Énonciation et non-verbal : aspects de la cohésion linguistique dans un récit oral poitevin - article ; n°1 ; vol.65, pg 39-68
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Description

Langage et société - Année 1993 - Volume 65 - Numéro 1 - Pages 39-68
Le but de cette recherche est de proposer un modèle d'analyse linguistique d'un texte oral, en mettant en parallèle énonciation, syntaxe et non-verbal dans le cadre d'un corpus video d'une durée limitée (2 mn 26 s). La performance est considérée in vivo dans la complexité de ses composantes et du point de vue des procédés de création, de mise en scène et de cohésion du récit. Une grille d'analyse qui retient principalement les mouvements de périodisation (reprise d'axe du corps) et les gestes liés à la narration et à l'argumentation (mouvements de tête et des mains, gestes de simulation ou de citation), permet d'aborder le corpus non-verbal dans son rapport direct au texte. A travers l'analyse de ce corpus d'à peine deux minutes et demi, les auteurs tentent de décrire la complexité et la variété des procédés et des signes / signaux mis en oeuvre dans la communication en face-à-face par ce bolide vital qu'est l'être humain.
Léonard Jean-Léo and Maria-Beatriz Pinheiro - Enunciation and non-verbal aspects of linguistic cohesion in an oral narrative from the Poitou region.
The aim of this research is to propose a model for the linguistic analysis of an oral narrative, by confronting enunciation, syntaxe and the non-verbal in a short stretch of viedo material (2mn 26s). Performance is considered live in the complexity of its make-up, from the point of view of creative processes, staging, and the cohesiveness of the narrative. A grid for analysis concentrates on the periodisation (recentering), and the body movements linked to the narrative and the argument (head and hand movements, imitations or quotations), allowing us to approach nonverbal content in direct relation to the text . Through an analysis of a corpus hardly two-and-a-half minutes long, the authors attempt to describe the complexity and the diversity of the processes involved and the signs/ signals thrown out in face-to-face communication by that vital hot-rod, the human being.
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-Léo Léonard
Maria-Beatriz Pinheiro
Énonciation et non-verbal : aspects de la cohésion linguistique
dans un récit oral poitevin
In: Langage et société, n°65, 1993. pp. 39-68.
Résumé
Le but de cette recherche est de proposer un modèle d'analyse linguistique d'un texte oral, en mettant en parallèle énonciation,
syntaxe et non-verbal dans le cadre d'un corpus video d'une durée limitée (2 mn 26 s). La performance est considérée "in vivo"
dans la complexité de ses composantes et du point de vue des procédés de création, de mise en scène et de cohésion du récit.
Une grille d'analyse qui retient principalement les mouvements de périodisation (reprise d'axe du corps) et les gestes liés à la
narration et à l'argumentation (mouvements de tête et des mains, gestes de simulation ou de citation), permet d'aborder le
corpus non-verbal dans son rapport direct au texte. A travers l'analyse de ce corpus d'à peine deux minutes et demi, les auteurs
tentent de décrire la complexité et la variété des procédés et des signes / signaux mis en oeuvre dans la communication en face-
à-face par ce bolide vital qu'est l'être humain.
Abstract
Léonard Jean-Léo and Maria-Beatriz Pinheiro - Enunciation and non-verbal aspects of linguistic cohesion in an oral narrative
from the Poitou region.
The aim of this research is to propose a model for the linguistic analysis of an oral narrative, by confronting enunciation, syntaxe
and the non-verbal in a short stretch of viedo material (2mn 26s). Performance is considered live in the complexity of its make-up,
from the point of view of creative processes, staging, and the cohesiveness of the narrative. A grid for analysis concentrates on
the periodisation (recentering), and the body movements linked to the narrative and the argument (head and hand movements,
imitations or quotations), allowing us to approach nonverbal content in direct relation to the text . Through an analysis of a corpus
hardly two-and-a-half minutes long, the authors attempt to describe the complexity and the diversity of the processes involved
and the signs/ signals thrown out in face-to-face communication by that vital hot-rod, the human being.
Citer ce document / Cite this document :
Léonard Jean-Léo, Pinheiro Maria-Beatriz. Énonciation et non-verbal : aspects de la cohésion linguistique dans un récit oral
poitevin. In: Langage et société, n°65, 1993. pp. 39-68.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1993_num_65_1_2623o
ÉNONCIATION ET NON-VERBAL :
ASPECTS DE LA COHESION LINGUISTIQUE
DANS UN RECIT ORAL POITEVIN
Jean Léo LÉONARD
Centre de Linguistique et de Dialectologie, Toulouse-le-Mirail
Maria Beatrix PINHEIRO
Arvoredo, Centro de Desenvolvimento da Pessoa - Sâo Paulo
I. INTRODUCTION
Soit une enquête d'ordre ethnographique de plus de 200 minutes,
enregistrée auprès d'Emilie et Jean Michaud, îliens de Noirmoutier
(la Guérinière), au cours de laquelle il vient d'être question de
l'opinion courante sur les "dames blanches" et les apparitions fan
tastiques, d'un ancêtre irascible au coup de battoir facile et d'un
autre ancêtre d'une quiétude exemplaire, et des "pères-fouettards"
de la tradition orale. Dans ce mouvement discursif continu, d'une
grande vitalité, où les thèmes se succèdent à profusion, Emilie
conclut par un jugement d'ordre général : « il y avait beaucoup de
superstitions dans le temps ». Poursuivant sur cette idée, elle com
mente la crédulité des habitants de l'île en matière de sorcellerie, et
cite plusieurs cas exemplaires de comportements anormaux attr
ibués - selon elle à tort - à la sorcellerie.
