Enquête sur le sentiment de la colère chez les enfants - article ; n°1 ; vol.9, pg 1-40

Malapert

Description

L'année psychologique - Année 1902 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 1-40
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: L-annee-psychologique
• Publié le: 01 janvier 1902
• Nombre de lectures: 10
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

P. Malapert
Enquête sur le sentiment de la colère chez les enfants
In: L'année psychologique. 1902 vol. 9. pp. 1-40.
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Malapert P. Enquête sur le sentiment de la colère chez les enfants. In: L'année psychologique. 1902 vol. 9. pp. 1-40.
doi : 10.3406/psy.1902.3425
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1902_num_9_1_3425L'ANNÉE PSYCHOLOGIQUE
1902
PREiMIÈRE PARTIE
MÉMOIRES ORIGINAUX
ENQUÊTE SUR LE SENTIMENT DE LA COLÈRE
CHEZ LES ENFANTS
En 1899, s'est fondée, grâce à l'initiative de M. F. Buisson,
professeur de science de l'éducation à la Sorbonne, une Société
libre pour V élude psychologique de ï enfant. Dans le premier
numéro du Bulletin, M. Buisson, président de la Société, défi
nissait en ces termes son objet et son caractère : « II y a deux
manières de concevoir une société de ce genre : l'une essentie
llement psychologique, l'autre essentiellement pédagogique.
v. Dans le premier cas, on se représente une société d'études
savantes, se consacrant à un point spécial, un des plus délicats
de la psychologie expérimentale ou scientifique.
« Dans le second, c'est une réunion d'éducateurs et d'éduca-
trices se proposant d'étudier la nature de l'enfant pour être plus
sûrs de lui donner l'éducation qui lui convient. Expériences de
laboratoire ou observations à l'école et dans la famille, telles sont
les deux méthodes en présence. Inutile de dire qu'elles ont
toutes deux leur légitimité, et que chacune d'elles a ses règles
qui ne s'appliquent pas à l'autre.
« L'idée qui a présidé à la constitution de notre société n'est
pas d'effacer la différence de ces deux méthodes, ni de les con
fondre en une méthode mixte qui les déprécierait également.
Notre ambition est de rapprocher non les études, mais les per
sonnes qui s'y livrent. C'est de mettre en contact, pour leur
mutuel profit, le psychologue muni des données, d'informations
les plus précises, des appareils les plus perfectionnés, des pro-
l'année psychologique, ix. 1 MÉMOIRES ORIGINAUX 2
cédés d'expérimentation les plus sûrs, et l'éducateur qui vit
avec les enfants, les observe sur le vif et voit se traduire par
masse et en gros caractères les infiniment petits laborieuse
ment, saisis par l'expérimentation scientifique. »
Le premier emploi de l'activité de la société ' a consisté à
composer et à distribuer des questionnaires sur un certain
nombre de problèmes importants pour la psychologie de l'en
fant. Trois questionnaires ont été dressés en 1900 : 1° sur le
sentiment de la colère chez les enfants ; 2° sur les enfants indis
ciplinés et rebellés ; 3° sur les altérations volontaires ou invo
lontaires de la vérité par l'enfant.
Ces questionnaires ont été adressés aux membres de la
Société, à des inspecteurs primaires, à des instituteurs : 1.350
exemplaires environ ont été ainsi distribués. Le nombre des.
réponses a été relativement restreint ; et c'est ce dont s'éton
neraient ceux-là seuls qui ignorent combien est faible le « rende
ment moyen » pour toutes les enquêtes qui se font de la sorte.
C'est le résultat de la première de ces enquêtes que nous pu
blions ici. Le questionnaire était formulé en ces termes:
CONSEILS PRATIQUES AUX CORRESPONDANTS
Les renseignements qui nous seront envoyés garderont un
caractère strictement confidentiel ; en aucun cas, il ne sera pu
blié par nous d'indications permettant de soupçonner l'identité
des enfants sur lesquels les renseignements seront donnés ; par
conséquent nos correspondants ont toute sécurité pour faire une
étude sérieuse, approfondie, complète, vraiment scientifique,
