Étude anthropologique des dogons du Sarnyéré (Mali) : premières données sur la fertilité et la mortalité infantile. - article ; n°1 ; vol.47, pg 95-113
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Étude anthropologique des dogons du Sarnyéré (Mali) : premières données sur la fertilité et la mortalité infantile. - article ; n°1 ; vol.47, pg 95-113

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Description

Journal des africanistes - Année 1977 - Volume 47 - Numéro 1 - Pages 95-113
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Claudine Sauvain-Dugerdil
Étude anthropologique des dogons du Sarnyéré (Mali) :
premières données sur la fertilité et la mortalité infantile.
In: Journal des africanistes. 1977, tome 47 fascicule 1. pp. 95-113.
Citer ce document / Cite this document :
Sauvain-Dugerdil Claudine. Étude anthropologique des dogons du Sarnyéré (Mali) : premières données sur la fertilité et la
mortalité infantile. In: Journal des africanistes. 1977, tome 47 fascicule 1. pp. 95-113.
doi : 10.3406/jafr.1977.1788
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1977_num_47_1_1788J. des Africanistes, 47, 1 (1977), pp. 95-113.
Étude anthropologique
des Dogons Premières données du sur Sarnyéré la fertilité et la mortalité (Mali) infantile
PAR CLAUDINE S A U V A I N - D U G E R D I L
L'étude des Dogons du Sarnyéré s'efforce de réaliser une recherche
anthropologique dans l'acception la plus large du terme, de correspondre
à ce que, dans un rapport récent, J. Soustelle dénomme « anthropologie
totale » x. Pour étudier l'homme, il est difficile d'établir des limites entre
les disciplines : une hypothèse en génétique des populations ne peut être
testée dans un groupe non défini. Le chercheur de terrain entrant en
contact avec une nouvelle population ne peut donc se borner à sa spécial
ité ; une équipe multidisciplinaire pourrait certainement mieux
appréhender le groupe globalement, mais une personne seule est plus
apte à mener son enquête sans trop le perturber. Une première descrip
tion ethnographique, écologique, linguistique, historique, démographique
peut inciter des spécialistes à approfondir certains aspects s'ils semblent
dignes d'intérêt.
Le Sarnyéré est un des massifs de grès qui, au nord-est, prolongent
le plateau de Bandiagara, dans la boucle du Niger. Environ un millier
d'habitants sont répartis dans quatre villages : trois sur les flancs d'ébou-
lis, le quatrième sur le plateau du sommet. Selon la tradition orale, il
s'agit de Dogons qui, comme ceux du plateau de Bandiagara, seraient
originaires de Mandé, dont la position est mal définie 2. Contrairement à
ce que l'on sait de la falaise de Bandiagara, le Sarnyéré n'a vraisembla
blement pas été habité avant l'arrivée des Dogons 3. Aux dix familles
de fondateurs, se sont jointes six autres familles, dont une serait d'ori
gine songhoy et une autre bella. Depuis trois générations, il n'y a pas
eu d'immigration de nouvelles familles. En revanche, un autre mouve
ment migratoire est en cours : les habitants délaissent les villages de
la montagne pour s'installer dans la plaine. Le quartier de plaine de
Koyo, le village du plateau, compte plus d'habitants que le village ori
ginel, d'accès difficile. Cette migration vers la plaine n'est qu'un des
facteurs du phénomène d'ouverture de l'isolât du Sarnyéré. En effet,
1. J. Soustelle (1975).
2. Aucune étude n'a été entreprise sur ce massif, mais il est cité dans quelques ouvrages sur
les Dogons: Brasseur (1968), Calame-Griaule (1956), Dieterlen (1941).
J, Étude archéologique du professeur Alain Gallay. Mission Sarnyéré 1976, 96 CLAUDINE SAUVAIN-DUGERDIL
cette population vit une période de transition aussi bien par ses cou
tumes, sa religion, sa langue, que par son patrimoine génétique.
Les traditions animistes font place à une islamisation progressive,
la connaissance de la langue poular4 permet aux Dogons du Sarnyéré
de multiplier les contacts avec les populations voisines ; des mots pou-
lars et français entre dans le langage courant ; quelques hommes épou
sent des femmes étrangères au Sarnyéré.
Une première mission de terrain (juillet-septembre 1975) nous a
