Étude anthropologique des Indiens du groupe « Guambiano-Kokonuko » (région de Popayán, Colombie). - article ; n°2 ; vol.1, pg 177-236
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Étude anthropologique des Indiens du groupe « Guambiano-Kokonuko » (région de Popayán, Colombie). - article ; n°2 ; vol.1, pg 177-236

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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1960 - Volume 1 - Numéro 2 - Pages 177-236
60 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Henry Lehmann
Paulette Marquer
Étude anthropologique des Indiens du groupe « Guambiano-
Kokonuko » (région de Popayán, Colombie).
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, XI° Série, tome 1 fascicule 2, 1960. pp. 177-236.
Citer ce document / Cite this document :
Lehmann Henry, Marquer Paulette. Étude anthropologique des Indiens du groupe « Guambiano-Kokonuko » (région de
Popayán, Colombie). In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, XI° Série, tome 1 fascicule 2, 1960. pp.
177-236.
doi : 10.3406/bmsap.1960.1141
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1960_num_1_2_1141177
ÉTUDE ANTHROPOLOGIQUE DES
INDIENS DU GROUPE " GUAMB1ANO-KOKONUKO "
(RÉGION DE POPAYÁN, COLOMBIE)
par Henri LEHMANN et Paulette MARQUER
(Travail du Laboratoire d'Anthropologie du Musée de l'Homme,
P* H. V. Vallois.)
Introduction .
La Colombie, pays des anciens Ghibcha et Quimbaya, terri
toire qui, à l'époque de la conquête, comprenait environ une
centaine de tribus indiennes, est aujourd'hui une république
sud-américaine profondément marquée par la triple attraction
qui a orienté son destin historique : un substrat indigène de tra
dition précolombienne, héritier d'un brillant passé culturel dont
il ne reste plus actuellement que de très rares vestiges ; plu
sieurs siècles de domination espagnole qui ont soit rapidement
submergé, soit profondément modifié les éléments autochtones ;
la présence enfin de Noirs introduits par les Espagnols comme
esclaves pour travailler dans les mines.
La population actuelle de la Colombie se compose donc :
1° d'Indiens, parmi lesquels on peut distinguer d'une part ceux
du versant amazonien qui ont conservé en grande partie leurs
traditions et leur mode de vie, d'autre part ceux des régions froides
de la Cordillère centrale, christianisés depuis le xvie siècle, dont
les coutumes se sont petit à petit transformées sous l'influence
des conquérants espagnols ; — 2° de Blancs installés un peu
partout, dans les régions froides, tempérées et chaudes ; —
3° de Noirs que l'on trouve essentiellement sur les côtes et dans
les régions chaudes. Les « Guambiano-Kokonuko », qui sont
localisés dans le Sud-Ouest de la Colombie et qui font l'objet
de ce présent travail, appartiennent à la deuxième catégorie
d'Indiens et présentent, à des degrés divers, des traces non
équivoques de métissage, principalement avec des Blancs médi
terranéens.
BULL. ET MÉM. SOCIÉTÉ ANTHROP. DE PARIS, T. 1, 11e SÉRIE, 1960. 12 178 société d'anthropologie de paris
Ces Indiens vivent entre la Cordillère occidentale et la Cor
dillère centrale, sur le versant ouest de cette dernière, entre
2.000 et 3.000 mètres d'altitude, dans une zone montagneuse
Mer des Antilles
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Fig. 1. — Carte de la Colombie.
assez froide, vers laquelle ils ont été lentement refoulés par les
Blancs qui ont préféré s'installer dans la vallée du rio Cauca
plus tempérée, et aussi par les Noirs. Il sévit sur ces coteaux un
climat relativement froid — d'où leur nom de « tierras frias » — , ET MARQUER. ÉTUDE DES INDIENS 179 LEHMANN
surtout par contraste avec la forte chaleur des « llanos » et de la
forêt tropicale, mais en réalité la température moyenne y est
de 10 à 13°. Des pluies fréquentes tombent pendant une bonne
partie de l'année (moyenne à Popayán : 1,87 m3), mais les mois
qui correspondent à notre été (juin, juillet, août) sont générale
ment secs.