sans avoir la crainte de porter le moindre préjudice à autrui.
S'il arrive à un de nos correspondants de ne pas pouvoir
répondre à quelques-unes de nos questions, il doit quand
même s'efforcer de répondre aux autres; sa feuille, quoique
incomplètement remplie, nous sera utile: d'abord elle peut con
tenir des documents intéressants sur d'autres points, ensuite le
silence gardé sur une question peut être pour nous le signe que
celte question était mal posée.
Les réponses les plus instructives sont celles qui contiennent
le plus grand nombre de faits précis et bien détaillés.
1. Voir dans le Bulletin, n° 9 (octobre 1902), Yhistorique et le résumé
des travaux de la Société, par M. J. Boilel, secrétaire général. MALAPERT. — ; COLÈRE DES ENFANTS 3 P.
ENQUÊTE SUR LE SENTIMENT DE LA COLÈRE CHEZ LES ENFANTS
Bien que l'importance de la vie émotionnelle dans la consti
tution du caractère soit reconnue aujourd'hui par les psycho
logues, l'étude des sentiments est encore peu avancée ; la
raison en est facile àcomprendre : les sentiments sont des manif
estations essentiellement spontanées, qu'on ne peut pas sou
mettre à des expérimentations méthodiques dans un labora
toire; c'est donc par des observations prises sur le vif, et
réunies au moyen d'enquêtes de la nature de la nôtre, qu'on
pourra arriver à connaître le mécanisme des sentiments, leurs
variétés, leurs antécédents, leurs effets.
QUESTIONNAIRE
1° Nom (initiales du nom), prénom et date de naissance, sexe de
l'enfant;
2° Quel est le caractère habituel de cet enfant ? — En particulier
est-il courageux, peureux, triste, doux, brusque, raisonnable,
appliqué, etc. ?
3° Quelle est son intelligence naturelle ? — Quel est son rang
dans la classe (sur combien d'élèves)? —A quelle classe appartient-il ?
4° Quel est son développement physique comparé à celui d'en
fants du même âge? — Quel est son état de santé ? — Quelles ont été
ses maladies ?
5° Donnez un récit détaillé d'une ou plusieurs scènes de colère,
dans l'école (envers maîtres ou élèves), dans la famille (envers les
parents ou frères et sœurs), dans la rue, etc. — Les accès sont-ils
rares ou fréquents?
6° Quels sont les signes physiques des colères de cet enfant ? —
L'enfant était-il rouge ou pâle ? — Les changements de coloration
ont-ils alterné ou non ? — Y a-t-il eu des frissons ? — Quelle était
l'expression de la physionomie, et en particulier des yeux, des
sourcils, de la bouche, du front ? — Quelle était l'attitude du corps ?
— Les gestes et les mouvements étaient-ils rapides ou lents ? —
Le corps était-il immobile ou actif? — Était-il agité de trem
blements ? — Se roulait-il par terre ? — La voix présentait-elle une
modification ? — Le langage était-il abondant, emphatique ? au con
traire, l'enfant était-il incapable de parler, suffoqué parla colère?
— Les poings étaient-ils serrés ou les mains étaient-elles ouvertes ?
— L'enfant cherchait-il à mordre ? — En un mot, quelles sont les
manifestations instinctives de la colère ?
7° Quels sont les actes que l'enfant a accomplis pendant sa
colère ? — Quelles sont les paroles qu'il a prononcées ? — A-t-it
commis des actes de violence et de cruauté sur les autres, ou sur
lui-même ? — A-t-il tourné sa colère contre des objets inertes ? •
4 MÉMOIRES ORIGINAUX
8° Dans quelle mesure l'enfant a-t-il perdu le contrôle de lui-
même, et son bon sens, pendant la colère ? — Était-il encore
capable de raisonner ? — Restait-il sensible à certaines considé
rations de lieu et de personnes ?
. 9° Quels sont les motifs de colère que vous avez observés ? —
Quels sont les motifs les plus fréquents ?
10° Avez-vous connu des cas où l'enfant avait préparé et médité
son accès de colère ?
11° Quels sont les phénomènes consécutifs à l'accès de colère ? —
L'enfant est-il resté fermé, haineux ? — Ou bien a-t-il eu une
phase de prostration, de larmes ? — A-t-il cherché à se venger ? —
A-t-il eu des troubles physiques, étourdissement, maux de tête,
indigestion, perte d'appétit, etc ?
12° Comment j