Cette séquence qui tient à la fois de l'argumentation et de la
narration (« je n'y crois pas, moi, aux sorciers, mais certains y
croient, par exemple dans le cas d'un et d'un tel, cas dont je doute
© Langage et société - septembre 1993 JEAN LÉO LÉONARD, MARIA BEATRIZ PINHEIRO 40
pour diverses raisons... »), ne dure que 2 minutes et 26 secondes
dans le flux d'une interaction en face-à-face de plus de 160 mi
nutes, entièrement filmée en vidéo au domicile des Michaud l.
2 minutes et 26 secondes : une "poussière d'enquête", une micro
interaction située environ à la 110 e minute. Ce moment microsco
pique est donc lié par son contenu sémantique ainsi que par les
stratégies formelles (relevant de la syntaxe et de 1' énonciation) et
non-verbales à l'ensemble du monde de discours et d'expression
non-verbale qui le précèdent, ainsi qu'à tout ce qui va lui succéder.
Enfin, tout ce qui se dit durant ces 2 minutes et 26 secondes se
réfère à un savoir individuel et collectif local, à un savoir commun
variable selon les interlocuteurs au sujet des lieux, des person
nages, des types d'actions ou de phénomènes que le discours
d'Emilie met en mouvement.
Ceci dit, que faire de cette séquence et pourquoi en proposer
une analyse ?
I . I . Objectifs
A partir de l'analyse de cette séquence narrative du point de vue
de la structure du texte et du contexte non-verbal (contexte kiné-
sique, proxémie et paralangage), nous proposerons une contribu
tion dans les orientations suivantes :
• propositions pour une analyse multidimensionnelle de l'inte
raction en face-à-face par la prise en compte de faits relevant pour
maints linguistes de la "face négligée", sinon cachée, du langage :
dimension de la prosodie et dimension du non-verbal. Nous tente
rons d'établir un modèle d'analyse en parallèle du verbal et du
non-verbal susceptible de rendre compte des faits de notre corpus,
voire utilisable pour de plus amples séquences en analyse de l'i
nteraction verbale. Nous chercherons donc pour notre micro-corpus
1. Enquête chez Emilie et Jean Michaud, la Guérinière, île de Noirmoutier, Vendée,
France, réalisée le 12/4/88 par Jean Léo Leonard et Jean-Loïk Le Quellec, phono
gramme déposé à la Phonothèque Nationale, 2 rue de Louvois, 75007 Paris, cote
Sb 27 / 1546. La séquence du corpus se situe au début de la 2' heure d'écoute dans
la copie Phonothèque. ENUNCIATION ET NON-VERBAL 41
de 2 mn 26 s des catégories d'analyse et un mode de traitement "en
relief non-verbal" de la dynamique d'élaboration du "texte" par le
locuteur.
• remarques concernant les modalités dites "paralinguistiques"
de la performance : procédés de "mise en scène" ou "dramatisa
tion" du discours. Ceci est aussi lié à des questions de pragmat
ique : parodiant "quand dire, c'est faire", nous ajouterons "quand se
mouvoir, c'est créer".
Par conséquent deux aspects du "non verbal" dans ses rela
tions avec le "verbal" nous intéresseront ici :
1) mouvements du corps, prosodie et rythme d'élaboration du
discours : démarcation de périodes dans l'argumentation et le récit.
Ceci va dans le sens d'une analyse non-linéaire, en relief, du texte
dit "oral", c'est-à-dire en situation d'élaboration spontanée dans le
contexte quotidien de l'interaction en face-à-face.
2) mouvement du corps, prosodie et expansion du discours
dans l'espace de communication entre interlocuteurs.
1 .2. Point de vue préliminaire sur le non-verbal
Voici d'entrée de jeu quelques remarques générales préalables à
l'approche de ces deux champs d'analyse :
a) Le non-verbal comme partie intégrante des mécanismes
d'encodage et de décodage :
tout "corpus" ou "message linguistique observé in vivo (... et non
in vitro) est susceptible, outre le décodage de ses composantes for
melles de l'ordre du verbal, d'être appréhendé par le destinataire
dans sa dimension non-verbale, c'est-à-dire du point de vue de la
"lecture corporelle". Celle-ci opère sans doute différemment selon
les sujets et les contextes culturels. "Lecture" s'associe ici à "écri
ture" comme décodage et interprétation, dans la mesure où nous
considérons le non-verbal comme un dessin symbolique du corps dans
l'espace. Disons pour simplifier que le locuteur recrée ou matérial
ise symboliquement par les mouvements de son corps, par ses
gestes, des objets et des acteurs de son message dans l'espace qui
le sépare de son interlocuteur. Dan

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