sensation que

l'on nous poussait justement à former un bloc communautaire ou alors à rejoindre

d'autres groupes déjà constitués en communauté et dont l'identité est légitime.

On en arrive à cette situation paradoxale qui est, qu'à force de refus, nous avons

été obligé de réagir comme un groupe replié sur lui-même, poussé à rechercher

dans le rapport de force une reconnaissance qu'on s'obstine à ne pas lui

reconnaître. Parce que finalement à force de nous refuser le droit de renouer avec

l'histoire, la langue et la culture de nos origines, on nous oblige à nous comporter

comme une communauté. Nous voilà contraint à nous organiser en groupe de

pression pour tenter de convaincre les partis politiques de prendre en compte des

revendications dont vous pouvez croire qu'elles n'étaient fondées sur aucune

arrière-pensée.

Je suis né en France, mes enfants aussi. Ma vie professionnelle et affective m'ont

permis un certain enrichissement individuel. J'aime ce pays, j'aime mon pays.

Pourtant je dois vous l'avouer je ne comprend pas son aveuglement en ce qui

concerne sa politique d'intégration.

Lorsqu'on mon père est arrivé en France, avant la guerre, il ne savait ni lire ni

écrire. On peut penser d'ailleurs qu'à ce niveau là, la colonisation n'avait sans doute

pas accompli toute son oeuvre bienfaitrice. Ses conditions de vie étaient les plus

difficiles qui soient. Mais la France d'alors avait besoin de ses bras, de sa force de

travail comme disent les marxistes. Il avait un emploi et était donc intégré à la vie

sociale du pays.

Nous vivions dans un quartier populaire de Paris, il était donc

intégré à la vie de la cité. S'il a été parfois victime de ce qu'on peut appeler un

racisme ordinaire, il a aimé, malgré la dureté de son existence, un pays qui pouvait

Coordination des Berbères de France

Page 4/{nb}

"En quoi permettre aux nombreux jeunes français d'origine berbère d'apprendre la langue d

offrir un avenir à ses enfants. Je me demande quelle serait sa vie aujourd'hui ?

Travaillerait-il ? Ou vivrait-il ? Comment s'intégrerait-il ? Aimerait-il ce pays ?

Sans doute ferait-il partie de cette population en éternelle galère, à la recherche

d'un emploi ou d'un gîte ? Il apprendrait à comprendre le sens du mot

discrimination. Il se sentirait seul, rejeté. Il éprouverait sans doute des sentiments

de désespoirs, puis de révolte.

C'est un fait, la société française n'intègre plus aujourd'hui l'ensemble de son

peuple par l'emploi, ni par la l'habitat. Elle fait des choix et, par la force des choses,

elle discrimine.

Dans le contexte actuel, elle a même tendance, pour se rassurer, à rejeter ce quel

connaît le moins. Celui qui est différent. L'homme aurait-il le physique d'un

maghrébin, alors il est Arabe donc musulman, donc islamiste. Dans la

discrimination, le raccourci s'impose souvent. Pourtant le berbère existe, je dirais

même en plusieurs versions : en version blond, croyant ou non croyant, musulman

et catholique et ne parle pas forcément l'arabe, ni le berbère.

Je suis intimement persuadé que le racisme et sa proche cousine, la discrimination,

tiennent en partie à l'ignorance. Je m'appelle Nait-challal, je ne parle ni l'Arabe, ni le

Berbère pourtant je suis persuadé que, dans un certain contexte, je pourrais être la

victime d'agissement discriminatoire. Malheureusement, de nos jours le patronyme

tient trop souvent lieu de portrait robot.

Que reste-il à tous ces Français d'origine d'Afrique du Nord, du Sud ou d'ailleurs

pour se sentir bien dans leur peau ? Pas grand chose, vous en conviendrez.

Je

reste persuadé et c'est aussi la raison de mon engagement dans cette association,

qu'il faut permettre à tous les Français aux origines diverses à bien ce connaître.

Je

suis certain que la connaissance de l'autre, l'acceptation de ses différences, ce n'est

pas l'éloigner de la citoyenneté française mais au contraire c'est de constituer une

passerelle pour mieux y accéder. Ce n'est pas en ignorant les différences de

certains citoyens que l'on pourra les intégrer. A mon avis, l'ignorance,

l'incompréhension sont les moteurs de la discrimination.

Durant de longs mois l'homme le plus populaire de France a été un Français

d'origine Berbère. Zidane est connu de la France entière. Pourtant rares sont ceux

qui, à travers lui, ont eu l'occasion d'appréhender l'histoire et la culture de son

Coordination des Berbères de France

Page 5/{nb}

"En quoi permettre aux nombreux jeunes français d'origine berbère d'apprendre la langue d

peuple d'origine : la Kabylie.

Si nous avions profité de l'impact médiatique de ce personnage pour mieux faire

connaissance avec la population franco berbère de France, que se serait-il passé

selon vous ? Les Français auraient sans doute posé sur eux un regard différent. A

partir de là, l'hostilité aurait cédé la place à la bienveillance, la méfiance à la

confiance.

Quant aux franco-berbères, ils se seraient sentis distingué, honoré,

respecté donc aimé. Cette couche composante de population souvent négligée, se

serait sentie valorisée. Elle aurait été heureuse d'être considérée, malgré les

différences d'origine, comme des citoyens français à part entière.

Ainsi aurions nous peut-être éviter que quelques jeunes de banlieue ne sifflent la

Marseillaise pendant un match France-Algérie ou qu'ils ne brûlent des bâtiments

publiques certains soirs d'émeute.

Au sein de mon association, je milite pour que

soit préservée cette part naturelle de nous même. Cette action a pour but de

favoriser les épanouissements individuels. Si les pouvoirs publics pouvaient nous

accompagner dans une opération de reconnaissance de cette population, elle

contribuerait à la valorisation collective des franco-berbères de notre pays.

Reconnaître, valoriser c'est par ces notions que nous pourrons intégrer. Nous

aurons fait alors un grand pas vers cette France unie et fraternelle que nous

appelons de tous nos voeux.

Merci pour votre attention.

Coordination des Berbères de France

Page 6/{nb}