permis de prendre contact avec les Dogons du Sarnyéré et de commencer
la définition de cette population 5 : élaboration d'un lexique rudimen-
taire 6, étude écologique de l'adaptation de l'homme à un milieu physique
hostile, cycle annuel des occupations ; et description des faits ethno
graphiques. Nous avons également entrepris la reconstruction des arbres
généalogiques.
Lors d'une seconde mission de terrain (mars-avril 1976) 7, nous avons
poursuivi cette « définition » de la population en la complétant par
des données démographiques et historiques, ce dernier point ayant été
approfondi par le professeur A. Gallay, archéologue. Le docteur R. Dubois,
outre son travail médical de soins et d'instruction sanitaire, a abordé
l'aspect épidémiologique et ethno-nosologique.
Cette seconde mission devait principalement récolter les données
pour l'étude génétique, en l'occurrence compléter les généalogies et
entreprendre l'enquête sur la fécondité et la mortalité infantile. Notre
intention est de tester les incidences que le degré d'apparentement des
époux peut avoir sur leur descendance. Pour mener à bien cette
étude, nous avons besoin de renseignements précis sur l'histoire géné-
sique des femmes. Ce sont ces données que nous analysons brièvement
ici.
1. Fécondité et mortalité infantile.
A. Méthodes et données.
Au cours d'entretiens personnels, nous avons demandé à chaque
femme les renseignements suivants : âge, nombre d'époux, nombre
d'années vécues avec chaque mari et nombre de grossesses. Pour chaque
grossesse, nous avons relevé son issue (avortement, mort-né, né vivant
et actuellement vivant, décédé), le sexe de l'enfant, l'âge qu'il a ou qu'il
aurait au moment de l'enquête, l'âge au décès et la cause du décès.
4. Parlée par les bergers peuhls (ou poulars).
5. С Dugerdil (1975).
6. Selon Mme G. Calame-Griaule, que nous remercions de l'intérêt qu'elle a bien voulu porter
à notre travail, de nombreux mots ont des racines semblables à celles des dialectes du plateau de
Bandiagara : il s'agirait donc d'un dialecte dogon.
7. С Dugerdil et al. (1976). ÉTUDE ANTHROPOLOGIQUE DES DOGONS DU SARNYÉrÉ (MALI) 97
Cette enquête a été menée dans un seul village, celui de Nemguéné,
chef-lieu du Sarnyéré. Nous comptons la poursuivre dans les trois
autres du massif.
64 femmes de 23 à 60 ans ont été interrogées, ce qui représente
110 unions et 388 conceptions.
A. Discussion des résultats.
A.l. Fécondité des femmes. La fécondité est la manifestation, la réali
sation de la fertilité, celle-ci étant l'aptitude à concevoir. Dans l'échant
illon présent, l'une et l'autre sont très fortement corrélées, puisque
chaque couple désire avoir le plus d'enfants possible.
Au cours de plusieurs entretiens, on nous a assuré que les femmes
ne pratiquent pas de méthodes contraceptives ; il semble que l'on
ignore l'existence de périodes stériles dans le cycle féminin : on estime
que la meilleure période de conception se situe juste après la fin des
menstruations. Les rapports sexuels peuvent recommencer trente jours
après la naissance d'un garçon, quarante après celle d'une fille, c'est-à-
dire quand l'écoulement sanguin a cessé. Cependant l'aménorhée dure
six mois à une année, et l'allaitement jusqu'à deux ans. Celui-ci est
Tableau 1 :
Descendance en fonction de l'âge des femmes.
Age
inconnu ensemble
^20 ans 21 à 30 ans 31 à 40 > 40
0 30 12 20 2 64 Effectif (N)
Nombre de
87 178 388 conceptions (C) 113 10
Nombre moyen
de conceptions
par femme (C/N) 8.90 5.0 3.77 7.25 6.1
Variance de С 3.98 3.84 12.13 11.77
Nombre de
naissances
vivantes (V) 94 75 162 340
Nombre moyen
de naissances
viv. par
femme (V/N) 3.13 6.25 8.10 5.31
Variance de V 2.81 3.11 9.57 9.65 98 CLAUDINE SAUVAIN-DUGERDIL
interrompu à la grossesse suivante. Mais il ne s'agit là que de données
fort peu précises, fournies par quelques informateurs et non de résultats
d'une étude détaillée.
Les 64 femmes étudiées représentent 110 unions. En effet, une
femme est libre de quitter son époux s'il ne lui plaît pas 8. Dix d'entre
elles ont eu plus de deux époux, sept en ont eu trois et trois en ont eu
quatre ; 26 répondantes ont moins de trente ans.
Au Sarnyéré,

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