Les « Guambiano-Kokonuko » comprennent plusieurs groupe
ments qui correspondent vraisemblablement à d'anciennes tribus
et qui parlent des dialectes différents mais se rattachant au
même ensemble linguistique. Ce sont : les Guambiano, sur les
deux rives du rio Piendamo, entre Silvia et le Páamo de las
Delicias ainsi que sur le rio Manchay ;. les Totoró, auprès du
rio Gofre, entre le village de Totoró et Malvazá ; les Ambaló,
entre les Guambiano et les Totoró, dans la hacienda du même
nom et jusqu'à Malvazá'; les Quisgó, au Nord de Silvia ; les
Polindara, sur le rio Palace, au Sud des Totoró ; et enfin, encore
plus au Sud, les Puracé, sur les pentes du volcan Puracé et le
long du rio Vinagre et les Kokonuko, au delà du village Coco-
nuco, aux environs du Haut-Cauca, jusqu'à Paletará. Nous y
ajouterons quelques individus du groupe Páez (Paniquitá) qui
constituent un ensemble linguistique à part mais qui, du point
de vue anthropologique, ont été étudiés avec les précédents.
Il est difficile de fixer avec exactitude l'importance numérique
de ces divers groupes. Néanmoins, les résultats d'un recense
ment fait en 1938 permettent de fournir quelques chiffres d'ap
préciation générale ; nous indiquerons seulement ceux qui
concernent la population rurale, celle-ci étant composée dans
sa grande majorité d'indigènes tandis que les villes et les villages
demeurent plutôt les fiefs des Blancs. Le gros bourg de Silvia,
autour duquel on rencontre des Guambiano, des Ambaló, des
Quisgó et des Páez (Pitayó et Tumburao), comptait à cette
époque 12.181 ruraux, dont 5.972 hommes et 6.209 femmes;
dans le village de Totoró, on relevait un nombre de 5.683 ruraux
(2.520 hommes et 2.863 femmes) qui comprenaient à la fois des
Totoró, des Polindara et des Paniquitá (ces derniers appar
tiennent au groupe Páez et sont environ 1.200 à 1.300) ; enfin
à Puracé, 3.770 ruraux (1.917 hommes et 1.853 femmes) cor
respondaient aux Puracé et aux Kokonuko. Par conséquent,
une population indigène globale, pour la région qui nous inté
resse, de 21.634 Indiens plus ou moins métissés. Il est instructif
de rapprocher ce chiffre de l'estimation fournie par Pascal de
Andagoya pour la période de la conquête. Suivant cet auteur,
il y aurait eu alors environ 500.000 Indiens dans la vallée de
Popayán ; dix ans d'occupation étrangère aurait abaissé ce
nombre à 10.000, ceci en raison d'une part de l'extermination 180 SOCIETE D ANTHROPOLOGIE DE PARIS
par les conquérants, d'autre part de la naïveté des indigènes
qui pensèrent arrêter facilement l'envahisseur en cessant de
cultiver le maïs et provoquèrent ainsi une grande famine, dont
ils furent les principales victimes. La comparaison du dernier
chiffre avec celui du recensement de 1938, si tant est qu'on puisse
accorder créance à des statistiques établies sans grande certitude,
permet de montrer que l'élément indigène, après le coup de
massue d'une conquête particulièrement brutale et meurtrière,
Illustration non autorisée à la diffusion
H MUttOtOG* DU MUte M ťHOMM.
Fig. 2. — Territoire des Indiens « Guambiano-Kokonuko ».
n'a pas disparu complètement comme on aurait pu le supposer
mais a subsisté, s'imprégnant petit à petit de sang blanc, sans
perdre entièrement certains de ses caractères raciaux originels.
Il n'est bien entendu pas question de parler, au sujet des In
diens qui nous intéressent, de catégories sociales : ce sont tous
des ruraux, à la fois agriculteurs et petits artisans, qui consti
tuent par conséquent une population socialement homogène.
Les uns sont cantonnés dans des « resguardos », sortes de réserves
fondées par les Espagnols pour préserver les droits des Indigènes.
Les terres des « resguardos » sont la propriété inaliénable des
Indiens et ne peuvent être acquises par les Blancs ; elles sont
distribuées par le « cabildo » aux familles indigènes qui les ex- LEHMANN ET MARQUER. ÉTUDE DES INDIENS 181
ploitent à leur compte mais ne peuvent les vendre. Ainsi les
Indiens des « resguardos » peuvent être considérés légalement
comme des mineurs. D'autres vivent dans les haciendas ; en
échange d'un certain nombre de jours de travail fournis au pro
priétaire, l'Indien a la jouissance d'un lopin de terre qu'il cul
tive pour lui et les siens.
Néanmoins, tous ont un gen

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